Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Gwendy et la boîte à boutons (Stephen King/Richard Chizmar)

Amis du jour, bonjour !

Dans l’un de mes billets je faisais mention du challenge « Automne du King » et de la liste de lectures que m’avait concoctée mon amie Laura. C’est de cette même liste qu’est issue la lecture d’aujourd’hui.

Sarakontkoi ?
Gwendy est une enfant rondouillette qui expérimente, depuis sa récente entrée au collège, la cruauté de ses camarades. Un jour, elle croise au parc un homme chapeauté qui lui offre une boîte ornée de plusieurs boutons et leviers. L’un d’entre eux lui donne un chocolat par jour, qui miraculeusement fait que tout dans sa vie s’améliore, l’autre lui donne une pièce en argent d’une grande valeur. Quand aux autres boutons, mieux vaut ne pas trop les actionner…

Tenpenskoi ?
Comme pour Elévation, on retrouve ici ce que King sait faire le mieux : lâcher une petite grenade surnaturelle au milieu d’une vi(ll)e bien rangée. Gwendy est une petite fille gentille, attachante, intelligente et en tant que lectrice, je n’ai pu qu’avoir peur de l’impact qu’aurait un tel objet sur elle. Parce que le pouvoir avilit souvent les adultes, et que le bonheur et la facilité ne réussissent pas à tout le monde. L’apparition de cette boîte magique émerveille puis effraie Gwendy ; ce qui est intéressant, c’est de suivre l’évolution de sa mentalité face à ce qui lui est offert, ses peurs, ses espoirs.

Encore une fois, je suis soufflée par la capacité de King à infiltrer le quotidien pour y trouver le meilleur comme le pire, à tracer des lignes d’existence pour nous proposer d’en explorer un segment, comme si nous ne faisions que traverser la vie de ses personnages, et qu’ils existaient au-delà de nous et de son œuvre. Bref, je n’ai pas grand chose de plus à dire sur ce très court roman, si ce n’est qu’encore une fois, King m’a donné un bon cours d’efficacité !

Pour info :
éditions Le Livre de Poche (trad. Michel Pagel), 160 pages, 7.70€

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L’Empire du vampire, T1 (Jay Kristoff)

Ami du jour, bonjour,

Laisse-moi te conter l’histoire de ma rencontre avec Jay Kristoff. Pas physique bien entendu (bien que cette lecture ait été motivée par sa venue dans mon Auvergne chérie, et ma collègue adorée), mais littéraire. Et quelle rencontre !

Sarakontkoi ?
Depuis 30 ans, le soleil est voilé, et la guerre qui oppose l’humanité aux vampires a clairement tourné à l’avantage des buveurs de sang. Seul rempart contre les monstres, l’Ordre d’Argent, constitué de bâtards mi-vampires, mi-humains, est quasiment éteint. Dernier des siens, Gabriel de Léon est prisonnier de ces êtres qu’il a juré de combattre. Il doit pourtant, pour survivre, leur raconter son histoire, et sa quête du dernier espoir de l’humanité : la Saint-Graal.

Tenpenskoi ?
Mama mia que c’est dense ! Intense, maîtrisé, tout en profondeur, complexe dans sa narration, et pour autant tout à fait accessible (je l’ai écouté en anglais, c’est dire), c’est un petit bijou de littérature fantastique. Je ne fais pas durer le suspens ! Je l’ai dit plusieurs fois déjà, de maintes façons, j’aime les univers développés. Je ne veux pas qu’on me fasse un cours d’histoire-géo pour tout m’expliquer ; le talent d’un bon auteur réside dans sa capacité à infuser dans sa narration un décor suffisamment pensé pour que le lecteur soit à l’aise dans sa progression. Lire un roman, pour moi, c’est comme regarder le monde derrière ma fenêtre : je n’en vois qu’une partie, mais pour comprendre ce qui se passe dans ma rue, je dois pouvoir, si j’en ai envie, sortir la tête, me pencher et voir au-delà de mon jardin. Récemment, j’ai fait beaucoup de lectures où le paysage était très beau, mais dès que je voulais me pencher pour admirer la complexité du monde, je me cognais à un joli tableau très bien peint, mais sans profondeur, étriqué. Je ne sais pas si tu comprends, mais c’est ce que je ressens. Ce n’est pas le cas ici, puisque le rythme des descriptions, des explications et des scènes d’action est clairement étudié.

Les personnages détestables sont délectables, les héros ne le sont pas vraiment, et avec tout ça, on se questionne sur le Bien et le Mal, et les motivations de chacun. Très honnêtement, j’aurais tendance à dire qu’on ressent tout l’amour de l’auteur pour ses personnages, ceci dit, vu les épreuves par lesquelles ils passent (incluant la mort), je soupçonne un certain sadisme chez Jay Kristoff (qui se confirme à la lecture de ses autres romans). Alors oui, le récit est par moment aspergé d’hémoglobine, de torture, de trahison, mais qu’est-ce que c’est bon ! Bref, tu l’auras compris, je suis conquise, et je me suis d’ailleurs plongée dans une autre trilogie de l’auteur dont je te parlerai… j’ai envie de dire « très vite », mais ça dépendra de l’ordre de publication de mes billets !

Pour info :
éditions De Saxus, traduit de l’anglais (australien) par Benoît Domis, 953 pages, 24.90€

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Le Fléau (Stephen King)

Ami du jour, bonjour !

Si tu jettes un œil sur mon compte Instagram, tu auras suivi un peu mes pérégrinations concernant la lecture du Fléau de Stephen King, initiée par Lemon June.

Je ne te fais pas attendre plus longtemps cette chronique que j’ai déjà suffisamment retardée. Comment veux-tu que je te parle en 3 paragraphes d’une œuvre aussi riche ?

le_fleau.jpg

 

Sarakontkoi ?
À la fin du printemps 1990, suite à une micro-erreur informatique, un virus génétiquement modifié se propage aux États-Unis et dans le monde, tuant plus de 99% de la population. L’instinct des survivants les pousse à rechercher leurs pairs dans le cimetière à ciel ouvert qu’est devenu le pays. Puis il faut tout reconstruire. Trouver d’autres solutions ? Faire mieux ? Ou tout rebâtir comme avant ? Deux parties s’opposent, que les protagonistes appellent le Bien et le Mal. Tout est-il si manichéen ?

Tenpenskoi ?
Avant de te faire un topo, laisse-moi te dire que cette lecture fut éprouvante. Pas parce qu’elle avait cette image « horreur » qui colle à la peau de Stephen King, mais parce que, ayant lu la version rééditée et augmentée de plusieurs centaines de pages, j’ai pu suivre l’auteur jusqu’au plus profond de son récit. Si c’est très souvent instructif et immersif, c’est aussi parfois pénible, à l’image de la vie qu’essaient de reconstruire les personnages. Une semaine pour lire le premier, qui est une course contre la maladie. Un mois et demi pour lire le second, qui relate l’après, les hésitations, les doutes.

Dans la première partie, c’est la fuite. Loin de la maladie. La fuite vers un ailleurs qu’on ne connaît pas, loin d’un ennemi qu’on ne voit pas. La terreur de ne pas savoir si notre tour viendra. Puis la résignation. La longue marche vers l’espoir.

Après, dans ce monde post-apocalyptique, on survit. Mais aussi cruel que cette pensée puisse paraître, n’est-ce pas également une chance de tout recommencer ? De faire mieux ? Peut-on faire mieux ? Ne sommes-nous pas programmés pour en arriver inéluctablement à détruire ? Nous détruire ? Détruire notre environnement ? Faut-il reconstruire un système politique ? Vivre éloignés de toute civilisation ?

L’un des personnages, professeur de sociologie, fait cette remarque très intéressante :

« Peut-être n’est-il que le dernier magicien de la pensée rationnelle, celui qui rassemble les outils de la technologie contre nous ».

Et je pense que c’est le cœur du débat. L’homme peut-il retourner à l’état de nature ? Se débarrasser de sa rationalité, de la technologie qu’il a construite avec ? Le Mal est-il le Mal ou bien un penchant rationnel de l’être humain ? Et paradoxalement, c’est ce côté rationnel qui détient la Magie.

La fin est un parfait mélange de l’espoir et de l’inéluctabilité, qui laisse au lecteur le choix de voir le verre à moitié plein, ou à moitié vide. Je vous laisse en juger par vous-mêmes. Mais je vous préviens : la lecture de cet ouvrage n’est pas une promenade de santé.

Je te laisse le lien vers la vidéo de Lemon June (l’instigatrice de cette lecture commune) :

Pour info (pour ma version) :
Tome 1 => Le livre de poche, 764 pages, 9,20€
Tome 2 => Le livre de poche, 795 pages, 9,10€