Publié dans Bouquinade, Roman

Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom (Barbara Constantine)

Amis du jour, bonjour !

Il y a quelques temps, je participais à un club de lecture, et Suzanne, qui était en charge de faire des propositions ce soir-là, a porté à mon attention un titre inattendu…

Le Pitch :
Tom a 11 ans et vit dans une caravane avec sa maman, qui l’a eu très jeune (à 13 ans). Tandis qu’elle court les petits boulots et les week-ends entre amis, Tom chaparde dans les potagers des voisins pour qu’ils aient de quoi se nourrir. Jusqu’au jour où il trouve dans l’un des potagers la vieille Madeleine qui s’est effondrée au sol la veille sans pouvoir se relever. En lui portant secours, Tom est loin de s’imaginer qu’il sauve bien plus d’une vie.

Mon avis :
Ceux qui sont là depuis un peu longtemps savent qu’un roman me fait toujours plus d’effet quand je ne l’attendais pas. Je peux être dithyrambique sur un bouquin juste parce que je me suis surprise à l’aimer, et ce même si ce n’est pas la perle du siècle. Prenez donc ce que je vous dis avec quelques pincettes (mais pas trop parce que ce livre est vraiment touchant).

Moi les histoires de laissés-pour-compte ou de paumés de la vie qui se trouvent, c’est mon kiff. C’est ce que les jeunes appellent aujourd’hui une found family, une famille d’adoption. Dans le genre, j’ai adoré Ensemble, c’est tout, et de manière générale les romans de T.J. Klune, le maître du rassemblement de gens paumés mais touchants. Alors forcément, un gosse très seul qui rencontre une mamy très seule, une maman maladroite qui décide de se donner une chance, et un vieux couple d’english attendri qui joue les lutins du cordonnier (mais si, le conte là !), bah ça marche à 100% sur moi !

On ajoute un style naïf, un peu comme dans Le Petit Nicolas en moins enfantin, la polyphonie qui donne le micro à tous les personnages, les blessures qui guérissent, les hasards qui font bien les choses, un brin de tragédie, et BAM, ça fait des Chocapic. Ok, la fin en fait peut-être un peu trop, mais ce n’est que la toute fin, et au pire, ça remet une compresse sur la couche de Biafine, mais j’ai aimé. C’était court et efficace, et ça m’a fait un bien fou. Donc merci Suzanne, parce qu’il est passé inaperçu dans tes propositions au club, mais il m’a fait grande impression !

Pour info :
éditions Le Livre de Poche, 224 pages, 7.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Les Mystérieux Enfants de la nuit (Dan Gemeinhart)

Ami du jour, bonjour !

Je te l’ai probablement déjà dit, les livres que je préfère sont ceux que je n’attendais pas. Celui-ci, je l’ai lu en 2021, lorsque son éditrice française m’a envoyé le manuscrit en me demandant de lui rendre une fiche de lecture. Quand je l’ai lu, j’ignorais qu’il s’agissait d’un roman de Dan Gemeinhart, dont j’avais adoré L’Incroyable Voyage de Coyote Sunrise. C’est en rédigeant ma fiche que j’ai souri, et qu’une petite voix à susurré : « bien sûr… »

Sarakontkoi ?
Ravani Foster, 12 ans, vit dans la triste ville de Bourg-Boucherie, nommé d’après l’abattoir qu’elle abrite. La communication avec ses parents est rompue, il est maltraité par les petites brutes de son collège. Tout change lorsqu’arrive en ville une étrange fratrie aux parents peu présents, qui semble cacher un « secret terrible et magnifique »…

Tenpenskoi ?
Qu’il est bon de lire un roman qui valorise les enfants, sans avoir besoin de magie, de paillettes, ou de rires forcés ! Ces gamins sont d’une rare sincérité, mais surtout d’une gravité que peu de romans accordent à des personnages si jeunes (j’ai pensé naturellement à Adam, chez Gaiman et Pratchett, et aux orphelins chez Klune). Ici, il n’est pas question de problématiques futiles, de paraître ou de popularité. On y parle de solitude de l’âme, de choix, de vérités. D’ailleurs, c’est ainsi que Dan Gemeinhart fait référence à ses personnages : des âmes. Des âmes qui se cherchent, se trouvent, se répondent. La magie à laquelle font référence les enfants relève plutôt d’une intelligence émotionnelle, d’une intuition, ou d’habiletés. Le tout, porté par la simplicité et l’efficacité de la plume de son auteur, ne pourra toucher ton petit cœur de lecteur.

Le roman incite à chercher en nous l’étincelle qui nous rend spécial, à accepter d’être encore inachevé, en route vers ce que l’on est vraiment. C’est un réel parcours initiatique, une lecture déchirante parfois, apaisante souvent. Pour écrire ce billet, j’en ai d’ailleurs relu quelques passages, et devine quoi… j’ai pleuré. Encore. Je ne sais pas comment se débrouille Dan Gemeinhart pour faire mouche à chaque fois, mais ce type, il en a sous le clavier, laisse-moi te le dire. Bref, la typo du titre est un peu « meh », l’illustration est très enfantine, mais ne t’y fie pas, c’est une pure merveille.

Pour info :
éditions PKJ, trad. de Isabelle Troin, 480 pages (écrit gros), 18.90€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Inheritance Games : trilogie complète (Jennifer Lynn Barnes)

Ami du jour, bonjour !

Souviens-toi, je te parlais d’un presque coup de cœur sur le tome 1, la question est la suivante : que donne la trilogie complète ? Je te donne la réponse de suite mon petit !

Sarakontkoi ?
Si tu as la flemme de cliquer sur le lien que je t’ai donné pour relire le résumé, le voici. Avery Grambs n’a plus rien. Sa mère est décédée, son père joue les hommes invisibles depuis toujours, elle crèche chez sa demi-sœur et son copain violent… c’est à se demander si elle pourra même terminer le lycée. Tout change lorsqu’elle apprend qu’elle est l’héritière d’un milliardaire dont elle n’a jamais entendu parler, au détriment de ses propres enfants et petits enfants. Seule condition : vivre un an dans l’immense demeure du défunt, sous le même toit que les héritiers déchus. Entre jeux de séduction et intimidations, Avery se trouve plongée dans un incroyable jeu de piste. Mais est-elle un joueur ou un pion ?

Tenpenskoi ?
Eh bah sa maman, ça déménage ! On a rarement un instant de répit. Là où je disais à propos du tome 1 qu’Avery était un personnage assez fade et passif, dans les tomes 2 et 3, elle se prend complètement en main, pour notre plus grand plaisir. Tu te doutes qu’une adulescente au milieu de quatre jeunes héritiers, c’est une bonne recette pour un triangle amoureux, qui pourtant assoit le personnage d’Avery et lui donne presque de la profondeur. Parce que j’aime qu’elle fasse des choix, et qu’elle les assume (oui oui, je te regarde L’Été où je suis devenue jolie, genre je suis amoureuse d’un frère, je me contente de l’autre, mais je reviens sur mon premier amour quand il veut bien de moi…).

Je ne prétendrai pas que j’ai compris quoi que ce soit à leurs jeux de pistes, parce que, comme dans une partie d’escape game, même en essayant de réfléchir, je trouve ça tiré par les cheveux. C’est une logique particulière tout de même, à laquelle je n’adhère pas. Cela dit, comme la trilogie est restée cohérente, je me suis simplement laissé guider, sans réellement tenter de réfléchir aux énigmes en elles-mêmes (t’en fais pas, tout reste plausible). J’ai aimé qu’aucun personnage ne soit réellement hors de cause, tout blanc, qu’ils soient tous ambigus. C’est drôle, on a un peu le contrepied de la relation Dumbledore/Harry. Je m’explique : Dumbledore, dans le dernier tome, paraît avoir trahi Harry, et l’avoir élevé pour qu’il meure au bon moment. Ici, le choix du vieux Hawthorn de léguer sa fortune à une jeune inconnue pouvait soit relever d’un secret de famille, soit cacher un dessein plus élaboré. Oublié le petit vieux qui contrôle tout, j’ai aimé voir sa faiblesse dans son choix.

Bref, une intrigue bien menée qui s’améliore au fur et à mesure des tomes. Je n’aurais pas craché sur un arbre généalogique au début du dernier tome, parce que les révélations s’enchaînent et qu’au bout d’un moment, j’ai eu du mal à suivre, et j’ai dû chercher un résumé détaillé du tome 2, que j’avais lu plusieurs mois auparavant. Excellente trilogie donc, qui, dans sa globalité comme pour le premier volume, frôle le coup de cœur.

Pour info :
Tome 1 : éditions PKJ (trad. de l’anglais : Guillaume Fournier), 449 pages, 18,90€
Tome 2 : éditions PKJ (trad. de l’anglais : Guillaume Fournier), 432 pages, 18,90€
Tome 3 : éditions PKJ (trad. de l’anglais : Guillaume Fournier), 456 pages, 18,90€


Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller, Roman

Inheritance Games, Tome 1 (Jennifer Lynn Barnes)

Ami du jour, bonjour !

Je m’en viens te causer d’une petite trilogie prometteuse, du genre jeux de pistes un peu dangereux, dans lesquels j’ai tout de même aimé me perdre…

Sarakontkoi ?
Avery Grambs n’a plus rien. Sa mère est décédée, son père joue les hommes invisibles depuis toujours, elle crèche chez sa demi-sœur et son copain violent… c’est à se demander si elle pourra même terminer le lycée. Tout change lorsqu’elle apprend qu’elle est l’héritière d’un milliardaire dont elle n’a jamais entendu parler, au détriment de ses propres enfants et petits enfants. Seule condition : vivre un an dans l’immense demeure du défunt, sous le même toit que les héritiers déchus. Entre jeux de séduction et intimidations, Avery se trouve plongée dans un incroyable jeu de piste. Mais est-elle un joueur ou un pion ?

Tenpenskoi ?
Pour commencer, chers éditeurs, c’est intéressant, tout de même, de préciser qu’il s’agit d’un premier tome. J’ai lu le roman en lecture commune avec ma copine Charlotte, et sincèrement, heureusement qu’elle m’a prévenue qu’on n’avait pas de résolution dans ce tome, j’aurais été terriblement frustrée ! J’ai tout de même sauté sur les éditions en VO pour pouvoir continuer ma lecture, je ne suis donc pas rancunière…

Le jeu de piste paraît dès le début très emmêlé, et je me suis sentie perdue, tout comme Avery, au milieu de ces joueurs aguerris, qui semblent constamment avoir deux ou trois longueurs d’avance. Ceci dit, le terme « page turner » n’a jamais été si approprié. Sur la fin, j’ai eu du mal à m’arrêter tellement j’étais tendue. Les jeux sont cruels, les personnages aussi. Aucun des quatre petits-fils Hawthorn ne semble digne de confiance, et pourtant chacun d’eux déchaîne les passions. Ils sont intenses, passionnés, et enfermés dans une spirale auto-destructrice. Je l’avoue, Avery est un peu ballottée par les événements, et j’ai trouvé le personnage un peu fade. Mais cette intrigue, cette intrigue…! On ne passe pas loin du coup de cœur, la faute à quelques clichés et longueurs dont je me serais bien passée.

Pour info :
éditions PKJ (trad. de l’anglais : Guillaume Fournier), 449 pages, 18,50€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Le Fracas et le silence (Cory Anderson)

Ami du jour, bonjour !

Que le Dieu des bloggeurs me pardonne, je suis toujours sur les lectures de novembre, et en plus, une lecture commune avec ma copine Charlotte pour un roman qui nous disait bof-bof au départ, mais qui fut une réelle surprise pour moi.

Sarakontkoi ?
C’est l’hiver. Jack Dahl, 17 ans, retrouve sa mère pendue dans sa chambre. Lui qui n’avait déjà pas grand-chose doit à présent s’occuper de son petit frère, qu’il refuse de confier aux services sociaux. Son seul espoir : un sac plein d’argent que son escroc de père aurait planqué avant de finir en prison.
Ava a 17 ans. Fille d’un baron de la drogue, sa vie ne lui appartient pas. Fermée à tout lien social, elle s’ouvre pourtant à Jack, qu’elle ressent le besoin d’aider bien malgré elle. Mais Jack recherche le sac plein de billets que l’associé du père d’Ava lui a dérobé. Trois gamins, un but… survivre.

Tenpenskoi ?
J’ai adoré ! Bien malgré moi, puisque les romans super dramatiques qui écrasent leurs personnages sous des couches et des couches de misère, je trouve ça un peu chiant. Mais là, on a cette espèce de course à la survie, l’urgence de chaque instant, les plans foireux, et la neige. Toujours la neige, là, comme une protagoniste discrète mais omniprésente, celle qui colle, qui s’insinue partout. Mon conseil : à lire sous un plaid, les enfants !

J’ai adoré ces gamins paumés, qui ne peuvent compter que les uns sur les autres, qui prennent de mauvaises décisions (et tu le sais, toi, lecteur, que c’est pas malin ce qu’ils font). Cory Anderson te ballote, te tire à droite, puis à gauche, te fait croire tantôt que tout est perdu, tantôt qu’il y a un espoir. J’avoue, j’ai été touchée par la misère de Jack et de son frangin. Touchée aussi par la froideur d’Ava dont les certitudes et les barrières s’effondrent. Le style est froid, efficace, brutal. Comme la neige. Le roman est sorti à la fois chez Fleuve noir (adultes) et chez PKJ (ados), et je comprends. La violence dont fait parfois preuve le récit est digne d’un roman noir. Mais ce ne sont que des gamins. Deux éditeurs pour une histoire qui te bouffe les tripes, c’est une belle collaboration.

Pour info :
éditions PKJ, 400 pages, 18.90€
éditions Fleuve Noir, 400 pages, 18.90€
(Traduit de l’anglais par Claire-Marie Clévy)

Publié dans Bouquinade, Roman

À un cheveu (Maëlle Desard)

Ami du jour, bonjour !

Je t’ai rebattu les oreilles avec cette autrice, je t’ai parlé et reparlé de ses romans, et, forcément, lorsque j’ai appris, par le plus grand des hasards, qu’elle publiait chez Slalom, j’ai sauté sur ma chargée de relations libraires favorite, et je l’ai suppliée de m’envoyer le texte en numérique (une envie pressante, ça n’attend pas). Toutes affaires cessantes, je me suis donc jetée sur le manuscrit, espérant recevoir le roman papier par la suite… Il est arrivé, c’est donc le moment pour moi de poster mon avis. Prépare-toi, c’est drôle, c’est percutant, et ça sort le 28 avril.

Sarakontkoi ?
C’est un nouveau départ pour Emma, 17 ans, qui vient d’emménager dans un nouvel appartement avec ses parents et son frère, d’un an son aîné. Très protecteur envers elle, il a déclenché une bagarre dans leur ancien lycée. La raison ? Emma est atteinte d’alopécie, une maladie congénitale à cause de laquelle elle perd peu à peu tous ses cheveux, jusqu’à devenir quasiment chauve et le centre de l’attention moqueuse de ses anciens camarades. Dans ce lycée, ce sera différent : dissimulé sous une perruque, son crâne ne sera plus la cible des mauvaises blagues, ni des regards scrutateurs, même si pour cela, Emma doit abandonner sa passion, la natation, et mentir chaque jour, en vivant dans la terreur que son secret ne soit révélé.

Tenpenskoi ?
Si un roman porte le nom de Maëlle, tu l’auras compris, je fonce sans réfléchir. Au-delà des personnages hors-normes à qui elle prête sa plume, son style désinvolte, désopilant et sarcastique cache toujours sous sa légèreté un message d’auto-acceptation. Et c’est ce que j’aime : au final, que tu acceptes ses personnages, elle s’en tape un peu, l’important, c’est toujours qu’ils s’acceptent eux-mêmes. On arrête donc de faire du pied au lecteur avec de jolis textes bien pensants, on sort son plus beau chapelet d’injures fleuries, et on fonce.

Maëlle parle ici de différence et d’acceptation, mais surtout d’un sujet qui la touche personnellement, ce qui rend le texte et cette espèce de résilience face à la fatalité très réels. Et elle ne s’arrête pas là : elle aborde des sujets comme les relations toxiques que l’on entretien parce qu’on s’y sent obligés pour ne pas perdre pieds ; l’exposition des ados aux réseaux sociaux, leurs bienfaits comme leurs risques ; et enfin, les liens qui unissent les membres d’une même famille, parfois complexes, forts, inavoués, désintéressés. C’est plein de bonnes ondes, mais ça dit ce que ça a à dire. Ce roman est d’utilité publique, il est urgent de le lire, petits et grands lecteurs, de le lire, et de partager votre lecture. Maëlle rend ses lettres de noblesse à une littérature ado/YA française contemporaine dont je n’attendais plus grand chose. Et rien qu’avec cet argument, toi qui connais la parcimonie avec laquelle je distribue les compliments, tu devrais déjà avoir sauté dans ta voiture pour aller te procurer ce livre chez ton libraire !

Pour info :
éditions Slalom, 317 pages, 14.95€

Publié dans BD, Bouquinade

Les Campbell – Récit complet (Munuera)

Ami du jour, bonjour !

Changeons de registre, veux-tu ? Je te cause un brin BD, avec cette intégrale que m’a (fortement) suggérée mon collègue. En même temps, c’est vrai que c’était chouette (la meuf qui divulgache ses billets –‘).

Sarakontkoi ?
On est sur de la bonne piraterie les enfants ! Campbell a raccroché sa vie de pirate après le décès de son épouse. Aujourd’hui, il s’occupe seul de ses deux filles. Mais un écho venu du passé, un secret de famille bien enfoui, refait surface et l’oblige à reprendre du service.

Tenpenskoi ?
Je suis très mauvais juge en ce qui concerne les illustrations, parce que je n’y connais rien. En revanche, ce que je peux te dire, c’est que celles-là m’ont plu. Le dessin très cartoonesque nous rend les personnages hyper sympathiques. Et cette colorisation ! Toujours dans les tons un peu jaunâtres, elle sait jouer finement pour différencier le présent du passé. Parce que les sauts dans le passé sont le fondement de cette histoire.

L’histoire, venons-y justement. Si sur les premières pages, je me suis dit « moui, pourquoi pas, m’enfin ça casse pas trois pattes à un canard boiteux », au fil du récit et des retours dans le passé, je me suis très fortement attachée à notre protagoniste. On découvre ses ambitions, son amour de la liberté, de la justice (au sens moral du terme), sa fougue et son enthousiasme. Cet amour pour un frère protecteur et omniprésent. Et on commence à rattacher les morceaux petit à petit. C’est beau ! Toute l’histoire tourne autour de la famille au sens large comme au sens intime du terme. Des rancœurs qui restent et qui gangrènent, qui pourrissent. De la rédemption. Du pardon. Petite larmichette sur les dernières pages tout de même… Vraiment, c’était beau, bien construit et touchant, saupoudré de cet humour que je qualifierais d’asterixesque, rapport aux nombreuses références anachroniques un peu chelou, et au nom de certains personnages. Bref, une lecture que je te recommande, sous forme d’intégrale, ou bien tome par tome (la série en compte 5 si je ne m’abuse).

Pour info :
Intégrale : éditions Dupuis, 304 pages, 30.90€
Tomes individuels :
1 – Inferno, 56 pages, 14.95€
2 – Le redoutable pirate Morgan, 56 pages,14.95€
3 – Kidnappé !, 56 pages, 14.95€
4 – L’or de San Brandamo, 14.95€
5 – Les trois malédictions, 64 pages, 14.95€

Publié dans Bouquinade, Roman

Le plan extravagant de Vita Marlowe (Katherine Rundell)

Ami du jour, bonjour !

Laisse-moi te présenter aujourd’hui la petite chose que j’ai reçue au courrier, ce roman sur lequel je ne me serais probablement jamais arrêtée si Gallimard Jeunesse ne me l’avait envoyée, et si ma copine Charlotte ne m’avait pas proposé de le lire avec elle. Laisse-moi te présenter Vita Marlowe.

Sarakontkoi ?
Dans le New-York des années 20, la jeune Vita Marlowe (12 ans) tente avec sa mère de convaincre son grand-père de rentrer en Angleterre avec elles. Le vieil homme se morfond depuis la mort de son épouse et la perte de son manoir au profit d’une canaille de la pire espèce, un type louche qui semble tirer profit des propriétaires du quartier. Vita n’entend pas abandonner son grand-père au désespoir si facilement. Aidée d’un jeune acrobate et d’un dresseur d’animaux, ainsi que d’une pique-pocket, elle met en place un plan ingénieux… mais dangereux.

Tenpenskoi ?
On revient sur mon histoire de « roman à couettes », trop guilleret pour que je l’apprécie vraiment… bah c’est pas le cas ici. Vita est une gamine vive d’esprit, qui porte les séquelles d’une maladie infantile, mais qui ne s’en laisse pas compter. Et si parfois son courage semble vaciller, elle n’en reste pas moins pleine de ressources. Les autres gosses ne sont pas en reste. Artistes d’un cirque ambulant établi dans le théâtre situé en face de chez son grand-père, leurs rêves et leur talent sont leurs plus gros atouts.

Une histoire de gangster pour gosses qui fleure bon le New-York post Première Guerre Mondiale, des cabrioles, des retournements de situation, bref, un roman d’aventure comme on les aime. Des gosses suffisamment inconscients pour qu’on ait peur pour eux, des méchants crédibles (genre vraiment méchants), et cette étincelle d’effronterie propre aux enfants. Tu l’auras compris, j’ai du mal à développer sur le sujet, mais ce fut une chouette récréation pour moi, bien écrite qui plus est. Katherine Rundell a le chic pour écrire des personnages attachants, et pour raconter des histoires aux jeunes sans les prendre pour des imbéciles. Donc pas de romans à couettes, juste des lectures très cools, que je recommande sans hésiter ! Personnellement, je me ferais bien Cœur de loup, et L’Explorateur, de la même autrice, histoire de vérifier que je transforme bien l’essai…

Pour info :
éditions Gallimard Jeunesse (trad. de l’anglais par Alice Machand), 320 pages, 16€

Publié dans Highway to FIV

Les pages qui tournent

Salut les copinous !

Comme mon intro doit vous le révéler, je ne vais pas parler bouquin dans cet article. Et quand je ne parle ni zéro déchet, ni bouquin, c’est que je vais parler FIV.

Ce billet sera le dernier sur le sujet. Parce que la FIV, pour nous, c’est terminé. On parle du courage des femmes qui persévèrent, celle qui drainent leur corps fatigué de toute énergie, quittent nos frontières pour tenter leur chance ailleurs. Amies d’infortune, à vous qui attendez votre prochaine date, à vous qui vous piquez tous les soirs, à vous qui vous retrouvez nue devant 4 internes qui ne vous ont même pas dit bonjour, qui n’écartez pas les jambes correctement, qui êtes « trop crispées alors on voit rien », à vous qui mourez d’envie d’acheter un test de grosses précoce, à vous qui recevez des conseils que vous n’avez pas demandés, à vous dont tous les amis connaissent quelqu’un pour qui ça a marché, à vous qui n’osez pas en parler de peur de ne pas recevoir le soutien dont vous avez besoin. À vous, j’envoie toutes mes pensées. Mais aujourd’hui, je vais vous parler du courage de celles qui abandonnent.

Pour comprendre la difficulté de cet abandon, il faut comprendre que l’échec et moi, on se côtoie très peu, je vous en ai déjà parlé. Bonne élève, employée appliquée, épouse heureuse et femme (presque) accomplie, l’échec est un gus que j’ai rarement croisé dans ma vie. Les rares fois où ça m’est arrivé, ma maman a cru que je m’en relèverai pas. Mais ce qui fait notre force, c’est aussi notre capacité à nous relever. Peu importe le temps que ça prend. Et croyez-moi, on se relève. Mon plus gros échec, je l’ai partagé avec vous, étape par étape : ne pas parvenir à être mère.

Formulé comme ça, on comprend la culpabilité que l’on éprouve vis-à-vis de nous-mêmes (et de notre conjoint). Parce que c’est bien notre propre jugement qui nous fait le plus de mal. Nous sommes celles qui ne sont pas, celles qui ne peuvent pas. Celles qui n’ont pas. Celles qui ne comprennent pas la fatigue, les nuits blanches, les inquiétudes. Nous sommes celles à qui on dit « profite, tu verras, tu seras moins enthousiaste une fois qu’il sera là » (si si, je vous jure).

Il y a un peu plus d’un an, nous avons dit stop. Stop à la pression. Stop à l’anonymat des salles d’attente. Stop aux branlettes aseptisées, aux cycles détruits puis forcés. Stop à la douleur. Et stop à l’absence, à ce trou béant que laissait cet enfant que, j’en étais sure, nous n’aurions jamais. C’est aussi à ce moment-là que ma petite sœur nous a appris sa grossesse. Elle portait non pas une, mais deux petites vies. Et j’ai su que ça me suffirait. Que ma sœur m’aimait assez pour me laisser une petite place à ses côtés. J’ai commencé à comprendre que ma vie avait sa propre valeur, enfant ou pas. Qu’elle pouvait être remplie de tellement d’autres choses, à commencer par nous. Cette épiphanie a d’abord allégé, puis totalement supprimé le poids que je faisais peser sur nos épaules. Je pouvais être tellement d’autres choses qu’une maman !

Dès lors, nous avons pu prendre du recul, réfléchir à avoir non pas l’enfant que nous devions avoir, mais l’enfant que nous voulions avoir. Après concertation, nous nous lançons dans une autre aventure : celle de l’adoption. Sans pression cette fois. Nous sommes sereins. Après ce que nous avons traversé, nous n’avons plus rien à prouver à qui que ce soit, et du coup, nous ne sommes plus ces potentiels parents désireux d’impressionner, ces premiers de la classe avec leur dossier bien ficelé. Nous suivons notre chemin, à notre propre rythme.

La vie emprunte des voies mystérieuses. J’aime à penser que rien n’arrive par hasard, que nous sommes exactement là où nous devons être, et que notre route est parsemée de rencontres que nous devons faire, de projets que nous devons avoir. Et lorsque cet enfant viendra, s’il vient un jour (pas dans les 2 prochaines années puisque c’est le délai pour la procédure d’agrément), nous serons prêts. J’ai cessé de me donner des deadlines, et je me laisse porter. C’est cool aussi.

Publié dans Bouquinade, Roman

Créatures (Crissy Van Meter)

Ami du jour, bonjour !

Il est temps de te parler de ma lecture de Créatures, que j’ai reçu grâce à Léa et au Picabo River Book Club (oui, encore un). C’est grâce au club que j’ai découvert les éditions La Croisée, et c’est avec plaisir que je me suis replongée dans un de leurs romans, en lecture commune avec Béa, Séverine, Anaïs et Jean-Marc (que je remercie chaleureusement de m’avoir accueillie tardivement dans leur petit groupe). Je prends quelques minutes pour remercier Léa, grâce à qui je sors souvent de ma zone de confort, et j’explore de nouveaux horizons littéraires en m’ouvrant à des romans que je n’aurais pas lus de moi-même. Et je suis souvent surprise. C’est ça aussi, le partage.

Sarakontkoi ?
Il existe au large de Los Angeles, à une soixantaine de kilomètres de la côte, un archipel nommé Channel Islands. Au cœur de cet archipel, Winter Island, dont le soleil et la marijuana sont réputés pour être magiques. Evie a toujours vécu sur cette île, incapable de jamais s’en éloigner vraiment, élevée par un père dealer dont on ne saurait remettre en cause l’amour inconditionnel pour sa fille, et une mère qui ne voulait que fuir ce roc de malheur. C’est l’histoire d’une famille dysfonctionnelle, d’amours sans bornes, d’acceptation et de résignation, pour enfin faire la paix avec soi-même.

Tenpenskoi ?
Un roman d’ambiance qui hume les embruns, le poisson et la carcasse de baleine. L’histoire d’une fuite impossible, de cette famille que l’on a envie de juger parce que rien ne fonctionne, mais qu’on ne peut condamner tant l’amour qui les lie est fort. C’est à la fois les blessures d’aujourd’hui et les mœurs d’une autre époque, où un père vend sa production de marijuana avec sa fille, la traine de squatte en maison de riche touriste vidée. L’histoire d’une île aussi, personnage central de ce roman. Un roman qui gratte les croûtes, qui questionne les souvenirs, qui force à pardonner. Et à se pardonner.

Une plongée en eaux profondes dans les souvenirs donc, mais aussi dans les peurs, le fouillis d’émotions qui fait échos au bordel du récit, dans lequel on navigue à vue entre passé, présent, et futur pour toujours se retrouver sur les côtes rocheuses, offertes aux tempêtes, de Winter Island.

L’écriture est très immersive. Elle plonge le lecteur dans ces années 70 débridées, pleines de clopes, d’adultes précoces, où tout est sans mesure. Un huis-clos un peu poisseux parfois, une ambiance superbement travaillée, où le roman lui-même questionne sa protagoniste dans des passages écrits à la 2e personne du singulier. On ne peut ignorer une sorte d’écriture automatique parfois. Quelques longueurs vers le milieu, « comme le flux et le reflux des marées », ont souligné à raison mes co-lecteurs. Une expérience à faire. Et même si cette lecture ne me restera pas en tête, c’est sur le moment qu’elle a su me captiver, et c’est tout ce qu’il fallait…

Extrait choisi :
Notre marijuana est censée receler des pouvoirs magiques. Les rayons de notre soleil davantage encore. Le tout à un peu plus de soixante kilomètres d’une traversée spectaculaire depuis Los Angeles à bord d’un ferry transportant son lot de voitures et de renoncements. Il y a tout un tas de raisons de rester.

Pour info :
éidtions La Croisée, 212 pages, 20€