Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Le Librairie des chats noirs (Piergiorgio Pulixi)

Amis du jour, bonjour !

Janvier touche à sa fin à l’heure où je rédige ce billet, et cette année, je me suis fixé un objectif de lecture (de romans, je précise) un peu élevé. Par « un peu élevé », je veux dire 74. C’est plus d’un roman par semaine. Que n’ai-je pas été me promettre ? Les promesses à soi-même sont les plus douloureuses à briser. Bref, je voulais commencer 2025 sous les meilleurs auspices littéraires, grâce à ce roman sélectionné par le club de lecture Binocles & Chapitre. C’est raté.

Le Pitch
Un sadique force ses victimes à faire les choix les plus douloureux : papa ou maman ? Ton fils ou ta femme ? Ta fille ou son frère ? La police ne retrouve sur chaque scène de crime qu’un sablier, chronomètre d’un drame millimétré, et un témoin traumatisé. Marzio Montecristo, libraire désagréable au bord de la faillite, spécialisé dans le polar, décide de filer un coup de main à une vieille amie de la police pour démêler cette série de meurtres pour le moins étranges…

Mon avis
C’est un flop. Vous remarquerez que je n’ai pas parlé du club de lecture « les Enquêteurs du mardi » qui se tient chaque mardi (obviously) à la fameuse Librairie des Chats Noirs. Parce que ce club de lecture est inséré de manière si grossière avec un chausse-pied de la taille de la tour Eiffel que je n’ai pas vu l’intérêt de le mentionner. Il ne sert littéralement à rien. C’est le premier point qui m’a dérangée. Je m’attendais à Miss Marple au club du mardi, je me retrouve avec « allez, faut bien ça pour ces pigeons de lecteurs amoureux du cosy ». Mouais. un protagoniste amoureux de sa pote en secret ? Bof. Amoureux des livres ? Quand on aime les livres, on est un minimum heureux de bosser en librairie, surtout quand on est le proprio.

Et c’est un autre gros point noir pour ce cher Marzio. Il n’est agréable avec AUCUN de ses clients, d’autant que l’auteur se délecte de ces pathétiques excuses de snobisme littéraire pour créer des clients stupides et désagréables. On nous parle d’ode, de tribut aux romans policiers, mais à aucun moment je ne vois Marzio échanger avec passion sur le sujet, si ce n’est dans ses échanges sirupeux avec lui-même. Et c’est un running gag de tous ses proches, qui a fini par me lasser.

Je passe sur l’image complaisante des personnages féminins dont on ne peut s’empêcher de donner les mensurations pour justifier le crush de Marzio, tout en les ridiculisant de manière peu professionnelle pour quelques excentricités, et ça y est, le roman a fini de me gonfler. Je m’arrête une minute sur les éléments d’enquête, qui sont faibles, et les détails peu réfléchis ; dans quel monde un meurtre par balle ne fait pas appel à une étude balistique mais insinue que le SEUL indice est une trace de chaussure laissée comme par hasard sur chaque scène de crime ? Comment le meurtrier fait-il pour ne trouver que des sabliers antiques d’une minute ? Comment fait-il durant la scène de crime pour savoir exactement où en est son décompte ? Comment un personnage lambda qui dit que rien n’est ce qu’il semble être (genre, parce que c’est écrit dans un roman de je ne sais plus qui) met Marzio sur la piste ?

Et surtout : vous vous attendiez à un échange d’idées avec le club ? C’est non. On a deux scènes avec le groupe, et dans la révélation finale, on apprend que Marzio les a envoyés enquêter sur des éléments dont on n’a jamais entendu parler avec des conclusions tirées d’un chapeau de Bozo le clown tellement on se dit… mais WHAT ? À quel moment tu t’es fait cette réflexion mec ? Tu peux pas nous dire que pendant que tu te morfondais et que tu bavais sur la meuf, tu as mené une enquête alors qu’on t’a juste vu insulter tes clients et pleurnicher sur ton sort !

Tu l’auras compris, en dehors de quelques scènes touchantes, je n’ai pas aimé. Je n’ai pas compris le mélange entre la tentative de cosy qu’offre un club de lecture dans une librairie et la froideur et la cruauté de certaines scènes. Le roman se cherche, il n’a d’enquête que le nom et franchement, ce protagoniste… Bref, c’est non. Paraît que, quand il ne prend pas son lectorat pour des pigeons, l’auteur s’en sort pas mal. On verra si j’ai le temps et la patience de lui redonner une chance.

Pour info:
éditions Gallmeister, trad. de Anatole Pons-Remaux, 288 pages, 22.90€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller, Roman historique

L’empoisonneuse des bas-fonds (Aurélie Croizé)

Amis du jour, bonjour !

Aujourd’hui, c’est jour de sortie, et pas n’importe laquelle : Aurélie Croizé revient pour notre plus grand plaisir avec la suite des aventures de la jeune Louise, cartomancienne et apprentie de la célèbre Marie-Anne Lenormand.

Le Pitch :
Louise est sur tous les fronts, elle peine à faire une place à Paul dans sa vie. Et ça ne s’arrange pas lorsque Clément, jeune journaliste, vient la trouver pour enquêter avec lui sur les meurtres de jeunes femmes de basse extraction, totalement étouffés par la police. Meurtres qui ne sont pas sans rappeler les méthodes d’une célèbre empoisonneuse morte il y a plus d’un siècle…

Mon avis :
Fait assez rare pour être souligné : je trouve ce tome 2 encore plus abouti que le premier. Entre les tirages de cartes détaillés, très bien expliqués et intégrés au texte, les personnages tantôt attachants, tantôt intrigants, et la minutie des recherches historiques, vous vous retrouverez totalement immergés dans le Paris des crinolines et des bals de charité.

L’enquête n’est pas en reste puisqu’elle nous entraîne dans les usines de la ville, les vieux théâtres où se réunissent en secret des combattants de la cause des femmes, et les repaires de contrebandiers. Retournement après retournement, Louise fait preuve de ressources, suit de fausses pistes et se trouve des alliés inattendus. C’est le genre de personnage très humain que j’adore suivre. Je ne parle même pas de l’irrévérencieuse Marie-Anne Lenormand, qui me fait toujours sourire, ni de l’adorable Paul (team Paul forever). Notons que la plume toujours impeccable d’Aurélie rend justice à la montagne de travail qu’elle a abattue pour ce roman, et nous avons un combo gagnant. Je ne peux donc que vous enjoindre à découvrir cet univers, qui, je l’espère, trouvera une belle conclusion dans un autre tome compagnon…

Pour info :
éditions Gulf Stream, collection Echos, 432 pages, 18.50€

Publié dans Bouquinade, Roman

Les Mystères de tante Dimity, T1 : La Mort de tante Dimity (Nancy Atherton)

Amis du jour, bonjour !

Une fois n’est pas coutume (combien de billets ai-je introduits ainsi ?) je vous parle d’un roman que j’ai terminé très récemment. Un roman que je voulais adorer, que j’ai beaucoup conseillé (sans l’avoir lu, team « je suis libraire c’est mon super pouvoir, et ne fais pas la choquée, on l’a tous fait »), notamment à ma maman, qui me l’a prêté.

Le Pitch :
Lori part assez mal dans la vie. Elle vient de perdre sa maman, son mariage est un échec et l’a laissée vidée (littéralement), sur le trottoir de la ville… Jusqu’à ce coup de fil d’un avocat qui lui apprend que l’héroïne des histoires du soir que lui racontait sa mère existe… enfin, existait, puisqu’elle vient de décéder en lui confiant une mission des plus importantes : parcourir la correspondance qu’elle a entretenue avec la mère de Lori pour écrire une préface à son livre d’histoires, Les Histoires de Lori

Mon avis :
Je voulais très très fort aimer ce roman. Et là, vous attendez un méchant « mais ». Je vous rassure, le « mais » arrive ; il sera cela dit moins punitif que d’autres que j’ai pu écrire.

Le roman a de très bons ingrédients : un cottage cosy en Angleterre, quelques cookies d’avoine, des promenades en forêt, de vieux albums photos dans lesquels on aime fouiller, des lettres manuscrites, des mystères, une enquête et une (presque) marraine la bonne fée ! La vie de Lori est si triste au début du roman qu’on est presque atteint d’un syndrome de Cendrillon lorsqu’elle est recueillie par M. Willis, l’avocat de la fameuse Dimity. Et lorsqu’au milieu du roman, Salagadou la magicabou, Lori est fraîche et pimpante, la voilà qui quitte le Nouveau monde pour se rendre en Angleterre, non sans avoir joué les Pretty Woman avec M. Willis Jr, son chaperon. Jeune M. Willis qui, pourvu d’un humour un peu lourd, agacera très vite Lori, au point de la rendre insupportable. Elle geint quand il lui montre de l’attention, l’accuse sans arrêt de se moquer d’elle alors qu’il est sincèrement maladroit, ce qui a eu tendance à me taper sur les nerfs.

Nous avons notre duo d’enquêteurs, il est temps de… eh bien d’enquêter ! Et on est déjà aux 2/3 du roman. Nous arrivons donc à l’une des critiques que j’ai à faire : je ne me suis pas ennuyée, la lecture a été assez facile (une fois oubliée la trad… passable), mais le gros de l’enquête prend moins de place que l’intro, c’est un peu déséquilibré. Et je vous dis que je passe par-dessus les erreurs de trad (certaines phrases étaient à la limite de l’agression visuelle, genre « je comprends ce que tu as voulu dire, mais c’est pas trop ça »), mais en vrai, ce malaise m’a suivie pendant toute ma lecture. Pour une simple raison : on n’utilise pas « on » (qui est un grand cornichon et soit désigne une personne indéfinie, soit remplace le « nous » en langage familier) quand le récit est au passé simple ! C’est NON. Hein hein. Le passé simple exprime un langage, sinon soutenu, au moins courant. « On fit nos valise », « on commanda à boire », « on alla se promener »… beurk beurk beurk. D’autant qu’on écrit pour un lectorat adulte, qui, je l’espère, ne fait pas sa prude choquée quand on cause un peu beau, non mais oh !

Concernant l’enquête, bien que vite bouclée, elle a su éveiller ma curiosité ainsi que la petite part sentimentale de mon être. C’était chouette, et tout était là pour nous faire plonger dans le passé d’un personnage charismatique. C’est presque touchant (l’intention l’est en tout cas), presque captivant, presque doudou. En somme, une lecture pas désagréable, mais ternie par les attentes que j’en avais. Paraît que les tomes suivants sont meilleurs (et je veux bien le croire, puisque les personnages sont déjà introduits). Pour celui-ci, perso, j’aurai aimé qu’il soit plus étoffé.

Pour info :
éditions Verso (Seuil), trad. de Nicolas Ancion et Axelle Demoulin, 400 pages, 14.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique), Roman historique

Le Lys de feu : quadrilogie (Jacquelyn Benson)

Amis du jour, bonjour !

J’ai l’immense plaisir, l’honneur — que dis-je ? le privilège ! — de vous parler aujourd’hui d’une quadrilogie que j’ai découverte un peu par hasard, lorsque j’ai fait entrer les éditions Rivka dans mes rayons. Et d’une simple rencontre audio est née une véritable histoire d’amour.

Le Pitch
À l’aube de la Première Guerre mondiale, Lily, jeune londonienne et fille bâtarde d’un lord et d’une comédienne, se débat avec d’étranges visions et intuitions qui l’assaillent, mais qu’elle repousse. Lorsque sa vision lui montre le meurtre imminent de sa voisine médium, qu’elle adore, Lily décide de sortir de sa coquille et de mener l’enquête. Elle rencontre ce faisant d’autres hommes et femmes aux dons psychiques extraordinaires, qui deviendront très vite une nouvelle famille. Mais la menace gronde, bien plus terrible qu’elle ne le soupçonnait. Et si c’était l’avenir du monde tel qu’on le connaît qui était en jeu ?

Mon avis
J’étais dans un mood « historique/enquête/paranormal » quand je me suis dit « ouais, pourquoi pas ». J’avoue avoir eu très peur de tomber dans une sorte de roman(ce) à la Sherlock rencontre Jack l’Éventreur avec une touche de surnaturel. D’autant qu’on ne parle au début que de disparitions de de médiums, ça collait. Et puis non.

Lily fait la connaissance de personnages complexes et saisissants, touchants, mais tellement différents : de la voyante excentrique au lord mutique, du jeune chapardeur au sage mentor, de l’impitoyable et toute puissante informatrice au policier un peu trop intelligent, chaque roman apporte son lot de personnalités. L’histoire se déroule comme si elle suivait un fil logique, s’intriquant dans les courbes du grand H de la nôtre. Le texte est d’ailleurs parfaitement documenté grâce aux docteurs en Histoires et autres spécialistes des cultures et langues évoquées dont a su s’entourer l’autrice. C’est un très gros travail de recherches, mais aussi de construction, chaque roman appelant le suivant sans s’encombrer de ressorts un peu cheap, genre des cliffhangers un peu trop évidents.

Les rebondissements sont intelligents, le style fluide et élégant. L’autrice a su jouer avec les subtilités de narration pour faire comprendre à son lectorat ce qui relève des visions de Lily et ce qui relève de la vie réelle. Les romans enchaînent les péripéties dans un rythme nerveux, souvent soumis à un infernal compte à rebours, mais savent aussi se poser dans de merveilleux moments de contemplation et d’apaisement. Les liens se tissent sans entrer au chausse-pied dans l’intrigue. Bref, c’est fin, c’est haletant, c’est très bien raconté. Aucun roman ne se détache de la parfaite harmonie de cette quadrilogie. C’est un sans faute, pour un prix plus que raisonnable vu la qualité des ouvrages (tous reliés avec jaquette).

Pour info :
éditions Rivka, trad. de Bérengère Amadie, 18€ (le tome)
Tome 1 : 552 pages
Tome 2 : 456 pages
Tome 3 : 436 pages
Tome 4 : 590 pages

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Cinq petits cochons (Agatha Christie)

Amis du jour, bonjour !

Peut-être que vous le savez, peut-être pas, mais j’adore Agatha Christie. Depuis que ma maman m’a fait découvrir Dix petits nègres (pardon : Ils étaient dix), mon amour pour elle n’a cessé de croître. La preuve, elle a donné son nom à l’énorme loukoum bavard qui me sert de chat (que j’aime à la folie). J’ai lu ses romans les plus connus, et quelques autres au gré de mes trouvailles en boîte à lire, et j’avoue que j’ai éprouvé un regain d’intérêt en écoutant les retours d’Alexis sur sa chaîne YouTube Linksoff. Cinq petits cochons est un roman qu’il a adoré, je me suis donc lancée…

Sarakontkoi ?
Le célèbre Hercule Poirot est sollicité par une jeune femme sur le point de se marier. Incapable de construire son avenir sans démêler son passé, elle souhaite résoudre l’énigme que sa mère lui a laissée avant de mourir ; dans une dernière missive, elle confie en effet à sa fille, après 16 ans de prison, qu’elle n’est pas coupable du meurtre de son père. Il est temps pour Hercule Poirot de déterrer des secrets enfouis.

Tenpenskoi ?
L’originalité de ce roman tient dans sa narration puisque la journée durant laquelle le meurtre a été commis vous est racontée pas moins de quatorze fois ! Par les avocats des deux partis et deux agents de police, pour commencer, mais aussi par les cinq personnes présentes sur les lieux, une fois en personne directement à Hercule Poirot, puis une fois par écrit. J’imagine d’ici vos yeux exorbités : quatorze fois la même histoire ? Oui oui cher lecteur, et laisse-moi te dire une chose : pas une seule fois je n’ai trouvé ça long. Les points de vue ne sont pas les mêmes, pour commencer, mais les récits deviennent de plus en plus personnels, et sont donc de plus en plus biaisés. Ce sont ces biais que déchiffre Poirot, avec le génie que nous lui connaissons.

L’histoire de cette jeune femme, la manière dont elle a construit sa vie, et dont elle entrevoit son avenir m’ont beaucoup émue. C’est une histoire d’héritage, de jalousie, d’amour, d’ambition. Et comme Poirot, on est tantôt fascinés, tantôt sceptiques face aux incohérences qu’a dessinées le temps, et si je n’ai pas résolu l’enquête moi-même, je me suis délectée du travail des petites cellules grise du plus belge des détectives. Agatha Christie fait mouche, encore une fois, même si son génie n’est plus à démontrer…

Pour info :
éditions Le Livre de poche, trad. de Jean-Michel Alamagny, 256 pages, 5.60€

Publié dans Bouquinade, Roman historique

L’Apprentie Cartomancienne (Aurélie Croizé)

Amis du jour, bonjour !

Il est temps pour moi de vous parler d’un roman qui me tient à cœur puisque j’ai eu le privilège de faire partie des bêta-lectrices de son autrice avant présentation aux éditeurs (et que j’ai donc connu ses personnages cloués au pilori de leur passion). C’était une merveilleuse rencontre, et un très chouette projet, que je m’en vais vous présenter sans délai !

Sarakontkoi ?
Dans le Paris napoléonien, la jeune Louise vit seule dans les rues, elle est diseuse de bonne aventure, pas qu’elle soit voyante, mais elle sait très bien observer. Lorsque Marie- Anne Lenormand la repère, elle la prend sous son aile. Tandis que sa mentore est arrêtée pour trahison, Louise doit utiliser ses cartes pour aider l’inspecteur Brandicourt à élucider un étrange meurtre.

Tenpenskoi ?
Mais que voilà un récit intelligent, bien écrit, amoureux de son sujet, porté par la plume humble et légère de son autrice ! Et je ne dis pas ça parce qu’elle m’est chère… vous connaissez ma réticence à lire des romans auto-édités ou avant édition ; eh bien ceux d’Aurélie, je les lis. Et je les aime. Parce que derrière la plume maîtrisée, il y a cette femme modeste et avide de savoir et de partage. Le souci apporté aux détails historiques est tel qu’elle fait souvent appel, dans ses projets à des professionnels (historiens, psychologues, etc.). Et ça, c’est un premier argument de choc.

J’ai aimé visiter la cour de Joséphine, les bas-fonds parisiens et les tripots, l’univers de la divination, que je connais très peu, et je découvre dans le roman édité des notes de bas de page sur le contexte historique et la culture à cette époque, sur les cartes, et même quelques doses d’humour ! Louise est douce, patiente intelligente, et j’aime beaucoup la relation de confiance qu’elle établit avec Brandicourt. La romance est chou (moins sulfureuse que dans les premiers jets, clin d’œil) sans être prédominante. Bref, c’est un roman tout en douceur, qui maîtrise son rythme et son sujet, que du bonheur ! On espère en voir plus (LOL, on va en voir plus), pas forcément dans une suite, mais sur d’autres thématiques, d’autres époques et pourquoi pas d’autres univers…

Pour info :
éditions Gulf Stream, collection Echos, 288 pages, 17€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Dans la tête de Gideon Green (Katie Henry)

Ami du jour, bonjour !

Je ne cesse de vous le dire, il y a parfois des lectures qui me tombent dessus sans crier gare, qui se retrouvent dans un tote bag donné par une copine, et qui, au lieu de finir sur l’infinité vertigineuse de ma PAL, s’imposent au détour d’une lecture commune. Des romans sur lesquels je n’aurais pas parié. Et pourtant…

Sarakontkoi ?
Un adolescent solitaire, grand amateur de vieux films noirs, se voit contraint d’intégrer le journal de son lycée lorsque son père le menace de le faire travailler dans son restaurant s’il ne fait pas l’effort de trouver une activité extra-scolaire. Peu versé dans les relations sociales, il est pourtant entraîné, aux côtés de son ex-meilleure amie journaliste en herbe, dans une sale affaire de petite criminalité en hausse, puis de meurtre…

Tenpenskoi ?
Voilà par exemple un roman qui ne m’intéressait pas vraiment. Mais la vie, mais le tote bag de services presse, mais une proposition de lecture de commune avec Marilyn et Charlotte. Et je dis merci à la vie, je chante la vie, je danse la vie… et je m’emballe. Plus sérieusement, c’est un roman qui a fait peu de bruit à sa sortie (le 23/03 pour être exacte), qui mérite pourtant qu’on s’y attarde.

Pour commencer, Gideon est un ado qu’on pourrait qualifier de neuro-atypique, si je ne me trompe pas (et je ne le pense pas, parce que Marilyn a eu le même ressenti). Trop franc dans ses interactions avec ses proches et ses camarades, plus à l’aise sous son fedora et son trench coat que sur les bancs du lycée, observateur très pointilleux, il aurait tout d’un ado-Monk (je ne cite pas Sherlock, rapport à la drogue, toussa toussa). Ses proches, à commencer par son père, ne le comprennent pas : snob, orgueilleux, blessant, il n’est à ses yeux qu’un ado difficile. J’ai pris beaucoup de plaisir à le voir s’ouvrir, à sa manière, mais surtout à voir les personnages qui gravitent autour de lui lui faire une place dans leur vie, à leur manière.

D’ailleurs, parlons-en de ces personnages secondaires. Le père, terrorisé à l’idée de parler de sa défunte épouse devant leur fils de peur de réveiller un traumatisme. L’ex-meilleure amie, désireuse de faire ses preuves, mais trop lâche pour prendre parti. La rédac’ chef du journal, abîmée par la vie, fatiguée de devoir compenser les marques physiques d’un accident de jeunesse par un excès d’enthousiasme et de positivité. L’enquête, en définitive, ne devient qu’un prétexte pour les mettre en danger, et les confronter à leurs propres démons. Le roman propose une petite originalité de narration lorsque Gideon, pour qui tout est plus facilement appréhensible à travers le filtre des films noirs qu’il aime tant, voit sa vie scriptée comme un scénario. Les dialogues sont crédibles, beaucoup de répliques auraient pu sortir de ma bouche ou de celle de ma mère sous le coup de la colère. C’est ce qui rend le roman touchant, au point de reléguer l’enquête au second plan, je l’avoue. Donc si tu cherche un pur polar, passe ton chemin. Si ton truc, c’est les relations humaines, l’évolution des personnages, tu vas adorer. Ce fut une excellente surprise pour ma part.

Pour info :
éditions PKJ, trad. de l’anglais par Aurelien d’Almeida, 384 pages, 18.90€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Jefferson, T1 (Jean-Claude Mourlevat)

Ami du jour, bonjour !

Je dois l’avouer, je prends souvent moins de plaisir à lire des romans pour un plus jeune public. Cela dit, Mourlevat touche les cœurs des jurés des prix de littérature jeunesse, et j’avoue n’avoir lu « que » ses romans pour adolescents. Il était donc temps de réparer cette erreur.

Sarakontkoi ?
Dans un monde où certains animaux peuvent parler, avoir un travail, et aller chez le coiffeur, le jeune hérisson Jefferson mène une vie tranquille. Mais voilà qu’en se rendant chez son coiffeur, il le trouve mort, assassiné, une paire de ciseaux plantée dans la poitrine. Sur un vilain malentendu, on le prend pour le tueur. Sa seule issue : trouver le vrai meurtrier. Et si son enquête le menait chez les humains ?

Tenpenskoi ?
Ma première envie est de répondre : pas grand chose. Ce n’est pas que j’ai trouvé le roman mauvais, c’est que je n’y ai pas trouvé mon compte. Ce qui fait que j’aime Mourlevat. Toujours excellent dans le style et dans cet humour innocent, presque drôle sans le faire exprès, j’ai malgré tout eu bien du mal à m’intéresser à l’enquête.

Elle nous mène pourtant vers une intéressante réflexion sur la condition animale, sur les mouvements militants qui tentent de mettre en lumière ces conditions. Ceci dit, je suis incapable d’expliquer pourquoi le roman ne m’a pas particulièrement touchée. Certains passages se sont révélés diablement efficaces pourtant. Je comprends l’intention, que je trouve louable. Mais j’ai eu l’impression d’être ballottée à droite et à gauche, guidée par des ficelles un peu trop grosses et de voir Jean-Claude Mourlevat faire ce que je ne l’avais jamais vu faire avant : se mettre à hauteur d’enfant. Ça n’enlève rien au sérieux du propos, mais même dans La Rivière à l’envers, la fantaisie n’était jamais infantilisante. Le roman a pourtant reçu de nombreux prix. C’est donc simplement que son charme n’a pas opéré sur moi… Ce qui est loin d’en faire un mauvais roman !

Pour info :
éditions Gallimard Jeunesse, collection Folio Junior, 272 pages, 6.95€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Les Tribulations d’Esther Parmentier, sorcière stagiaire : Trilogie (Maëlle Désard)

Ami du jour, bonjour !

J’en ai parlé. J’en ai reparlé. Je t’ai harcelé. Maintenant, la trilogie a vu éclore son dernier tome telle la plus belle fleur du plus beau bouquet… et j’aime ! (yeux qui pétillent).

Sarakontkoi ?
Je te refais le pitch ? Alors, Esther, jeune strasbourgeoise, a vu sa vie chiante et pas marrante exploser lorsqu’elle a découvert qu’elle était une sorcière. Mais en plus, une sorcière au niveau de magie ras les pâquerettes ! Elle a donc intégré dans le tome 1 l’ACDC (l’Agence de Contrôle et de Détection des Créatures) en tant que stagiaire du taciturne agent Loan. S’en sont suivies des affaires de disparitions d’adolescents, de trafic de sang et j’en passe, qui ont mené à cette apothéose, ce merveilleux tome 3.

Tenpenskoi ?
Faut-il vraiment que je te le redise ? J’ai ri. Chaque page cache son lot de blagues nulles, de jeux de mots, de références à la culture geek. J’ai lu des avis qui qualifiaient de « lourd » le sarcasme omniprésent, moi je dis que c’est très « Esther ». Enfin — ENFIN ! — une héroïne à ma mesure ! Pas que je pèse bien lourd dans le game, mais c’est autre chose sur la balance, et mes jeans comme ceux d’Esther, ne peuvent cacher notre adorable bouée. Comme moi le moindre effort lui fait cracher ses poumons. Elle peste l’été contre la chaleur et les cuisses qui frottent, elle peste l’hiver contre les 800 couches qu’elle doit porter.

Elle n’est pas porteuse d’un message d’acceptation de soi, elle est le doigt levé (je parle du grossier du milieu) à ce monde qui n’en a que pour le beau. Elle est drôle, souvent malgré elle. Elle est farouche. Aussi subtile qu’un éléphant au milieu de la porcelaine de tata Brigitte. Bref, elle est l’héroïne ultime. La panoplie de personnages qui gravite autour d’elle est tout aussi peu conventionnelle, parfois à la limite de la bienséance, le genre qui te maudirait sur 10 générations à la moindre sollicitation, mais qui se coucherait sur la lave si ça pouvait t’empêcher de te brûler les pieds. Alors oui, on n’est pas là pour être délicat et subtil. La trilogie n’est pas exempte de toute critique (par exemple, on ne sait pas pourquoi Esther n’a jamais été répertoriée en tant que sorcière… mais au moins, on évite l’écueil de la prophétie de mes deux). Mais on s’en fout, pace qu’on a passé un putain de bon moment. Merci Maëlle.

Pour info :
éditions Rageot
Tome 1 : 384 pages, 16.90€
Tome 2 : 336 pages, 16.90€
Tome 3 : 320 pages, 16.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

L’École de Minuit (Maëlle Désard)

Ami du jour, bonjour !

Je répare aujourd’hui une impardonnable bévue, un effroyable oubli, une monumentale erreur (toujours plus) : je l’ai lu, je l’ai encensé, je l’ai fait gagné, mais l’ai-je chroniqué ? Nope. Je me rachète donc par ce billet, dont vous connaissez le contenu si vous me suivez sur les réseaux.

Sarakontkoi ?
Siméon, 15 ans, est un jeune hybride, mi-humain, mi-vampire, qui s’apprête à intégrer l’école de Minuit. Cette école un peu particulière accueille en fait dans le monde des Diurnes, les humains, des habitants de Minuit, le pays des créatures surnaturelles. Timide, mal à l’aise avec son corps, binoclard, Siméon n’a hérité de sa mère vampire que son régime alimentaire sanguin. Contre toute attente (surtout la sienne), Siméon parvient tout de même à se faire un petit groupe d’amis : une liche (Joël, fabriqué à base d’autres créatures mortes), un triton (Colin, un garçon-sirène) et une louve (Eir). Entre trafic de thaume (la substance magique qui fait vivre le monde de Minuit) et disparitions d’élèves, l’école paraît à Siméon de plus en plus louche… jusqu’à la disparition de sa grande sœur, qui le fait plonger à pieds joints dans une histoire qui pourrait bien le dépasser.

Tenpenskoi ?
C’est une vraie question ? J’ai A-DO-RÉ ! Le roman n’est pas exempt de défauts sur lesquels je ne vais passer que très rapidement (c’est mon billet, je fait ce que je veux) : quelques ellipses temporelles que j’ai trouvées maladroites (parce qu’un peu rapides), une ou deux conjugaisons hasardeuses, et (Maëlle, enfin !) 4 « je vous partage ». Rien d’impardonnable quoi.

Tout le reste : 20/10. Je manque d’objectivité ? Certes. Mais qu’est-ce que c’est fin ! Toujours le bon mot, toujours drôle, avec des expressions que même ta grand-mère, elle aurait des doutes dessus. Comme pour Esther, le roman est truffé de références pop, les personnages n’ont pas leur langue dans leur poche, et surtout, ils sont… improbables. Un vampire binoclard en surpoids ? Une liche dealeuse d’artéfacts magiques ? Un feu-follet agressif et grossier ? Mais vas-y, remets-en une couche. Tu peux ouvrir le roman à n’importe quelle page, tu ris ! Siméon, c’est le gamin mal dans sa peau du fond de la classe, celui qui veut qu’on l’oublie mais qui rêve de briller. C’est le fils surprotégé, dissimulé dans l’ombre d’une sœur formidable, qui doit se prouver sa propre valeur. Je m’y suis reconnue, et je suis certaine de d’autres y trouveront également cette ambiance de pause dej’ au self, entre une heure de perm et un cours de gym. Une rencontre improbable entre Malcolm et Buffy que, j’en suis certaine, tu ne peux qu’adorer !

Pour info :
éditions Rageot, 384 pages, 15.90€