Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Hunger Games : Lever de soleil sur la moisson (Suzanne Collins)

Amis du jour, bonjour !

Comme d’habitude, je lis les romans à leur sortie, et puis la flemme, la vie, je ne chronique pas. En plus, c’est un préquel, à une série que j’ai déjà chroniquée. Mais c’est Hunger Games, l’une des meilleures dystopies pour adolescents que je connaisse, l’une des seules que je relis aussi. Alors on se retrousse les manches et on arrête de procrastiner.

Le Pitch :
Les Hunger Games font partie du paysage de Panem, depuis le soulèvement des Districts il y a 50 ans. Chaque année, vingt-quatre gosses, un garçon et une fille de chaque District, sont envoyés s’entretuer dans une arène savamment étudiée pour le grand spectacle. Mais, là, ce sont les 50 ans des Jeux, et il faut marquer le coup. Pour ces Jeux de l’Expiation, la mise est doublée, et ce sont quarante-huit enfants que l’on envoie mourir. Le jeune Haymitch fait avec. Il est amoureux et compte bien rester sous les radars du Capitole. Ma la révolte gronde, et par de malencontreuses circonstances, c’est lui que l’on envoie dans l’arène…

Mon avis :
Depuis que j’ai lu La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, j’ai très peur de ce que peut nous réserver un nouvel opus dans l’univers des Hunger Games. Mais là, ce n’est pas Snow (dont je me contre-fiche même quand on essaie de complexifier son origine story), c’est Haymitch. Et Haymitch a beau être un ivrogne antipathique, on l’aime parce qu’il évolue tout au long de la saga, et se révèle touchant et protecteur, stratège aussi. C’est un sacré morceau !

J’ouvre donc le roman, les mains tremblantes, effrayée de trouver ce nouveau volet fadasse comme l’avait été le précédent. Et puis non. J’ai clairement retrouvé ce qui faisait le sel de la trilogie originale. Un début somme toute lent, une peinture presque pastorale de la vie dans le district. Difficile, entachée de deuils, de violence et de peur, coulée dans la lenteur d’un quotidien que rien ou presque ne perturbe, mais immobile, entourée de ces champs au-delà des barrières… Et puis les Jeux, et puis Lenore Dove, et puis la colère, l’injustice. Et tout explose. De District dont personne de ne soucie, le 12 devient symbole de ralliement. Entre déshumanisation des tributs et manipulations abjectes de Snow, Haymitch ne se retient qu’à son seul but : dessiner sa propre affiche, ne pas mourir pour le simple divertissement, rester un homme libre.

Si l’arène est encore une fois presque reléguée au second plan, sa conception est spectaculaire, et relève de l’horreur pure d’un esprit sadique. Ici, on se concentre sur la prise de conscience d’un Haymitch qui sait qu’il va mourir (bon, toi lecteur, tu sais que non, mais même toi, ça te paraît mal barré). Et ça n’enlève rien à la tension, parce que pour qu’il devienne cette loque shootée à l’alcool de contrebande, faut bien qu’il se soit passé un truc super grave (oui, les Jeux c’est déjà très grave en soi). Donc, tension : OK.

Et le fan service alors ? Il est bien mieux casé que dans le précédent opus. Haymitch ayant un lien direct avec Katniss, on croise deux ou trois éléments qui nous font un clin d’œil en passant, et c’est très très chouette ! On retrouve des personnages que l’on adore, on comprend les liens qu’ils entretiennent. Bien entendu, on revient sur deux-trois trucs de La Ballade, mais même sans l’avoir lu, tu comprends en vrai. Tu passeras peut-être à côté de quelques refs (genre pourquoi Snow semble connaître si bien le Disctrict 12, ou le rapport aux Coveys). Mais sincèrement, ça passe crème.

Tout ce blabla pour te dire que j’ai terminé en larmes, en PLS, et que l’épilogue est juste parfait. J’ai retrouvé la Suzanne Collins que j’aimais. Pas celle dont je pensais qu’elle tentait de me décrire un immonde bâtard comme un personnage complexe (non, là je comprends très bien que Snow a toujours été un incroyable sadique qui a juste failli avoir un sursaut de conscience). Non. Celle qui me faisait bouffer mes cuticules, et frôler l’arrêt cardiaque. C’est ainsi que Lever de soleil entre dans mon top 3 de la série…

Pour info :
éditions PKJ, trad. de Guillaume Fournier, 480 pages

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Divergente : Trilogie (Veronica Roth)

Amis du jour, bonjour !

Il y a un ou deux ans, j’avais décidé de redécouvrir les grands classiques de la dystopie pour adolescents. Raison pour laquelle j’avais écouté la trilogie La Sélection, de Kiera Cass, et commandé sur Vinted les 3 tomes de Divergente. Une fois reçus, ils ont traîné, traîné, jusqu’à ce que nous proposions, dans le cadre du club de lecture, de lire des romans adaptés au cinéma. L’occasion, le larron, bibidi babidi bou, j’ai enchaîné les trois tomes (tant qu’à faire) et me voici pour vous parler de ma lecture.

Le Pitch :
Beatrice vit dans une société fractionnée en 5 groupes sociaux basés sur un trait de caractère prédominant, les factions : les Audacieux, les Fraternels, les Erudits, les Sincères, et les Altruistes. C’est dans cette dernière faction qu’elle a été élevée. Si le test qu’elle passe pour ses 16 ans la classifie comme divergente — ayant un potentiel pour appartenir à plusieurs castes — elle sait qu’elle devra le cacher au risque de devenir une paria. Lorsque le choix se présente, c’est aux Audacieux qu’elle décide d’appartenir, mettant sa vie en danger dans un entraînement dont la seul issue et le podium ou la mort…

Mon avis :
Je connaissais Divergente à travers les films tirés de la trilogie. Ceci dit, on le sait, les romans sont toujours beaucoup plus poussés que leurs adaptations, d’aucuns diraient « bien meilleurs ». C’est effectivement le cas ici. Riche en rebondissements, en action, mais aussi en analyses sociétales, c’est une trilogie qui aborde le sujet de la nature humaine. Il est question de notre propension à suivre des protocoles établis, à refuser tout type de contrôle sur notre libre arbitre, ou au contraire à l’accepter. C’est aussi une réflexion sur la différence entre l’altruisme, l’entraide et la conscience de l’individualité de chacun. C’est l’histoire d’une humanité qui a cru pouvoir se décharger de la culpabilité de ce qu’elle était devenue. Outre ces quelques prémices d’anthropologie, on assiste à l’éclosion d’un esprit critique, à la remise en cause de faits établis arbitrairement, de valeurs excessives.

Pour ne pas m’étendre sur le style, je dirais qu’il est très simple. Il est absolument certain que Veronica Roth n’a pas cherché à m’éblouir par sa maîtrise de la langue. Mais vous savez quoi ? C’est un roman d’action, ça passe. En revanche, j’ai trouvé quelques longueurs aux tomes 2 et 3. Dans la thématique, chaque tome est très bien découpé. C’est une histoire qui se raconte en trois phases. Trois phases, trois romans (oui, bon, quatre avec l’histoire racontée par Quatre). Mais le tome 2 est fait de beaucoup d’aller-retours dans la ville, de piège, de sauvetages in extremis (ce qui a rendu mon résumé divulgachant à Victoria laborieux). Et le tome 3 ressasse le besoin de vengeance et de justice sociale… bon, on a un peu compris. Je salue en revanche le parti pris culotté de la fin, peu habituel dans un roman destiné à la jeunesse. C’est une conclusion logique et impactante. Bref, je suis ravie de pouvoir aujourd’hui proclamer que oui, Divergente, c’est bien, mais que Hunger Games, c’est mieux. Plus sérieusement, j’en recommande la lecture aux amoureux de dystopies, c’est un chouette détour à s’offrir.

Pour info :
trad. de Anne Delcourt
Grand format : éditions Nathan
Tome 1 : 488 pages, 2011
Tome 2 : 460 pages, 2012
Tome 3 : 464 pages, 2014
Poche : PKJ
Tome 1 : 504 pages, 2017
Tome 2 : 528 pages, 2017
Tome 3 : 528 pages, 2017

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Le Passeur (Loïs Lowry)

Amis du jour, bonjour !

Mieux vaut tard que jamais, c’est en janvier 2025 que je commence et termine un roman que j’étais censée lire pour le challenge 12 livres 12 mois de 2024 (choisi par Morgane). Et puis, c’est un peu un classique de la dystopie adolescente…

Le Pitch
Dans un village où les citoyens ont été privés de leurs sens, de leurs émotions et de leur passé afin de vivre en paix, Jonas, 12 ans, est choisi pour être le nouveau dépositaire de la mémoire. Il découvre alors que le monde a plus de saveur que ce qu’il pensait. Au fil des souvenirs qui lui sont transmis, il découvre le meilleur et le pire de l’humanité…

Mon avis
Je ne vais pas passer par quatre chemins : c’est un roman d’une efficacité redoutable. Et pourtant, on est loin des rébellions, des combats armés, des méchants dirigeants qui profitent du système. C’est pour moi une réelle tentative d’utopie, dans laquelle la liberté est retirée aux humains, contre une paix, une prospérité et une sérénité totales. Ils n’ont pas le choix de leurs emplois, de leurs enfants, de leurs émotions, bonnes ou mauvaises. Tout est épuré. Et quelque part, je me suis presque sentie apaisée moi-même. La société qui a été construite ici est au service de la collectivité, mais prend en compte l’individu (dans une certaine mesure).

Dès lors, je me suis demandé si un monde comme celui-ci, sans mémoire, sans saveur, sans liberté et sans velléités de pouvoir, n’est pas meilleur que le nôtre, régi par l’individualité, la cupidité et l’intérêt personnel (quoi, moi, je noircis le tableau ?). Jonas se demande pourquoi priver le monde de la beauté des couleurs, des saveurs, pourquoi le priver de sa mémoire. J’ai lu beaucoup d’avis qui parlaient, et je cite, d’une « société aseptisée, aliénante et dépourvue de vie, de spontanéité ». Et au vu de l’état actuel des choses, je me suis réellement fait la réflexion : est-ce que cette société va plus mal que la nôtre ?

C’est un roman qui remue des choses, sans but de donner une réponse claire. On ne vous dit pas « ça c’est bien » et « ça c’est mal ». On vous propose une société qui est ce qu’elle est, avec ses imperfections. Jonas et le Passeur comprennent qu’ils ne vivent qu’une demi-vie. Mais je trouve que le roman laisse au lecteur le soin d’apprécier et de comparer sa société à celle de Jonas. Le roman n’émet pas de jugement, ou très peu, et la fin, d’ailleurs très ouverte, vient couronner le chemin qu’a parcouru le lecteur en lui disant « maintenant, c’est à toi de voir ». Il fait partie d’une tétralogie, dont les liens entre les tomes sont ténus mais participent à une réflexion bien plus grande sur nos sociétés…

Pour info :
éditions l’école des loisirs, collection Medium Poche, trad. de Frédérique Pressmann, 224 pages, 7.50€

Publié dans Bouquinade, Utopie / Dystopie

La Sélection : trilogie (Kiera Cass)

Ami du jour, bonjour !

On replonge dans la décennie passée, à la grande époque des dystopies adolescentes (on pense à Promise, de Ally Condie que j’avais chroniqué à sa sortie). D’ailleurs, si tu suis le blog depuis le début (félicitations), tu as sans doute déjà vu passer mon billet sur le tome 1, lu peu après sa parution. Là, les ventes de la série ont repris à fond, j’avais un peu de temps, des crédits audio à revendre, et alors je me suis avalé la trilogie en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Sarakontkoi ?
Tu ne m’en veux pas si je réutilise mon résumé du billet précédent ? Non, bien entendu, tu es un adorable lecteur de blog !
Dans un futur pas si lointain et après une crise économique dévastatrice, les États-Unis ont été rachetés par la Chine, non sans se battre et déclarer de nouveau leur indépendance. Désormais, il s’agit du royaume d’Illéa. C’est dans cette société faite de castes (de 1 à 8, 1 désignant la famille royale, 8 les castes les plus basses) qu’évolue la jeune America, une 5. Elle et Aspen, un 6 doivent cacher leur idylle, mais pour America, ça ne fait aucun doute, un jour, elle l’épousera. C’est sans compter sur la fierté du jeune homme, et sur la Sélection, une espèce de show-réalité pendant lequel le prince Maxon, l’héritier du royaume, devra choisir sa fiancée.

Tenpenskoi ?
Je comprends. Je comprends qu’ado, tu aies envie de ce genre de romans. Et sincèrement, le préfère de loin vendre ça à une gamine de 14 ans qu’un tome 1 d’After (oui, délation éhontée !). Après, on est très loin d’une réelle dystopie, parce qu’on est plus concentrés sur la romance que sur les problématiques sociales. Oui, la population est injustement divisée en castes. Oui, des rebelles tentent d’infiltrer le palais. Oui, les lois sont liberticides. Bon. Mais tout ça reste en arrière plan, et ce sont plus des excuses scénaristiques pour enfermer Maxon et América ensemble dans un bunker que de réelles menaces. On passe un temps infini à nous parler de belles robes, nous dire qu’América se trouve jolie, que son cœur balance. Sur 3 tomes de presque 400 pages chacun, ça a tendance à tourner un peu en rond.

Stylistiquement, c’est assez pauvre. J’avais parfois l’impression qu’une enfant me racontait une histoire (sincèrement, je pense que je devais inventer les même dialogues quand je jouais aux barbies). On te donne du « le prince » par ci, du « Prince Maxon » par là… Ca manque un peu de maturité. Cela dit, le style n’est pas mauvais en soi. Il est juste… inexistant. Donc si tu cherches un petite romance, qui essaie de dénoncer des inégalités sociales sans vraiment y parvenir (je suis méchante, on a bien un ou deux passages engagés), ça peut le faire. Une lecture pas désagréable, pas navrante, mais j’ai vu mieux. Et oui, je sais qu’il y a deux autres tomes qui suivent les aventures de la fille du couple royal, donc 20 ans après. Sans doute approfondissent-ils la question de la rébellion. Personnellement, je me suis arrêtée à la trilogie initiale.

Pour info :
Tome 1- La Sélection : éditions PKJ, 384 pages, 7.70€
Tome 2 – L’Élite : éditions PKJ, 357 pages, 7.70€
Tome 3 – L’Élue : éditions PKJ, 384 pages, 7.70€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Londinium, T1 : Un Lapin sous le dôme (Agnès Mathieu-Daudé)

Ami du jour, bonjour !

Attardons-nous aujourd’hui sur un roman qui serait passé tout à fait inaperçu dans ma vie de lectrice et de libraire si je ne l’avais pas reçu, là encore, dans le cadre d’une visio VLEEL (Varions les Éditions en Live, pour rappel). Et quelle perte c’eût été !

Sarakontkoi ?
Dans Londinium cohabitent les Hommes et les Animaux. Ces derniers sont dotés de parole, et vivent peu ou prou comme leurs compatriotes humains. C’est là que vit Arsène, lapin de son état, détective (le meilleur !) de profession. Alors, lorsque son meilleur ami lui demande de retrouver une jeune lapine dont il est fort épris, Arsène mène l’enquête. Cette disparition n’aurait-elle pas un lien avec les attaques de renards, les nouvelles lois peu favorables aux animaux, ou encore d’étranges vols commis un peu partout ? Ses investigations conduiront Arsène jusque sous le Dôme, cet espace privilégié où les Animaux ne sont pas vus d’un très bon œil…

Tenpenskoi ?
Comme je le disais en début de billet, ce n’est franchement pas le roman qui me faisait envie quand je l’ai reçu. Mais c’est l’école des loisirs, et je suis curieuse, parce que je sais qu’ils proposent en général des textes de qualité. Et puis tout ça avait un parfum de Watership Down et de Zootopie, mêlés à du Hercule Poirot (parce que même si Arsène porte le prénom d’un certain Lupin, il n’en a pas moins quelque ressemblance avec un détective belge que j’affectionne particulièrement, doublé d’un locataire de Baker Street).

Alors on te parle d’un roman jeunesse, mais en soi, ça ne l’est pas plus que Watership Down ne l’était ; l’anthropomorphisme a cela de trompeur qu’on a tendance à l’attribuer seulement aux jeunes lecteurs. Il n’empêche que les sujets peuvent être d’une gravité toute adulte ! On y parle discrimination, remaniement social et sociétal, migration de population, ghettos, misère sociale et j’en passe. Et pourtant, ces petits lapins, souris et autres blaireaux, ça rend tout ça diablement accessible. Un roman très court, pourtant parfaitement efficace dans son dérouler. Il ne manque rien, tout y est. C’est un chouette voyage à travers l’Histoire de ce début de XXe siècle, et les conflits qui l’ont jalonné. J’ai aimé, donc.

Pour info :
éditions école des loisirs, collection M+, 208 pages, 14.50€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Hunger Games : La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur (Suzanne Collins)

Ami du jour, bonjour !

Encore une fois, si tu me suis sur les réseaux, tu sais que je viens de finir le préquel de la merveilleuse et célèbre trilogie Hunger Games. Encore mieux, si tu me suis depuis un peu longtemps, tu sais à quel point j’ai aimé la merveilleuse et célèbre trilogie Hunger Games… Et si tu ne t’en souviens pas, je pose ça , et tu peux aller lire mon billet 🙂 Alors quand, plus d’une décennie plus tard, Collins rempile pour te faire une origin story du grand méchant, ça a de quoi te rendre curieux…

Sarakontkoi ?
Avant de devenir l’un des hommes les plus sadiques de Panem, Coriolanus Snow était juste un gosse de riche, dont les parents ainsi que la fortune étaient morts pendant la révolte des districts. Ruiné, il tente tant bien que mal, avec sa grand-mère et sa cousine, de vivre de la contrebande et de sauver les apparences. Alors lorsqu’on lui fait l’insigne honneur de lui attribuer un tribut lors de la 10e édition des Hunger Games — faisant ainsi de lui un des premiers mentors de l’histoire des jeux — il saisit l’occasion de se démarquer. C’est sans compter sur son tribut, une jeune femme nommée Lucy Gray Baird, qui fait naître en lui une véritable fascination. Amour ? Pouvoir ? Faux semblants ? Coriolanus devra faire des choix, et se révéler peu à peu comme l’homme qu’il deviendra.

Tenpenskoi ?
Je vais redire un peu ce que j’ai dit en story sur Insta, mais les préquels sont pour moi un exercice très dangereux parce qu’il y a deux écueils à éviter : le fan service et les raccords un peu trop évidents ou capillotractés avec l’œuvre originale. Malheureusement, sans être un échec cuisant, cette tentative-là n’y a pas échappé.

Personnellement, j’ai trouvé le récit bien trop centré sur Snow. Je sens bien qu’on tente d’en faire un personnage complexe. Cela dit, je me suis demandé tout au long de ma lecture si Snow était un pervers narcissique de base, ou s’il l’était devenu. OK, on nous montre les souffrances qu’ils a vécues pendant la guerre, mais ça reste insuffisant.

Le roman a beaucoup de longueur qui, d’après moi, tentent de recréer la tension pré-jeux du tome 1 de la trilogie originale. Mais la situation est différente : l’arène est bien moins développée, et les jeux ne sont qu’un ersatz de combat de gladiateurs dans une arène que j’apparenterais à un stade de foot. Alors pas de quoi nous pondre 300 pages. Idem pour les jeux en eux-mêmes. Ce que j’aurais aimé voir, c’est comment les arènes sont devenues aussi sophistiquées, et les tributs adulés (on a une ébauche dans l’épilogue sur 3 pages), comment le Capitole est sorti de la misère dans laquelle il était. Comment les habitants du Capitole sont passés de presque mandiants à des individus extravagants qui bouffent à s’en faire vomir… je veux dire, je peux deviner ce qu’il s’est passé. Mais j’aurais aimé qu’à un moment, on dézoome de Snow pour nous montrer un plan d’ensemble plus large, qu’on nous cause un peu politique, tactique.

Et pour finir, le fan service. On a essayé de raccrocher Lucy Gray et Snow à tous les symboles de rébellion qu’a créés Katniss, jusqu’à son prénom… Une bonne dizaine de fois, je me suis dit « comme par hasard… » ! Du coup, pas étonnant que Snow déteste Katniss si elle est la si parfaite incarnation du moment exact où tout a failli basculer dans sa vie… bref, on tire un peu trop sur les ficelles à mon goût, tout en me donnant des petits coups de de coude avec un clin d’œil complice, genre « hey, t’as vu, c’est Hunger Games hein ! ».

Bref, je ne dirais pas que j’ai détesté ma lecture. Disons, que j’ai bien aimé. Et bien aimé, pour un tome de la saga Hunger Games, c’est insuffisant. Pas mémorable, et peu utile dans le développement politique opéré dans la trilogie originale. C’est comme regarder un film d’actions avec Stalone. C’est sympa, mais c’est jamais très profond… (sauf Demolition Man, parce que j’adore Demolition Man… même si c’est pas très profond).

Pour info :
éditions PKJ, 560 pages (selon Amazon, parce que le mien en fait bien 600), 19.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

La Servante écarlate (Margaret Atwood)

Ami du jour, bonjour !

Laisse-moi te dire que j’ai dû digérer un peu le roman dont je vais te parler avant d’écrire ma chronique. J’ai beaucoup de mal à mettre de l’ordre dans mes idées, comme à chaque fois que le sujet me touche, tu commences à avoir l’habitude. Dis-toi que ce bouquin, je l’ai écouté (oui, parce qu’il s’agit d’un livre audio) sur toute la période de notre dernière tentative de FIV. On aurait pu trouver mieux comme timing…

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Sarakontkoi ?
Le roman se situe dans une société américaine fermée qui subit de fortes baisses de fertilité dues à divers facteurs (notamment une « catastrophe » dont il est question une ou deux fois dans le livre). Dans cette nouvelle société, les femmes sont sacrées. Les épouses de Commandeurs sont privilégiées, les Econofemmes sont les épouses d’hommes pauvres, les Marthas sont des sortes de gouvernantes dans les maisons riches. Et les Tantes endoctrinent les Servantes, ces femmes vêtues de rouge, seules capables de procréer, dont les riches couples louent les services…

Tenpenskoi ?
La. Claque. Ca fait un moment que je n’avais pas lu un aussi bon roman de SF. Il s’agit ici d’une dystopie, la description d’une société qui se veut parfaite, mais qui cache en fait un régime de répression et de suppression des libertés.

Un passage m’a marquée au cours de ma lecture : il évoque la différence entre « liberté de » (freedom to) et « libéré de » (freedom from). Les femmes ne sont plus libres de faire ce qu’elles veulent de leurs corps, puisqu’elles sont devenues sacrées. Mais elles sont libérées du regard des hommes, du poids du paraître. Dans ce sens, le livre twiste dangereusement l’état d’esprit du lecteur, et on en arrive même à se dire « est-ce si mal ? » C’est ce danger que pointe Margaret Atwood. Ces pensées liberticides qui agissent pour le bien de l’Humain. Elle décrit une société tyrannique, sans libertés, révoltante, qu’elle met en contraste avec notre société actuelle, tellement brutale, sale, effrayante qu’en tant que lecteur, on est perdus, tiraillés entre notre révolte interne et cette solution définitive, liberticide, qui pourtant solutionne les combats que nous menons aujourd’hui.

Tout ça bien entendu sur fond de cataclysme (dont on ignore la nature). On sait juste qu’à un moment, le monde a cessé de tourner rond, et que la réponse de cet état américain (le Massachusetts si mes souvenirs sont exacts) a été de geler les libertés, en commençant par les comptes en banque des femmes. Tout ça dans une passivité générale effrayante. Mais dans leur situation, aurions-nous fait différemment ? Les quelques manifestations et contestations ont été étouffées. Privées de moyens financiers, les femmes n’ont eu d’autre choix que de passer dans la clandestinité, ou de s’en remettre aux hommes. Les enfants issus de seconds mariages, d’adultères, ou hors mariage ont été arrachés à leur famille pour être confiés à des familles pieuses « dignes » de les élever, donc riches.

Margaret Atwood nous tient et nous coince dans un présent quasi constant qui nous étouffe, nous empêche d’avancer, d’aller de l’avant, qu’elle entrecoupe de bribes de souvenirs décousus, confus parfois. De sensations passées. Comme Defred, on ne comprend pas comment la société en est arrivée là. Le final est sans importance, relayé au second plan, avalé par l’énormité de ce qu’on vient de lire. L’épilogue, une conférence universitaire qui a lieu probablement des dizaines d’années plus tard, après la chute de cette « civilisation », ironise cette partie de l’Histoire, la relègue à une simple étude du passé, oubliant presque que ce qui est arrivé alors peut encore se produire aujourd’hui. Cela ne ferait-il pas échos à… ?

Le roman est très dense, j’en ai probablement oublié. Mais lisez-le.

Pour info :
éditions Robert Laffont, 544 pages, collection Pavillons Poche, 11,50 EUR

Publié dans Bouquinade, Utopie / Dystopie

La déclaration (Gemma Malley)

Mais, c’est pas possible, on ne m’arrête plus ! (En même temps, ça ne fait que 2 post en 4 mois, je ferais mieux de tenir ma langue)

Je reviens avec un roman proposé depuis longtemps par mon amie libraire, Charlotte, que je remercie de ses conseils. Une lecture vraiment sympa.

la_declaration

Sarakontkoi ?
Dans un futur pas si lointain où l’homme a trouvé un remède contre la mort, faire un enfant est interdit, sauf si l’un des deux parents accepte de lui laisser sa place, autrement dit de mourir. Anna est un Surplus, une enfant dont aucun des deux parents n’a voulu se plier à cette règle. Elle finit donc, comme tous les Surplus, dans un centre d’accueil aux mœurs peu recommandables, afin d’y apprendre à servir les Légaux pour laver la souillure de sa condition. Anna est un surplus exemplaire, jusqu’à l’arrivée de Peter, qui ne cesse de l’appeler Anna Covey et de lui dire qu’il connaît ses parents et qu’il vient la chercher. Anna ne sait plus quoi faire : rester à Grange Hall et tenter de devenir au moins un Bon Element ? Ou bien fuir avec Peter vers cette famille qui semble lui tendre les bras ?

Une réflexion très intéressante sur l’Homme qui se fait juge et se donne le droit de décider qui a le droit de vivre, alors qu’il a trouvé un moyen de ne pas mourir. La perte de la jeunesse, des idées nouvelles, mais la peur de mourir, de vieillir. La vie éternelle et l’ennui. Voilà qui pose bien des questions.

Tenpenskoi ?
Le texte est bien construit, rythmé, la lecture agréable. On enchaîne des passages du journal qu’Anna ne devrait pas tenir — dans lequel un combat entre elle et elle s’engage — et la narration sur différents points de vue. Derrière cette histoire de deux jeunes gens qui s’apprivoisent et se découvrent, le lecteur ne pourra que réfléchir à ces sociétés soi-disant utopiques où la mort ne fait plus partie de la vie, et où la vie elle-même ne sert plus à rien qu’à elle-même. Il s’agit d’un premier tome, mais j’avoue préférer m’arrêter là : pour moi, la réflexion principale se trouve ici, le reste ne sera probablement que péripéties. N’hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé des autres, si vous les avez lus !

Pour info :
Editions naïve, collection naïveland, 365 pages, 16€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Insaisissable, tome 1 : Ne me touche pas (Tahereh Mafi)

Re-re-re bonjour !

Oui, quand je vous dis que je rattrape le retard, je ne fais pas semblant. Donc, quatrième billet de l’après-midi, sur une lecture somme toute fort sympathique envoyée par une petite Comète. Fini dans le train pour Londres !

insaisissable

Sarakontkoi ?
Juliette est enfermée dans un asile depuis plus de 3 ans pour un crime qu’elle n’a pas voulu commettre. Parce que Juliette a un don, sa malédiction : lorsque sa peau entre en contact avec la peau d’un autre être humain, elle absorbe sa vie. Depuis son enfermement, le nouveau régime s’est renforcé, un régime de rigueur qui proclame que la Terre meurt, qu’on ne peut plus nourrir tout le monde et qui utilise cette excuse pour parquer les citoyens et créer des lois de privation absurdes. C’est dans ce contexte que Juliette va revoir Adam, enfermé avec elle dans sa cellule pour elle ne sait quelle raison, alors qu’elle n’a pas parlé à un être humain depuis 3 ans. Adam dont elle se souvient pour être allée à l’école avec lui. Adam qui l’a probablement oubliée. Adam qui a avec elle un comportement plus qu’étrange…

Au début du bouquin, on se retrouve avec Juliette, dans sa cellule. On vit avec elle l’enfermement, la solitude. La peur lorsqu’Adam arrive, potentielle victime de son don. Sa réaction presque animale. Sa passion qui se développe peu à peu, qu’elle étouffe, en nous étouffant nous aussi, lecteurs. Sa déroute devant les humeurs changeantes d’Adam, et le besoin viscéral qui lui brûle la peau d’être touchée, aimée, humaine. Son dégoût d’elle-même, alors que le régime cherche à utiliser son don pour torturer les rebelles…

Tenpenskoi ?
Un style très lapidaire, des mots qui suffoquent, qui disent l’enfermement, et la mise en page originale où le personnage rature ses notes, nous permettant ainsi de connaître les désirs profonds qu’elle camoufle derrière la bienséance. Des désirs qu’elle répète comme des litanies, qu’elle martèle avec force, toute une tension sensuelle qu’elle met en place… on compare avec Twilight, pourquoi pas. M’enfin, les désirs des personnages de Stephenie Meyer sont bien plus sages que la passion qui semble dévorer Juliette. Oui, c’est pas de la littérature érotique non plus ! Les amoureux du genre, vous pouvez essayer, j’ai passé un bon moment.

Pour info :
Michel Lafon, 384 pages, 16,95€ chez votre libraire.

 

Publié dans Bouquinade, Utopie / Dystopie

La sélection (Kiera Cass)

Amis du jour, bonjour !
J’ai décidé de laisser une autre chance à la collection « R » de Robert Lafon. Alors, n’écoutant que les conseils de mon amie Cleo, j’ai saisi l’occasion qui s’offrait à moi pour lire un bon truc de fille. Et même que, cette fois, j’ai réussi à résister à la tentation de corner les pages qui contenaient des coquilles. Même pas une pliure, promis ! Oui, parce que j’avais emprunté le bouquin, mais aussi parce que (et Cleo, je t’aime) j’en connais une qui est complètement maniaque avec ses livres. Mais revenons à nos moutons.

Sarakontkoi ?
Dans un futur pas si lointain et après une crise économique dévastatrice, les États-Unis ont été rachetés par la Chine, non sans se battre et déclarer de nouveau leur intépendance. Désormais, il s’agit du royaume d’Illéa. C’est dans cette société faite de castes (de 1 à 8, 1 désignant la famille royale, 8 les castes les plus basses) qu’évolue la jeune America, une 5. Elle et Aspen, un 6 doivent cacher leur idylle, mais pour America, ça ne fait aucun doute, un jour, elle l’épousera. C’est sans compter sur la fierté du jeune homme, et sur la Sélection, une espèce de show-réalité pendant lequel le prince Maxon, l’héritier du royaume, devra choisir sa fiancée.

Tenpenskoi ?
Cleo m’a dit, en me tendant le livre soigneusement rangé dans une pochette transparente : « tu verras, c’est sympa. Une histoire de fille, et il va falloir que ça se développe dans le 2, mais c’est une belle histoire d’amour ». OK, le ton était donné. Et en effet, l’histoire est bien sympathique. Le thème dystopique du royaume puissant tombé, qui s’est reconstruit en une société parfaite organisée en castes, ça se digère bien. America est l’humble jeune fille qui se moque de ces castes et se préoccupe des êtres humains qu’elle a en face d’elle. Elle est généreuse et attentionnée, elle nous est ma foi fort aimable. Et puis, le côté peste-pousse-toi-de-là-que-je-m’y-mette des filles sur fond de télé-réalité, c’est pas mal. Un peu une version romancée du Bachelor.

En bref, on termine le livre avec assez peu d’infos sur le complot principal, un peu mis au second plan au bénéfice de la romance : les attaques rebelles sur le palais, visiblement à la recherche d’une chose dont on ignore tout (jusqu’à sa nature). Donc oui, on espère que le « niveau » du roman va décoller et que les personnages vont prendre un peu d’épaisseur. Mais le tome 2 me tente, c’est déjà ça. Pas grand chose à dire, lisez-le, ne le lisez pas. Pas un indispensable, mais distrayant.

Pour info :
Robert Lafon, collection R, 360 pages, 16,90€ chez votre libraire

P.S. : Le Publishers Weekly, journal américain, a comparé La Sélection à Hunger Games (chroniqué ici). Ca n’a rien de comparable, et les similitudes s’arrêtent au royaume-déchu-qui-s’est-relevé, où règne sous l’apparente paix une réelle injustice sociale. Après, Hunger Games est plus profond, ses personnages plus creusés, et la lecture se fait sur plusieurs niveaux. La Sélection est bien plus léger.