Publié dans Bouquinade, Roman

La Dernière Abeille (Bren MacDibble)

Ami du jour, bonjour !

On change un peu de registre, je te propose un joli roman, avec une jeune héroïne attachante, et qui porte un chouette message. C’est parti !

Sarakontkoi ?
Pivoine a 9 ans, presque 10. Avec son grand-père et sa grande sœur, elle vit dans une ferme fruitière. Elle rêve d’être une Abeille pour aller polliniser les fleurs sur les arbres. Parce que dans le monde de Pivoine, les abeilles ont presque disparu. Mais ses plans sont dérangés lorsque sa mère la force à la suivre en ville, pour travailler avec elle et « avoir un avenir et une vraie vie ». La ville enferme, la ville étouffe, et Pivoine ne pense qu’à une chose : retrouver sa ferme. Esméralda, la riche enfant gâtée, pourra-t-elle l’aider ?

Tenpenskoi ?
J’ai vu passer le roman sur les réseaux cet été, et je l’ai de suite mis dans un coin de ma tête. Outre le sujet essentiel qu’il aborde (l’écologie, et la mort des abeilles), le personnage de Pivoine avait l’air tout à fait délicieux. Et je ne me suis pas trompée ! Pivoine est une petite sauvageonne aux pieds nus et au caractère bien trempé, qui a mieux compris que bien des adultes ce qui est important dans la vie. Cette gamine, c’est une bourrasque printanière !

L’intelligence de ce roman, c’est de faire rencontrer à cette gamine qui est heureuse d’un rien une riche enfant que tout effraie. Le contraste entre Esméralda et Pivoine fonctionne à merveille ! Tandis que l’une ne pense qu’à quitter ses chaussures et aller courir dans l’herbe, la seconde a peur de tout et ne peut y poser un orteil. C’est l’échange entre les deux enfants qui rend le roman si riche. On y aborde d’ailleurs aussi le deuil, l’absence, et l’abandon.

Bref, un court roman, superbement orchestré et dosé, qui montre sans culpabiliser, et qui nous propose une autre façon de vivre. Je ne peux que vous le conseiller, quel que soit votre âge !

Pour info :
éditions Helium, 162 pages, 14.90€

Publié dans Bouquinade, Roman, Roman historique

Mille femmes blanches (Jim Fergus)

Ami du jour, bonjour !

On entame les chroniques des livres que j’ai lus il y a un petit moment, ceux dont j’ai bien souvent parlé rapidement sur les réseaux sans jamais prendre le temps de poster les billets… enfin, de les écrire, pour commencer. Ma tenue du blog, c’est un peu du up and down. Parfois je te ponds une rafale de billets, parfois je ne parviens pas à poster pendant des mois. Et puis, cette année, c’est un peu le yoyo émotionnel quand même. Bref, je te parle de ma lecture de Mille Femmes blanches.

Sarakontkoi ?
1874. May Dodd a décidé de couper les ponts avec sa riche famille pour vivre hors mariage avec un homme qu’elle aime, avec qui elle a deux enfants. Sa famille ne l’entend pas de cette oreille et la fait interner, pratique courante pour éviter le scandale dans les milieux aisés.
Dans le même temps, le Président Grant accepte un marché avec le chef cheyenne Little Wolf : échanger mille femmes blanches contre mille chevaux indiens, afin de mêler les sangs. Bien entendu, Grant recrute le premier contingent de femmes dans les prisons et hôpitaux psychiatrique. May voit là sa chance d’être de nouveau libre.

Tenpenskoi ?
Depuis ma lecture de Ici n’est plus ici, de Tommy Orange, j’ai eu une période où toute cette histoire de natifs américains m’intriguait beaucoup. J’ai retenu deux titres qui traitaient du sujet, L’Envol du moineau, de Amy Belding Brown, et celui-ci. Si les faits énoncés ne sont pas des faits historiques (Wikipedia dit qu’en effet, Little Wolf s’est rendu à Washington en 1973, et que « la teneur des propos échangés est inconnue »), ils sont ici le prétexte à la découverte de la culture indienne via les yeux d’une jeune femme.

Je ne vais pas te mentir, c’est la découverte à la dure, mais on a de la chance, notre héroïne a un fort caractère. Comme on voit la culture indienne à travers les yeux d’une blanche, forcément, leurs coutumes nous sont décrites comme barbares (je parle des séances de transe, de la polygamie, et des rapports hiérarchiques au sein de la tribu). Alors oui, je me suis offusquée bien souvent de l’étroitesse d’esprit des occidentaux, de ce qu’ils trouvaient barbare, ne comprenant pas qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise culture (lol), simplement des êtres humains qui voient le monde différemment. Mais disons que c’était en 1874, et que le monde n’était pas ce qu’il est aujourd’hui (est-il meilleur aujourd’hui ?).

Bref, un livre intéressant, mais pas le waouh auquel je m’attendais. Après, j’étais consciente qu’on serait loin de Pocahontas hein ! Mais il se répète parfois, et visiblement, le tome 2 est un peu une redite, donc je pense que je vais m’en tenir là. Je dois voir maintenant si je me prends L’Envol du moineau. Bref, une potentielle bonne lecture si ce qui gravite autour de la cuture native américaine t’intéresse.

Pour info :
éditions Pocket, 512 pages, 7.95€

Publié dans Bouquinade, Roman

Ici n’est plus ici (Tommy Orange)

Ami du jour, bonjour !

Septembre approche, et avec lui, la rentrée. Et qui dit rentrée dit rentrée littéraire, événement sur lequel je me penche assez rarement (pour ne pas dire jamais en fait). Mais là, j’ai intégré un groupe de férus de littérature américaine, le Picabo River Book Club, qui permet aux lecteurs, entre autres et en plus d’échanger autour de leurs lectures, de recevoir des services de presse via ses partenariats avec les éditeurs. C’est un gros boulot pour Léa, qui a créé et gère le club, mais c’est beaucoup de bonheur et de partage pour nous !

J’ai eu la chance d’être sélectionnée pour la lecture de Ici n’est plus ici, de Tommy Orange. Pas du tout le genre de livres sur lequel je me serais arrêtée. Et pourtant…

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Sarakontkoi ?
C’est une histoire faite d’histoires. C’est l’histoire de ceux qui sont sans être. D’une culture qui traverse les siècles, l’oubli, la mort. D’une étincelle. D’une perdition. De ceux qu’on a réduits au silence, qui ne savent plus qui ils sont. Et comme un chant qui résonne au rythme des tam-tams. Des histoires qui s’entremêlent, comme des cheveux épars tressés pour se renforcer. C’est l’histoire de ces natifs qui doivent survivre sans bien se connaître ni comprendre où est leur place, ceux qui n’ont plus d’ici. Qui ont choisi de vivre dans les villes. Pas pour tuer leur culture, mais pour essayer de la reconstruire autrement.

Tenpenskoi ?
En tant que femme blanche dont la culture a été imposée a une bonne partie du monde, il serait bien mal venu de ma part de dire que je comprends de quoi parle Tommy Orange. Il parle de la culture d’un peuple qu’on a tenté d’étouffer. Ce peuple qui n’est à sa place ni en ville où on le rejette, ni dans les réserves où on l’enferme. Ce peuple qui sait qu’il a un héritage à défendre sans parvenir à le comprendre.

Chaque personnage a sa propre histoire, sa façon de la raconter, ce qui se traduit dans le texte par des différences de point de vue attribués à chaque personnage. Tantôt le « tu », tantôt le « je », tantôt le « il ». Tantôt le présent, tantôt le passé. Les personnages se perdent dans les méandres de leur propre vie, d’une sorte de culpabilité qu’ils portent. D’être trop indiens ? De ne l’être pas assez ? La narration est d’une force poignante, de ces récits qui s’insinuent au plus profond de nous, nous parlent sans qu’on parvienne réellement à les cerner. Je referme le livre en me disant : « comment je vais parler de ça ? » Et pourtant, j’ai compris ce que m’a dit Tommy Orange. C’est un livre qui se ressent plus qu’il ne se comprend.

Et comme je ne parviens pas à te le dire avec mes mots, je me suis noté quelques passages qui disent tellement bien ce dont parle ce livre… je t’en propose quelques-uns.

On est nombreux à vivre en ville aujourd’hui. Ce projet est censé nous permettre de raconter cette autre histoire.

Certains d’entre nous ont cette impression chevillée au corps, tout le temps, comme si on avait fait quelque chose de mal. […] On boit parce que l’alcool nous donne l’impression que nous pourrions être nous-mêmes sans avoir peur. […] Il faut apprendre à rester tout en bas. Tout au fond de soi, sans avoir peur.

Tu te souviens qu’il nous disait toujours qu’on était indiens mais nous, on le croyait pas ? Comme si on attendait qu’il nous donne des preuves. […] Papa ne nous a jamais rien transmis de notre identité indienne.

Le mot « triomphe » a bipé dans ta tête. […] Voilà ce que ça représentait, pour toi, d’avoir réussi à traverser ces centaines d’années américaines, d’avoir chanté tout du long.
Pour info :
éditions Albin Michel, collection Terres d’Amérique, 352 pages, 21,90€