Publié dans Bouquinade, Roman

Le Ciel de Joy (Sophie Andriansen)

Amis du jour, bonjour !

Parfois, je remercie le ciel de m’avoir faite libraire ; on ne va pas se mentir, je me sens privilégiée de recevoir des romans et de pouvoir les lire avant leur sortie. Celui-ci a été déposé par ma repré (l’équivalent d’une commerciale) au magasin, et pour être très honnête, j’aurais pu passer à côté si je n’avais eu cette épreuve non-corrigée entre les mains.

Le Pitch
Dans la famille de Joy, on est fille-mère de mère en fille. Elles sont donc trois générations à vivre sous le même toit, sans pères. Lorsque Joy tombe follement amoureuse de Robinson, qui l’aime aussi de tout son cœur, elle sait qu’elle refuse de suivre le même chemin que sa mère et sa grand-mère. Mais voilà, à cause d’un accident de capote, elle tombe enceinte, et ce qui, en France, n’aurait dû être qu’une formalité se transforme en parcours du combattant…

Mon avis
Je me rends compte, au fil de mes retours de lecture, que je lis en définitive assez peu de romans contemporains pour adolescents. Peut-être parce que j’ai encore des choses à régler avec ma moi boutonneuse (faux, je n’ai jamais eu de boutons). Toujours est-il que je ne me serais peut-être pas jetée sur ce roman-là. Et quelle erreur j’aurais faite !

La première chose que je me suis demandé, c’est : « mais où est le souci, on est en France, et en France, les femmes, quel que soit leur âge, peuvent disposer de leur propre corps ». Erreur ! Pour une jeune femme mineure, c’est même un peu le parcours du combattant. Parce que si Joy est très proche de sa mère et de sa grand-mère, aucune d’entre elles n’est prête à l’accompagner, de peur qu’elle ne regrette son « erreur » plus tard. Dès lors, sachant qu’elle a besoin de l’accompagnement d’une personne majeure, vers qui peut-elle se tourner ?

Là commence une course contre la vie, parce que les fenêtres d’intervention sont courtes. Face à la détermination de Joy, à ses certitudes, je me suis sentie si démunie, et je me suis demandé si, à la place de ces adultes qui l’entourent, j’aurais accepté de l’aider. Et puis il y a l’hypocrisie de la démarche qui, même si elle peut mettre sur votre route des professionnels compatissants, ne vise clairement pas le soutien émotionnel de la patiente.

J’ai adoré Joy, dans ses certitudes et son désarroi, sa vision de l’avenir et son désespoir face à une situation qu’elle refuse de vivre. J’ai aimé l’amour malgré tout, celui qui blesse, mais celui qui répare aussi, celui qui donne espoir. Ce soutien qu’on pense apporter en disant « tu ne seras pas seule, on t’aidera ». Et surtout, j’ai aimé le dialogue que le roman ouvre sur une situation qu’on aime beaucoup ignorer, ce OK chez les autres et pas chez nous, ce « et moi, je ferais quoi ? » Il est parsemé de lettres à cœur ouvert jamais partagées, de résumés de romans et de témoignages de grossesses non désirées dans le monde. C’est un roman court et efficace, qui dit ce qu’il a à dire, et je ne lui en demandais pas plus. Il est donc urgent de le lire.

Pour info :
éditions Flammarion Jeunesse, 240 pages, 16.90€

Publié dans J'ai testé pour vous...

J’ai testé pour vous… les poils !

Ami du jour, bonjour !

Le voici, le voilà, ce premier billet test ! Attention, ces billets seront un peu plus longs que la moyenne. Dans un premier temps, je vais t’expliquer comment m’est venue cette idée saugrenue, et je te ferai un retour sur mon expérience perso. Je te donnerai ensuite des liens, si tu souhaites aller plus loin, et enfin, le clavier sera à toi (merci à celles et ceux qui ont accepté de témoigner, c’est pas évident, pour une première participation, de parler de choses aussi intimes).

NB : garde bien en tête que je ne juge ici aucun comportement, aucune habitude, et je ne veux pas culpabiliser qui que ce soit de garder ou d’enlever ses poils. Alors, on y va ?

Mais pourquoi tu fais ça ?

Je t’explique : tu te souviens, il y a quelques temps, je t’ai parlé de l’essai Libres !, dans lequel il était question de la femme, de l’image qu’elle se fait d’elle-même, de son corps, etc. (je t’invite à lire le billet en question… vraiment… vas-y et reviens). Naturellement, il y était question, entre autres, de poils. Rebelotte dans une des vidéos de Clemity Jane, vlogueuse sur Youtube. Leur discours : les poils, c’est pas sale. Et d’ailleurs, si tu les enlèves, bien souvent, c’est parce que l’image qu’on te donne de toi-même est très lisse, très douce. En gros, ce besoin de se débarrasser de sa pilosité naîtrait dans le dégoût de l’autre de nos propres poils. Parfois, on va même jusqu’à s’épiler ou se raser tout le bras et les avant-bras. Pour se libérer-délivrer, il faudrait donc — non pas arrêter de s’épiler/se raser –, mais savoir si tu le fais pour toi (ton confort, ton goût => et non ton dégoût parce qu’il faut toujours agir sur des influences positives, et non négatives) ou pour les autres. Et toi-même tu sais, le regard des autres, ça pèse lourd.

Et puis, si on déteste les poils chez les filles, c’est moins le cas chez nos homologues masculins. Quoi que, maintenant, même eux ont des complexes ! La première chose que m’a dite mon adorable poilu de mari quand on s’est rencontrés, c’est « si tu veux, je m’épile hein ». Personnellement, j’aime (et je préfère) les hommes poilus.

Alors, ni une ni deux, je me suis dit : allez, je vais essayer de comprendre pourquoi j’ai besoin de m’épiler.

Et dans les faits ?

Dans les faits, il suffit d’arrêter de s’épiler, en prenant tout de même soin de faire quelques gommages pour éviter les repousses douloureuses (si t’as pas de gommage, de l’huile d’olive, du sucre en poudre, tu mélanges, et tu frottes, tu frottes avant la douche). J’avoue que je n’ai pas non plus laissé des poils indisciplinés envahir tout mon corps. J’ai essayé d’éviter l’effet mono-sourcil, dit l’effet Emmanuel-Chain, juste ce qu’il faut. J’ai cessé d’arracher le petit duvet au-dessus de ma lèvre supérieure (je suis blonde, pas un exploit donc) et m’épiler le maillot, les aisselles et les jambes. J’avoue, j’ai tout de même gardé sous contrôle la longueur de mes poils. Ma volonté a des limites.

Verdict ?

Pour commencer, les poils, c’est utile. Ça protège ta peau aux endroits où ça frotte beaucoup. Et surtout, ils ont une action de régulation de la transpiration, et des fluides en général. Donc si tu dis « les poils, ça pue », il faut chercher ailleurs (hygiène, matière des vêtements, dégoût des odeurs corporelles, etc.)

Laisser pousser ses poils, c’est bien en plein hiver, quand personne ne voit rien. Mais tu as beau être très engagé, quand tu ressors les gambettes, c’est une autre histoire. Afin de tester ma détermination, après quelques semaines de repousse, j’ai pris mon courage à deux mains, et je suis allée chez l’osthéo sans m’épiler. Puis chez mon gynéco. C’est comme un sparadrap. Tu l’arraches d’un coup, et t’y penses plus. Piscine ? Les aisselles, ça passe, les jambes, je sais pas pourquoi, je me sens comme un mec, c’est complètement con.

Je dirais qu’il faut supporter le regard des autres. Et son propre regard également. Le plus difficile pour moi, c’est de continuer à me sentir féminine. Ça, c’est une histoire à régler avec toi-même. Et je ne peux parler que pour les femmes, parce que je n’ai pas de témoignage masculin (dommage messieurs).

Du coup, conclusion :
j’ai aimé : retrouver le contrôle de mon corps, savoir à quoi il ressemble en vrai, me dire que je suis maîtresse de mon image.

j’ai pas aimé : en termes de confort, les poils, ça tire ! Il faut bien se l’avouer, on porte des vêtements de plus en plus serrés. Les collants, les jeans, les débardeurs… quand un poil se coince dans le tissu, ça pique, ça gratte. Physiquement, ils me gênent.

Au final, je ne vais pas tout garder. Mais je vais arrêter de criser dès que j’ai un poil qui repousse. Genre à l’aise quoi.

Ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est que, homme ou femme, il ne faut laisser personne décider pour toi ce que tu fais de ton corps. Il faut réfléchir à la raison pour laquelle tu fais les choses. Là on parle de poils, mais c’est vrai tout le temps. Notre société a une propension à la culpabilisation de l’individu. Dans un sens comme dans l’autre d’ailleurs ! Ton idéologie non plus ne doit pas te dicter quoi faire. Si tu défend le droit d’un être humain à disposer de son corps, mais que toi, t’aimas pas les poils, bah te force pas ! Mais garde en tête que des pratiques qui nous paraissent normales découlent en fait de réactions aux dictats de ce fameux « on ». On dit que c’est moche, que c’est mal, que c’est trop ou trop peu. On pense bien faire. Transformez ce « on » en « je ». Le Je en vaut toujours la chandelle. Et quand on est bien dans son Je, on est bien avec tout le reste 🙂

Ils en parlent aussi :
Clémence, de la chaîne Clemity Jane
Charlie, de chez mademoiZelle
Ovidie, dans son essai Libres !
mademoiZelle.com, dans son article Que pense-t-on des poils ?
Et beaucoup d’autres, que tu peux partager en commentaires !

Maintenant, c’est à toi !

Pour moi chacun fait ce qu’il veut de sa pilosité ! Pour les aisselles, j’ai du mal à laisser la forêt s’installer, et j’aime m’épiler les mollets et cuisses de temps en temps, mais je suis plus souvent en mode yéti que barbie pré-pubère…. mon mec s’en fout, ça m’arrange ! Lui aussi est poilu (torse et dos), et j’adore ça !
Anonyme

Je n’aime pas les poils !!! Enfin, les autres font ce qu’ils veulent, mais moi je ne les aime pas en trop grande quantité sur moi, et jamais sous les aisselles surtout !
Anonyme

Eh bien moi, je suis une anti-poils, je déteste ça ! Les miens, et ceux des autres :p Je tolère uniquement éventuellement la barbe de mon chéri (qui malheureusement est limite imberbe, le pauvre, malgré son envie de hipster).
Jamais avec un poil qui dépasse et pourtant, arrivée au troisième trimestre de grossesse, plus moyen de s’épiler correctement à cause du manque de visibilité… ben finalement, parfois, ça fait du bien aussi de laisser aller la nature !
Anonyme

Je suis passée au laser…
Anonyme

Je m’en fiche des poils chez les gens, mais comme j’ai la peau sèche, je m’hydrate énormément la peau et c’est désagréable la crème quand on l’applique sur les poils, et j’aime pas la sensation quand je l’étale… moi c’est sans, mais avec, ça me va aussi 🙂
Anonyme

Ça fait un moment que j’essaie à mon niveau de lutter contre les stéréotypes sexistes et que je me pose des questions sur le genre. Bref quand on commence à mettre le doigt dans l’engrenage on ne sait pas quand on va arrêter de tirer sur le fil et dans mon cas sur le poil J
Donc militante du « y’a pas de trucs pour les garçons ou pour les filles » (à moins d’avoir besoin de ses attributs génitaux), à l’automne je me suis vraiment intéressée au corps des femmes et à ce qu’on s’inflige. J’en suis arrivée à plusieurs constats :
1- Les poils chez les hommes ça me fait ni chaud ni froid donc pourquoi est-ce que ça m’ennuierait chez moi ;
2- Si on a des poils c’est aussi pour protéger notre peau ;
3- Le poil c’est un peu ce qui pousse à la puberté donc ce qui nous différencie du corps enfantin ;
4- Jeune maman, j’ai plus le temps et puis niveau financier c’est un peu une blinde.
Donc finalement j’ai décidé de plus m’en occuper.
Mais je doutais quand même de ma capacité à assumer (parce que je fais la forte mais en vrai la société n’est pas tendre). Là, c’est l’hiver c’est facile, sauf effectivement quand je vais aux bébés nageurs le samedi. Mais jusqu’à présent, pas de regards appuyés, pas de remarques, les autres parents ont l’air de s’en foutre. Par contre moi perso j’ai des doutes. Je trouve ça assez moches en fait, parce que c’est pas uniforme sur la jambe, ça fait vraiment moonboots c’est pas top. Et du coup je suis partagée mais je pense m’en débarrasser j’avoue.
À ce sujet, je suis en train de lire un livre génial sur les stéréotypes et justement l’éducation des garçons cette fois, Tu seras un homme féministe mon fils !
Ambre

MILLE MERCIS À TOUS POUR VOS PETITS MOTS DE SOUTIEN, ET L’ACCUEIL QUE VOUS FAITES À CETTE CHRONIQUE !!!

 

Le sujet du prochain billet : Vinted ! Envoyez vos avis/expériences/craintes et j’en passe par mail (sur la page Votre hôte), via la page Facebook du blog ou sur Insta 🙂

Publié dans Highway to FIV

Il était une fois…

Il était une fois, une gamine. La gamine jamais malade, le genre qui se pète jamais une jambe, robuste. Le seul truc qui chiait dans la colle, c’était ses oreilles. Des otites à répétitions. Le cauchemar de sa mère ces foutues otites. Mais à part ça, rien.

La gamine a grandi. À 16 ans, elle avait déjà un rêve. Non, plus qu’un rêve, une certitude. Elle devait être maman. Loin des « gna gna gna… la société… gna gna gna… les femmes se sentent obligées… » Non, elle sentait, jusqu’au plus profond de ses tripes, qu’elle était faite pour avoir des enfants. Oh, pas qu’elle les élèverait mieux, ou qu’elle serait une meilleure maman ! Non, c’était comme ça. Son corps était fait pour enfanter : bassin large, hanches porte-bébé, et par-dessus tout, il le lui disait ce corps.

Appelez ça l’instinct, je m’en fiche. Certains sont faits pour danser, chanter, façonner le bois, enseigner. Bah elle, elle était faite pour ça, entre autres.

Elle avait une confiance absolue en son corps. Pas qu’elle l’aimait ou le trouvait beau. Juste, il ne s’était jamais cassé. Jamais de médocs. La douleur, mpf, c’est pour les chochottes et tout le reste.

Et puis un jour… au détour d’un frottis chez le gynéco, c’est le drame. Quelque chose ne va pas. Des cellules malpighiennes atypiques. On en apprend des mots, quand on est malade… des mots qui veulent rien dire. Second frottis de contrôle qui confirme. Et BAM, on vous envoie vers un spécialiste. Biopsie. Aïe. Elle est pas chochotte la gamine, mais quand même, aïe ! Et elle est cassée. C’est là que tout est parti en eau de boudin.

On lui demande : « le papillomavirus, vous savez ce que c’est » ? Elle répond « oui ». On prononce les mots « état précancéreux » et « pris juste à temps ». « Conisation » aussi. « Pas de gros risques bla bla bla grossesse futures » (grand sourire et poignée de main rassurante). « Peut-être fausse couche, éventuellement cerclage, bla bla bla, accouchement préma. »

Ce corps qui l’a portée si loin, il l’a lâchée. Il tombe malade sans le lui dire. Tout seul, comme un sournois. Et il contamine Chéri. Pourriture de corps. Chéri doit faire des biopsies, des examens. Mais il comprend. Il vous aime. Et il ne dit rien. Mais il est là, toujours. Et il fait des vaccins expérimentaux. Ca a l’air de marcher… et puis, y’a des gens qui connaissent des choses bien pires, hein. Les guerres, les vrais cancers.

Opération. Arrivée à 11h. Je plaisante avec les infirmières, avec les infirmiers, avec le docteur. Tout ça cul nu. On prend l’habitude. Opération. Départ à 16h. C’était le 23 décembre 2015. J’ai pas eu trop mal. Joyeux noël.

Promis, la suite est plus drôle.