Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Peau d’Âme, T1 : Les Lilas du roi (Aude Ziegelmeyer)

Amis du jour, bonjour !

Une réécriture de conte. Une couv’ à tomber (oui, je suis faible, y a quoi ?). Et… franchement… Voilà. On ne remerciera jamais assez les éditeurs de rendre leurs textes dispos sur NetGalley pour découvrir des romans comme celui-ci en amont de leur sortie. Même si je finis par acheter le bouquin.

Le Pitch :
Tu connais Peau d’âne, le conte ? Genre le père qui, après avoir perdu sa femme, veut épouser sa fille. Celle-ci est tellement désespéré qu’elle lui fait des demandes de plus en plus extravagantes, jusqu’à lui demander la peau de son âne, source de toutes les richesses du royaume parce qu’il fait caca de l’or. Une fois la bestiole écorchée, elle s’enfuit, déguisée en gueuse vêtue d’une peau de bête… Bah là, le papa veut effectivement épouser sa fille, mais cette dernière, bien qu’adorant son papounet, se rend vite compte de l’homme qu’il est en réalité…

Mon avis :
Les réécritures de contes, j’aime ça. Sauf que dernièrement, je n’en ai pas vraiment trouvé qui m’emballe de ouf. Alors là, on me propose un conte peu adapté, avec une bonne poignée de féminisme et un bel écrin. Je dis banco. Effectivement, le début est assez similaire au conte original, bien qu’y soient glissés quelques éléments géopolitiques (tout de suite, les grands mots…). Mais ça va au-delà de ça. Je ressens ce je ne sais quoi de gênant. Oui, oui, parler d’inceste, c’est gênant. Mais même avant ça. C’est dans les détails, dans cet or omniprésent qui brûle la rétine, dans ce silence chuchoté, dans ces interminables tresses trop lourdes que doivent porter les jeunes femmes. Bref, le lore se construit insidieusement.

Puis viennent les révélations, la peur d’abord et la colère ensuite, la rage qui dévore tout, au sens propre comme au figuré. Et là, le conte est écartelé, déchiqueté, mis en pièces, et cette princesse, qui devrait fuir, est envahie d’une rage dévorante. J’entends beaucoup parler du Fou, de son histoire, de sa relation à Blanche (notre princesse). Les gars, on se calme, il a trois scènes dans le roman. Et si, effectivement, sa relation avec Blanche est ambigüe, il est plus l’exhausteur de la folie de ce royaume fait de mensonges.

J’ai très peur d’en dire trop, je vais donc m’arrêter là. Mais sachez que c’est un roman violent (dans le ressenti et dans l’action), presque cathartique par moment, dont la seconde partie (qui sortira fin d’été normalement) sera selon moi le tome de l’apaisement et de la guérison, même s’il promet son lot d’action. Une lecture que je ne saurais que vous recommander ! D’ailleurs, ici, sitôt acheté, sitôt prêté…

Pour info :
éditions Gulf Stream, 424 pages, 23€

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Un chant de Noël : Une histoire de fantômes (J.-L. Munuera)

Ami du jour, bonjour !

Fait assez rare, je vais te parler bande-dessinée (j’en lis définitivement trop peu). Je continue ma découverte d’un scénariste/illustrateur que j’ai découvert grâce à mon collègue, et dont j’ai immédiatement adoré le style et la plume (tu le sais si tu as jeté un œil à ma chronique sur Les Campbell).

Sarakontkoi ?
Le conte, tu le connais déjà : un vieil homme acariâtre et avare reçoit, la veille de Noël, la visite de trois esprits (passé, présent et futur), qui lui montrent qu’il doit changer s’il ne veut pas finir sa vie seul. Ici, c’est la même, sauf que Scrooge est une femme, et qu’elle apprend une leçon… disons… différente.

Tenpenskoi ?
Premier constat : c’est beau. Je pourrais me perdre dans la fluidité visuelle de Munuera pendant des heures ! Le gars a bossé pour des studios d’animation (coucou Eldorado) et ça se sent. En tant que lectrice de BD néophyte, je reçois son dessin en pleine face, et je sais que, malgré le travail, ça paraît facile ; c’est le signe du vrai talent. Les couleurs, la création des personnages, les rues de Londres, tout est superbe.

S’agissant du propos, la première chose qui saute aux yeux, c’est « ah, une femme ». Parce que remplacer la moitié des personnages masculins par leur penchant féminin semble être à la mode (hello le MCU), je me suis dit « encore du femwashing« . Que dalle. Le mec a tout compris. Compris que ce qu’une femme veut voir dans les médias, ce ne sont pas d’autres gonzesses méga fortes, mais d’autres nanas qui galèrent, qui ne comprennent pas ce que la société attend d’elles et qui décident de tracer leur propre chemin. Alors oui, ça fait pas très joli, ça demande de sacrifier l’estime de ses pairs, ces même pairs qui créent des règles sans vous en donner les clefs. Scrooge se bat avec ses armes, retourne contre Dieu son appel à la pitié, rendant sa responsabilité à chacun. Et c’est dans un dernier désir de défendre ses idéaux qu’elle décide d’agir. Pas par peur de la solitude ou de Dieu, mais par défiance, et par conviction. Une très belle réécriture du roman de Dickens, que je conseille à chacun.

Pour info :
éditions Dargaud, 80 pages, 17€

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Un Palais d’épines et de roses (Sarah J. Maas)

Ami du jour, bonjour !

C’est parti pour mon unpopular opinion du jour ; je vais pour parler de ma lecture du fameux ACOTAR (parce que A Court Of Thorns And Roses en VO), et c’est pas que j’ai détesté, mais…

Sarakontkoi ?
Feyre, la benjamine des trois filles d’un marchand fauché, est seule à nourrir sa famille : son père n’est plus que l’ombre de lui-même depuis qu’il a perdu sa fortune, et aucune de ses sœurs, encore trop habituées au luxe de leur ancienne vie, ne peut chasser. C’est lors d’une de ses sorties de chasse que Feyre tue un immense loup, qui se révèle être un Fae. Sa punition : offrir sa vie en échange de celle du Fae, et partir pour Prythian, leur royaume. Tamlin, seigneur de la cour du Printemps, semble pourtant vouloir rendre son quotidien agréable… Quel secret cache le maître des lieux ? Quelle est cette malédiction qui emprisonne son visage et celui de toute sa cour sous un masque ? Et qui est cette femme qui semble le terroriser ?

Tenpenskoi ?
Si tu l’as pas compris, on part sur une base de réécriture de la Belle et la Bête. Moi, j’aime la Belle et la Bête. Alors, ce roman est-il digne de l’engouement qu’il suscite ? Ca dépend. Je n’ai rien lu de foncièrement mauvais. Quelques clichés agaçants, et des facilités scénaristiques, mais rien qui me hérisse le poil au point de ne pas terminer ma lecture.

Les personnages sont des stéréotypes ambulants. Feyre, le personnage féminin « fort », n’est en réalité qu’une gamine superficielle qui ne s’accroche à ses promesse que pour les besoins du roman. Et si par fort, on entend « qui refuse toute aide et se sent outrée chaque fois qu’un homme lui propose un coup de main »… je pense qu’il faut revoir la définition. Porter des pantalons et se la jouer dure à cuire, ça ne suffit pas. D’autant que chaque fois qu’elle est proche d’un homme, elle a les hormones en ébullition ! Tamlin ne fait pas exception : baraqué, ténébreux, taciturne, un brin taiseux sur les bords, il est le parfait anti-héros, maladroit mais charmant. J’ai eu un peu de mal à sentir l’alchimie. Et pourtant, on te décrit une passion dévorante qui naît entre les deux frustrés ! Alors sur les scènes où ça se bécote, j’ai peut-être gloussé une ou deux fois comme une ado, mais ça ne suffit pas.

MINI SPOIL (mais pas vraiment) – La seconde partie du roman était un peu longue. Si tu as lu le conte de la Belle et la Bête, tu sais que Belle revient pour sauver l’homme qu’elle aime (oui, parce qu’il lui en faut du temps pour se l’avouer, rapport au personnage fort qui a tellement peur de se faire arnaquer). Là, Belle… euh, Feyre va devoir affronter d’horribles épreuves imposées par une sadique pimbêche (qui a tout de même ses raisons hein, on n’est pas méchant juste comme ça). Et là, on s’en donne à cœur joie ! OK, Feyre a eu des couilles de se pointer pour se mesurer à plus fort qu’elle, mais aucune de ses victoires ne lui est vraiment due. Tu parles d’une nana forte. Et surtout, elle te fait tout un plat de culpabilité sur un million de détails qui ont collé mes rétines au plafond.

Bref, une lecture divertissante, pas ouvertement problématique, mais longue parfois, truffée de facilités scénaristiques et de stéréotypes, qui a tout de même su faire glousser l’ado en moi. Les scènes de sexe restent peu explicites, mais si les tomes suivants sont plus… disons « libres », il va sérieusement falloir que je prévienne les jeunes qui les achètent. Je ne suis pas certaine de vouloir lire la suite, mais au moins, je sais ce que je vends…

Pour info :
éditions La Martinière Jeunesse (trad de l’anglais par Anne-Judith Descombey), 528 pages, 18.90€

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D’or et d’oreillers (Flore Vesco)

Ami du jour, bonjour !

Tu le sais parce que je t’ai harcelé avec ça, au mois de juillet, c’était mon anniversaire. Et quand tu aimes les bouquins, le mieux, c’est quand on t’en offre… ou qu’on t’offre la possibilité d’en acheter. J’ai donc eu droit entre autres à une carte cadeau, et l’ami, je me suis fait plais’ ! Parmi mes achats figurait ce (spoiler) petit bijou. Sitôt acheté, sitôt lu (oui oui, d’une traite) — fait suffisamment rare pour le souligner.

Sarakontkoi ?
Le jeune lord Handerson recherche une épouse, et pour se faire défie les jeunes filles de passer une nuit chez lui sans chaperon. Contre toute bienséance, Mme Watkins y envoie ses trois filles et leur suivante, Sadima. Dans la chambre, un lit où s’empilent une dizaine de matelas. Celle qui relèvera le défi n’est pas forcément celle que l’on pense, et l’épreuve pas ce qu’elle semble être…

Tenpenskoi ?
Je lève de suite le suspens : ce bouquin est MÂ-GNI-FIQUE ! Voilà bien longtemps que je n’avais pas dévoré un roman en un après-midi ! S’il s’agit au départ d’une réécriture du conte de la Princesse au Petit Pois, on dérive très vite pour partir dans une direction inattendue.

Exit la fragile princesse, dont la peau est blessée par un innocent légume. Mais il y est bien question de peau. C’est un roman charnel, presque gourmand, où les protagonistes se découvrent eux-mêmes et l’un-l’autre. On y parle d’éveil de la sensualité, de la sexualité, d’émancipation. Sur la dernière partie, j’ai levé les yeux de ma lecture, et je me suis demandé où j’étais, et ce que m’avait fait ce roman. Il exerce comme un pouvoir, une sorte de fascination qui nous enrobe tel un cocon. Et durant ces quelques secondes de pause, j’étais perdue. Le roman supprime tous vos repères ! C’est loufoque mais ça marche ! Un petit clin d’œil au passage à d’autres contes et légendes (Midas, la pierre philosophale, Cendrillon — la vraie — et le petit chaperon rouge)…

Le tout est servi dans un écrin de poésie, de métaphores, de jeux sur les sonorités, les rythmes, les mots. Loin du roman middle-grade auquel je m’attendais, j’ai eu droit à un rite initiatique lourd de sens, une lecture qui se mérite, et qui en repoussera certains, c’est clair. C’est beau, c’est organique et clairement déstabilisant, mais p*** qu’est-ce que c’est bon !

Pour info :
éditions l’école des loisirs, collection Medium+, 240 pages, 15€

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La Belle et la Bête (J.-M. Leprince de Beaumont / Nicole Claveloux)

Amis lecteurs,

Je me sens d’humeur à poster aujourd’hui. Parce qu’en fait, je me rends compte que je n’ai pas pris soin de vous présenter certains livres que je bichonne pourtant comme la prunelle de mes yeux. Tout ça parce que ce sont des albums. Ou parce que vous connaissez l’histoire. Mais chaque album est différent, et chaque histoire l’est aussi.

Dans ce billet, je vous propose de redécouvrir cette histoire que vous connaissez si bien.

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Sarakontekoi ?
Un vieux marchand a trois filles et trois garçons. Lorsqu’il apprend que sa flotte a été touchée par une tempête, il entreprend un long voyage pour faire état des dégats. Sur le chemin du retour, ruiné et plein de chagrin, il s’égare et s’arrête dans un mystérieux palais. On lui offre le gite et le couvert, sans qu’il connaisse l’identité de son hôte. Mais lorsqu’en partant il arrache une rose au jardin, une Bête surgit et lui propose un marché quelque peu inéquitable…

Tenpenskoi ?
« Il était une fois », c’est comme ça que commence le conte que vous connaissez. Celui-ci est un peu différent. Exit les chandeliers qui parlent et dansent, et les théières qui philosophent. Les trois sœurs sont jalouses et égoïstes, les frères belliqueux et peu responsables. L’histoire, la vraie, certains la connaissent. Mais la connaissez-vous racontée avec les mots délicieusement désuets de Madame Leprince de Beaumont ? Portée par les fines illustrations de Nicole Claveloux ? Alors ce livre est fait pour vous.

Ptit +:
La finesse du trait et du détail de l’illustratrice qui donne vie à l’histoire. L’édition originale de cette version, aux éditions Être, pointillait les images de touches argentées. Aujourd’hui, Christian Bruel a dû cesser son activité d’éditeur et a cédé une partie de ses albums aux éditions Thierry Magnier. J’ai la chance et la fierté de posséder un des derniers tirages de Être…

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Pour info :
Nouvelle édition : Éditions Thierry Magnier, collection Albums, 48 pages, 23 EUR chez votre libraire.
Édition originale : Être éditions, 48 pages

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La Princesse qui n’avait pas de royaume (Ursula Jones/Sarah Gibb)

Amis lecteurs, bonsoir !

Je vous parlais ce matin de la somme astronomique que nous avons dépensée, Chéri et moi, au salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil. Eh bien, il est temps de vous parler un peu de nos trouvailles. Et pour commencer, une illustratrice découverte grâce à un album de Raiponce chez Gallimard Jeunesse, redécouverte grâce aux conseils de mon amie Charlotte, libraire. J’ai nommé : Sarah Gibb.

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Sarakontkoi ?
Il était une fois (puisqu’il s’agit d’un conte), une princesse qui n’avait pas royaume. Pour vivre, elle livrait des paquets bizarres qui ne pouvaient être livrés par la Poste. Elle parcourait les villes et les villages avec sa charrette et sa jument Coquette. Les duchesses n’en voulaient pas pour leurs fils, les rois se la disputaient et les princesses, engoncées dans leurs lourds jupons, enviaient sa légèreté. Mais la princesse n’aspirait qu’à trouver son royaume. Et un royaume peut prendre bien des formes, et nulle part peut devenir partout…

Tenpenskoi?
Un conte moderne et plein de barbe-à-papa, porté par des illustrations délicieuses. La délicatesse du détail, la finesse des ombres chinoises parsemées de touches multicolores. L’auteure et l’illustratrice ne se refusent rien. Une poignée de Dragibus colorés, une brise chaude et légère au parfum de lilas qui s’engouffre à travers la fenêtre au printemps…

Pour info :
éditions Gautier-Languereau, collection Les petits Gautier, 5,25 EUR en version souple.
éditions Gautier-Languereau, collection Les beaux albums,14,95 EUR en version reliée.

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Le petit loup rouge (Amélie Fléchais)

Amis du jour, bonjour !

Dites-donc, votre hôtesse, quand elle commence, on ne l’arrête plus ! M’enfin, je dois dire que ça me manquait beaucoup, et bizarrement, c’est revenu tout seul. Aujourd’hui, encore un cadeau de Chéri, pour ma promotion cette fois (oui oui, tout ça en 6 mois !). Et je peux vous dire qu’il partage ses lecteurs…

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Sarakontkoi ?
C’est l’histoire d’un petit loup qui porte un capuchon rouge. Sa maman l’envoie porter un lapin à sa mère-grand pour qu’elle en fasse son repas. Mais il se perd dans la forêt, et, seul, perdu et affamé, il mange le petit lapin. Son papa lui avait dit de ne pas s’aventurer dans le bois mort, qu’il abritait des Hommes. Mais quand petit loup croise une petite blonde à la bouille d’ange, il la suit sans réfléchir. Elle le ramène chez elle… pour le plus grand plaisir de son papa chasseur qui a visiblement une revanche à prendre sur les loups.

Tenpenskoi ?
Un beau retournement de conte, quoi qu’un peu tragique pour les plus jeunes (j’émets donc une réserve là-dessus). C’est un changement de point de vue intéressant, qui fait échos, de manière innocente, à bien des problématiques contemporaines. Le méchant n’est pas celui que l’on pense, et le chasseur pas si innocent que ça. Lorsque les humains amis des loups sont montrés du doigt et punis, lorsque les loups sont ceux qui fuient les fusils endiablés des humains… Une plume simple et affûtée portée par de magnifiques aquarelles et les grands yeux bleus d’une petite blonde et d’un petit loup encapuchonné. Une oxymore sur patte !

Pour info :
éditions Ankama, collection Étincelle, 80 pages, 15,90€ chez votre libraire.

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Stardust (Neil Gaiman)

Amis du mercredi, bonjour !

Je prends 5 minutes, parce que, comme vous pouvez le voir dans la PAL (Pile À Lire), Stardust a (enfin) disparu. Et pour cause, après m’être endormie des centaines de fois au bout de 3 lignes, j’ai enfin trouvé la force de terminer ce dernier chapitre. Tout a commencé lors d’une visite chez Maëlle, mon amie parisienne — peu avant qu’on ne parle koala (que j’ai trouvé, enfin !) pour la première fois. Elle avait posé sur la table de son salon un bouquin, de taille un peu batarde (entre une BD et un roman grand format) et paraissait toute excitée d’avoir trouvé la version illustrée du livre de Gaiman. « Stardust, comme le film ? », ai-je naïvement demandé. « Oui, mais ça n’a pas grand chose à voir », m’a-t-elle répondu. Bref, tout ça m’a turlupinée, et j’avais trouvé les illustrations super jolies en plus. Alors ni une ni deux, je me suis mise en chasse. Amazon a été mon seul recours (pardonnez-moi mon Père parce que j’ai péché), mais je l’ai enfin trouvé. En poche d’abord (je me suis plantée dans ma commande), puis en grand format, illustré. Voilà pour la petite histoire. Comme quoi, faut pas grand chose…

stardust

Sarakontkoi ?
Petit village de Mur, Angleterre – début du XIXe siècle. Le village est bordé par un mur (d’où son nom) dont la seule brèche est étroitement surveillée afin de ne permettre aucun passage ni dans un sens, ni dans l’autre. Tristran Thorn est un individu pour le moins curieux. Un peu lunaire, pas vraiment intégré, ce jeune homme au physique atypique est follement amoureux de Victoria, « la plus belle fille du compté, et même du monde ». Un soir, alors qu’il la raccompagne chez elle, et qu’il énumère les folies qu’il pourrait accomplir pour son amour, une étoile tombe de l’autre côté du mur. Commence alors un long voyage au cours duquel Tristran, dans le but de ramener à sa chère Victoria son étoile chue des cieux, se découvre lui-même dans un pays inconnu et pourtant si familier. Et rencontre chemin faisant des personnages hauts en couleur. Mais il n’est pas le seul à s’intéresser au sort de l’étoile…

Tenpenskoi ?
Un magnifique conte dans la lignée des romans jeunesse de Neil Gaiman, toujours un peu borderline, jamais vraiment incorrecte, mais toujours un peu dérangeant. On retrouve ici toute la naïveté des contes de notre enfance, saupoudrée d’une pincée de cette amertume des adultes qui aimeraient ne pas grandir.

Pour la première fois, je regrette d’avoir vu le film avant d’avoir lu le livre… Bien que très bien adapté, et disposant d’un excellent casting, il révèle néanmoins toutes les clefs du bouquins tout en s’en éloignant pas mal parfois. Les effets de surprise sur la découverte progressive des personnages n’ont donc pas fonctionné. Pour le coup, c’est presque dommage, parce que le film était sympa aussi… Mais à lire, surtout si vous pouvez vous procurer la version originale illustrée par Charles Vess !

Pour info :
J’ai Lu (entre autres), 211 pages (en l’occurrence), 5,80€ chez votre libraire.

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Sisters Red (Jackson Pearce)

Bonjour à toutes, bonjour à tous !

En voilà un qui attend sa chronique depuis z’un bout de temps ! Un exemplaire réucpéré suite à une intéressante rencontre avec une éditrice de chez Albin (une chance, je voulais absolument le lire). Eh bien la voici la voilà, cette fameuse chronique.

Toute jeune, Scarlett a sauvé sa petite sœur Rosie des griffes d’un Fenris, un loup garou, qui avait déjà sauvagement assassiné sa grand-mère. Défigurée, elle n’aspire qu’à une chose : la vengeance. Sept ans plus tard, Scarlett est devenue une guerrière, courant les rues de sa campagne habillée d’une cape rouge, qui dissimule les cicatrices qui déforment sont visage et attire les monstres. Mais les loups se rassemblent dans la métropole. Ils cherchent l’un des rares élus qui présente les charactéristiques qui, après la morsure, feront de lui un loup. Ils n’ont que peu de temps pour le trouver, et le transformer, avant la fin de la période de pleine lune. Les sœurs March, aidées de Silas, leur mystérieux ami issu d’une longue lignée de bûcherons, vont tenter de le retrouver avant les loups…

Une réécriture de conte de fées, une ! Typiquement mon genre de lectures (on se souvient de Sortilège, et de A Kiss in time) ! Elle est bien loin la jeune fille effarouchée qui a peur du grand méchant loup ! Elles sont deux, et elles se battent avec les armes des monstres, en utilisant la luxure pour les attirer dans leurs pièges. L’exact contraire de notre Petit Chaperon traditionnel ! Entre une sœur qui ne vit que pour la chasse, et l’autre qui tente tant bien que mal de s’y consacrer mais n’aspire qu’à une vie normale, on fait quasiment le tour des préoccupations adolescentes actuelles. Et quand l’amour s’en mêle, ça fait des étincelles.

Ma première impression n’a pas été forcément bonne. Je trouvais l’histoire convenue, les réactions des personnages attendues, et ces pseudo querelles adolescentes m’ont tapé sur les nerfs. Et puis, quelques mois plus tard, en écrivant cette chronique, je me dis que tout compte fait… l’histoire tient debout, la fin nous tombe dessus comme les giboulées en mars, et puis, on a tous eu 15 ans et l’envie de lire ce genre d’histoires. Le mythe est revisité, certes, et ce qui n’était qu’insinué et destiné à s’ancrer dans l’inconscient collectif dans le conte original est ici complètement extrapolé et utilisé pour forger les caractéristiques de chaque groupe de peronnages. Bref, vraiment sympa, et bien adapté.

Pour info :
Albin Michel, collection Wiz, série Wiz Girl, 432 pages, 15,20€ chez votre libraire.

 

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La Délicatesse (David Foenkinos)

Comme une envie de littérature adulte après tous ces grands récits adolescents… Et une histoire d’amour improbable, c’était fait pour moi. Pas de bovarisme là-dedans (= pas d’identification extrême au personnage), juste une envie subite de lire un truc probable où l’homme n’est pas chasseur de créatures étranges, et la femme pas une hybride moitié vampire, moitié ange. Et un truc facile. La Délicatesse était tout indiqué.

La rencontre de Nathalie et François a tout du conte de fées. Il a un coup de foudre, l’aborde, elle accepte de prendre un verre. Et pour un jus d’abricot, il l’épouse. Leur bonheur est parfait… mais visiblement pas fait pour durer. Lors de son footing dominical, François meurt d’un accident stupide. Nathalie n’a plus rien, ne veut plus rien. Elle finit par noyer sa peine dans le travail. Arrive Markus. Markus, c’est le type pas beau, passe-partout. Pas plus ni moins que tout le monde. Le suédois d’une boîte française appartenant à une holding suédoise. Pourtant, lorsqu’il entre dans le bureau de Nathalie ce jour-là – Nathalie dont il a intégré l’équipe de travail – elle se lève et l’embrasse. Puis se rassied, et reprend le cours de leur discussion. Pour Nathalie, il ne s’est rien passé. Pour Markus, c’est le premier jour du reste de sa vie. Et si cette banalité apparente cachait bien plus ?

Comme je le disais, une belle histoire d’amour, simple, touchante. Pleine de délicatesse, le livre porte bien son nom. Et les personnages sont tellement authentiques ! Par exemple, Markus, c’est le cheveu sur la soupe de cette histoire. Le cheveu sur la soupe ou l’homme de la situation, j’avoue que j’hésite. Toujours est-il que le résultat est là. Un peu naïf, il est pourtant le seul à pouvoir approcher Nathalie. Et Nathalie, qui essaie de se tenir à flot. À travers qui on tente de comprendre « l’après ». L’après-apocalypse, l’après-tsunami, la perte, l’absence.

Pour moi, le livre n’a rien d’une révélation. Le battage médiatique tient tout au plus à l’universalité du sujet, et à l’évidence du texte. Parce que, oui, il se pose comme une évidence, d’une simplicité reposante, et pourtant émotionnellement tellement riche ! On a l’impression de redevenir des enfants, qui voient la vie de Nathalie se reconstruire comme ils construiraient des maisons en Lego, patiemment, pièce par pièce. Bref, hommes et femmes, je vous le conseille, parce qu’on passe sincèrement un bon moment.

PS : je n’ai pas aimé le film. Pour moi, David Foenkinos, qui est à la fois l’auteur du livre et du scénar du film, n’a pas su se départir de son roman, ni prendre le recul nécessaire. Dommage.

Pour info :
Gallimard, collection Blanche (ou Folio), 200 pages, 16€ (pour l’acheter : bougez vos fesses chez le libraire en bas de chez vous !)