Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Sang-de-Lune (Charlotte Bousquet)

Ami du jour, bonjour !

Il m’est venu, il y a quelques temps, comme une envie de Charlotte Bousquet. Ma cagnotte Vinted était chargée à bloc, et je me suis dit « mais quel mal y aurait-il à me prendre quelques occas’ qui me font bien envie ? » Je me suis donc retrouvée avec Des œillets pour Antigone, Là où tombent les anges, et le fameux Sang-de-Lune, que je vous présente aujourd’hui.

Sarakontkoi ?
Dans la cité souterraine d’Alta, les Fils du Soleil (les hommes) règnent en maîtres. Les Sang-de-Lune (les femmes) du fait de leur impureté et des ténèbres qu’elles portent en elles, sont reléguées au rang d’épouses, parfois d’esclaves dans leur propre maison. Gia apprend qu’elle a été promise à un homme violent et qu’elle devra bientôt quitter sa petite sœur. C’est pour la sauver d’un avenir sombre qu’elle décide de s’enfuir avec elle dans les tréfonds de la cité, vers les sauvages, les peuples libres, et les monstres qui rampent dans le noir…

Tenpenskoi ?
La quatrième de couverture fait état d’un roman lunaire, de ténèbres et de chimères. C’est tout à fait ça. Personnellement, je m’attendais à quelque chose de plus criant, de plus nerveux. Mais Gia est un personnage endoctriné qui doit se battre contre elle-même pour accepter la vérité : on lui a menti sur ce qu’elle est, sur le fondement même de la société dans laquelle elle évolue. Elle étouffe ses élans de révolte sous des couches de culpabilité. Coupable pour des crimes que ni elle, ni les autres femmes n’ont commis. Si nous, lecteurs, avons le recul nécessaire pour nous en apercevoir, ce n’est pas le cas de ces femmes dociles sous les assauts de leurs époux, cruelles les unes envers les autres, dévorées de ténèbres qui n’existent que dans leur imagination.

De fait, je lis un roman en demi-teinte. Le poing frappe moins fort que ce à quoi je m’attendais, la course est plus lente. Et pourtant chaque ligne fait douloureusement échos, sous couvert de littérature imaginaire au trait grossi, à la place qu’a longtemps occupée la femme (et qu’elle occupe encore dans certaines cultures). Un être vil, malfaisant, qui doit être maté, étouffé, mutilé. La punition par lapidation pour des fautes qui n’en sont pas, pour l’expiation d’un péché causé par la maltraitance des hommes est insupportable, et Charlotte Bousquet ne nous épargne rien. Ni la mort, ni la cruauté, ni les trahisons. C’est un roman court, lent et parfois presque léthargique, qui figure un éveil progressif et douloureux, jusqu’à une révélation inattendue qu’on aurait voulue libératrice mais qui laisse un goût amer dans la bouche… Ce que j’en ai pensé ? C’était intéressant, dérangeant, et j’ai eu comme un goût de pas assez, mais j’ai conscience que le développement d’une intrigue aurait gâché le propos…

Pour info :
éditions Gulf Stream, collection Electrogène, 320 pages, 17€

Publié dans Bouquinade, Roman

Cette nuit-là (Aurélie Massé)

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui sort un roman dont je t’ai parlé sur Instagram il y a quelques temps maintenant (je crois l’avoir terminé début juillet). Les éditions Slalom me l’avaient fait parvenir, accompagné d’un espoir : celui que ce roman, qui les avait marqués, laisse sa trace sur moi. C’est assez réussi je dois dire.

Sarakontkoi ?
C’est l’histoire de cette nuit où tout a basculé, où tout s’est libéré. Gabriel reçoit un appel puis la visite de son meilleur ami, Eden, dans un état de choc effroyable. Ils sont bientôt rejoints par Sarah, Alex et Agathe. Chacun d’entre eux cache une fêlure et menace de s’effondrer. Mais ce soir, c’est Eden qui compte, Eden qui parle enfin, Eden qui avoue l’inavouable…

Tenpenskoi ?
Voilà un roman qui fait partie de ceux que j’ai lus d’une traite. Il m’a retourné les tripes et plus d’une fois j’ai senti mes mains serrées sur le livre trembler, ma gorge se serrer. Au-delà du délicat sujet de l’inceste, traité ici avec beaucoup de sensibilité et de retenue, c’est ce putain d’amour inconditionnel de cinq amis, le genre qui t’écorche et te fait vivre à la fois, qui m’a bouleversée. Tous ces gamins sont un peu déglingués, de l’anorexique à l’hyperactive, en passant par le timide soumis à l’autorité d’un père rabaissant. Mais tous éprouvent pour Eden cet amour sans retenue que ne peuvent éprouver que les enfants prisonniers d’un présent permanent.

Le roman serpente dans les méandres d’une amitié sincère, celle d’un groupe d’amis hétéroclite, pour revenir de temps à autres au présent, au silence d’Eden, à ses aveux. Certaines scènes sont d’une violence émotionnelle insoutenable, du genre à te foutre un coup dans le bide. Et pourtant il émane de cette lecture une tendresse incroyable. Avec un style maîtrisé, jamais dans le sensationnel, Aurélie Massé raconte une nuit. Elle raconte une amitié, cinq combats, et une promesse. Et je n’ai pas grand chose à dire de plus, si ce n’est que le roman vibre et irradie, projetant sa lumière et ses ombres en plein dans nos petits cœurs de lecteur…

Pour info :
éditions Slalom, 384 pages, 15.95€

Publié dans Bouquinade, Roman

Lorsque le dernier arbre (Michael Christie)

Ami du jour, bonjour !

Je t’en parle souvent, mais encore une fois j’ai eu la chance de découvrir un roman de la rentrée littéraire grâce au Picabo River Book Club, et aux éditions Albin Michel, bien entendu. Lorsque Léa nous a proposé Lorsque le dernier arbre, j’ai été séduite par la couv’ (la nana superficielle) avant de lire le résumé, et de me dire qu’il était décidément pour moi ce bouquin !

Sarakontkoi ?
2038. La grande majorité des arbres sur Terre sont morts à cause de maladies, de champignons, du changement climatique et de la déforestation massive. Tandis qu’adultes et enfants meurent de la Craquante, une violente toux causée par les poussières qui saturent l’air, le tourisme arboricole fait fureur. Jake Greenwood est guide touristique dans la Cathédrale, une des dernières parcelles de forêt primaire au monde, située sur Greenwood Island, au Canada. Lors d’une de ses visites, elle reconnaît des signes de maladie sur l’un des plus grands pins de l’île…

Tenpenskoi ?
Je ne m’attendais pas à ça ! Je pensais lire une espèce d’enquête, qui aurait un début, un déroulement, et une conclusion, qui proposerait potentiellement une solution à tout ce merdier. Rien à voir. Et pourtant, je me suis laissé embarquer je ne sais trop comment dans la valse des souvenirs. Parce que c’est de ça qu’il s’agit. Le roman commence en 2038 avec Jake, une simple jeune femme écrasée par la dette de son emprunt étudiant, condamnée à voir mourir les arbres qu’elle a étudiés et tenté de sauver. Puis on remonte le temps, pour faire la connaissance de son père, de la mère de son père, et de l’homme par qui tout a commencé, au début du siècle. Et si on nous raconte le monde en filigrane du roman, il s’agit bien d’une histoire à taille humaine. Exit les grands combats pour la liberté, la vie, l’avenir. Ces personnages que l’on suit, la vie ne les a pas épargnés. Et tant bien que mal, au fil de leurs décisions, bonnes ou mauvaises, il se fraient un chemin à travers les guerres, les crises, les catastrophes.

C’est un roman intimiste et discret, fort, violent, qui met l’humain au centre de tout, mais nous montre qu’on a bien peu de contrôle. L’histoire à tout d’une grande tragédie, où les personnages, ballotés par le destin et les coups du sort, se battent contre les courants souvent défavorables. Et s’il ne propose pas de grand remède à la vie, à la destruction et à l’individualisme, il nous propose de continuer à avancer. Dans quel but ? Il ne nous le dit pas. Sa grande force, ce sont ces personnages, des gueules cassées qui avancent parce qu’elles n’ont pas d’autre choix. Qui font avec. Parce que si l’homme est l’instrument de sa propre destruction, il en est également la première victime.

Un roman poignant donc, magistralement bien écrit, dans un style simple, épuré, emprunt de mélancolie. J’avoue que depuis que je l’ai lu, je ne peux m’empêcher d’observer les arbres dont je croise la route, de remarquer leur feuillage parfois clairsemé, et d’éprouver une crainte sourde pour notre avenir… et le leur.

Pour info :
éditions Albin Michel (traduit de l’anglais par Sarah Gurcel), collection Terres d’Amérique, 658 pages, 22.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Le Fléau (Stephen King)

Ami du jour, bonjour !

Si tu jettes un œil sur mon compte Instagram, tu auras suivi un peu mes pérégrinations concernant la lecture du Fléau de Stephen King, initiée par Lemon June.

Je ne te fais pas attendre plus longtemps cette chronique que j’ai déjà suffisamment retardée. Comment veux-tu que je te parle en 3 paragraphes d’une œuvre aussi riche ?

le_fleau.jpg

 

Sarakontkoi ?
À la fin du printemps 1990, suite à une micro-erreur informatique, un virus génétiquement modifié se propage aux États-Unis et dans le monde, tuant plus de 99% de la population. L’instinct des survivants les pousse à rechercher leurs pairs dans le cimetière à ciel ouvert qu’est devenu le pays. Puis il faut tout reconstruire. Trouver d’autres solutions ? Faire mieux ? Ou tout rebâtir comme avant ? Deux parties s’opposent, que les protagonistes appellent le Bien et le Mal. Tout est-il si manichéen ?

Tenpenskoi ?
Avant de te faire un topo, laisse-moi te dire que cette lecture fut éprouvante. Pas parce qu’elle avait cette image « horreur » qui colle à la peau de Stephen King, mais parce que, ayant lu la version rééditée et augmentée de plusieurs centaines de pages, j’ai pu suivre l’auteur jusqu’au plus profond de son récit. Si c’est très souvent instructif et immersif, c’est aussi parfois pénible, à l’image de la vie qu’essaient de reconstruire les personnages. Une semaine pour lire le premier, qui est une course contre la maladie. Un mois et demi pour lire le second, qui relate l’après, les hésitations, les doutes.

Dans la première partie, c’est la fuite. Loin de la maladie. La fuite vers un ailleurs qu’on ne connaît pas, loin d’un ennemi qu’on ne voit pas. La terreur de ne pas savoir si notre tour viendra. Puis la résignation. La longue marche vers l’espoir.

Après, dans ce monde post-apocalyptique, on survit. Mais aussi cruel que cette pensée puisse paraître, n’est-ce pas également une chance de tout recommencer ? De faire mieux ? Peut-on faire mieux ? Ne sommes-nous pas programmés pour en arriver inéluctablement à détruire ? Nous détruire ? Détruire notre environnement ? Faut-il reconstruire un système politique ? Vivre éloignés de toute civilisation ?

L’un des personnages, professeur de sociologie, fait cette remarque très intéressante :

« Peut-être n’est-il que le dernier magicien de la pensée rationnelle, celui qui rassemble les outils de la technologie contre nous ».

Et je pense que c’est le cœur du débat. L’homme peut-il retourner à l’état de nature ? Se débarrasser de sa rationalité, de la technologie qu’il a construite avec ? Le Mal est-il le Mal ou bien un penchant rationnel de l’être humain ? Et paradoxalement, c’est ce côté rationnel qui détient la Magie.

La fin est un parfait mélange de l’espoir et de l’inéluctabilité, qui laisse au lecteur le choix de voir le verre à moitié plein, ou à moitié vide. Je vous laisse en juger par vous-mêmes. Mais je vous préviens : la lecture de cet ouvrage n’est pas une promenade de santé.

Je te laisse le lien vers la vidéo de Lemon June (l’instigatrice de cette lecture commune) :

Pour info (pour ma version) :
Tome 1 => Le livre de poche, 764 pages, 9,20€
Tome 2 => Le livre de poche, 795 pages, 9,10€

Publié dans Highway to FIV

Ce n’était pas ma faute.

Salut les loulous !

Aujourd’hui, je fais le billet de la délivrance, parce qu’il faut impérativement que j’en parle.

Ceux qui suivent la rubrique Highway to FIV depuis le début en auront entendu parler : j’ai eu un HPV (Papillomavirus, pour lequel il était question de lésions assez importantes et de cellules précancéreuses). Dans ces cas-là, soit on peut brûler les cellules par laser, soit on n’a pas le choix, on opère et on enlève un bout de votre col (de l’utérus, je précise). Cette opération s’appelle une conisation, parce que le morceau de col qu’on enlève a une forme de cône (cf. schéma ci-dessous). L’outil utilisé est une sorte de fil (comme pour couper le beurre ou le foie gras) dans lequel passe un courant électrique qui va à la fois couper et cautériser le col.

conisation

Bref, jusque là, rien de bien nouveau. Ce qui l’est en revanche, ce sont les conséquences. En effet, on vous fait lire un papier expliquant toutes les complications que peut entraîner l’opération. Votre doc va soit vous rassurer en vous disant qu’on vous parle des pires situations, soit vous demander de prendre en compte ces infos. De toute façon, cette opération, vous devez la faire. Alors oui, on vous parle de fausses couches en cas de grossesse (bah oui, compliqué sans col de bien tenir un bébé) et d’autres petites choses.

Ce dont on ne vous parle pas, et que j’avais brièvement évoqué suite à l’opération pour l’endo, c’est de la sténose du col qui peut suivre. La sté… quoi ? La sténose. En gros, votre col est bouché. Les symptômes : règles peu importantes, ou douloureuses. Bah oui, ça sort pas ! Donc pas de bébé, c’est la conséquence n°1. Mais le mauvais écoulement fait que vos pertes menstruelles s’évacuent mal. Et l’endométriose, c’est quoi ? Mais c’est cette muqueuse si précieuse que vous perdez tous les mois que votre corps ne parvient pas à éliminer en totalité ! Tiens donc, à aucun moment on ne m’a prévenue que la conisation pouvait provoquer une endométriose…

Voyez-vous, si on me l’avait dit, je n’aurais pas refusé de me faire opérer, je ne suis pas stupide. Mais vous rappelez-vous, dans un précédent billet, je vous faisais part de mes doutes et de ma colère contre un corps qui m’avait trahie non pas une, mais deux fois ? (Bah oui, HPV + endométriose) Il s’avère que rien de tout cela n’a jamais été ma faute. Simplement, la première opération peut en entraîner une seconde. Mon corps n’est pas malade, on l’a rendu malade. Un mal pour un bien, mais imaginez le poids qui s’enlève de mes épaules, la peur qui se dissout peu à peu. Ce n’est pas moi, ce sont les suites d’une première opération.

Alors le message est celui-ci : j’avais averti mon doc que j’avais des règles peu importantes (la douleur, chez moi, c’est secondaire, je supporte assez bien), et il savait que rien ne pouvait passer mon col lorsqu’on a fait l’hystérosalpingographie. Il aurait dû être alerté, ou en tout cas attentif à mon alerte connaissant mon passif. Parce qu’il existe des solutions, notamment une nouvelle opération, ou la pose d’un stent (sorte de petit tuyau qui maintient le col ouvert, un peu comme ce qu’on pose après un infarctus pour que les veines ou artères restent ouvertes). Bref, il existe des solutions pour qu’on n’en arrive pas à l’endométriose…

Alors pardon mon corps, de t’avoir cru impuissant, d’avoir pensé que tu m’avais abandonnée, que c’était parce que je t’avais négligé. Et surtout, putain, c’était pas ma faute !

Attention, je ne suis pas docteur, je n’ai pas un langage scientifique. Je vous propose un article intéressant sur le sujet :
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Publié dans Madame Je-Sais-Tout, Sors ta science

Sors ta science #12

Ami du jour, bonjour !

Point de mot du jour, ni de point lecture pour aujourd’hui. Ma collègue Fred revient de vacances, et là, entre deux chargements de pneus, elle me raconte ses soirées, ses voyages. Et v’là t’y pas qu’elle me cause d’un débat auquel elle a assisté lors d’une soirée entre amis. Le sujet : l’écriture inclusive.

Mais keskecé ?

Pour commencer, sache que je n’ai pas l’intention de te faire un cours magistral, je suis loin d’être une experte en la matière. Mais ça existe, et c’est important de le savoir, d’en parler.

Dans 1984, George Orwell avait très bien compris que le langage était la clef du pouvoir. Oui, tu peux être riche, intelligent, beau. Mais rien — et je dis bien rien — ne remplacera un bon talent d’orateur (cf. le swag de Tyrion Lanister, toi-même tu sais). Parce que les mots ont un pouvoir. Et le pouvoir, l’homme — que dis-je, l’immortel académicien — s’en est emparé il y a bien longtemps, notamment au XVIIe siècle en particulier, en masculinisant bon nombre de mots (des professions surtout). Là-dessus, j’arrête l’historique, j’aurais peur de m’avancer et de dire une bêtise. Mais si le sujet t’intéresse, tu peux lire Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin d’Éliane Viennot.

Bref, tout ça pour te dire qu’aujourd’hui, on essaie de rebattre les cartes, et de redonner à la femme une place dans la société. Là encore, je ne m’étends pas sur le féminisme et ses combats, je te laisse maître de tes opinions. Toujours est-il que l’écriture inclusive fait partie des armes que l’ont sort au nom de l’équité entre hommes et femmes. Et je m’en vais t’expliquer de quoi il s’agit.

Selon le site www.ecriture-inclusive.fr, il s’agit de « l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes. » En gros, donner une place au féminin dans le mot et la phrase, même lorsque celui-ci se mêle au masculin. On te propose quelques solutions :

  1. Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres
    Exemples : « présidente », « directrice », »chroniqueuse », « professeure », « intervenante », etc.
  2. User du féminin et du masculin, par la double flexion, l’épicène ou le point milieu
    Exemples : « elles et ils font », « les membres », « les candidat·e·s à la Présidence de la République », etc.
  3. Ne plus mettre de majuscule de prestige à « Homme »
    Exemple : « droits humains » ou « droits de la personne humaine » plutôt que « droits de l’Homme »

Et pour la petite histoire, sache que les Allemands, comme d’hab, sont super en avance sur nous, parce que, eux, ils ont déjà intégré l’écriture inclusive, et sans bouder, oui Monsieur-dame ! Non contents de féminiser toutes les professions en ajoutant le suffixe -in, ils proposent également un pluriel mixte en insérant un -i- majuscule avant la marque du pluriel. Ainsi :

der Lehrer : le professeur
die Lehrerin : la professeure
die Lehrer : les professeurs (masculin)
die Lehrerinnen : les professeurs (féminin)
die LehrerInnen : les professeur.e.s

Comme dirait l’autre, ça ne mange pas de pain, et on sait de quoi on cause. À bon entendeur/-se, cher.e.s lecteurices…

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Publié dans Highway to FIV

C’est quand qu’on arrive ?

Salut les loulous !

Avançons dans l’aventure PMA. Pour toi, ça commence quand tu vois qu’au bout de 3 mois ça marche pas. Si t’es pas enceinte dans la minute, c’est qu’il y a souci. Dans ta tête, tu le sais.

Du coup, chaque fois, tu as envie de faire comme les gamins à l’arrière de la voiture sur le (long) trajet des vacances : c’est quand qu’on arriiiiiiiiiive ? (ou sa variante, tout aussi agréable : on est presque arrivés ?)

Mais ton gynéco, lui, il y va prudemment. Après le Papilloma, il a fallu attendre de voir si on avait bien tout enlevé. Donc, tu attends entre 8 mois et 1 an. OK. Tu vas donc le voir un an après. Tout va bien. Mais j’ai toujours pas de bébé Docteur, en fait. Ok, qu’à cela ne tienne, autant que tu aies payé ta consultation pour autre chose que ce foutu frottis vaginal.

Heureusement, Docteur prend les devants et prescrit à Monsieur un RDV chez ce connard son collègue urologue, ainsi qu’un spermogramme, histoire de voir si tout va bien chez Chéri. Et puis toi, tu écopes d’une courbe de température sur 3 mois. Traduction : tous les matins, au réveil, tu te glisses un thermomètre dans l’anus avant même de poser le pied par terre (important !) pour vérifier que tu ovules bien quand il faut. Pendant 3 cycles (environ 3 mois). Heureusement, Chéri et moi sommes au-delà de toute gêne, et surtout, nous avons une énorme complicité, et plus aucune gêne. Il me file donc un coup de main. Et tous les matins commence une nouvelle routine : Chéri voit mes fesses avant de voir ma tête.

Moi, je le vois que la courbe est pas concluante. Pas de pic de température à l’ovulation…

Et puis, y’a le spermogramme de Chéri. Si vous n’en avez jamais fait, laissez-moi vous dépeindre le tableau. Tu attends, dans une salle d’attente, qu’on vienne te chercher. Tu sais pas, toi, si tu dois accompagner Chéri… Mais quand l’infirmier vient, Chéri se tourne vers moi avec ce regard « me laisse pas s’il te plaît » et demande à l’infirmer si je peux venir. L’infirmier, il est surpris, mais pourquoi pas.

T’arrives dans une salle avec un lit une place recouvert de draps jetables, un lavabo et une tablette. Sur la tablette, une éprouvette chelou, du Dakin et un coton. Sur les murs blancs, de jolis posters de nanas en sous-vêtements (rien de vulgaire hein). L’infirmier t’explique tout ce qu’il faut faire, dans l’ordre :

1/ Fermer la porte à clef
2/ Se laver les mains
3/ Nettoyer le gland et la verge avec le Dakin (de quoi faire ricaner toute une classe de 5e en cours de SVT, hein, Gaëlle)
4/ Tout balancer dans l’éprouvette, sans toucher l’intérieur avec le gland ou les doigts
5/ Sonner 2 fois quand on a fini

Il ajoute : « vous avez des magazines sur la table de chevet si vous le souhaitez » en lançant un regard chelou à Madame, qui a bien écouté toutes les consignes… et se rend compte qu’elle aura pas le droit de toucher… et donc qu’elle sert à rien ! L’infirmier part. Je regarde Chéri. Il me regarde. On explose de rire. Qu’est-ce que tu veux faire d’autre ? La situation est tellement… incongrue ! Je lui dis : « tu as besoin que je me trémousse devant toi, ou on fait comment ? »

Bref, on fait ce qui doit être fait. Tout ça pour vous dire, Mesdames, que vous pouvez soutenir votre époux depuis la salle d’attente, c’est cool aussi. Mais au moins, on s’est payé une bonne tranche de rire.

On a moins ri en recevant les résultats. Tératospermie. Mais bordel, ça veut dire quoi ? On m’envoie des foutus papiers avec des mots que je comprends pas ! Le patient ne devrait jamais être seul face à ce genre de résultats. Parce qu’il ne les comprend pas. J’ai fait ce qu’il ne faut surtout pas faire dans ce cas : demander à Google.

La tératospermie, c’est quand il y a dans le sperme moins de 4% de spermatozoïdes avec une forme typique (c’est quoi une forme atypique, et ça implique quoi ?). Chéri, il en a 2%. Mais 2% sur des centaines de milliers, ça devrait marcher non ? Aujourd’hui encore, personne n’a le même son de cloche : c’est moyen mais pas alarmant / c’est pas bon du tout. Toi t’es là, et tu hoches la tête, en te demandant si quelqu’un connaît vraiment la réponse.

Et ce n’est que le début…

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Mathieu Hidalf, tome 5 : La dernière épreuve de Mathieu Hidalf (Christophe Mauri)

Lecteurs du jour, bonjour,

Pour commencer, je vous souhaite à tous une excellente année 2015. Qu’elle vous apporte bonheur et satisfaction, réponde à vos questions et vous en pose de nouvelles. Pour commencer, une lecture que j’ai mise de côté bien trop longtemps malgré la fébrilité avec laquelle je l’attendais. La fin d’une aventure. Je veux bien entendu parler des adieux de Mathieu Hidalf.

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Sarakontkoi ?
L’attaque finale des frères Estaffes n’est plus très loin. L’Elite est à la recherche de l’enfant Helios qui se cache parmi les élèves, et du traître qui sert les Estaffes. En ultime recours, l’école est protégée par la magie du labyrinthe des Bannis. Mais la vie et les épreuves continuent. Mathieu se voit attribuer une épreuve dangereuse : retrouver les Ailes de feu. Derrière cette épreuve, visiblement attribuée par erreur, se cache probablement le destin de l’école, de l’Élite et du royaume…

Tenpenskoi ?
Un dernier tome époustouflant, qui ne nous laisse aucun répit, de la première à la dernière page. Les secrets, l’Histoire et les histoires se lient et se délient en une valse effrénée qui nous conduira inéluctablement vers une issue fatale. La question que l’on se pose pendant tout le livre est : qui va plonger ?

La magie de Christophe est d’agiter au bord du gouffre chacun des personnages, et malgré l’attachement que l’on a pour eux, aucun n’est épargné par nos soupçons. Il va jusqu’à en sacrifier certains. Mathieu prend une dimension et une profondeur que l’on ne faisait que deviner dans les tomes 3 et 4. J’avoue avoir versé des larmes plus d’une fois. C’est un coup de maître. Mathieu tire sa révérence et moi mon chapeau à Christophe Mauri.

Pour info :
Gallimard Jeunesse, collection Grand format littérature / Romans Junior, 544 pages, 16,90€