Ami du jour, bonjour !
Un billet matinal, aujourd’hui. Rien de tel que d’écrire à la fraîche. Chéri est parti à une importante réunion de chasse (parce que oui, il chasse, mais pas les Bambi, non, eux il a plutôt tendance à les laisser filer). Je suis donc seule à la maison, et avant de m’atteler aux tâches ménagères (enfin, en attendant que la machine à laver ait fini de tourner), je prends 2 minutes pour te présenter ce chef-d’œuvre de la SF.

Sarakontkoi ?
À moins de vivre sur une autre planète, tu sais déjà que ça cause de dinos. John Hammond invite en avant-première dans son nouveau parc les professeurs Grant (paléontologue) et Satler (paléobotanologiste => comme un paléontologue, mais spécialisé dans les plantes). Bref, ils étudient les dinosaures. Hammond a plus que jamais besoin d’un aval et d’un soutien scientifique pour convaincre ses actionnaires de le laisser ouvrir son parc révolutionnaire : un parc à dinosaures. Et croyez-moi, il ne s’agit pas d’animatronics…
Tenpenskoi ?
Je n’en ai pas dit beaucoup plus, parce que normalement tu as vu le film, et si tu ne l’as pas vu, tu en as entendu parler, tout de même. Sauf si tu as élevé les marsupiaux en Papouasie ces 25 dernières années. Chacun son truc. Moi, le mien, depuis toute gamine, c’est les dinosaures. Alors, quand j’ai vu que mon ami Flo avait dans sa bibliothèque un exemplaire de Jurassic Park, je lui ai dit : « mais, ils en ont fait un livre aussi ?! » Après quoi, il s’est esclaffé et m’a corrigée : « non, ils ont fait un film à partir du bouquin ! » La quiche. Je lui ai tout de même fait promettre de me le prêter une fois que j’aurais terminé ma lecture du moment.
Quelques semaines après ça, il rapplique avec un exemplaire poche dudit bouquin, trouvé d’occas’. Je ne te raconte pas l’euphorie qui s’est emparée de moi ! Mille mercis, Flo. Mais tout ça ne te dit pas ce que j’en ai pensé.
Toi, tu connais le petit vieux sympa habillé tout en blanc, tellement passionné qu’il en est émouvant, adorant ses petits enfants et peu avare quand il investit dans son rêve : monter un parc avec des dinos. Moi je vais te raconter celle d’un homme qui a fait une avancée scientifique majeure dans le domaine du clonage, qu’il est bien décidé à monétiser au moyen d’un parc sensationnel. Oui, il est beaucoup question d’argent.
Jurassic Park le livre m’a fait ouvrir les yeux sur Jurassic Park le film, parce que le (magnifique, merveilleux) Tyrannosaurus Rex (qui me fiche des frissons de bonheur à chaque apparition) a détourné mon attention du réel sujet du film, comme du livre. Est-ce parce qu’on peut le faire qu’on doit le faire ?
Le livre donne la part belle à toute une réflexion philosophique sur la Vie, la Nature, et sur la science, mais éclaire également le manque de contrôle, voire de législation, qui permet à des apprentis sorciers d’exploiter ces failles légales pour satisfaire leur égo en allant toujours plus loin. On nous pose une question d’éthique.
Au-delà de ça, je me suis toujours dit Jurassic World, la suite de la trilogie de films originale, était simplement une pompe à fric, où l’on nous montrait de plus gros dinos pour faire sensation. Mais pas du tout ! En lisant Jurassic Park, j’ai vu Jurassic World en filigrane tout le long ! Parce que Jurassic World est l’exacte concrétisation de ce que voulait faire John Hammond. Alors que son parc part en cacahouète tout au long du livre, il n’a de cesse de nous décrire sa vision des choses… qui correspond à la lettre à ce que nous montre Jurassic World. Donc, pour bien compléter l’expérience, je te propose de voir le film original (celui de 93) si ce n’est pas fait, de lire Jurassic Park, et de regarder Jurassic World.
Je te touche deux mots du style : ce n’est pas pour rien que Spielberg en a fait un film. Crichton écrit l’action. Si bien qu’une ou deux fois, il m’a une peu perdue tellement il avaçait vite, alors que moi, j’essayais encore de trouver mes repères. Mais ce n’est qu’un point de détail, tellement j’ai aimé le sujet de sa réflexion.
Je ne résiste pas à l’envie de partager avec toi le passage qui m’a le plus marquée. C’est Malcolm qui explique sa théorie. Dans le film, il s’agit de la scène où ils déjeunent après avoir nourri les raptors, à laquelle je n’avais jamais vraiment fait attention avant de la lire telle quelle :
Les scientifiques nous répètent à l’envi qu’ils cherchent à découvrir la vérité sur la nature. Il y a du vrai là-dedans, mais ce n’est pas ce qui les motive.[…] La véritable préoccupation des scientifiques est la réussite. Tout ce qui les intéresse, c’est de savoir s’il peuvent faire quelque chose, et ils ne prennent jamais le temps de se demander s’ils devraient le faire.[…] S’ils ne le font pas « eux », ce sera quelqu’un d’autre. Ils ont la conviction que les découvertes sont inévitables et essaient simplement d’être les premiers.[…] Toute découverte scientifique est un viol du monde naturel. Ce sont les scientifiques qui le veulent.[…] Ils ne peuvent se contenter de regarder, d’évaluer. Ils sont incapables de s’intégrer à l’ordre naturel des choses. Il leur faut provoquer quelque chose de non naturel.[…] Je voudrais que les gens se réveillent. La science moderne se développe depuis quatre siècles, nous devrions maintenant savoir à quoi nous en tenir et ce qu’elle peut nous apporter.
Merci Flo, ce fut une fantastique expérience de lecture.
Pour info :
éditions Pocket, 512 pages, 7,90€
