Publié dans Bouquinade, Utopie / Dystopie

Hunger Games (Suzanne Collins)

Bouleversée.

Bouleversée, je pense que c’est le mot. Tout commence par une séance de ciné à reculons (mpf, encore un stupide film pour ados, catastrophe et fin du monde garantis). Je suis sortie estomaqué, les cuticules arrachées, les jambes flageolante, mon esprit refusant de reprendre pieds dans la réalité. Pas que les acteurs ou la musique ou quoi que ce soit aient été si mémorables. Mais on sentait qu’on venait d’assister à quelque chose de grand, qu’on nous avait montré des choses que la bienséance oblige à cacher, et ce avec un naturel désarmant. Alors, je me suis dit : « pourquoi pas les bouquins ? » Et me voilà, prisonnière une semaine et demie de cette trilogie haletante… Je vais faire une exception dans mon protocole habituel, cette fois, je vous présente la totalité de la série sur un billet. Et pour commencer, un pitch général.

Sarakontkoi ?
Panem (ex-USA, apprend-on au cours d’un des tomes), dans un futur pas si lointain. Le pays a été divisé en 13 districts, gravitant autour d’une capitale, le Capitole. Suite à un soulèvement des districts contre le Capitole, la victoire de ce dernier et l’anéantissement du District 13, chaque district doit fournir une fois par an un garçon et une fille âgés de 12 à 18 ans. Les 24 « tributs » sont enfermés dans une arène géante où ils doivent s’entretuer, pour le plus grand plaisir des téléspectateurs du Capitole. Seul l’un d’entre eux sort vainqueur de ces Hunger Games, les jeux de la faim.

Dans ce premier tome, Katniss Everdeen et Peeta Mellark sont désignés comme tributs pour représenter le District 12, l’un des plus petits et des plus pauvres des ditricts, lors des 74e Hunger Games. Ils se connaissent à peine, mais c’est ensemble qu’ils traversent le pays, accompagnés de leur mentor Haymitch, un ivrogne, ex-vainqueur des 50e Hunger Games, pour se rendre au Capitole. Là, ils sont préparés, chouchoutés, entraînés, interviewés, puis envoyés dans l’arène. De stratégie en combats sanglants, de souffrances en alliances impérvues, ils se battent pour leur survie…

Katniss et Peeta sont devenus des célébrités. Alors que Katniss a ravivé les braises de la rébellion en défiant l’autorité du Capitole dans l’arène, ils sont tous les deux envoyés en tournée à travers les districts. Sous la menace du président Snow, Katniss tente de faire son possible pour étouffer les élans révolutionnaires. Mais elle ne fait que jeter de l’huile sur le feu, et la punition ne se fait pas attendre… Mais cette fois, Katniss jure de protéger Peeta.

Broyée par les épreuves qu’elle a dû traverser, Katniss est récupérée par les rebelles. Elle retrouve avec eux sa mère et sa sœur qui ont fui à temps le District 12, bombardé et rayé de la carte en guise de punition. Coin, la « chef » de la rébellion, insiste pour que Katniss soit le visage du mouvement anti-Capitole, mais tout ce que veut cette dernière, c’est une vengeance contre Snow, qui lui a volé sa maison, sa vie, et Peeta. Quand les intérêts généraux rejoignent ses intérêts personnels, Katniss se décide à être celle qui réunira et unifiera les foules…

Tenpenskoi ?
Voilà des résumés bien pauvres, qui masquent toute la profondeur et la complexité de cette trilogie. L’héroïne est en fait une jeune fille banale, bien incapable de prendre des décisions importantes autrement que sous l’impulsion du moment et la nécessité de survie. Elle se retrouve malgré elle hissée au rang d’effigie de la rébellion, quand elle n’aspire qu’à sauver ceux qu’elle aime. Alors qu’elle s’est battue depuis la mort de son père pour nourrir sa mère et sa petite sœur, elle est catapultée dans un monde opulent où on ne l’engraisse que pour mieux l’envoyer à la mort. Partagée entre des liens extrêmement puissants qui l’unissent à Peeta – qui est le seul à comprendre vraiment ce qu’elle a traversé – et la complicité qui l’unit à Gale – son meilleur et seul ami – elle ne peut se décider à choisir. Impulsive, elle est un élément incontrôlable, pas plus courageuse qu’un autre, mais farouchement décidée à survivre, même au plus profond de son désespoir. Servir une cause, oui, mais comment contrôler un électron libre ?

Il m’a été impossible de m’arrêter après avoir commencé le premier tome. J’ai pleuré jusque dans les tunnels sombres du métro, dans l’atmosphère nauséabonde du RER. L’écriture à la première personne nous plonge dans le récit, et nous donne à voir toute l’horreur de ces massacres perpétrés au nom du pouvoir, de la vengeance. Rien ne nous est épargné, et l’incrédulité de Katniss face à cette horreur humaine laisse toute sa place à notre propre dégoût. Tout est dit, rien n’est dissimulé, et on se sent, comme Katniss, tour à tour utilisés, trahis, perdus, fous de rage. Un tour de magie exceptionnel. Bouleversant. Qui nous pousse à une remise en question de notre vision de la société.

Pour info :
Pocket, collection Pocket Jeunesse (18,15€ par bouquin, et ils en valent le coup !)
Tome 1 : 379 pages
Tome 2 : 378 pages
Tome 3 : 417 pages

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Angel (L.A. Weatherly)

Amis du jour, bonjour !

Mon esprit est loin tout là-haut, dans le ciel bleu, au-dessus de la bulle parisienne saturée de gaz et de stress, mais le cœur y est. Recentrons-nous. Un gros pavé (mais ne vous y fiez pas, c’est écrit assez gros et le papier est épais) que je voulais absolument lire lorsque j’ai vu la couverture pour la première fois au service maquette.

Williow est un peu à côté de la plaque. Contrairement aux adolescentes dites « normales », elle aime la mécanique, déteste la mode, vit chez sa tante où elle doit s’occuper de sa mère (qui évolue dans son monde depuis la naissance de sa fille), et voit le futur des gens. Elle décide de se mouiller le jour où, après avoir eu une appartition, sa brillante et parfaite mais insupportable camarade de classe décide de dédier sa vie à l’église des Anges. Mais ces anges, qui apparaissent un peu partout, sont loin d’être de pacifiques êtres célestes : ils sont en fait des envahisseurs qui se nourrissent de l’aura des humains. Alex, chasseur d’anges, croit reconnaître en Willow les traits de ces monstres. Elle est pourtant si humaine ! Dans leur quête de vérité, Alex et Willow tenteront de sauver le monde, épaulés par une organisation gouvernementale ultra-secrète. Mais gare aux faux-semblants…

Une façon originale d’écrire les anges, qu’on apprécie beaucoup. On reste dans le schéma ado-qui-ne-rentre-pas-dans-le-moule, héroïne d’une prophécie que les monstres redoutent. Et bien entendu, on retrouve la traditionnelle histoire d’amour entre deux protagonistes qui, au départ, n’ont rien à faire ensemble. Bref, tous les ingrédients sont présents pour faire de ce roman une périlleuse aventure, pleine de rebondissements…

Pour être totalement franche cependant, il y a aussi pas mal de répétitions, peut-être quelques longueurs… Cela dit, l’histoire reste bien menée ; l’auteur joue pas mal la corde du suspens, et pour une fois, le happy ending n’est pas évident (en même temps, c’est le premier tome d’une trilogie). On attend le second tome, qui amènera on l’espère un début de solution à l’invasion qui a commencé dans le tome 1. Pas mal…

Pour info :
Gallimard Jeunesse, Collection Grand Format Littérature, série Roman Ado, 528 pages, 19,30€ chez votre libraire (13,99€ sur les plateformes de téléchargement légal, type ePagine)