Publié dans Bouquinade, Roman

Sans foi ni loi (Marion Brunet)

Ami du jour, bonjour !

Mars au féminin est passé sans que j’aie eu le temps de te parler de ma lecture de Sans foi ni loi… et au final, ce n’est pas plus mal. Pépite du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil l’an dernier, j’ai tanné mon amie M., éditrice chez PKJ. pour qu’elle me l’envoie. Ce qu’elle a fait. Le problème, quand tu places beaucoup d’attentes dans un livre (ou autre chose d’ailleurs), c’est que tu es souvent déçu. Fut-ce mon cas ? Je m’en vais te le dire de suite !

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Sarakontkoi ?
Ambiance braquage de banque au Far West. Abigail Stenson s’enfuit avec un sacré magot et se réfugie chez le pasteur local, un homme violent et strict. Afin de couvrir sa fuite, elle prend en otage son fils, Garett. Garett a 16 ans, il est introverti, usé déjà par les sévices paternels. Alors si au premier abord Ab le terrorise, elle finit par le fasciner. Leur voyage les mènera jusqu’aux racines d’Ab, et à la liberté de Garett. Mais tout a un prix.

Tenpenskoi ?
Sur le papier, c’est une super idée, nous raconter la vie badass d’une meuf badass, qui se conduit comme un mec, s’habille comme un mec, boit comme un mec. La nana qui gagne sa place au comptoir, dégaine plus vite que son ombre. Celle qui va ouvrir les yeux d’un tout jeune gamin et lui offrir la liberté. Ouaip, sur le papier c’est chouette. Et je dirais même que je n’ai pas détesté la fin, ce dernier quart de roman où tout s’emballe, où les personnages se révèlent, où ça tire, ça se bat, ça s’enfuit. Chacun courant vers son destin.

Mais et les 3 premiers quarts ? me demanderas-tu. Bah c’est… long en fait. Toutes les trois lignes, on te montre à quel point Ab est une femme forte, habillée en mec, solitaire, cachant ses sentiments. Et non seulement on te le fait comprendre, mais en plus, comme on est sur le point de vue subjectif du personnage de Garett, qui la trouve trop forte, bah on nous le dit. Et on nous le répète encore et encore. Ce roman, c’est un motel à Vegas avec un panneau clignotant qui dit « ceci parle d’une femme forte ». Au final, les personnages sont trop peu développés à mon goût, il ne se passe pas grand-chose, sauf à la fin, et cette initiation à la vie, cette leçon qu’une femme devait apprendre à un tout jeune garçon, et que j’attendais tant, bah je l’ai pas eue. Si, il a appris à tirer. Et même pas avec la nénette, avec un pote à elle. Bref, on a trop martelé le message, et le tout manque de subtilité mais pas de longueurs… c’est dommage, l’intention était honorable, ça manque juste d’approfondissement… j’ai trouvé ça bien mais pas top.

Pour info :
éditions PKJ.,  224 pages, 16,90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Celle qui venait des plaines (Charlotte Bousquet)

Ami du jour, bonjour !

Aaaaaaah (long soupir de satisfaction) qu’il est doux de prendre quelques jours de congés. Si tu suis mon compte Instagram, tu auras peut-être vu que Jino, Pascal et moi, on est allés faire un tour du côté du Verdon, et que c’était à couper le souffle ! Comme quoi, on a de très belles régions en France, et, même si je vis dans la plus belle, je dois bien avouer que j’en ai pris plein les mirettes ! Trêve de blabla, me revoici avec un roman classé jeunesse (même si, bon… jeunesse n’est pas le premier qualificatif qui me vient à l’esprit quand je le lis). C’est merveilleux parfois, de se laisser porter par ce que la vie, en l’occurrence, ma libraire, nous propose !

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Sarakontkoi ?
Blue Horse Creek, 1921. Virgile n’a qu’une idée en tête, se venger de Winona, la femme qui a assassiné son père. Winona est une métisse Amérindienne. Comme beaucoup d’enfants de sa culture, elle a été enlevée à sa famille par les Wasicuns, les blancs, et enfermée dans un pensionnat dont la seule mission est d’arracher ces jeunes à leur culture de sauvages. Rejetée par les siens parce qu’elle est trop blanche, par les blancs parce qu’elle n’est qu’un animal, Winona fuit. L’amour, la haine. Elle n’aura de cesse de parcourir ces plaines qui autrefois étaient les siennes, pour y suivre les légendes de Calamity Jane, qu’elle a connue, de Buffalo Bill et de tant d’autres. Son histoire, elle la raconte à Virgil.

Tenpenskoi ?
Comme je te l’ai dit, c’est ma libraire qui m’a conseillé ce livre. « Je ne sais pas trop expliquer pourquoi, mais il faut le lire » m’a-t-elle dit. « Banco », ai-je répondu. Et puis, avec Charlotte Bousquet, on ne prend jamais de grands risques. L’écriture est simple, sans fioriture, elle valse entre le présent et les passés, sans jamais perdre le rythme qu’elle maîtrise à la perfection. Elle n’en est que plus poignante. On y saisit chaque propos, et sans vraiment s’en rendre compte, on arrive à la fin du livre en se disant « ah, c’est déjà fini » ?

On est bien loin du pathos de certains ouvrages qui décrivent la vie et les souffrances des natifs Américains. Winona raconte son histoire sans pleurs, sans cris, mais avec beaucoup de franchise et de recul, et BAM, toi, lecteur, tu te la prends en pleine poire. Personnellement, je déteste qu’on essaie de me faire pleurer. Ou pire, qu’on me culpabilise. Charlotte Bousquet, dans toute l’étendue de son talent, n’a besoin d’aucun de ces artifices pour faire mouche.

En bref, j’ai découvert Charlotte Bousquet dans un polar chez Rageot, je la retrouve chez Gulf Stream, avec le plus grand plaisir. Je vous donnerai donc le même conseil que ma libraire : foncez.

Pour info :
Gulf Stream éditeur, collection Électrogène, 360 pages, 17,50 € (avec la tranche verte en sus, c’est cadeau, et c’est beau !)