Publié dans BD, Bouquinade

Avez-vous lu les classiques de la littérature ? Vol. 1 (Pascale Frey/Soledad Bravi)

Ami du jour, bonjour !

Partons du côté d’un graphique humoristique mais aussi très instructif qui m’a été offert par ma frangine et me permet de me la péter et de prétendre que j’ai lu beaucoup de classiques, ce qui est faux et cette phrase est beaucoup trop longue.

Sarakontkoi ?
Dans un style léger et très moderne, Soledad Bravi et Pascale Freye découpent et résument pour nous, en quelques cases explicites et hilarantes, l’histoire des grands classiques de la littérature. De Gatsby à Autant en emporte le vent, en passant par À la recherche du temps perdu ou Au bonheur des dames, les classiques passent sous l’œil scrutateur des deux autrices.

Tenpenskoi ?
En plus d’être drôle, il faut avouer que ça désacralise beaucoup ces classiques qui nous effraient par leur niveau de langue, leur complexité, leur longueur. Franchement, en dehors de Proust, qui reste indigeste même une fois résumé, je me suis dit « oui, pourquoi pas ». Un tel ouvrage a deux utilités : primo, si tu ne souhaites pas lire les ouvrages en question, tu peux toujours savoir grosso merdo de quoi ça parle, et comment ils sont articulés, connaître les noms des protagonistes et ainsi ne pas avoir l’air con quand ton intello de collègue te sort une ref que tu n’as pas. Secundo, si comme moi tu es une petite nature et que les classiques te font une peur bleue, genre pire que The Blair Witch Project parce que là au moins tu sais à quoi t’en tenir, connaître l’histoire peut désacraliser l’œuvre et la rendre beaucoup plus accessible (les romans sont sortis au millénaire dernier les gens, à un moment, c’est fini la peur des spoilers).

J’estime donc qu’en plus d’une belle tranche de rire, j’ai aussi gagné une porte d’entrée très utile vers ces romans qui autrement auraient pris la poussière sur mes étagères et n’auraient servi qu’à me faire passer pour une intellectuelle que je ne suis pas. D’utilité publique donc !

Pour info :
éditions Rue de Sèvre, 168 pages, 15€

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Lightfall, T1 : La Dernière Flamme (Tim Probert)

Ami du jour, bonjour !

Comme d’hab, je découvre un truc limite avant sa sotie française, comme d’hab, je mets des plombes à la chroniquer, comme d’hab ça fait le buzz et je chronique après tout le monde. Bienvenue dans ma lose.

Sarakontkoi ?
Imaginez un monde où le soleil ne brille plus, et où il a été remplacé par d’énormes boules de feu qui créent un jour perpétuel. Bea vit avec un cochon sorcier, qui l’a recueillie enfant et qui fait office de grand-père. Lorsqu’il disparaît au cours d’une livraison, elle part à sa recherche et tombe sur Gad, un étrange personnage d’un optimisme désarmant, dernier de son espèce, les Galduriens. Lui aussi cherche le cochon sorcier, seule personne à pouvoir lire les textes anciens qui pourraient l’aider à trouver d’autres Galduriens… commence une quête semée d’embûches, de trahisons et de terrifiantes créatures.

Tenpenskoi ?
Je vais te parler de deux choses : le dessin et l’histoire. On commence naturellement par le plus évident, le dessin. Tim Probert a bossé tout seul sur le scénario, le dessin et la couleur (ce qui n’est pas si évident dans la BD). Il faut dire que, directeur artistique d’un studio d’animation (et ça se sent), il n’a rien à prouver. Le dessin est vivant, expressif. Mieux que ça, il est lumineux. Si tu as regardé ma vidéo sur les lectures du mois de mars, tu m’as entendu dire que, si tu éteignais la lumière, tu pourrais t’éclairer rien qu’en ouvrant le livre. Et c’est vrai ! Un délice visuel à chaque page !

Du côté de l’histoire, on n’est pas en reste. La critique majeure que je fais aux bandes-dessinées, c’est de passer très vite sur leur sujet, parce que le nombre de pages est limité, qu’il faut équilibrer le discours du texte et celui de l’image, et que bien souvent, ça foire. À moins de faire des BD à sketch, donc avec une mini histoire par planche/double page, mais c’est un peu de la triche. Savoir raconter une histoire en BD, c’est très délicat. Et là, c’est parfait ! Je ne reste absolument pas sur ma fin ! Je suis une aventure, je ris aux traits d’humour, ma gorge se serre devant les injustices… bref, une grande réussite.

Le festival international de la bande-dessinée d’Angoulême lui a même décerné le prix jeunesse (8-12 ans) en 2022. Alors par contre les gars, je sais pas si vous avez lu la BD, mais on n’est pas sur du 8-12 ans, on est plus sur du 12+, et même un adulte y trouverait laaargement son compte. D’ailleurs, parenthèse : je l’ouvre encore une fois, mais les jurys de prix, est-ce qu’on pourrait voir les enfants et leurs goûts tels qu’ils sont au lieu de chercher des livres qui plairaient aux enfants tels qu’on les imagine ? Moi j’aimerais voir des gosses voter en fait… Mais je m’éloigne du sujet, et du message principal qui est : il FAUT lire cette BD !

Pour info :
Gallimard Bande-Dessinée, traduit de l’anglais par Fanny Soubiran, 256 pages, 19.90€

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Les Campbell – Récit complet (Munuera)

Ami du jour, bonjour !

Changeons de registre, veux-tu ? Je te cause un brin BD, avec cette intégrale que m’a (fortement) suggérée mon collègue. En même temps, c’est vrai que c’était chouette (la meuf qui divulgache ses billets –‘).

Sarakontkoi ?
On est sur de la bonne piraterie les enfants ! Campbell a raccroché sa vie de pirate après le décès de son épouse. Aujourd’hui, il s’occupe seul de ses deux filles. Mais un écho venu du passé, un secret de famille bien enfoui, refait surface et l’oblige à reprendre du service.

Tenpenskoi ?
Je suis très mauvais juge en ce qui concerne les illustrations, parce que je n’y connais rien. En revanche, ce que je peux te dire, c’est que celles-là m’ont plu. Le dessin très cartoonesque nous rend les personnages hyper sympathiques. Et cette colorisation ! Toujours dans les tons un peu jaunâtres, elle sait jouer finement pour différencier le présent du passé. Parce que les sauts dans le passé sont le fondement de cette histoire.

L’histoire, venons-y justement. Si sur les premières pages, je me suis dit « moui, pourquoi pas, m’enfin ça casse pas trois pattes à un canard boiteux », au fil du récit et des retours dans le passé, je me suis très fortement attachée à notre protagoniste. On découvre ses ambitions, son amour de la liberté, de la justice (au sens moral du terme), sa fougue et son enthousiasme. Cet amour pour un frère protecteur et omniprésent. Et on commence à rattacher les morceaux petit à petit. C’est beau ! Toute l’histoire tourne autour de la famille au sens large comme au sens intime du terme. Des rancœurs qui restent et qui gangrènent, qui pourrissent. De la rédemption. Du pardon. Petite larmichette sur les dernières pages tout de même… Vraiment, c’était beau, bien construit et touchant, saupoudré de cet humour que je qualifierais d’asterixesque, rapport aux nombreuses références anachroniques un peu chelou, et au nom de certains personnages. Bref, une lecture que je te recommande, sous forme d’intégrale, ou bien tome par tome (la série en compte 5 si je ne m’abuse).

Pour info :
Intégrale : éditions Dupuis, 304 pages, 30.90€
Tomes individuels :
1 – Inferno, 56 pages, 14.95€
2 – Le redoutable pirate Morgan, 56 pages,14.95€
3 – Kidnappé !, 56 pages, 14.95€
4 – L’or de San Brandamo, 14.95€
5 – Les trois malédictions, 64 pages, 14.95€

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Les Croques (Léa Mazé)

Ami du jour, bonjour !

Causons graphique aujourd’hui, avec une petite trilogie pas piquée des hannetons parue chez un éditeur que je surveille beaucoup en ce moment parce que j’apprécie leur ligne éditoriale ; les éditions de la Gouttière.

Sarakontkoi ?
Les parents de Céline et Colin, les jumeaux terribles, tiennent une entreprise de pompes funèbres ; du coup, ils sont la risée des gamins de l’école, qui les appellent les Croques, sympathique diminutif pour croque-mort. Après une Nième bagarre, les jumeaux sont renvoyés chez eux et consignés à domicile jusqu’à nouvel ordre. Il ne leur reste qu’à jouer dans le cimetière… où ils découvrent d’étranges marques sur certaines sépultures. Ils décident de mener l’enquête. Mais lorsqu’ils font une macabre découverte, personne ne semble disposé à les croire…

Tenpenskoi ?
Une petite merveille. On les aimes ces deux fortes têtes, franchement pas fortiches à l’école, plutôt du genre à avoir toujours une bêtise derrière la tête. C’est d’ailleurs tout le fond du problème : à force de bêtises, leurs parents, épuisés, finissent par ne plus les croire. Le cimetière est un décor inhabituel dans les bandes-dessinées pour enfant et l’aura de mystère qui plane n’en est que plus épaisse. Alors oui, du coup, on a un meurtre. C’est pas sanglant, mais bon, quand même, faut le savoir.

Le dessin est tellement beau ! Léa Mazé a réalisé pour notre plus grand plaisir de magnifiques aquarelles et les a parfaitement mises en cases. La réalisation des planches est tout aussi parlante que le dessin et le scénario. J’ai aimé traverser les grandes planches de silence comme les plus turbulentes. Et non seulement c’est beau et drôle, mais en plus, chacune des BD de la trilogie prend son lectorat très au sérieux. C’est une vraie enquête avec des personnages hauts en couleur. Bref, je ne peux qu’en recommander la lecture. Et encore, je n’ai pas encore parlé du travail de fabrication ! Les couvertures sont superbement ornées d’un titre au fer à dorer et les illustrations sont, encore une fois, à tomber. Bref, un bel exemple de coopération auteur/éditeur (c’est en tout cas l’impression que ça donne) pour une BD récompensée par le prix ACBD.

Pour info :
éditions de la Gouttière
Tome 1 (Tuer le temps) : 72 pages, 13.70€
Tome 2 (Oiseaux de malheur) : 72 pages, 13.70€
Tome 2 (Bouquet final) : 96 pages, 14.70€

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Eat and love yourself (Sweeney Boo)

Ami du jour, bonjour !

Une nouvelle lecture graphique, très personnelle cette fois. Aperçue, comme d’habitude, en scrollant sur mes comptes Instagram favoris (en l’occurrence, ma référence BD du moment, à savoir Melyssa). Sweeney Boo, je la connais depuis un moment. Depuis que je suis tombée sous le charme de ses pin-ups colorées en 2014 très exactement… la bouffe, une illustratrice que j’aime beaucoup, il ne m’en fallait guère plus.

Sarakontkoi ?
Mindy a 27 ans, elle est serveuse dans un café. Sa vie stagne, et elle-même est persuadé qu’elle ne pourra jamais faire mieux. Parce qu’elle ne s’aime pas. Qu’elle ne sera jamais « assez ». Un soir, dans sa supérette de quartier, elle achète une tablette de chocolat aux pouvoirs étranges : grâce à elle, elle pourra revisiter son passé, et les douloureux moments qui ont fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui.

Tenpenskoi ?
Forcément, le sujet me parle. Moi qui n’ai jamais été mince, qui ai toujours eu honte de manger devant les autres, qui ne serai jamais un standard de beauté, jamais la princesse que ce foutu prince peut porter jusqu’à son palais parce… bah faut le soulever mon cul ! Mindy, c’est un peu le miroir de toutes ces jeunes filles que des remarques en apparence anodines ont détruites à petit feu. Des trucs du genre : « attention à ce que tu manges », « c’est pas très bon pour toi », « faudra faire un peu de sport », et j’en passe.

Pour autant, la bande-dessinée ne pointe pas le doigt accusateur de ceux qui rejettent sur les autres la responsabilité de leurs erreurs. Mindy a fait des erreurs qu’avec le recul elle parvient à identifier. Elle comprend avec son esprit d’adulte ce qu’on essayait maladroitement de lui dire enfant. L’histoire se termine bien pour elle, malgré quelques après-repas la tête dans la cuvette, parce que la spirale autodestructrice ne l’a pas encore avalée, mais d’autres s’en sortent moins bien.

C’est aussi l’occasion de vous dire qu’il existe des TCA très graves (Troubles du Comportement Alimentaire) : l’anorexie, la boulimie, et j’en passe. Il en existe d’autres, comme l’hyperphagie dont on ne commence à parler que maintenant. C’est un mal dont j’ai personnellement souffert, dont je souffre encore, une maladie de privilégié : celle de trop manger. De se cacher pour le faire. Et d’en avoir tellement honte qu’on n’ose pas dire qu’on n’a pas faim pendant les repas. Alors on mange à s’en faire vomir. Mais on ne vomit pas. On garde tout à l’intérieur, et on laisse cet énorme amas de bouffe nous trouer le bide, on le sent diffuser son poison dans chaque partie de notre corps. Et on se voit énorme. Ca s’appelle la dysmorphophobie, une déformation de la vision que l’on a de son propre corps. Et dans mon cas, à force de me voir grosse, je le suis devenue. Parce que la honte vous empêche de profiter de vos repas. Vous n’êtes jamais satisfait. Alors vous mangez plus, et plus encore, jusqu’à vous dégoûter vous-mêmes…

Bref, Sweeney Boo a heureusement beaucoup de tendresse pour son personnage, et elle parvient à sublimer sa délicieuse Mindy, à nous la montrer telle qu’elle est, belle, touchante, fragile, et parfois seule. Le trait, très comics, et les jolies couleurs donnent au tout un petit goût acidulé fort agréable. Et le message est beau. « Ca ira », se dit Mindy, « je t’aime ». Et c’est ce que nous devrions tous nous dire à nous-même : « je t’aime ».

Pour info :
éditions Ankama, 160 pages, 19.90€

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Peter Pan (Loisel)

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui, point de longue introduction, je te parle d’un pilier de la bande-dessinée, du chef-d’œuvre quasi intouchable qu’est Peter Pan, de Régis Loisel. Et pour le coup, merci le week-end à 1000 (fameux week-end où l’on doit lire 1000 pages en 2 jours pour les deux du fond qui ne suivent pas), je me les suis enquillés en une matinée.

Sarakontkoi ?
Si tu connais le Peter Pan de Disney et que tu penses connaître son histoire… oublie-la. De base, Peter, c’est déjà pas un enfant de cœur. La bande-dessinée commence à Londres, fin du XIXe siècle. Peter est un jeune garçon, très pauvre, dont la mère, alcoolique, se paye le luxe d’être violente. Heureusement, il s’est trouvé un ami, et un allié en la personne d’un tenancier de bar, M. Kundall, dont les belles histoires bercent ses journées les plus difficiles ; ces histoires, Peter aime les raconter aux orphelins du quartier. Un soir, il rencontre une drôle de petite fée, qu’il surnomme Clochette, qui l’emmène avec elle au Pays Imaginaire.

Tenpenskoi ?
Personnellement, j’avoue honteusement n’avoir jamais lu l’œuvre de James Matthew Barrie. Et pire encore, j’ai du mal à savoir où commencer pour vous parler de la richesse de celle de Loisel. Essayons de procéder par étapes. Ce qu’il faut savoir, pour commencer, c’est qu’il s’agit ici d’une vision très mature du personnage de Peter Pan. Si vous vouliez le proposer à vos enfants, oubliez ; si le protagoniste de notre histoire est un enfant, révolté par l’absurdité du monde des adultes, l’histoire n’en est pas moins très violente. Peter croise sur sa route l’alcool, le viol, la mort que ce soit dans les rues d’une Londres terrorisée par Jack l’Éventreur, ou au Pays Imaginaire, où règne la loi du plus fort.

Mais la force de Peter, c’est sa capacité à oublier. Oublier les chagrins, les pertes, la douleur. En tant que lecteur pourtant, cette faculté qu’il a à effacer les drames qu’il a vécus laisse comme un goût amer. Bien entouré par une famille de créatures qui le guidera à travers le Pays Imaginaire (notamment Pan, qui sera son mentor), il se fera à son tour guide et protecteur des orphelins qu’il accueillera dans sa nouvelle demeure. Ce Peter, c’est l’enfant qu’il a été avant d’être celui que l’on connaît, fier, parfois cruel, de cette cruauté dont seuls sont capables des enfants dont les conventions sociales n’ont pas encore étouffé les pulsions primaires. Crochet ici devient un personnage tragique : un homme qui n’aura pa su échapper à son destin.

C’est une lecture sauvage et déchirante, portée par le trait si particulier de Loisel, que personnellement je n’avais jamais lu, mais que je pourrais reconnaître entre mille. Est-ce que j’ai aimé ? La réponse à cette question n’est pas évidente, parce que ce n’est pas une lecture dans laquelle je me suis sentie à l’aise. Mais elle a relâché sur moi toute la puissance de ce que l’enfance a de plus pur et pourtant de plus effrayant.

Pour info :
Tome 1, Londres, éditions Vents d’Ouest, 13.90€
Tome 2, Opikanoba, éditions Vents d’Ouest, 14.95€
Tome 3, Tempête, éditions Vents d’Ouest, 14.95€
Tome 4, Mains Rouges, éditions Vents d’Ouest, 14.95€
Tome 5, Crochet, éditions Vents d’Ouest, 13.90€
Tome 6, Destins, éditions Vents d’Ouest, 13.90€

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Peau d’homme (Hubert / Zanzim)

Ami du jour, bonjour !

Nous sommes sans aucun doute dans un petit cycle de lecture de bulles… Mais pour le coup, que du bon, alors pourquoi s’en priver ? Aujourd’hui, je vous parle d’un petit bijou que j’ai attendu dès l’annonce de sa sortie par Glénat sur Instagram. D’ailleurs, pour la petite anecdote, on est passés totalement à côté à la librairie (grrrrrr) et j’ai dû me le commander. Bien entendu, sortie de confinement toussa toussa, j’ai attendu ce qui m’a paru être une éternité ! Bref, elle est là, je l’ai lue, et pfouah !

Sarakontkoi ?
Italie, période Renaissance. La douce Bianca, fille d’un riche marchand, a été promise au jeune Giovani. Un pacte qui scelle un accord commercial plus que sentimental. Bianca n’a pas son mot à dire. Alors, pour l’aider à accepter, et surtout à connaître ce futur époux qu’elle vient de rencontrer, sa marraine offre à Bianca une peau d’homme qui lui permet, lorsqu’elle l’enfile, de déambuler sous les traits du jeune et beau Lorenzo. Si elle apprend effectivement à mieux connaître Giovani, elle découvrira bien plus que ce qu’elle était venue chercher.

Tenpenskoi ?
Mais. Quelle. Lecture ! Je vais avoir du mal à rester concise cette fois tant le contenu est riche ! On parle certes de la place de la femme, de son absence totale de liberté, de son combat, chacune le menant à sa façon, avec les armes dont elle dispose. Mais ça va tellement plus loin. On y parle de la place du genre (et par là je veux dire du sexe) dans la relation à l’autre, d’amour certes, mais aussi de respect, de liberté sexuelle, d’identité, de puritanisme religieux, de l’hypocrisie des bien-pensants… et Dieu que ça fait du bien ! Et quelle clairvoyance de la part d’Hubert, le scénariste, de nous proposer un réel changement de perspective (puisqu’il est physique) et d’aller au-delà du simple discours féministe. C’est une parole humaniste, libertaire et libératrice !

Et je ne te parle pas de l’intelligence du dessin, de la mise en scène (ou mise en case si je puis me permettre) ! De nouvelles idées à chaque page, qui servent le propos sans l’étouffer. La traduction par l’image de cette sensation de clostrophobie d’abord puis de libération, Le jeu des couleurs. C’est un ouvrage honnête, qui n’a pas peur de son message, qu’il dévoile sans pudeur, avec l’innocence de la jeune Bianca et de Lorenzo.

Au-delà du contenu idéologique, le livre est beau, sobre (bravo les maquettistes et la Fab chez Glénat). Il est grand et lourd. C’est un objet qui s’affirme, qui n’a pas peur d’être là et de dire ce qu’il a à dire. Bref, on pourra me dire « ouais, mais 27€ ». Probablement la somme que j’ai le mieux dépensée ces derniers mois. Parce que cette BD vaut. Chaque. Euro.

Pour info :
éditions Glénat, collection 1000 feuilles, 160 pages, 27€

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L’Adoption (Zidrou / Monin)

Ami du jour, bonjour !

Parlons peu, parlons bien, parlons BD. Encore une fois, c’est une lecture que j’ai évoquée sur Instagram, mais que je n’avais pas pris le temps de chroniquer, et vous savez à quel point la chronique écrite est importante pour moi (et si ce n’était pas le cas, c’est chose faite). J’ai acheté la BD en question en janvier je crois, alors que notre projet d’adoption n’avait encore que des contours flous. J’ai vu ce titre, je me suis dit « c’est un signe ». Et j’ai attendu 6 mois pour la lire…

Sarakontkoi ?
Qinaya a 4 ans, elle vient du Pérou, et a été adoptée par un couple français, Lynette et Alain. Alors que ses parents la ramènent dans sa nouvelle maison, cette adoption suscite chez les proches des réactions très différentes : joie, bonheur, amour, indifférence, une touche de condescendance pour ces parents qui n’ont pas pu l’être naturellement. Mais la réaction la plus vive vient du père d’Alain, Gabriel, qui trouve tout ça bien ridicule. Petit à petit, il va pourtant s’attacher à la petite Qinaya, jusqu’au drame qui la lui arrachera…

Tenpenskoi ?
Je suis désolée, j’ai un peu divulgaché la fin du tome 1 parce que j’ai l’édition intégrale de la BD (T1 et 2). J’ai lu pas mal de réactions contradictoire sur cette BD, et une bonne partie des lecteurs n’ont pas aimé la seconde partie (donc le T2). C’est vrai qu’on s’attend à suivre l’histoire d’une famille qui se trouve, qui se construit. Mais la BD fait le choix de vous confronter aux réalités parfois très difficiles de l’adoption. L’intrusion constante des gens et de leur avis dans votre vie, le jugement, et parfois la pitié. Le refus de vos proches de considérer l’enfant comme faisant partie de votre famille. Et surtout, les graves conséquences de démarches bâclées à l’étranger. Bref, on vous montre aussi que le plus compliqué, ce n’est pas tellement d’obtenir son agrément, c’est ce qui vient après.

Cette deuxième partie, que beaucoup ont critiquée, je l’ai trouvé juste et réaliste. Ce père trop absent qui a reporté tout l’amour qu’il aurait dû donner son fils sur sa nouvelle petite fille. Sa colère lorsque la négligence de son fils lui a enlevé Qinaya. Mais surtout une prise de conscience : celle que l’enfant qui a besoin de lui n’est pas celui qui vit à l’autre bout du monde, mais celui qui paie aujourd’hui presque de sa vie les choix qu’il a faits. C’est un éveil, une ouverture, une prise de conscience. J’ai trouvé cette seconde partie sincère et touchante. Quant à la première partie, si j’ai été amusée des réactions des proches de Lynette et Alain, j’ai parfois fulminé face aux commentaires indiscrets. J’ai vu ces parents un peu perdus, et je me suis dit : « adoption ou pas, c’est sans doute ça, être parent… se rendre compte qu’en fait, on ne sait rien »… Bref, une merveilleuse lecture très réaliste, loin des contes de fée, et plus proche de la réalité de cet acte fort qu’est l’adoption.

Un mot sur le dessin, ces douces aquarelles, colorée, fines, qui donnent au propos toute sa force… c’est un régal !

Pour info :
éditions Bamboo, collection Grand Angle, 152 pages, 24.90€

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Aubépine (Thom Pico – Karensac)

Ami du jour, bonjour !

Le billet d’aujourd’hui t’introduira à une bande dessinée que j’ai moult fois évoquée sur Instagram, si tu me suis. Sinon, c’est inédit. Dans tous les cas, ça ne change pas grand-chose à la chronique 🙂

aubepine.jpg

Sarakontkoi ?
Aubépine est une jeune fille (à laquelle je ne donne guère plus de 12 ou 13 ans, mais peu importe) contrainte par sa scientifique de mère d’emménager en pleine montagne pour étudier la migration particulièrement dévastatrice d’une espèce particulière d’oiseaux. Entre son père, qui la prend encore pour une gamine, sa mère, très occupée avec ses oiseaux, et son grand frère parti faire ses études en ville, Aubépine se retrouve souvent seule, sans WiFi et avec un accès limité à sa console. Elle décide à contrecœur d’aller explorer la montagne, où elle fait la connaissance d’une vieille gardienne de chiens laineux (parce que les moutons, c’est trop bête), sorte de gardienne de la montagne. Les 4 albums racontent ses péripéties, de sa rencontre avec un génie facétieux au courroux des esprits de la montagne…

Tenpenskoi ?
Encore une fois, si tu me suis sur Insta, tu as compris que j’avais aimé. Je m’en vais t’argumenter un peu tout ça. D’abord, c’est frais. Oui, je sais, le terme est bateau et un peu facile. Mais c’est vrai ! En lisant les BD, j’ai tour à tour senti la douce et pure brise du printemps, le froid revigorant de l’hiver… et moi qui suis casanière, j’ai eu envie de longues balades dans mes volcans ! La série Aubépine, c’est d’abord une ambiance, qui te file une envie irrépressible d’enfiler une vieille paire de jeans, ton sweat du dimanche, des vieilles pompes, et de sortir.

Et puis, il y a de la magie qui pimente un peu le game ! Ca donne naissance à des situations cocasses, souvent drôles, parfois ridicules. Aubépine, aussi bien que ses parents, sont des personnages très bien écrits. Les histoires sont simples sans être simplistes.

Et puis, on en parle des dessins ? C’est tellement chou ! Pas besoin d’en faire des caisses pour faire passer une idée, un sentiment, une sensation. C’est doux et coloré, c’est un trait qui n’en fait pas des tonnes (et qui n’en a pas besoin d’ailleurs) pour te faire comprendre où il veut en venir. Et il faut dire que le dessin participe grandement à cette envie de grand air, à la fraîcheur de la BD, et à ce sentiment de bien-être que j’ai ressenti en terminant chaque tome.

Bref, que tu sois grand, petit, que tu aimes ou non la BD, je te conseille Aubépine, rien que pour découvrir les personnages de Karensac, parfaitement mis en scène par Thom Pico. Avec un peu de chance, la fin du tome 4 laisse présager une possible suite… enfin, je l’espère.

Pour info :
Aux éditions Dupuis
1- Le Génie Saligaud, 104 pages, 9.90€
2- Le Renard furax, 112 pages, 9.90€
3- Pourquoi tant de laine, 120 pages, 9.90€
4- La fin de tout (et du reste), 128 pages, 9.90€

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La tête dans les étoiles (Jen Wang)

Ami du jour, bonjour !

Je t’avais dit qu’on allait parler BD, premièrement parce que j’avais envie de BD ces derniers temps, et secondement parce que j’ai une flemme internationale de lire des romans en ce moment (enfin, j’en écoute et je lis un peu dans mon dodo, mais trèèèèès lentement). C’est donc avec une BD que je reviens te voir. Et quelle BD !

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Sarakontkoi ?
Christine est une adolescente chinoise très calme et posée. Sa famille, très impliquée dans la communauté chinoise d’une petite ville des États-Unis, décide un jour de venir en aide à une mère célibataire et sa jeune fille, Moon, du même âge que Christine. Moon est aussi excentrique, créative et passionnée que Christine est calme, posée et studieuse. Entre les deux adolescentes naît une amitié qui les changera à jamais.

Tenpenskoi ?
Je tiens à dire que le résumé en 4e de couv’ m’a perdue. On y parle d’êtres célestes, d’une autre planète… Et s’il est vrai que Moon évoque ses amis invisibles dans le récit, ce n’est pas du tout ce que pourrait penser le lecteur. D’ailleurs, ce résumé alambiqué est en partie responsable de mon refus de lire cette BD d’une autrice/illustratrice que j’avais pourtant adorée après Le Prince et la couturière ! Pour le coup, un big up au résumé Amazon qui rattrape un peu celui du bouquin.

Mais que voulez-vous, j’ai fini par me laisser convaincre, curiosité oblige, et je dois avouer que je ne suis absolument pas déçue ! Le dessin de Jen Wang, si épuré, laisse toujours autant de place à l’émotion. Rien n’est surfait, rien n’est de trop. Le trait et la couleur sont doux et portent magnifiquement cette histoire d’amitié.

Quant à l’histoire, elle est en partie inspirée de celle de l’autrice. Les liens qui unissent ces communautés, ces familles, et surtout ces deux jeunes filles, sont précieux. Et s’il est parfois question d’élans passionnels, de chamailleries et de jalousie, c’est toujours le positif que l’on retient. J’ai même versé une petite larme. Bref, de 7 à 77 ans, et même après, lisez La Tête dans les étoiles.

Pour info :
éditions Akileos, 218 pages, 19€