Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Le futur ne sera pas (Bleuenn Guillou)

Amis du jour, bonjour !

Aujourd’hui j’écris un billet que je préfèrerais ne pas rédiger, parce que c’est un avis mitigé sur le roman d’une autrice que j’apprécie. Mais enfin on ne peut pas plaire à tout le monde…

Le Pitch
Le jour où l’Oracle prédit que la Salamandre causera la fin de tous les Supers-héros, les dirigeants de la ligue mettent en place une équipe restreinte pour l’empêcher d’agir. Contrainte de fuir, Mila fait éclore dans son sillage les graines du doute. Et si la fin du monde ne venait pas d’où on l’attendait ?

Mon avis
C’était probablement l’un des romans chez Slalom qui m’intriguait le plus cette année (en dehors de Maëlle, TMTC). Grande fan des Extraordinaires, de T.J. Klune, nourrie de Loïs et Clark gamine, j’ai même rencontré mon époux à l’occasion d’un visionnage arrosé d’Iron Man 3 ! Du coup, forcément, les super-héros sont une part importante de ma propre culture. Bleuenn expliquait dans un live qu’elle ne les portait pas particulièrement dans son cœur, préférant donc les faire tomber de leur piédestal. J’entends tout à fait cet argument, et c’est d’ailleurs tout le propos de séries comme The Boys, ou des romans comme La Vie sexuelle des super-héros qui traitent de la déchéance de ces surhumains… Perso, j’avais beaucoup aimé Les Indestructibles 2, qui tenait un discours similaire mais plus mesuré. Bref.

Ici, je me suis dit « la fin vient de l’intérieur, trop cool » ! Dans l’idée, vraiment j’ai trouvé ça super. Je ne peux pas trop en dire, mais la clef du grand final est ingénieuse et inattendue. J’aime la fin en demi-teinte, le fait que personne ne soit tout blanc ou tout noir. En gros, tout le déroulé. Le style est simple mais efficace. Non, le problème, ce n’est pas ça. Le fait est que je n’ai pas aimé les personnages. Pas que je les aie détestés, mais je n’ai pas réussi à m’y attacher. Ils sont pour moi restés des outils, aux secrets pas très bien gardés, et le point de vue interne qui saute de personnage en personnage n’a pas aidé. Être dans la tête de tout le monde, ça ne rend service à personne. J’aurais préféré un point de vue externe ou unique, et là, les soupçons et suppositions que chacun fait sur les autres aurait eu du sens. Tout ce qui est long n’est pas forcément bon, et quand on tourne autour du pot, ça a tendance à jouer avec mes nerfs.

En conclusion, j’ai trouvé les idées brillantes, et le tout prometteur, mais j’ai eu comme un goût d’inachevé parce que les personnages n’ont pas réussi à me convaincre. La faute à un point de vue que j’aurais préféré plus recentré, ce qui aurait permis de moins s’éparpiller, et aurait surtout évité d’avoir cette impression qu’on tirait sur l’élastique… Mais c’est un ressenti très personnel.

D’autres on beaucoup aimé, notamment Les lectures de Floriane, VDBook, ou encore Abrrracadabra.

Pour info :
éditions Slalom, 400 pages, 18.95€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Sang-de-Lune (Charlotte Bousquet)

Ami du jour, bonjour !

Il m’est venu, il y a quelques temps, comme une envie de Charlotte Bousquet. Ma cagnotte Vinted était chargée à bloc, et je me suis dit « mais quel mal y aurait-il à me prendre quelques occas’ qui me font bien envie ? » Je me suis donc retrouvée avec Des œillets pour Antigone, Là où tombent les anges, et le fameux Sang-de-Lune, que je vous présente aujourd’hui.

Sarakontkoi ?
Dans la cité souterraine d’Alta, les Fils du Soleil (les hommes) règnent en maîtres. Les Sang-de-Lune (les femmes) du fait de leur impureté et des ténèbres qu’elles portent en elles, sont reléguées au rang d’épouses, parfois d’esclaves dans leur propre maison. Gia apprend qu’elle a été promise à un homme violent et qu’elle devra bientôt quitter sa petite sœur. C’est pour la sauver d’un avenir sombre qu’elle décide de s’enfuir avec elle dans les tréfonds de la cité, vers les sauvages, les peuples libres, et les monstres qui rampent dans le noir…

Tenpenskoi ?
La quatrième de couverture fait état d’un roman lunaire, de ténèbres et de chimères. C’est tout à fait ça. Personnellement, je m’attendais à quelque chose de plus criant, de plus nerveux. Mais Gia est un personnage endoctriné qui doit se battre contre elle-même pour accepter la vérité : on lui a menti sur ce qu’elle est, sur le fondement même de la société dans laquelle elle évolue. Elle étouffe ses élans de révolte sous des couches de culpabilité. Coupable pour des crimes que ni elle, ni les autres femmes n’ont commis. Si nous, lecteurs, avons le recul nécessaire pour nous en apercevoir, ce n’est pas le cas de ces femmes dociles sous les assauts de leurs époux, cruelles les unes envers les autres, dévorées de ténèbres qui n’existent que dans leur imagination.

De fait, je lis un roman en demi-teinte. Le poing frappe moins fort que ce à quoi je m’attendais, la course est plus lente. Et pourtant chaque ligne fait douloureusement échos, sous couvert de littérature imaginaire au trait grossi, à la place qu’a longtemps occupée la femme (et qu’elle occupe encore dans certaines cultures). Un être vil, malfaisant, qui doit être maté, étouffé, mutilé. La punition par lapidation pour des fautes qui n’en sont pas, pour l’expiation d’un péché causé par la maltraitance des hommes est insupportable, et Charlotte Bousquet ne nous épargne rien. Ni la mort, ni la cruauté, ni les trahisons. C’est un roman court, lent et parfois presque léthargique, qui figure un éveil progressif et douloureux, jusqu’à une révélation inattendue qu’on aurait voulue libératrice mais qui laisse un goût amer dans la bouche… Ce que j’en ai pensé ? C’était intéressant, dérangeant, et j’ai eu comme un goût de pas assez, mais j’ai conscience que le développement d’une intrigue aurait gâché le propos…

Pour info :
éditions Gulf Stream, collection Electrogène, 320 pages, 17€

Publié dans Le mot du jour, Madame Je-Sais-Tout

Le mot du jour : apocalypse

Ami du jour, bonjour !

Je t’en ai parlé hier dans mon billet sur ma lecture de Good Omens, aujourd’hui, on va causer de fin du monde… ou pas !

Le mot du jour : apocalypse.

La fin des haricots, du monde, des temps, le jugement dernier, le Ragnarök… bref, tout ça pour dire que quand tu entends apocalypse, tu te dis que t’es cuit. Sauf que…

Apocalypse, si tu reprends sa racine grecque, ça ne veut pas dire « destruction », et pas tout à fait « révélation de Dieu », ça c’est une extrapolation due à l’utilisation du mot en contexte religieux (créé dans un contexte religieux ?). Le mot en lui-même veut dire « ce qui révèle » de la racine grecque kalúptô (cacher, couvrir), précédé de apo– (préfixe qui indique la privation) : donc, dé-cacher, découvrir. Fun fact : le nom de la nymphe Calypso, qui a retenu Ulysse chez elle dans l’Odyssée, vient également de cette racine (Calypso : celle qui couvre, qui enveloppe).

Le livre de L’Apocalypse selon Saint-Jean est appelé Le Livre de la Révélation (CQFD). Dans ce livre, Jésus fait à Jean des révélations sur « le sens de son époque » et la manière dont le peuple de Dieu sera sauvé (prétendument dans un combat entre Dieu et Satan). Je ne suis personnellement pas la mieux placée pour causer de religion, et son histoire m’échappe. Mais ce que je peux dire, c’est qu’on a connoté le terme de notions de violence et de destruction qu’il n’avait pas à la base.

Juste pour nuancer, la prochaine fois que vous regarderez Apocalypse Now 🙂

 

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Good Omens (Neil Gaiman / Terry Pratchett)

Ami du jour, bonjour !

Toi aussi, la chaleur t’étouffe ? Je me surprends parfois à voler en songe parmi les oiseaux migrateurs, mais au lieu de partir vers les pays chauds en hiver, je songe sérieusement à m’exiler du côté du Pôle Nord en juillet-août. Je rêve des pluies d’été, diluviennes, à ces lourdes gouttes tièdes qui s’écrasent sans pitié sur mes carreaux de lunettes. Le soleil me brûle, mes doigts et mes jambes gonflent. Et bien entendu, je suis très très lente, notamment dans mes lectures. Heureusement, Audible est là !

good_omens

Sarakontkoi ?
L’heure de l’apocalypse est arrivée, l’Antéchrist est né. Il ne reste plus qu’à le caser dans une influente famille de diplomates, et à le laisser grandir jusqu’à ce que s’accomplisse son destin. Mais Crowley et Aziraphale — respectivement Démon et Ange de leur état — se sont attachés aux humains, à leur culture, au monde. Ensemble, ils décident d’essayer de garder l’enfant dans un équilibre parfait entre le Bien et le Mal, afin qu’il ne puisse jamais choisir. Mais il semblerait qu’il y ait erreur sur l’enfant, et le Destructeur des Mondes grandit à l’abri de toute influence, chef de sa bande de garnements à vélo, des bleus aux genoux et son fidèle chien à son pied. Mais les trompettes de l’apocalypse résonnent déjà.

Tenpenskoi ?
Si tu suis le blog depuis quelques temps, tu sais que je qualifie rarement les livres de Coups de Cœur (parce que tout bloggeur, Booktubeur ou Bookstagrameur qui a bien aimé la page 58 d’un livre le qualifie de coup de cœur, et soyons honnêtes, ça ne veut plus rien dire). Mais là, je me tâte. Je me dis même que c’est trop peu. C’est une bombe, c’est un tsunami. C’est une apocalypse stricto sensu (origine grecque du mot qui signifie « action de révéler, de dévoiler », donc une révélation, mais j’en ferai un billet) !

Avec une intelligence, une légèreté et une insolence hors du commun, Neil Gaiman et Terry Pratchett nous plongent dans les derniers jours du monde. L’Antéchrist, suite à une légère erreur de distribution, a atterri dans une banale famille anglaise, loin de toute influence. Il est à la tête d’une bande de copains, et si tout semble se plier à sa volonté, il n’en est pas moins un jeune garçon brillant — ayant développé cet esprit logique et simple propre aux enfants — dénué de toute autre ambition que celle de jouer aux cow-boys et aux sorcières.

Tandis que les pièces du puzzle se mettent en place, que les adultes, les anges, les démons et les cavaliers de l’Apocalypse se battent pour leur camp, le jeune Adam Young grandit, inconscient de son rôle dans le Grand Dessein. Et le lecteur apprend une excellent leçon : rien n’est tout bon, ni tout mauvais. Une égratignure au genou fait tout le plaisir d’une chasse au trésor. Et toujours, chez Gaiman (je connais très peu Pratchett), cette ambivalence entre la clairvoyance des enfants et l’amertume des adultes. J’aime.

Je vous pose là deux de mes citations préférées (que je retranscris en anglais, puis traduirai en français) :

« Anyway, if you stopped tellin’ people it’s all sorted out after they’re dead, they might try sorting it all out while they’re alive. »

(Et si vous arrêtiez de dire aux gens que tout rentrera dans l’ordre à leur mort, ils pourraient essayer d’y travailler alors qu’ils sont vivants.)

« If you want to imagine the future, imagine a boy and his dog and his friends. And a summer that never ends. »

(Si vous voulez imaginer le futur, imaginez un jeune garçon et son chien et ses amis. Et un été qui ne se terminera jamais). Dernière phrase du livre.

C’est drôle, c’est incisif, ça vise juste. Bref, lisez Good Omens (De bons présages, dans sa version française).

Pour info :
J’ai Lu, collection Science-Fiction, 440 pages, 7.20€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Le Fléau (Stephen King)

Ami du jour, bonjour !

Si tu jettes un œil sur mon compte Instagram, tu auras suivi un peu mes pérégrinations concernant la lecture du Fléau de Stephen King, initiée par Lemon June.

Je ne te fais pas attendre plus longtemps cette chronique que j’ai déjà suffisamment retardée. Comment veux-tu que je te parle en 3 paragraphes d’une œuvre aussi riche ?

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Sarakontkoi ?
À la fin du printemps 1990, suite à une micro-erreur informatique, un virus génétiquement modifié se propage aux États-Unis et dans le monde, tuant plus de 99% de la population. L’instinct des survivants les pousse à rechercher leurs pairs dans le cimetière à ciel ouvert qu’est devenu le pays. Puis il faut tout reconstruire. Trouver d’autres solutions ? Faire mieux ? Ou tout rebâtir comme avant ? Deux parties s’opposent, que les protagonistes appellent le Bien et le Mal. Tout est-il si manichéen ?

Tenpenskoi ?
Avant de te faire un topo, laisse-moi te dire que cette lecture fut éprouvante. Pas parce qu’elle avait cette image « horreur » qui colle à la peau de Stephen King, mais parce que, ayant lu la version rééditée et augmentée de plusieurs centaines de pages, j’ai pu suivre l’auteur jusqu’au plus profond de son récit. Si c’est très souvent instructif et immersif, c’est aussi parfois pénible, à l’image de la vie qu’essaient de reconstruire les personnages. Une semaine pour lire le premier, qui est une course contre la maladie. Un mois et demi pour lire le second, qui relate l’après, les hésitations, les doutes.

Dans la première partie, c’est la fuite. Loin de la maladie. La fuite vers un ailleurs qu’on ne connaît pas, loin d’un ennemi qu’on ne voit pas. La terreur de ne pas savoir si notre tour viendra. Puis la résignation. La longue marche vers l’espoir.

Après, dans ce monde post-apocalyptique, on survit. Mais aussi cruel que cette pensée puisse paraître, n’est-ce pas également une chance de tout recommencer ? De faire mieux ? Peut-on faire mieux ? Ne sommes-nous pas programmés pour en arriver inéluctablement à détruire ? Nous détruire ? Détruire notre environnement ? Faut-il reconstruire un système politique ? Vivre éloignés de toute civilisation ?

L’un des personnages, professeur de sociologie, fait cette remarque très intéressante :

« Peut-être n’est-il que le dernier magicien de la pensée rationnelle, celui qui rassemble les outils de la technologie contre nous ».

Et je pense que c’est le cœur du débat. L’homme peut-il retourner à l’état de nature ? Se débarrasser de sa rationalité, de la technologie qu’il a construite avec ? Le Mal est-il le Mal ou bien un penchant rationnel de l’être humain ? Et paradoxalement, c’est ce côté rationnel qui détient la Magie.

La fin est un parfait mélange de l’espoir et de l’inéluctabilité, qui laisse au lecteur le choix de voir le verre à moitié plein, ou à moitié vide. Je vous laisse en juger par vous-mêmes. Mais je vous préviens : la lecture de cet ouvrage n’est pas une promenade de santé.

Je te laisse le lien vers la vidéo de Lemon June (l’instigatrice de cette lecture commune) :

Pour info (pour ma version) :
Tome 1 => Le livre de poche, 764 pages, 9,20€
Tome 2 => Le livre de poche, 795 pages, 9,10€

Publié dans Bouquinade, Roman

La route (Cormac McCarthy)

Jamais 3 sans 4 (ou quelque chose comme ça). Bon sang, on ne l’arrête plus, cette fille est formidable ! Arrêtez, c’est trop ! Allez, du moins joyeux, histoire de faire preuve d’éclectisme. Un conseil de mon amie Maëlle, que ce livre a bouleversée. Et je vous transmets son conseil, qui était plutôt judicieux : ne lisez ce livre que si tout va bien dans votre vie, que si vous ne vous sentez pas seuls, si vous êtes heureux. Sinon, laissez tomber et repoussez votre lecture.

la_route

Sarakontkoi ?
Sur une route déserte, qui ne va nulle part, un homme et son fils poussent un chariot. Le soleil ne brille plus sur la Terre, les prairies sont grises, les couleurs n’existent plus. Les quelques hommes qu’il reste sont partagés en deux groupes : ceux qui survivent en grappillant les derniers stocks de vivres qu’ils peuvent trouver, et les autres, ceux qui mangent les premiers. L’homme et son fils vont vers la mer, en essayant de ne pas être vus. Mais l’homme est malade, et l’enfant affaibli. Il fait froid, et ils marchent.

Un long chemin, froid, gris, sans espoir, sans mémoire. On ne sait pas ce qu’il s’est passé, mais plus rien ne vit. Tout semble fini, la barbarie a pris le dessus, les vols, les meurtres. Plus de lois, plus de morale, juste la survie. Et le vide.

Tenpenskoi ?
Ceux qui ont vu le film sans lire le livre n’ont rien vu. Ils sont loin les explosions, les cris, les courses poursuites, et les coups de fusil. Ils sont loin les dialogues. C’est une lente procession silencieuse et anonyme vers le néant, ponctuée de coups de peur, de colère, de « ouf », de découragement. Prix Pulitzer 2007, je ne saurai dire que je n’ai pas aimé, mais je n’arrive pas à être dithyrambique. Ce livre m’a fait mal, mais il m’a montré mes couleurs, mes odeurs, de manière plus efficace qu’un saut chez Sephora. Lisez-le, mais souvenez-vous du conseil de Maëlle.

Pour info : éditions POINTS,  251 pages, 6,80 EUR