Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Good Omens (Neil Gaiman / Terry Pratchett)

Ami du jour, bonjour !

Toi aussi, la chaleur t’étouffe ? Je me surprends parfois à voler en songe parmi les oiseaux migrateurs, mais au lieu de partir vers les pays chauds en hiver, je songe sérieusement à m’exiler du côté du Pôle Nord en juillet-août. Je rêve des pluies d’été, diluviennes, à ces lourdes gouttes tièdes qui s’écrasent sans pitié sur mes carreaux de lunettes. Le soleil me brûle, mes doigts et mes jambes gonflent. Et bien entendu, je suis très très lente, notamment dans mes lectures. Heureusement, Audible est là !

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Sarakontkoi ?
L’heure de l’apocalypse est arrivée, l’Antéchrist est né. Il ne reste plus qu’à le caser dans une influente famille de diplomates, et à le laisser grandir jusqu’à ce que s’accomplisse son destin. Mais Crowley et Aziraphale — respectivement Démon et Ange de leur état — se sont attachés aux humains, à leur culture, au monde. Ensemble, ils décident d’essayer de garder l’enfant dans un équilibre parfait entre le Bien et le Mal, afin qu’il ne puisse jamais choisir. Mais il semblerait qu’il y ait erreur sur l’enfant, et le Destructeur des Mondes grandit à l’abri de toute influence, chef de sa bande de garnements à vélo, des bleus aux genoux et son fidèle chien à son pied. Mais les trompettes de l’apocalypse résonnent déjà.

Tenpenskoi ?
Si tu suis le blog depuis quelques temps, tu sais que je qualifie rarement les livres de Coups de Cœur (parce que tout bloggeur, Booktubeur ou Bookstagrameur qui a bien aimé la page 58 d’un livre le qualifie de coup de cœur, et soyons honnêtes, ça ne veut plus rien dire). Mais là, je me tâte. Je me dis même que c’est trop peu. C’est une bombe, c’est un tsunami. C’est une apocalypse stricto sensu (origine grecque du mot qui signifie « action de révéler, de dévoiler », donc une révélation, mais j’en ferai un billet) !

Avec une intelligence, une légèreté et une insolence hors du commun, Neil Gaiman et Terry Pratchett nous plongent dans les derniers jours du monde. L’Antéchrist, suite à une légère erreur de distribution, a atterri dans une banale famille anglaise, loin de toute influence. Il est à la tête d’une bande de copains, et si tout semble se plier à sa volonté, il n’en est pas moins un jeune garçon brillant — ayant développé cet esprit logique et simple propre aux enfants — dénué de toute autre ambition que celle de jouer aux cow-boys et aux sorcières.

Tandis que les pièces du puzzle se mettent en place, que les adultes, les anges, les démons et les cavaliers de l’Apocalypse se battent pour leur camp, le jeune Adam Young grandit, inconscient de son rôle dans le Grand Dessein. Et le lecteur apprend une excellent leçon : rien n’est tout bon, ni tout mauvais. Une égratignure au genou fait tout le plaisir d’une chasse au trésor. Et toujours, chez Gaiman (je connais très peu Pratchett), cette ambivalence entre la clairvoyance des enfants et l’amertume des adultes. J’aime.

Je vous pose là deux de mes citations préférées (que je retranscris en anglais, puis traduirai en français) :

« Anyway, if you stopped tellin’ people it’s all sorted out after they’re dead, they might try sorting it all out while they’re alive. »

(Et si vous arrêtiez de dire aux gens que tout rentrera dans l’ordre à leur mort, ils pourraient essayer d’y travailler alors qu’ils sont vivants.)

« If you want to imagine the future, imagine a boy and his dog and his friends. And a summer that never ends. »

(Si vous voulez imaginer le futur, imaginez un jeune garçon et son chien et ses amis. Et un été qui ne se terminera jamais). Dernière phrase du livre.

C’est drôle, c’est incisif, ça vise juste. Bref, lisez Good Omens (De bons présages, dans sa version française).

Pour info :
J’ai Lu, collection Science-Fiction, 440 pages, 7.20€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Fille des chimères (Laini Taylor)

Amis du jour, bonjour !

Une nouveauté Gallimard Jeunesse, que je m’étais promis de ne pas lire (oui, vous savez, les anges, les créatures, toussa toussa, c’est très surfait !), et pourtant… quel tort c’eût été !

Crédits couv’ : Clayton Burkhart / Distinctimage
Pour Gallimard Jeunesse

Prague, de nos jours. Karou est une ado fantasque, orpheline, qui a des cheveux bleus, et qui raconte les histoires des amis imaginaires qu’elle se dessine. Pas si imaginaires que ça puisqu’au moindre appel de Kishmish, le messager mi-corbeau de Sulfure, elle court passer la porte entre notre monde et celui des chimères. Parce que Karou mène une double vie : elle est aussi le coursier personnel de Sulfure, le maître chimère de la résurrection. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que ce monde fait d’étranges créatures dans lequel elle a grandi est en guerre. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que la créature éblouissante de beauté qui a tenté de la tuer sur un marché à Marrakech, mais qui pourtant la fascine, est son ennemi héréditaire…

Là, je dois dire ouah ! Et pourtant, c’était pas gagné ! Le résumé de 4e de couverture n’en dévoile pas énormément, et je ne m’attendais pas du tout à ça. Et quand j’ai lu qu’il s’agissait en fait d’anges et de chimères, je me suis dit : « OK, encore des anges ». Je venais de lire Angel qui, outre l’image décalée des anges qu’elle offrait, ne m’avait pas plus enthousiasmée que ça. Des anges méchants, des chimères dont le camp est douteux… Les chimères apportaient néanmoins une touche d’originalité. Mais je me suis laissée prendre par la complexité des liens entre les personnages, le (réel, pas monté de toutes pièces) mystère qui entoure l’existence de Karou. Tout n’est pas rose, tout n’est pas gris. Et, en même temps que Karou, nous découvrons un passé oublié et l’horreur d’un présent que l’on voudrait pouvoir corriger.

Je dois avouer que j’ai eu entre les mains une épreuve non corrigée, donc j’ai dû passer outre quelques petits détails (qui doivent être gommés dans la version définitive). Le style est tout à fait abordable, sans avoir ce côté puéril qui m’agaçait dans les histoires d’ados amoureuses. Une histoire plus profonde que celle du simple conflit Shakespearien (Romé & Juliette n’ont qu’à bien se tenir). Le premier tome d’une trilogie, qui termine sur un magnifique cliffhanger (en queue de poisson quoi). À lire de toute urgence !

Pour info :
Gallimard Jeunesse, collection « Grand Format littérature », série Roman Ado, 464 pages, 18,00€ chez votre libraire !

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Angel (L.A. Weatherly)

Amis du jour, bonjour !

Mon esprit est loin tout là-haut, dans le ciel bleu, au-dessus de la bulle parisienne saturée de gaz et de stress, mais le cœur y est. Recentrons-nous. Un gros pavé (mais ne vous y fiez pas, c’est écrit assez gros et le papier est épais) que je voulais absolument lire lorsque j’ai vu la couverture pour la première fois au service maquette.

Williow est un peu à côté de la plaque. Contrairement aux adolescentes dites « normales », elle aime la mécanique, déteste la mode, vit chez sa tante où elle doit s’occuper de sa mère (qui évolue dans son monde depuis la naissance de sa fille), et voit le futur des gens. Elle décide de se mouiller le jour où, après avoir eu une appartition, sa brillante et parfaite mais insupportable camarade de classe décide de dédier sa vie à l’église des Anges. Mais ces anges, qui apparaissent un peu partout, sont loin d’être de pacifiques êtres célestes : ils sont en fait des envahisseurs qui se nourrissent de l’aura des humains. Alex, chasseur d’anges, croit reconnaître en Willow les traits de ces monstres. Elle est pourtant si humaine ! Dans leur quête de vérité, Alex et Willow tenteront de sauver le monde, épaulés par une organisation gouvernementale ultra-secrète. Mais gare aux faux-semblants…

Une façon originale d’écrire les anges, qu’on apprécie beaucoup. On reste dans le schéma ado-qui-ne-rentre-pas-dans-le-moule, héroïne d’une prophécie que les monstres redoutent. Et bien entendu, on retrouve la traditionnelle histoire d’amour entre deux protagonistes qui, au départ, n’ont rien à faire ensemble. Bref, tous les ingrédients sont présents pour faire de ce roman une périlleuse aventure, pleine de rebondissements…

Pour être totalement franche cependant, il y a aussi pas mal de répétitions, peut-être quelques longueurs… Cela dit, l’histoire reste bien menée ; l’auteur joue pas mal la corde du suspens, et pour une fois, le happy ending n’est pas évident (en même temps, c’est le premier tome d’une trilogie). On attend le second tome, qui amènera on l’espère un début de solution à l’invasion qui a commencé dans le tome 1. Pas mal…

Pour info :
Gallimard Jeunesse, Collection Grand Format Littérature, série Roman Ado, 528 pages, 19,30€ chez votre libraire (13,99€ sur les plateformes de téléchargement légal, type ePagine)