Publié dans Madame Je-Sais-Tout, Sors ta science

Sors ta science #9

Amis du jour, bonjour !

Aujourd’hui, puisque c’est la grande mode en ce moment (attention, ceci n’est pas un jugement), nous allons parler transgenres. Oubliez Conchita Wurst, je ne vous parlerai ni femme à barbe, ni identité sexuelle, mais bien de mots qui passent du masculin au féminin dès qu’il se tapent un s.

Albert Camus a dit : « Pour l’homme mûr, seules les amours heureuses peuvent prolonger sa jeunesse. Les autres le jettent d’un coup dans la vieillesse. » MAIS Louis Aragon a dit : « Il n’y a pas d’amour heureux ». Whaaat ? Alors, un de ces deux grands hommes se serait planté ? Que nenni chers lecteurs dévorés de curiosité !

Mais alors, keskispasse ? Simplement que certains mots sont masculins au singulier et féminins au pluriel. C’est le cas de « amour », « orgue » et « délice ».

Ainsi :

  • un amour heureux mais des amours heureuses ;
  • un orgue mélodieux mais des orgues mélodieuses ;
  • un curieux délice mais de curieuses délices.

L’heure est à la liberté, alors libérons-nous des genres… du moins dans la limite de ces trois exceptions 😉

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Publié dans Albums, Bouquinade

Le Garçon qui aimait la lune (Rino Alaimo)

Amis du jour, bonjour !

Je ne peux m’empêcher, en sortant mes livres de leurs cartons, de vouloir tous les partager avec vous. Je vais essayer de freiner mes ardeurs et d’y aller doucement, en commençant par celui-ci, offert par Chéri à moi.

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Sarakontkoi ?
C’est l’histoire d’un petit garçon qui est amoureux de la Lune. Alors, pour conquérir son cœur, il lui fait un million de cadeaux, que la Lune repousse, un par un. Jusqu’à ce qu’il lui offre la seule chose qu’elle ne peut (a)voir…

Tenpenskoi ?
Si vous jetez un œil aux illustrations que je vous propose de découvrir, vous comprendrez que c’est la première chose qui attire l’oeil. C’est sobre, mais le travail sur la lumière est formidable (et d’ailleurs, l’album est basé dessus), et les dessins tellement touchants, sans en faire trop. L’histoire qui les accompagne est tendre et nous berce de doux rêves.

Je ne sais pas si vous aimez la fleur d’oranger. Personnellement, j’adore ça. Eh bien, Le Garçon qui aimait la lune m’a fait cet effet. Pas le truc qui vous bombarde de couleurs, d’images et de bon sentiments, mais un ouvrage sutile, tout en rondeurs qui laisse un goût tout doux sur la langue, comme des brumes oniriques au réveil. De 3 à 6 ans, mais je suis persuadée que vous prendrez plaisir à le feuilleter quel que soit votre âge !

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Pour info :
Gautier Languereau, 32 pages, 15€

Publié dans La pensée qui panse, Madame Je-Sais-Tout

La pensée qui panse #10

Amis du jour, bonjour !

En ce jour de la Femme, j’aimerais vous parler… d’un homme. Et puisqu’il est ma pensée agréable, je la partage avec vous.

Cet homme, c’est pas le genre à se mettre en avant. C’est pas le genre à se revendiquer féministe. Pas le genre macho non plus.

Pas le genre à me jeter mes règles à la figure chaque fois que je m’énerve. Toujours opé pour jouer les chevaliers servants (sans s’en rendre compte, je pense), porter les charges de plus de 500g (genre mon sac à main). Le genre à regarder une comédie romantique sans broncher, à se taper l’intégrale de High School Musical du début à la fin. À déménager et aménager une pièce 20 fois sans se plaindre de la charge de travail. Celui qui peint et ponce dans le noir pour finir ma bibliothèque.

Celui qui ramasse tout ce que je jette par terre quand je suis énervée, sans jamais rien me reprocher.

Mais surtout celui qui me tend le rouleau quand il s’agit de peindre le salon, qui me laisse faire les bandes du placo parce qu’il sait qu’il est nul. Qui fait la vaisselle, la cuisine, pendant que je bricole. Qui se sent suffisamment homme pour ne pas jouer les hommes. Qui se repose sur moi autant que je me repose sur lui. Qui me laisse être une femme comme j’ai envie de l’être, féminine avec un peu de laisser aller des fois, impulsive, parfois drôle, parfois moins, la poitrine ouverte sur un cœur qui bat trop fort.

Parce qu’être une femme n’est pas être un homme avec une paire de seins, mais être ce que l’on veut être quand on a envie de l’être, avec ceux qui nous laissent libres.

Parce que tu es l’Homme de ta Femme et que je suis la Femme de mon Homme.

Ainsi, pour illustrer cet équilibre qui nous caractérise, je terminerai mon billet sur les sages mots de Camus (in Les Justes) :

« Ne marche pas devant moi, je ne suivrai peut-être pas. Ne marche pas derrière moi, je ne te guiderai peut-être pas. Marche juste à côté de moi et sois mon ami. »

Publié dans BD, Bouquinade

La célibataire (India Desjardins / Magalie Foutrier)

Allez, aucune absence n’est définitive, vous le savez. Alors, suite à ce regain de lectures que m’a apporté le salon de Montreuil, je vous le dis, pour une des dernières fois de l’année : amis du jour, bonjour !

Commençons donc la série d’articles qui va suivre avec quelque chose de léger, quelque chose de drôle et bourré d’auto-dérision. Quelque chose de girly. Bref, une BD pour fille. Et pour ça, je « remercie grave Maelle, parce que ce genre de trucs, tu vois, c’est chanmé ! »

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Sarakontkoi ?
C’est une fille – ça pourrait être vous ou moi, sauf si vous faites partie de cette catégorie de filles extras qui sont au-dessus de tout ce superficiel – une fille disais-je, qui rencontre LE gars en soirée… LE gars pas célibataire. La fille qui veut montrer à son ex qu’elle s’en sort sans lui, tellement fort qu’elle en oublie d’essayer de rendre ça crédible. Qui rêve du prince charmant qui a toutes les qualités d’une femme avec le corps d’un homme. Celle qui raconte les derniers potins à sa copine au téléphone. Qui aime les chats et n’écoute que ce qu’il l’intéresse. Bref, c’est une fille, et elle est célibataire.

Tenpenskoi ?
Des minis anecdotes universelles, qu’on a toutes plus ou moins expérimentées, et qui, couchées sur le papier dans des tons rose acidulé, nous redonnent le sourire. Tout y passe, des trucs dont on a totalement honte (mais que – il faut se l’avouer – on est soulagées de retrouver dans ces pages), à nos rêves les plus fous, en passant par ces défauts qu’on trouve toutes aux mecs. Bref, une image pas toujours tendre des deux sexes, et pas franchement de fin heureuse, mais et alors, on sait bien qu’on la trouvera, nous, notre fin heureuse… ou pas.

Dans le style des blogs BD girly du moment. Bref, un truc bien sympa qui se lit super vite. En fait, c’est même presque plus agréable de le laisser dans vos toilettes et d’en déguster un peu à chaque passage. Ou à côté de la plaque de cuisson, le temps que les légumes vapeur / la soupe soient prêts. Et je peux assurer qu’il apportera le sourire autant à vous mesdames, qu’à ces messieurs qui n’oseront pas dire qu’ils l’ont feuilleté, mais riront intérieurement en se disant « graaaaave, ma nana, c’est trop ça ! » Allez, Noël n’est pas trop loin, et si Ryan Gosling passe dans votre cheminée, le PN sera peut-être assez sympa pour le déposer sous votre sapin ! D’ici-là, courage !

Pour info :
Michel Lafon, 64 pages, 12,95€ chez votre libraire !

Publié dans Bouquinade, Utopie / Dystopie

Hunger Games (Suzanne Collins)

Bouleversée.

Bouleversée, je pense que c’est le mot. Tout commence par une séance de ciné à reculons (mpf, encore un stupide film pour ados, catastrophe et fin du monde garantis). Je suis sortie estomaqué, les cuticules arrachées, les jambes flageolante, mon esprit refusant de reprendre pieds dans la réalité. Pas que les acteurs ou la musique ou quoi que ce soit aient été si mémorables. Mais on sentait qu’on venait d’assister à quelque chose de grand, qu’on nous avait montré des choses que la bienséance oblige à cacher, et ce avec un naturel désarmant. Alors, je me suis dit : « pourquoi pas les bouquins ? » Et me voilà, prisonnière une semaine et demie de cette trilogie haletante… Je vais faire une exception dans mon protocole habituel, cette fois, je vous présente la totalité de la série sur un billet. Et pour commencer, un pitch général.

Sarakontkoi ?
Panem (ex-USA, apprend-on au cours d’un des tomes), dans un futur pas si lointain. Le pays a été divisé en 13 districts, gravitant autour d’une capitale, le Capitole. Suite à un soulèvement des districts contre le Capitole, la victoire de ce dernier et l’anéantissement du District 13, chaque district doit fournir une fois par an un garçon et une fille âgés de 12 à 18 ans. Les 24 « tributs » sont enfermés dans une arène géante où ils doivent s’entretuer, pour le plus grand plaisir des téléspectateurs du Capitole. Seul l’un d’entre eux sort vainqueur de ces Hunger Games, les jeux de la faim.

Dans ce premier tome, Katniss Everdeen et Peeta Mellark sont désignés comme tributs pour représenter le District 12, l’un des plus petits et des plus pauvres des ditricts, lors des 74e Hunger Games. Ils se connaissent à peine, mais c’est ensemble qu’ils traversent le pays, accompagnés de leur mentor Haymitch, un ivrogne, ex-vainqueur des 50e Hunger Games, pour se rendre au Capitole. Là, ils sont préparés, chouchoutés, entraînés, interviewés, puis envoyés dans l’arène. De stratégie en combats sanglants, de souffrances en alliances impérvues, ils se battent pour leur survie…

Katniss et Peeta sont devenus des célébrités. Alors que Katniss a ravivé les braises de la rébellion en défiant l’autorité du Capitole dans l’arène, ils sont tous les deux envoyés en tournée à travers les districts. Sous la menace du président Snow, Katniss tente de faire son possible pour étouffer les élans révolutionnaires. Mais elle ne fait que jeter de l’huile sur le feu, et la punition ne se fait pas attendre… Mais cette fois, Katniss jure de protéger Peeta.

Broyée par les épreuves qu’elle a dû traverser, Katniss est récupérée par les rebelles. Elle retrouve avec eux sa mère et sa sœur qui ont fui à temps le District 12, bombardé et rayé de la carte en guise de punition. Coin, la « chef » de la rébellion, insiste pour que Katniss soit le visage du mouvement anti-Capitole, mais tout ce que veut cette dernière, c’est une vengeance contre Snow, qui lui a volé sa maison, sa vie, et Peeta. Quand les intérêts généraux rejoignent ses intérêts personnels, Katniss se décide à être celle qui réunira et unifiera les foules…

Tenpenskoi ?
Voilà des résumés bien pauvres, qui masquent toute la profondeur et la complexité de cette trilogie. L’héroïne est en fait une jeune fille banale, bien incapable de prendre des décisions importantes autrement que sous l’impulsion du moment et la nécessité de survie. Elle se retrouve malgré elle hissée au rang d’effigie de la rébellion, quand elle n’aspire qu’à sauver ceux qu’elle aime. Alors qu’elle s’est battue depuis la mort de son père pour nourrir sa mère et sa petite sœur, elle est catapultée dans un monde opulent où on ne l’engraisse que pour mieux l’envoyer à la mort. Partagée entre des liens extrêmement puissants qui l’unissent à Peeta – qui est le seul à comprendre vraiment ce qu’elle a traversé – et la complicité qui l’unit à Gale – son meilleur et seul ami – elle ne peut se décider à choisir. Impulsive, elle est un élément incontrôlable, pas plus courageuse qu’un autre, mais farouchement décidée à survivre, même au plus profond de son désespoir. Servir une cause, oui, mais comment contrôler un électron libre ?

Il m’a été impossible de m’arrêter après avoir commencé le premier tome. J’ai pleuré jusque dans les tunnels sombres du métro, dans l’atmosphère nauséabonde du RER. L’écriture à la première personne nous plonge dans le récit, et nous donne à voir toute l’horreur de ces massacres perpétrés au nom du pouvoir, de la vengeance. Rien ne nous est épargné, et l’incrédulité de Katniss face à cette horreur humaine laisse toute sa place à notre propre dégoût. Tout est dit, rien n’est dissimulé, et on se sent, comme Katniss, tour à tour utilisés, trahis, perdus, fous de rage. Un tour de magie exceptionnel. Bouleversant. Qui nous pousse à une remise en question de notre vision de la société.

Pour info :
Pocket, collection Pocket Jeunesse (18,15€ par bouquin, et ils en valent le coup !)
Tome 1 : 379 pages
Tome 2 : 378 pages
Tome 3 : 417 pages

Publié dans Bouquinade, Roman

La Délicatesse (David Foenkinos)

Comme une envie de littérature adulte après tous ces grands récits adolescents… Et une histoire d’amour improbable, c’était fait pour moi. Pas de bovarisme là-dedans (= pas d’identification extrême au personnage), juste une envie subite de lire un truc probable où l’homme n’est pas chasseur de créatures étranges, et la femme pas une hybride moitié vampire, moitié ange. Et un truc facile. La Délicatesse était tout indiqué.

La rencontre de Nathalie et François a tout du conte de fées. Il a un coup de foudre, l’aborde, elle accepte de prendre un verre. Et pour un jus d’abricot, il l’épouse. Leur bonheur est parfait… mais visiblement pas fait pour durer. Lors de son footing dominical, François meurt d’un accident stupide. Nathalie n’a plus rien, ne veut plus rien. Elle finit par noyer sa peine dans le travail. Arrive Markus. Markus, c’est le type pas beau, passe-partout. Pas plus ni moins que tout le monde. Le suédois d’une boîte française appartenant à une holding suédoise. Pourtant, lorsqu’il entre dans le bureau de Nathalie ce jour-là – Nathalie dont il a intégré l’équipe de travail – elle se lève et l’embrasse. Puis se rassied, et reprend le cours de leur discussion. Pour Nathalie, il ne s’est rien passé. Pour Markus, c’est le premier jour du reste de sa vie. Et si cette banalité apparente cachait bien plus ?

Comme je le disais, une belle histoire d’amour, simple, touchante. Pleine de délicatesse, le livre porte bien son nom. Et les personnages sont tellement authentiques ! Par exemple, Markus, c’est le cheveu sur la soupe de cette histoire. Le cheveu sur la soupe ou l’homme de la situation, j’avoue que j’hésite. Toujours est-il que le résultat est là. Un peu naïf, il est pourtant le seul à pouvoir approcher Nathalie. Et Nathalie, qui essaie de se tenir à flot. À travers qui on tente de comprendre « l’après ». L’après-apocalypse, l’après-tsunami, la perte, l’absence.

Pour moi, le livre n’a rien d’une révélation. Le battage médiatique tient tout au plus à l’universalité du sujet, et à l’évidence du texte. Parce que, oui, il se pose comme une évidence, d’une simplicité reposante, et pourtant émotionnellement tellement riche ! On a l’impression de redevenir des enfants, qui voient la vie de Nathalie se reconstruire comme ils construiraient des maisons en Lego, patiemment, pièce par pièce. Bref, hommes et femmes, je vous le conseille, parce qu’on passe sincèrement un bon moment.

PS : je n’ai pas aimé le film. Pour moi, David Foenkinos, qui est à la fois l’auteur du livre et du scénar du film, n’a pas su se départir de son roman, ni prendre le recul nécessaire. Dommage.

Pour info :
Gallimard, collection Blanche (ou Folio), 200 pages, 16€ (pour l’acheter : bougez vos fesses chez le libraire en bas de chez vous !)