Publié dans Bouquinade, Roman

Nos Constellations (Florence Quentin)

Amis du jour, bonjour !

S’il y a un truc qui me rend à la fois euphorique et nerveuse, c’est quand on vient me voir avec un texte en me disant : « j’ai ce roman, faut que tu le lises, je pense que ça va te plaire ». La pression ! Surtout quand c’est quelqu’un qui a bossé dessus, alors là, je me sens pousser des ailes, et je fais un peu pipi dans ma culotte, parce que… et si j’aimais pas…?

Le Pitch :
L’été de leurs 11 ans a probablement été pour Maxence et Aurélien le plus doux de tous les étés. Il a vu naître une tendre amitié, et… un peu plus ? Sept ans plus tard, Maxence a tenté de mettre fin à ses jours, Aurélien a perdu sa maman. Rien n’est plus pareil, pourtant, c’est auprès d’Aurélien, qu’il n’a pas revu depuis, que Maxence demande à passer un nouvel été…

Mon avis :
C’est Sonya qui est venue me trouver pour me proposer cette lecture. Les dramas, les trucs qui font pleurer, vraiment, c’est pas un argument de vente chez moi. « Rassure-toi », m’a-t-elle dit, « je suis certaine que ça peut te plaire, et j’ai vraiment envie de porter ce texte ». (Tu la sens la pression là ?) Bon, quand faut y aller, faut y aller. Et purée, j’ai pris une claque.

C’est clairement une lecture à se faire en été. La douceur du Sud sauvage (on est du côté d’Avignon si je me souviens bien), les terrasses des cafés dans les petits villages, les promenades en forêt et les bivouacs en bord de lac… En juin prochain, tu sais ce que tu lis.

Stylistiquement, c’est doux, c’est beau, c’est fort, violent parfois. Mais surtout, on n’en fait pas des caisses. C’est toujours juste. Pourtant, on avait matière à tomber dans le pathos, je te le dis ! Et pas du tout. Il est pourtant question de harcèlement scolaire, d’homophobie, d’amour maternel inexistant, et de deuil. Mais la douceur de ce qui se crée entre Maxence et Aurélien fonctionne bien mieux qu’un Mercurochrome, le pansement des héros ! Se réparer, s’écouter, s’accepter. C’est le chemin qu’ils vont arpenter.

Drame : check. Romance : check (et avec élégance s’il-vous-plaît). Les cigales, les douces brises chaudes : check. La douceur des petits villages, l’esprit communautaire : check et check. Donc on arrête de tourner autour du pot, on prend un billet pour Avignon, et on laisse Maxence et Aurélien nous faire vivre le plus beau des étés !

Pour info :
éditions Didier Jeunesse, 471 pages, 2025

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

La Vie invisible d’Addie Larue (V. E. Schwab)

Ami du jour, bonjour !

Parlons peu, parlons bien, parlons lecture (en même temps, quoi d’autre ?) avec un roman que j’ai écouté (merci Audible) après en avoir entendu parlé au moins un million de fois sur les réseaux. Les avis étaient tantôt très positif, tantôt de l’ordre du « meh ». Il fallait que je me fasse mon avis.

Sarakontkoi ?
1714, France. Adeline Larue vit heureuse avec ses parents, jusqu’à ce qu’ils décident de la marier avec un homme qu’elle n’aime pas. D’abord résolue à faire ce qu’on attend d’elle, elle ne peut se résoudre à passer sa vie à étouffer ses rêves de liberté. Dans un acte de désespoir profond, elle en appelle à un dieu peu miséricordieux, qui exauce son vœu. Elle vivra sa vie, libre et sans attache, aussi longtemps qu’elle le voudra. Mais jamais elle ne pourra laisser sa marque en ce monde, ni dans les mémoires. Un siècle, puis deux s’écoulent dans la plus grande des solitudes, jusqu’à ce qu’un jour, elle entende enfin ces mots qu’elle n’attendait plus : « je me souviens de vous ».

Tenpenskoi ?
Team WAOUH ! J’ai adoré de bout en bout. Alors bien entendu, on est loin du page turner, du roman d’aventures, dont le suspens nous tord les entrailles. Le roman s’écoule telle une rivière paisible, parfois profonde et glaciale, parfois fraîche et chantante. Dans les faits, il t’embarque dans la vie d’Addie, à travers les hauts, les bas, les guerres, les instants de désespoir, et ceux, bénis, qui précèdent l’oubli. Parce qu’il est impossible de se souvenir d’elle une fois qu’on lui a tourné le dos, sa vie est d’abord un enfer, puis un terrain de jeu. Je n’avais rien lu de Victoria Schwab avant ça, même si j’en entends beaucoup parler (coucou Shades of Magic) ; j’avais très peur de sa plume, qu’elle ne soit qu’une copie de Anne Robillard ou Sophie Audouin-Mamikonian, que je trouve lourdes et bourrées de stéréotypes. Mais pas du tout. C’était emprunt d’émotions, et même sincèrement poignant par moment (bah oui, j’ai versé ma larmichette).

On y aborde le thème du souvenir, de la mémoire, de l’impact qu’on a sur les êtres dont le chemin croise le nôtre. Du prix de la liberté aussi. Sans tomber dans le mélodrame, le roman crie la solitude, le besoin d’amour et de reconnaissance. Addie est une femme intelligente, qui fait preuve de ressources, fière, parfois fragile ; il lui arrive de se planter lamentablement, mais toujours, elle avance. En bref, c’est un roman emprunt de mélancolie, loin pourtant de te plonger dans la dépression, il est fort, et il a chanté à mon oreille la chanson de l’éternité. Pour le coup, je me suis même procuré la version papier, histoire de pouvoir le prêter…

Pour info :
éditions Lumen (traduit de l’anglais par Sarah Dali), 696 pages, 17€

Publié dans Bouquinade, Roman

Cette nuit-là (Aurélie Massé)

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui sort un roman dont je t’ai parlé sur Instagram il y a quelques temps maintenant (je crois l’avoir terminé début juillet). Les éditions Slalom me l’avaient fait parvenir, accompagné d’un espoir : celui que ce roman, qui les avait marqués, laisse sa trace sur moi. C’est assez réussi je dois dire.

Sarakontkoi ?
C’est l’histoire de cette nuit où tout a basculé, où tout s’est libéré. Gabriel reçoit un appel puis la visite de son meilleur ami, Eden, dans un état de choc effroyable. Ils sont bientôt rejoints par Sarah, Alex et Agathe. Chacun d’entre eux cache une fêlure et menace de s’effondrer. Mais ce soir, c’est Eden qui compte, Eden qui parle enfin, Eden qui avoue l’inavouable…

Tenpenskoi ?
Voilà un roman qui fait partie de ceux que j’ai lus d’une traite. Il m’a retourné les tripes et plus d’une fois j’ai senti mes mains serrées sur le livre trembler, ma gorge se serrer. Au-delà du délicat sujet de l’inceste, traité ici avec beaucoup de sensibilité et de retenue, c’est ce putain d’amour inconditionnel de cinq amis, le genre qui t’écorche et te fait vivre à la fois, qui m’a bouleversée. Tous ces gamins sont un peu déglingués, de l’anorexique à l’hyperactive, en passant par le timide soumis à l’autorité d’un père rabaissant. Mais tous éprouvent pour Eden cet amour sans retenue que ne peuvent éprouver que les enfants prisonniers d’un présent permanent.

Le roman serpente dans les méandres d’une amitié sincère, celle d’un groupe d’amis hétéroclite, pour revenir de temps à autres au présent, au silence d’Eden, à ses aveux. Certaines scènes sont d’une violence émotionnelle insoutenable, du genre à te foutre un coup dans le bide. Et pourtant il émane de cette lecture une tendresse incroyable. Avec un style maîtrisé, jamais dans le sensationnel, Aurélie Massé raconte une nuit. Elle raconte une amitié, cinq combats, et une promesse. Et je n’ai pas grand chose à dire de plus, si ce n’est que le roman vibre et irradie, projetant sa lumière et ses ombres en plein dans nos petits cœurs de lecteur…

Pour info :
éditions Slalom, 384 pages, 15.95€

Publié dans Bouquinade, Roman

Felix ever after (Kacen Callender)

Ami du soir, bonsoir !

Oui, oui, je sais, le billet arrive un peu tard. MAIS… je viens te parler d’une nouveauté parue mi-août chez Slalom, que j’ai reçue de l’éditeur (merci Carole).

Sarakontkoi ?
Felix est un jeune homme réservé et peu sûr de lui, artiste dans l’âme. Il suit des cours d’été dans son lycée pour tenter de décrocher une bourse pour un cursus d’art dans une prestigieuse université. Mais Felix a bien du mal à créer son book. Parce qu’il ne sait plus qui il est. Né fille, il est en pleine transition, sans être certain d’être 100% garçon. Et plus que tout, Felix voudrait trouver l’amour. Peut-on cependant trouver l’amour quand on n’est pas sûr d’en être digne ?

Tenpenskoi ?
Pour commencer, je salue la démarche. Kacen Callender, né femme, a commencé sa transition à 25 ans. Il connait son sujet, et offre au lecteur concerné, comme au lecteur curieux, un témoignage sincère. C’est probablement grâce à ce genre de lecture que le dialogue peut s’ouvrir, que les personnalités peuvent se révéler. C’est aussi la première fois que j’entends parler d’un récit où la personne transgenre est perdue, où, sans remettre en question sa démarche, elle avoue ne pas savoir qui elle est avec certitude. D’habitude, on est plutôt sur un ton revendicatif. Ici, on est en pleine introspection. Un bon point donc pour la démarche.

La palette de personnages est touchante. Felix, dans ses doutes, dans son insécurité, dans sa recherche presque désespérée de sa personnalité. Son meilleur ami Ezra, fort, fragile, tendre. Et leur bande de potes imparfaits, jaloux, compréhensifs. On plonge la tête la première dans une génération en quête de reconnaissance et d’amour, et franchement, c’est chouette. Alors oui, stylistiquement, j’ai déjà lu mieux (le ton est très enfantin parfois), et quelques retournements sont un peu faciles, mais c’est pas non plus la cata, et le roman a vite fait de t’embarquer.

Mention spéciale aux ressources que Kacen Callender nous propose (en anglais), accompagnées par celles, en français, d’Anakin Ponchon (activiste des minorités) chargé de ce qu’on appelle la relecture sensible, pour s’assurer qu’aucune maladresse ou erreur ne subsiste dans le roman. Un roman réfléchi donc, dans son écriture comme dans sa traduction, touchant et libérateur, que je conseille à tous.

Pour info :
éditions Slalom (traduit de l’anglais par Manu Causse), 368 pages, 17,95€

Publié dans Bouquinade, Roman

Autour de Jupiter (Gary D. Schmidt)

Ami du jour, bonjour !

L’heure est grave, on m’a conseillé un bouquin qui a ébranlé ma petite personne. Mais genre, vraiment, depuis 3 nuits, j’ai à la fois peur et envie de le lire. La chronique ne sera pas aisée, parce que moins tu en sais au départ, plus ta lecture est belle… mais je vais essayer.

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Sarakontkoi ?
L’idée, c’est de ne pas trop en dévoiler, pour que tu fasses le chemin seul. Alors je ne te dirai que ce que tu peux découvrir dans les premières pages. Joseph, 14 ans, sort d’un centre de détention et intègre une nouvelle famille d’accueil. Il fait la connaissance du jeune garçon, Jack, et des animaux de la ferme dans laquelle ils vivent. Joseph ne parle pas. Mais il a peur, et il est triste…

Tenpenskoi ?
J’ai terminé en larmes. Les services sociaux — qui agissent « pour le bien de l’enfant » sans le connaître, qui trouvent la famille d’accueil trop impliquée (mais peut-on être trop impliqué quand il s’agit du bonheur d’un enfant), ceux qui ont le bras assez long pour éviter que l’enfant ne fasse trop partie de la famille, mais pas pour prendre de vraies décisions qui pourraient aider cet enfant — ces services sociaux, donc, je les connais. Je connais l’impuissance de la famille d’accueil, le désespoir d’avoir les mains liées. De tout donner pour tout perdre ensuite.

Alors forcément, ça me cause, cette histoire de famille d’accueil. Au cours de ma lecture, je suis passée par la colère, la peur, l’espoir, le chagrin. La colère de voir des adultes soit disant responsables coller une étiquette sur le dos d’un gamin sans comprendre son histoire. La peur de voir un équilibre fragile et durement construit se rompre. L’espoir de voir cet enfant trouver la paix. Le chagrin de constater que rien ne change.

Le ton pourrait être qualifié d’enfantin, parce que le style est épuré, lapidaire et simple, la collection flague complètement ce titre en jeunesse. Ceci dit, nous avons eu avec mon amie Maëlle une discussion fort intéressante au sujet de la différence entre l’âge du lectorat et celui des personnages. Clairement, ici, il y a débat. Je me mets à la place d’un enfant : aurais-je le recul nécessaire pour recevoir ce type de récit ? Honnêtement, je ne prétends pas savoir si un enfant pourrait ou non appréhender ce texte. Mais je sais que le roman met le doigt sur un sujet qui pourrait sensibiliser les adultes sur leur façon de voir, et surtout de juger le monde.

Bref, le récit est beau, il est simple, il est violent. La fin est parfaite. Lis-le. Vraiment.

Pour info :
éditions Bayard Jeunesse, collection Littérature 12 ans et +, 224 pages, 13,90€

Publié dans Albums, BD, Bouquinade

Cœur de pierre (Séverine Gauthier / Jérémie Almanza)

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui, c’est vendredi, et vendredi, j’aurais envie de dire que tout est permis, mais si c’était le cas, je ne me serais probablement pas levée ce matin ; Alexa, l’intelligence artificielle de notre enceinte connectée, nous a réveillés avec le doux son d’une musique folk. Alors bon, il a bien fallu sortir du lit. Dans ma tête, l’ambiance est à la mélancolie où pointe un soupçon de tristesse, mais que veux-tu, il faut aller.

Alors aujourd’hui, je te ressors un album/BD qui reflète un peu cet état d’esprit, un truc que j’ai lu il y a un bail, que j’ai vu passer sur Insta, et que je pensais avoir chroniqué mais en fait non (si ça se trouve, je suis juste un boulet qui ne sait pas utiliser la fonction « rechercher » de son blog). Dans le doute…

Sarakontkoi ?
Cœur de Pierre, c’est l’histoire d’une petite amoureuse. Amoureuse d’un petit homme triste et insensible. Jour après jour, elle offre un pétale de son cœur d’artichaut au petit bonhomme triste. Elle essaie de le réparer, de lui apprendre à aimer. De tout lui donner. Mais arrive le jour où elle n’a plus de pétale à donner, et son petit cœur d’artichaut a été effeuillé en vain…

Tenpenskoi ?
De mémoire, il me semble que c’est Chéri qui m’a offert cette BD il y a quelques années, parce qu’il savait que j’affectionnais ce genre de graphismes. Et franchement, il a eu tellement raison ! J’aime ! L’utilisation des couleurs et de la lumière, les traits naïfs qui exacerbent les contrastes entre ce que ressentent nos petits personnages les uns pour les autres.

C’est une histoire universelle, le syndrome de l’infirmière, si on veut casser la poésie. C’est-à-dire la propension à s’attacher aux personnes que l’on croit pouvoir guérir/changer/sortir d’une situation (vachement pas poétique). S’attacher aux mauvaises personnes, c’est le pitch de départ d’un million d’histoires d’amour qu’on nous sert aujourd’hui en littérature sentimentale. Mais là, ça va plus loin. C’est le : « Et après, si ça ne fonctionne pas ? Si on a tout donné ? S’il ne nous reste rien ? » Je vous rassure, on ne reste pas sur ce constat…

Plein de poésie, très mélancolique et assez juste, il peut s’adresser aux adultes en pointant leurs travers sentimentaux avec la naïveté déconcertante d’un enfant.
J’ai adoré !

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Pour info :
éditions Delcourt, 32 pages, 9.95 EUR

Publié dans BD, Bouquinade

Un océan d’amour (Wilfrid Lupano / Grégory Panaccione)

Ami du jour, bonjour !

Il y a des jours ou un quelqu’un vient vers toi, et te tend un petit bout de trésor, comme un petit rayon de soleil dans ton vendredi. Ce fut le cas ce matin, une douce pensée de ma collègue Laure qui m’a prêté cet ouvrage.

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Sarakontkoi ?
Un vieux pêcheur breton tout rabougri et un peu grincheux se lève, comme tous les matins, et, après avoir avalé un petit déjeuner cuisiné avec amour par sa femme, se rend au travail.  Sur son petit bateau, avec son petit filet, il ne remonte pas grand chose. La journée s’annonce assez mal, pire encore lorsque l’hélice de son rafiot se prend dans les filets d’un bateau de pêche monstrueux. C’est le début d’une épopée pour lui, et pour sa femme, qui n’aura de cesse de le chercher…

Tenpenskoi ?
J’ai un peu de mal à trouver mes mots pour vous parler de cette merveille. Pour commencer, je dois préciser qu’il s’agit d’une BD muette. Ça veut dire qu’elle n’a aucune bulle, aucun cartouche. Tout passe par le dessin.

Et parlons-en de ce dessin : fin, doux, un peu onirique, très expressif. Le livre n’en est que plus beau. Et quand je vous dis beau, je ne parle pas que d’esthétique. L’histoire est belle. L’intention est belle. La conclusion est belle.

Et pour le coup, moi qui parlais de ma déception quant à la perception du couple de Fabcaro dans mon billet précédent, ici c’est tout le contraire. Quand un vieux couple se rend compte en perdant sa routine que c’est justement les petits gestes du quotidien qu’on ne voit pas, qui nous agacent parfois, qui nous manquent le plus.

Bref, c’est beau, c’est simple, et ça se passe de mots. Merci Laure 🙂

Pour info :
éditions Delcourt, collection Mirages, 224 pages, 25,50€

Publié dans BD, Bouquinade

Moins qu’hier (plus que demain) (Fabcaro)

Ami du jour, bonjour !

Je te délaisse un peu en ce moment, j’en suis désolée. Je pense bien que tu n’en es pas encore au point où tu pleures l’absence de billet le soir dans ton lit, mais peut-être qu’avant-hier, tu t’es dit « tiens, depuis un moment, elle poste un peu moins ». Et tu as raison. En ce moment, je forme un nouveau collègue, donc j’ai moins de temps. Et j’ai repris la langue des signes. Donc encore moins de temps. Dans un cas comme dans l’autre, je suis ravie de ce que je fais, mais forcément, je suis moins disponible pour mon cher blog, et pour toi, lecteur.

Bref, je vais te causer d’une BD que je viens de terminer et qui me laisse un goût de… de gné.

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Sarakontkoi ?
Plein de petites histoires, un dénominateur commun : le couple. Mais le couple sous ses pires aspects. Le mensonge, le chantage, les enfants, le sexe, l’ennui, le fantasme de l’impossible : rien ne va plus.

Tenpenskoi ?
Déjà, ça s’avale très vite. Chaque « intrusion » dans la vie des couples ne fait qu’une planche (une page). Et heureusement. Le dessin est simpliste, mais j’aime bien ces touches de couleur. Je n’ai pas détesté.

Ensuite, mis à part deux ou trois planches improbables où j’ai franchement ri… bah j’y suis restée totalement insensible. Laissez-moi vous faire part d’une réflexion que je retiens depuis un certain temps: je n’aime pas cette stigmatisation de l’ordinaire qui semble gagner les bien-pensants. Le couple, ce n’est pas juste chiant. Ce n’est pas juste une prison, et ce ne sont pas que des compromis. Les enfants ne sont pas juste un purgatoire.

Après, tu me diras : « oui, mais c’est juste que tu te sens visée ». Effectivement, je me sens visée. Je suis mariée, et je suis heureuse. Ca ne fait pas de moi, ou de mon époux, quelqu’un de naïf, de moins intéressant, ou pire ; ça ne fait pas de moi un mouton. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, à moins d’être dans le rejet du conventionnel, on n’a que peu d’intérêt.

Je ne me bats pas contre le monde entier pour défendre mon orientation sexuelle, ma sexualité, ma couleur de peau, mais ça ne fait pas de moi quelqu’un de fourbe, de menteur ou de plat. Et c’est ce que ce livre m’a fait ressentir : que le couple conventionnel était chiant et risible. Ca m’a fait de la peine. Pas pour moi, parce que je n’ai rien à prouver. Mais pour ceux qui se laissent envahir par le cynisme au point d’oublier tout ce que la vie offre de positif. Et l’amour en fait partie. Du coup, je l’ai offert à Chéri pour nos 3 ans de mariage.

Ceci dit, j’ai lu le résumé de Zaï Zaï Zaï Zaï, et franchement, il me fait un peu plus envie. Donc je ne suis pas hermétique à l’auteur.

Pour finir, je partage avec vous une vidéo de la chaîne Et tout le monde s’en fout, qui résume très bien mon opinion sur le couple.

Pour info :
Glénat, collection GlénAAARG !, 64 pages, 12,75€

Publié dans Highway to FIV

Don’t worry, be happy.

Salut les loulous !

Bon, je vous rassure (ou pas), rien de nouveau côté FIV ou bébé, on reste sur un top départ en août (pile pendant mes vacances, ça tombe super bien).

Simplement, je me faisais une réflexion. Hier, je suis allée voir mon osthéopathe, et je me suis rendu compte que quelque chose clochait. Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux qu’au début de l’année. Je parviens à faire la part des choses (youpi pour moi) et même à être heureuse pour de vrai. Tu sais, pas juste le « ça va » agrémenté d’un sourire que j’espère suffisamment convaincant. Non, vraiment, je vais bien. Et ça me rend heureuse.

Mais (parce que, oui, il y a un mais) voilà, je me rends compte que ce n’est pas moi qui ne vais pas bien. Ce sont les gens autour de moi. Famille, amis. À de rares exceptions, leur inquiétude me concernant prend souvent le dessus sur leur optimisme. Je sais que certains d’entre eux ont souffert de me voir agoniser. Oui, quand je ne vais pas bien, j’agonise : je pleure, je hoquette, et je m’enferme dans mon mutisme. Et ils en chient des ronds de pendule ! Et comme je suppose qu’ils m’aiment, ils ont très mal aussi.

Alors quand ils me voient espérer à chaque retard de règles, ou être persuadée que tout va fonctionner, ils ne disent rien. N’encouragent pas mon enthousiasme. Surtout pas. Parce que quand je tombe, c’est de très haut, alors à quoi bon ajouter un tabouret et des échasses sur l’échelle que je vais dégringoler. Parents, amis, famille, je vous aime. Je vous aime très fort. Mais je préfère mille fois espérer, et vous voir espérer avec moi que de sentir vos regards gênés face à l’ardeur de mon espoir. Et si je tombe de haut, je me relèverai. Ca prendra du temps, ça prendra des larmes, et je tomberai sûrement de mon échelle-tabouret-échasses. Mais je préfère ça que de m’étouffer d’angoisse et de prudence. D’ailleurs, la prudence n’a rien à voir avec le bonheur.

Alors si vous aussi, vous connaissez des femmes dans ma position, abandonnez vos regards emplis de pitié, votre prudence, vos angoisses. On a déjà tout ce qu’il nous faut de ce côté-là. Vous avez le rôle le moins facile et le plus ingrat : soutenir inconditionnellement votre amie / conjointe / fille / femme, laisser derrière vous ce sentiment d’impuissance qui vous étreint, et lui donner toute l’énergie dont elle aura besoin. Et surtout, surtout, espérez aussi fort qu’elle, et ne la freinez pas. Mais vivez aussi votre propre bonheur, et partagez-le avec elle. Vous avez le droit d’avancer dans votre vie, d’avoir des enfants. Ne la laissez pas de côté, ne la laissez pas tomber… elle est si fragile, être une femme libérée tu sais c’est pas si facile.

Publié dans BD, Bouquinade

Mistinguette : En quête d’amour (Greg Tessier / Amandine)

Amis du jour, bonjour !

En ce moment, je sors pas mal ma science et les mots du jour fleurissent, et je laisse un peu mes lectures de côté. Je vais être franche : je n’arrive plus à terminer de livres, en dehors de petites choses courtes comme la BD dont je vais vous parler aujourd’hui. Mes lectures en ce moment me laissent froide, c’est terrible à vivre ! Et je m’endors dessus… Bref, c’était pour partager avec vous mon malheur du moment.

Cette bande-dessinée, je ne l’ai pas aimée, je vous le dis de suite. Et vous allez comprendre pourquoi.

mistinguette

Sarakontkoi ?
L’héroïne, dont je ne me souviens plus le nom, c’est dire si ça m’a marquée, tient cet étrange sobriquet de Mistinguette de son papa. Elle s’apprête à faire sa rentrée des classes dans un nouveau collège, elle doit avoir 13 ans tout au plus. Mais comment faire pour s’intégrer ? Visiblement, suivre la bande de pestes têtes à claques et les imiter serait un bon plan. Avant tout entrer dans le moule. Et puis, 13 ans, c’est aussi l’âge des premières amours…

Tenpenskoi ?
Cette BD, je l’ai achetée à l’occasion des 48h de la BD. Donc 2€. Heureusement, parce que je n’y aurais pas mis plus cher. Je ne l’aurais pas achetée du tout. Mais c’est aussi l’occasion de voir ce qui se fait en Jeunesse en ce moment, de refaire le plein d’idées de cadeaux, etc. Et je vous en parle, parce que je pense sincèrement que la littérature jeunesse a des choses à apprendre aux enfants, mais aussi à leurs parents, donc à vous. Et là, je suis très déçue.

Pour commencer, la forme. Une BD, ce ne sont pas que des images et des petits bouts de dialogues dans des bulles. Et quand bien même, le dessin ne doit absolument pas excuser des dialogues insipides. Là, j’aurais pu écrire les dialogues pleins de clichés les yeux fermés. Ces mêmes dialogues d’ailleurs compensent l’absence de cartouches dans les vignettes (ces petits cadres blancs, qu’on lit ou pas, mais qui peuvent aider à comprendre des éléments de contexte). Ce qui fait que tout ce qui devrait être implicite est expliqué en mots dans les dialogues. Première crise d’urticaire.

Ensuite, le fond. 13 ans, ça pue, on le sait, c’est l’âge ingrat où on a besoin de se faire aimer, de prouver qu’on est grands. De là, à aller faire les magasins pour acheter un mini short et du maquillage, il y a un fossé. Le shopping entre copines où tu ressors habillée comme (excusez-moi) une drag queen, merci. Et avec quel argent ? Ne parlons pas du père caricatural qui nous sort des répliques débilisantes visant à nous montrer à quel point Mistinguette est devenue « trop mature quoi ». Et puis, la petite leçon à la fin du « sois toi-même, trop originale », ça aurait pu passer si on n’y avait pas foutu autant de guimauve.

Comprenez-moi, je pense qu’on peut parler aux adolescentes de choses qui les touchent. Mais on peut — et on doit — le faire intelligemment ! Prenez Lou, de Julien Neel. C’est fantasque, mais c’est simple, et ça parle. Et on grandit. Là, tout ce que je vois, c’est la diabolisation de la peste du collège, l’impression que les gamines ne savent plus s’habiller (c’est pas parce que ces demoiselles portent des shorts plus affriolants que mes culottes en dentelle qu’il faut banaliser ce genre de tenue). Ce que j’en retiens : débilisant et caricatural.

Pour info :
Jungle, collection Miss Jungle!, 53 pages, 10,60€