Ami du jour, bonjour !
Tu la sens cette fin de semaine qui arrive ? Est-ce que tu entends les oiseaux chanter, est-ce que tu sens la brise fraîche du matin, qui malheureusement ne s’attarde pas ? Est-ce que tu savoures ce moment où tu quittes le boulot pour rentrer chez toi, pour ne pas être accueilli par ton chat parce qu’il a la flemme de bouger ses papattes du canap’, poser tes pieds nus gonflés sur le carrelage frais et aller faire ta vaisselle avant d’embrayer sur la popote du soir (et du lendemain parfois) ? Doux Jesus, cette phrase était interminable !
Bref, si tu vois de quoi je veux parler (et même si ce n’est pas le cas) je te propose de t’accrocher à tes petits bonheurs, parce que ce soir, on rend visite à une population nettement moins bien lotie que toi et moi…

Sarakontkoi ?
Jun Sang a 8 ans, il vit en Corée du Nord. Il est né le même jour que Kim Jong-Il, son héros, le cher guide de sa patrie. Il fait partie d’une brigade de gamins dévoués corps et âme à ce « cher guide ». Dans son pays, en période de pénurie, la télévision explique que ce n’est pas bon de trop manger, qu’il faut réduire le nombre de repas à un par jour. Dans son pays, après l’école, c’est aux champs qu’il va travailler. Dans son pays, on hait ces chiens d’Américains et de Coréens du Sud. Comment remettre en cause la ferveur et l’amour d’un enfant pour son dirigeant lorsque la chance de fuir le pays se présente ? Jun Sang ne pensait pas qu’il vivait dans l’antichambre de l’enfer, et que ça n’était que le début.
Tenpenskoi ?
Bon, je vais être honnête : moi je n’y connais rien en géopolitique, je sais que la Corée du Nord est une dictature, qu’il n’y fait pas bon vivre, parce que les têtes tombent selon le bon vouloir du parti. Je sais aussi qu’une fois l’an, on rejoue le jeu de la Terreur, en nous faisant croire que Coréens du Nord et Américains vont nous faire sauter la tête. À part ça, je ne m’étais jamais vraiment attardée sur le sujet. Pas jusqu’à ce que — je te le donne en mille — Lemon June en parle sur sa chaîne Youtube (d’ailleurs, si tu veux voir sa vidéo, clique ici).
Je me souviens de l’état dans lequel l’avait mise sa lecture. Elle en était vraiment retournée. Moi, ça m’a touchée. Je veux dire qu’elle ne fait que mettre des mots et des images sur ce qu’on sait déjà plus ou moins. La Corée du Nord est une prison. Pas seulement parce qu’elle contrôle les mouvements de sa population (il faut une autorisation pour aller à la campagne… en Corée du Nord), mais aussi pour l’esprit ! La question qui me vient en tête, c’est combien de Coréens du Nord sont endoctrinés, persuadés que leur leader est un héros et que le reste du monde est pourri ? Et combien sont simplement terrifiés au point de rester dans les rangs et de ne rien dire ?
Le dessin, simple, enfantin, tantôt coloré, tantôt en noir et blanc, contraste avec le thème grave de la BD, qui rend abordable pour le premier venu (moins, en l’occurrence) ce sujet pourtant très douloureux à appréhender. Parce que oui, ça existe encore. Et oui, on se sent impuissant. On est loin de docus comme Nuit et Brouillard qui te crache à la gueule toute l’horreur du monde. Ici, l’horreur est de voir tout ce qui peut se passer à travers les yeux innocents mais, avouons-le, endoctrinés, d’un gamin. Un gamin qui aime son quotidien, chérit sa patrie, et pourrait même renier son père Sud-Coréen. Là, tu te dis : au moins, je sais.
Bref, si tu te sens concerné par la question Nord Coréenne, ou si tu veux juste lire quelque chose de différent et de vrai, je te propose L’Anniversaire de Kim Jong-Il, c’est un bon début.
Pour info :
éditions Delcourt, collection Mirages, 128 pages, 17,95€