Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Iron Widow, tome 1 (Xiran Jay Zhao)

Ami du jour, bonjour !

Allez, j’ai mis de la musique histoire de me lover dans une ambiance un peu sympa (mais écrire quand t’as envie de chanter, c’est pas contre-productif ?), je repars pour une série de billets. Celui-ci, il est sorti en janvier cet année, et je l’avais vu passer à l’office (les commandes qu’on fait pour la sortie des livres). Autant te dire qu’il me chatouillait méchamment la curiosité…

Sarakontkoi ?
L’empire d’Huaxia est menacé, derrière sa grande muraille, par des armures extra-terrestres qui attaquent sans relâche ses frontières. Pour se défendre, l’empire a créé des armures géantes alimentées par l’énergie vitale, le Xi, d’un homme et d’une femme. Mais bien souvent, la femme meurt, drainée de son énergie par son compagnon. C’est le cas de la sœur de Wu Zetian, et cette dernière compte bien s’engager à son tour, espérant être appairée avec le guerrier responsable de sa mort. Il se trouve que cette fois, ce n’est pas Wu Zetian qui succombe, mais son concubin. Elle devient donc une veuve de fer, dans ce monde où les femmes ne représentent qu’un dommage collatéral acceptable…

Tenpenskoi ?
Moi, on me dit « c’est un mélange entre Mulan et Pacific Rim », je fonce, je ne réfléchis pas ! Et si je n’ai pas trouvé dans ce roman exactement ce que je suis venue y chercher, j’ai tout de même été agréablement surprise. Dis-toi que malgré toutes les évolutions technologiques, l’empire d’Huaxia est encore coincé à une époque où les femmes n’ont aucun droit, sauf celui de mourir pour leur patrie, ou d’être vendues pour des mariages avantageux. Les violences, les jalousies, et la haine contre ces femmes dont le pouvoir dépasse celui de leur compagnon m’a percé le cœur. J’ai serré les dents plus d’une fois d’ailleurs…

Mais le roman, écrit par un.e auteurice non genré.e, est aussi une ouverture d’esprit qui nous pousse à questionner notre rapport à l’étranger, à nos propres sentiments et désirs. Zetian cherche une raison de continuer à vivre après avoir vengé sa sœur, consciente qu’elle a mis un coup de pied dans la fourmilière bien rangée de l’empire et de ses Stratèges. Elle questionne sa relation avec le pilote qu’on lui a attribué après qu’elle a tué le meurtrier de sa sœur. Il est le pilote le plus fort de l’empire, mais aussi le plus détesté, un monstre, parce qu’il est différent, qu’il fait peur. Mais surtout, j’ai été surprise par la fin, cette fin qui enjoint le lecteur à se poser les bonnes questions. Qu’est-ce qu’un ennemi ? Qu’est-ce que l’amour ? Que faire si j’ai le pouvoir de changer les choses ? Bref, un roman très bien écrit, qui traite de sujets peu communs, mais exigeant parce qu’il repose sur une culture qui n’était pas la mienne, et parce qu’il soulève des thèmes qui remettent en question nos relation à l’Autre. Une excellente lecture.

Pour info :
éditions La Martinière Jeunesse (traduction de l’anglais : Isabelle Troin), 464 pages, 20€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Esperanza 64 (Julien Centaure)

Ami du jour, bonjour !

Tu aimes la SF ? Les voyages dans l’espace ? Les scénarii-catastrophes ? Tu as aimé Planète Rouge, Interstellar, Mission to Mars, Passengers et j’en passe ? Eh bien cette lecture va te parler. Pour être honnête, ce n’est pas mon dada, le voyage dans l’espace… mais là, il a été chaudement recommandé par devinez qui… Lemon June of course. Donc bon, si c’est Lemon qui le dit…

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Sarakontkoi ?
En 2093, les humains ont épuisé les ressources de la Terre. Ils sont maintenant 10 milliards. C’est dans ce contexte que le projet Exodus voit le jour : la construction d’énormes vaisseaux emportant à leur bord 20 millions d’hommes et de femmes (tirés au sort), dans des caissons de cryoconservation, et 4000 membres d’équipage afin de dépeupler la planète. À ce jour, 63 vaisseaux Esperanza ont déjà été lancés. L’Esperanza 64 s’apprête à partir à son tour à la recherche d’une planète viable pour l’espèce humaine, avec à son bord Nil, Elisabeth, Mila et bien d’autres. Ils partent pour un très long voyage vers un espoir… ou vers leur mort ?

Tenpenskoi ?
Je dois avouer que j’avais un peu peur au début de mon écoute (il s’agit d’une exclu Audible), d’une part parce que ce n’est pas mon genre de lectures, mais aussi parce que c’est un livre « autopublié » dans le sens où Audible, si j’ai bien compris (et si vous avez des infos contraires, je prends), n’a fait qu’enregistrer la version audio… Deux raisons pour moi de m’en détourner. Et puis il y a eu Lemon June, qui a soulevé pas mal de sujets qui m’intéressaient lorsqu’elle en a parlé. Alors, munie de mon crédit Audible du mois de juin, je me suis dit « pourquoi pas ? »

Il y a tellement de choses à dire sur ce bouquin ! Le voyage dans l’espace à des distances que l’esprit humain aura du mal à appréhender pose plusieurs questions : est-ce qu’on n’envoie pas l’équipage et la « cargaison » humaine à la mort simplement pour que ceux qui restent sur Terre vivent ? N’est-il pas fou de penser qu’une planète présentera des caractéristiques suffisamment viables pour les humains ? Ou au contraire, pourquoi chaque étoile n’aurait-elle pas sa planète bleue ? Et surtout, les voyages durant plusieurs dizaines de milliers d’années, qui peut garantir que les vaisseaux, les équipements tiendront ? Combien de temps la Terre se souviendra-t-elle qu’on a lancé ces vaisseaux ? 100 ans ? La technologie terrestre, un jour, ne finira-t-elle pas par rattraper celle de ces vieux cargos ?

Mais à bord des Esperanza, on ne fait pas la même erreur que dans Le Papillon des étoiles (de Bernard Werber, pour ceux qui ne l’ont pas lu). L’équipage, une fois le Soleil dépassé, s’endort dans ses caissons de cryoconservation, et seuls 2  d’entre eux sont de garde pendant un an et demi, puis passent le relai à deux autres. Et tous les 5000 ans, tout l’équipage sort de son caisson afin de procéder à une remise en état de l’Esperanza 64. Tout est recyclé, calculé. L’équipage est seul dans l’espace infini et file en direction de l’étoile Epsilon Eridani pour y trouver un nouveau foyer. Je ne sais pas si Julien Centaure s’y connaît en la matière, s’il a eu de l’aide, ou s’il a tout inventé, mais le réalisme et le détail des calculs est impressionnant et donne au roman des airs de prophétie.

Et puis se posent les questions essentielles : comment reconstruire une société si on trouve une nouvelle planète ? Garder les mêmes modèles ? Rester sur ce que l’on sait faire ? S’adapter à la nouvelle planète ou l’adapter à nous ? Ces sujets me touchent beaucoup, particulièrement en ce moment. J’ai l’impression que l’humain ne décollera pas de son petit système de pensée, qu’il ne veut pas voir les choses autrement. Pas comme lui étant le centre de toute chose, mais comme lui appartenant à un monde plus grand, faisant simplement partie d’un écosystème. On n’est pas plus intelligent parce qu’on construit de gros vaisseaux ou parce qu’on peut en appuyant sur un bouton détruire une planète entière. On est intelligent lorsqu’on vit avec ce que l’on a, ni plus, ni moins, et que l’on comprend l’équilibre dans lequel on vit. Et si t’as pas compris ça, regarde Le Roi Lion.

Alors oui, il y a quelques petits défauts dans les dialogues, qui manquent parfois de naturel (attention au mélange des registres, notamment lorsqu’on met du soutenu et du familier dans la même phrase). Et puis, si le lecteur lit effectivement bien, j’ai trouvé son interprétation un peu monocorde. En même temps, je sors de Good Omens, et les lecteurs anglais font tellement vivre le truc que c’est un peu difficile de repasser au français ensuite… Donc je le conseille vivement. Je me ferai sans doute le T2 par la suite, mais là, je me plonge dans Anna Karenine.

Pardon pour la longueur inhabituelle de ce billet, le livre est dense…

Pour info :
Audible, 15h65min, 1 crédit ou 27€