Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Cinq petits cochons (Agatha Christie)

Amis du jour, bonjour !

Peut-être que vous le savez, peut-être pas, mais j’adore Agatha Christie. Depuis que ma maman m’a fait découvrir Dix petits nègres (pardon : Ils étaient dix), mon amour pour elle n’a cessé de croître. La preuve, elle a donné son nom à l’énorme loukoum bavard qui me sert de chat (que j’aime à la folie). J’ai lu ses romans les plus connus, et quelques autres au gré de mes trouvailles en boîte à lire, et j’avoue que j’ai éprouvé un regain d’intérêt en écoutant les retours d’Alexis sur sa chaîne YouTube Linksoff. Cinq petits cochons est un roman qu’il a adoré, je me suis donc lancée…

Sarakontkoi ?
Le célèbre Hercule Poirot est sollicité par une jeune femme sur le point de se marier. Incapable de construire son avenir sans démêler son passé, elle souhaite résoudre l’énigme que sa mère lui a laissée avant de mourir ; dans une dernière missive, elle confie en effet à sa fille, après 16 ans de prison, qu’elle n’est pas coupable du meurtre de son père. Il est temps pour Hercule Poirot de déterrer des secrets enfouis.

Tenpenskoi ?
L’originalité de ce roman tient dans sa narration puisque la journée durant laquelle le meurtre a été commis vous est racontée pas moins de quatorze fois ! Par les avocats des deux partis et deux agents de police, pour commencer, mais aussi par les cinq personnes présentes sur les lieux, une fois en personne directement à Hercule Poirot, puis une fois par écrit. J’imagine d’ici vos yeux exorbités : quatorze fois la même histoire ? Oui oui cher lecteur, et laisse-moi te dire une chose : pas une seule fois je n’ai trouvé ça long. Les points de vue ne sont pas les mêmes, pour commencer, mais les récits deviennent de plus en plus personnels, et sont donc de plus en plus biaisés. Ce sont ces biais que déchiffre Poirot, avec le génie que nous lui connaissons.

L’histoire de cette jeune femme, la manière dont elle a construit sa vie, et dont elle entrevoit son avenir m’ont beaucoup émue. C’est une histoire d’héritage, de jalousie, d’amour, d’ambition. Et comme Poirot, on est tantôt fascinés, tantôt sceptiques face aux incohérences qu’a dessinées le temps, et si je n’ai pas résolu l’enquête moi-même, je me suis délectée du travail des petites cellules grise du plus belge des détectives. Agatha Christie fait mouche, encore une fois, même si son génie n’est plus à démontrer…

Pour info :
éditions Le Livre de poche, trad. de Jean-Michel Alamagny, 256 pages, 5.60€

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Dix (Marine Carteron)

Ami du jour, bonjour !

Premier billet de l’année, et ça commence bien puisque c’est un livre que je viens de terminer. Si tu me suis sur Instagram, tu sais déjà plus ou moins ce que j’en ai pensé. Sinon… bienvenue dans mes bonnes résolutions !

Sarakontkoi ?
Sept adolescents, venant d’un même lycée, sont invités, encadrés par une prof de français, une ancienne infirmière et un ex-flic, à participer à un escape game littéraire sur une île perdue au large de la Bretagne. Isolés, sans aucun moyen de joindre la côte, ils meurent les uns après les autres, après avoir entendu d’étranges messages… quel sombre secret les lie ?

Tenpenskoi ?
Attention, quand on s’attaque à un pilier — que dis-je ? –, une queen du polar telle que Madame Christie, il faut faire les choses bien ! Le postulat de base a tout pourtant pour insuffler un air de modernité au récit d’Agatha, Ils étaient dix : une télé-réalité, quoi de mieux pour isoler des esprits tourmentés et les faire payer ? Je pars donc dans ma lecture confiante, bien que consciente que personne n’égalera jamais mon autrice de polars favorite. Et je mets de l’eau dans mon vin.

J’ai pris du plaisir à ma lecture, c’est déjà un premier excellent point. Sur les deux derniers tiers du roman, les personnages tombent comme des mouches, et j’avoue que chaque fois que quelqu’un entre dans une pièce, tu t’attends à ce qu’elle se referme et que le personnage meure dans d’affreuses souffrances. C’est généralement ce qui arrive. On ajoute même deux ou trois accès de folie, et on a le parfait cocktail flippant, avec, viscères sur le gâteau, pas mal de descriptions bien frontales et sadiques de morts méritées. En termes de catharsis, on est bien.

Mais il y a un mais. Deux choses m’ont dérangée. D’abord, un certain manque de subtilité. On sait de suite, dès notre rencontre avec ces personnages, qu’ils sont coupables, et mal à l’aise dès le voyage en train. On nous le répète tout le long du roman, les points de vue internes s’enchaînant rapidement, les discours coupables cherchant pourtant l’apaisement sont martelés, et franchement, on a bien compris que tous sont bien pourris. Le second point qui m’a gênée, c’est le final. Là où Agatha punit également son meurtrier (qui se déclare d’ailleurs lui-même coupable et s’inclut dans sa propre sentence), notre marionnettiste ici est extérieur à l’affaire, et a tout orchestré grâce à la magie d’un bon compte en banque et d’une imagination fertile. C’est presque trop facile, et un peu torché en trois pages. D’autant plus que je me suis sentie légèrement trahie. Là où dans le roman d’Agatha Christie, le meurtrier est suffisamment subtil pour ne pas jouer les étonnés, ici, il a l’air tout aussi ignorant que les autres (rappelons-le, le point de vue est interne, donc on est dans la tête des personnages !). Quelques fausses notes donc, qui ne m’auront pas empêchée de passer un bon moment…

Pour info :
éditions du Rouergue, collection DOADO noir, 303 pages, 15.30€