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Sors ta science #17

Ami du jour, bonjour !

Ce week-end (et une bonne partie de la semaine d’ailleurs), j’étais avec mon cher et tendre à la campagne, pour aider mes parents à refaire toute la cuisine de notre maison de famille. Bon, refaire la cuisine, c’est un euphémisme. Faire la cuisine. Passer les alim’ d’eau, l’électricité, les évacuations, faire le placo, refaire le sol, monter et poser les meubles. Bref, toussa toussa. Pourquoi je te raconte tout ça ? Parce que ma maman avait acheté des couverts en bois et de la vaisselle jetable en plastique (bah ouais, pas de cuisine, c’est pique-nique) dans l’espoir de pouvoir recycler. Mais, le saviez-tu, tout ne se recycle pas. « Mais y’a le petit logo ! » a dit ma maman. « Chez nous, c’est trop bien, tout se recycle » a ajouté ma cousine. Que nenni, jeune padawan. Il existe multitude de symboles qui, bien qu’ayant trait au tri ou la vigilance du consommateur sur le traitement des déchets, ne signifie pas que tout se recycle.

Alors, tu viens ? Je vais t’expliquer 2-3 trucs.

point vertLe premier symbole, le point vert. Le truc le moins bien compris de tous les temps. Toi, en tant que consommateur, quand tu vois ça, tu te dis que l’emballage se recycle. C’est vert, c’est des flèches qui tournent. Et c’est FAUX. Ce logo signifie simplement que la firme qui a produit cet emballage a payé une redevance à Eco Emballage. De l’argent contre une bonne conscience. Enfin, c’est mon avis. Mais il n’est ni issu de produits recyclés, ni recyclable pour autant.
Je suis un peu excessive, parce qu’Eco Emballage travaille à la communication autour du recyclage, finance des projets visant à augmenter la quantité d’emballage recyclés auprès des acteurs publics et privés, etc. Je te laisse jeter un œil sur le site si tu es intéressé.

moebiusEnsuite, parlons du ruban de Möbius. Là encore, c’est joli, c’est vert (mais pas toujours), ce sont de petites flèches qui forment un triangle. Mais ça ne veut toujours pas dire que ta commune l’acceptera dans la poubelle jaune. Le produit est recyclable techniquement, mais pas nécessairement traité dans ton centre de traitement. C’est assez peu spécifique en fait, et en tant que consommateur, ça te donne assez peu d’infos.

moebius+
Si le ruban est noir et affiche un pourcentage, la signification est légèrement différente. Le pourcentage indique la quantité de matière recyclée présente dans l’emballage.

PETVoilà le symbole que tu dois chercher sur les emballages en plastique ! Il indique la composition de l’emballage. À l’intérieur (ou à côté, selon la taille du logo) figure un chiffre compris entre 1 et 7 qui identifie le matériau. En dessous, tu trouveras la nomenclature du plastique en question. Je vais juste t’indiquer les plastiques recyclables, les autres, tu les trouveras ici.
1 PET (Polyéthylène Téréphtalate) : utilisé dans les bouteilles d’eau, de vinaigre et d’huile, etc., de certaines barquettes et j’en passe. Ca, dans la poubelle jaune.
2 PE HD (Polyéthylène Haute Densité) : utilisé dans les bidons de lessive et de produits ménagers, les bouteilles de shampooing, les plastiques assez rigides. Idem, poubelle jaune.
5 PP (Polypropylène) : utilisé dans la vaisselle en plastique, les gourdes, les emballages de beurre, etc. Là, c’est plus compliqué, attention, ça dépendra de ta commune. À Paris, par exemple, tu peux le recycler. Bonne nouvelle les Clermontois, Clermont Auvergne Métropole recycle une partie du PP, mais pas tout, notamment les assiettes en plastique (jette un œil sur leur site si tu as un doute). Si t’es pas de Clermont, Google est ton ami… ah non, Ecosia, restons verts. Ou ta communauté de commune. Ou ta commune.

Pour le reste, c’est un peu moins compliqué.

verre recyclable
Là, il s’agit de verre, et le verre est plus facile à trier, parce qu’on le trie depuis plus longtemps, déjà, et parce qu’il y a moins de sortes de verres. En Allemagne, on trie encore les verres colorés et les verres blancs. Pas en France. Je te laisse jeter un coup d’œil ici, c’est assez intéressant et ça peut répondre à quelques questions. En gros, tout le verre ne se recycle pas. Ton saladier en verre, ta tasse en verre, tes assiettes ou ton plat Pyrex ne se recyclent pas. Tout le reste, hop, pas dans les déchets ménagers, mais dans le bac à verre de ta commune ! Mieux sans couvercle ni bouchon, mais le tri sera fait de toute façon.  Cherche le petit logo 🙂

L’acier et l’aluminum se recyclent également. Tu trouveras ces logos sur les emballages. Donc là encore, c’est poubelle jaune !

Tu vas trouver un million d’autres logos, qui vont te paumer, parce qu’ils veulent dire tout et son contraire. En voici quelques exemples, certains sont importants, d’autres franchement, à part donner bonne conscience au producteur, on pourrait s’en passer.

tidymantriman

Tidyman et Triman t’indiquent juste qu’il faut jeter dans une poubelle et pas par terre, et que si c’est possible, tu dois trier.

poubelledechetterie

Ici, on t’indique de ne pas jeter dans la poubelle pour le premier picto, et de déposer en déchetterie pour le second.

Je t’épargne les forêts gérées durablement, et autres Bio, petites feuilles vertes, etc. Sache qu’un emballage est rarement bon. On fait au mieux, mais le tri, la valorisation des déchets, reste un souci majeur. Ceci dit, des projets voient le jour, des initiatives qui repoussent les limites du recyclage.

Le mot de la fin : les sacs plastique jetables ne se recyclent pas. Quant aux sacs en fécule de maïs qu’on voit fleurir un peu partout parce qu’ils sont « biodégradables », leur production nécessite une quantité incroyable d’eau. Alors demande à ta maman / mamie / copine de te faire des sac en tissu pour aller faire tes courses. Ou bien fais-le toi-même, ça marche aussi, si tu sais coudre 🙂 (Petite info, je sais coudre, alors si tu en veux, demande-moi).

Et pour finir, un petit exercice pratique : où vont ces emballages ?
N’oublie pas, le site Consignes de tri est ton ami !

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Sur ce, sincères poutous, prends soin de toi, et jette un œil à tes emballages 🙂

 

 

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Sors ta science #16

Ami du jour, bonjour !

Nan, la rubrique Sors ta science n’est pas morte non plus, juste un peu fatiguée… eh, c’est pas évident de te trouver des trucs sympas à te mettre sous la dent, toi lecteur assidu du blog, toi pointu des mots, des expressions ou simple curieux !

Bah là, la machine se remet en route, et je m’en vais te causer d’espace. Pas de mètre carré, mais de ciel, d’étoile, d’exploration. Aujourd’hui, je te cause voyage dans l’espace.

Bientôt va tomber un billet sur une petite BD prêtée par ma collègue et grande copine Laure (le teaser de ouf), et c’est dans cette BD que je suis tombée sur cette petite merveille.

Alors question :
– quel est le métier de Neil Armstrong ?
– quel est le métier de Thomas Pesquet ?
– quel est le métier de Sergueï Prokopiev ?
– quel est le métier de Liu Yang ?

Allez, tu as le droit de tricher. Et si tu as la curiosité de chercher sur Internet, tu verras que tous ces gens font le même métier : aller dans l’espace et faire des trucs scientifiques dans une station spatiale, en gros.

Mais sais-tu que, même s’ils font le même métier, ce métier n’a pas le même nom partout ?

En effet :
– Neil Armstrong est astronaute = américain
– Thomas Pesquet est spationaute = européen
Sergueï Prokopiev est cosmonaute = russe
Liu Yang est taikonaute = chinoise

Voilà, à présent, tu peux grave te faire mousser dans les discussions trop sérieuses entre collègues 🙂

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Sors ta science #15

Ami du jour, bonjour !

Me voici me voilà, de retour du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil. Mon week-end fut mouvementé : non content d’avoir dépensé une certaine somme en bouquins, la fourrière a embarqué notre voiture. Obligés de poser un jour (lundi) parce que la fourrière est fermée le week-end et que j’ai 4 heures de route pour rentrer. Bref, on a récupéré la voiture, non sans avoir été délestés de 130 balles, et on attend l’amende. En attendant, je suis bien contente de retrouver mon poste et mes collègues (et c’est déjà pas mal).

Aujourd’hui, on va causer d’une expression que je n’avais jamais vraiment comprise avant de tomber sur le compte Instagram Sors de ta caverne. Johara m’a gentiment donné l’autorisation de reprendre son post, parce que, franchement… voilà. En gros, j’ai envie de lui piquer toutes ses publications (si tu vas sur son compte, tu comprendras pourquoi). Je t’ai donné l’adresse, mais interdiction de me laisser tomber hein !

Bref, aujourd’hui, on va savoir pourquoi on voit midi à notre porte.

Tu la connais la copine/sœur/maman/tata/boss (raye la mention inutile) qui n’est pas trop d’accord avec ton propos et te sort d’un air pincé : « chacun voit midi à sa porte ». Tu vois que de son côté, c’est pas vraiment top top. Mais c’est quoi cette foutue histoire de porte et de midi ?

Tu le sais, ni Charlemagne ni Louis XIV n’avaient de Swatch au poignet. Pas possible, l’heure se mesurait à l’époque avec un cadran solaire, placé en général devant la porte des habitations. Sauf que c’est pas l’instrument le plus précis du monde, et qu’entre mon midi et celui de mon voisin, bah c’est pas exactement la même chose. Tu vois midi à ta porte, ça veut dire que c’est ta façon de voir les choses, ton point de vue. (J’entends d’ici le « aaaaaaaaah »).

J’en ai entendus qui disaient : chacun voit 13h à sa porte. Ca marche avec toutes les heures cela dit. Sauf peut-être la nuit… bref, le voile est levé, je peux enfin, moi aussi, prendre cet air contrit, pincer mes lèvres et murmurer dans une hypocrite envie d’éviter le conflit : « oui, enfin, chacun voit midi à sa porte ».

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« Belle maman, vous… tu… »

Ami du jour, bonjour !

Vendredi, j’ai eu la bonne surprise de recevoir via Facebook une idée d’article, parce que là, je sèche. Non, je ne suis pas une machine. Te parler d’un bouquin, c’est évident, mais pour ce qui est des autres articles, ça vient selon l’inspiration. Alors j’aime bien recevoir ce genre de petit mot. Là, c’est ma collègue Fred qui m’a envoyé le podcast à l’origine de ce billet. Sankyou bôcou.

Aujourd’hui, tu l’auras compris, on va causer tutoiement / vouvoiement. Et pour commencer, je vais arrêter tout de suite le débat qui n’existe que dans ma caboche : on peut dire vouvoiement ET voussoiement. Les deux ont une origine assez ancienne, voussoiement était le plus logique (bah ouais, on écrit vous, pas vouv), mais vouvoiement étant le plus euphonique (celui qui sonne le mieux).

Ca, c’est fait. Maintenant, pourquoi on voussoie (ouais, j’ai envie de dire voussoyer) ? Non parce qu’on n’est qu’un dans notre tête, même si ce n’est pas évident pour tout le monde. On considère que le voussoiement viendrait de l’Empire Romain, environ 300 après ce bon vieux J.C. Diocletien était alors au pouvoir, et a divisé l’Empire en deux : l’Empire d’Orient, et l’Empire d’Occident. À la tête de chaque morceau, il y avait un Auguste (titre honorifique d’empereur en quelques sortes) et un Cesar pour l’assister. Ainsi, lorsqu’un zozo prenait la parole, il parlait pour tout le monde, et se désignait donc par le pronom nous. On lui répondait en lui disant vous. Là, tu te dis : « oui, mais Louis XIV il faisait pareil, et il était tout seul ! » Certes, mais notre cher Louis avait une fascination pour la Rome antique, en témoigne l’esthétique des statues et les représentations artistiques. Bref.

C’est donc une des explications probables du voussoiement. Toujours est-il que sous la dynastie carolingienne, le voussoiement devient systématique, comme dans presque toutes les langues européennes (certaines résistent encore et toujours à l’envahisseur).

Après la Révolution, les conventions de l’ancien Régime sont complètement désavouées et rejetées. On efface la hiérarchie, le tutoiement est obligatoire, sous peine de finir guillotiné. La distance entre les « castes » sociales n’existe plus.

Napoléon restaure le voussoiement, envers la noblesse d’abord, puis la bourgeoisie. Et le voussoiement cède à nouveau la place en mai 1968, alors qu’à nouveau, on cherche à gommer les frontières sociales.

Tu l’auras compris, le voussoiement est vu comme une marque de respect, mais surtout comme une marque hiérarchique. Ainsi est-il d’usage, lorsque l’on rencontre quelqu’un, de le voussoyer. Personnellement, je trouve ça extrêmement hypocrite. Si je dis : « je vous emmerde », je ne suis pas plus respectueuse que lorsque je tutoie mon interlocuteur. Pour moi, l’intention mise derrière le voussoiement ou le tutoiement est bien plus importante que la forme de discours.

Le « tu » que je te donne est une marque de connivence, de complicité. Tu partages peut-être les mêmes centres d’intérêt que moi, tu lis ou pas les mêmes livres, tu es d’accord ou pas avec ce que je raconte. Mais surtout, je refuse toute hiérarchie. Ce que je veux, c’est un partage. « Mais, nous sommes plusieurs », me diras-tu, « c’est un voussoiement de pluralité ». Mais je m’adresse à toi. Toi qui a ta compréhension de cet article, et de tous les autres. Je fais appel à l’individu derrière la masse, derrière l’écran. Un intervenant dans une émission disait en gros « voussoyer, c’est reconnaître la pluralité de chacun, et mettre une distance qui représente la civilisation ». Moi je réponds : « tutoyer, c’est reconnaître que nous sommes uniques et que nous avons tous notre degré de compréhension et d’implication ». Si tu me demandes de te vouvoyer, c’est toi qui mets de la distance, et non du respect, entre toi et moi 🙂

Aussi demande-je toujours aux personnes dont je me sens proche immédiatement de me tutoyer.

À ce sujet, je te propose un article fort sympathique, si tu as deux minutes :
http://www.seizeheurestreize.com/commentaire-politique/vouvoyer-nest-pas-une-marque-de-respect-de-lindividu/

Et le lien vers le podcast France Culture :
https://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=7cc1d710-5a23-4ca2-88d7-6924e6094976&fbclid=IwAR0w5nimmRGkfGbcznNMMnXvNXMYRY2vfnlOXXI_MHuTYJGJgzNi8CRSOkY

Désolée, ce billet était un peu long. Merci d’être arrivé jusqu’ici !

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Sors ta science #14

Ami du jour, bonjour !

Hier, j’étais à mon cours de langue des signes, et, comme une enfant de 5 ans, j’apprenais à compter. Fière de moi, j’exerçais ma gymnastique manuelle sur les chiffres et nombres simples. Jusqu’à ce qu’on en arrive à soixante-dix (bon, cinquante, c’était déjà pas très logique)…

« C’est compliqué », ai-je signé à mon professeur. Elle m’a regardée ébahie et m’a signé « parce que c’est pas compliqué quand vous parlez ? » Et j’ai réfléchi.

C’est vrai que c’est con, soixante-dix. Et que dire de quatre-vingt ? Et quatre-vingt-dix ? C’est tellement plus simple et logique en Suisse : septante, huitante, nonante.

Alors pourquoi est-ce qu’on se casse la tête ? Il faut savoir qu’au Moyen-Âge, on comptait par vingtaine. Dix, vingt, vingt-dix (30), deux vingt (40), deux vingt-dix (50), trois vingt (60), trois vingt-dix (70), quatre vingt (80), quatre vingt dix (90). Merci nos amis et ancêtres, les Celtes (eux, par contre, on ne sait pas pourquoi ils comptaient comme ça). Ca s’appelle le système vigésimal (ou vicésimal) => par vingt. Et tu sais pourquoi 20 est une base ? Parce qu’un être humain de constitution dite « normale » a 10 doigts et 10 orteils. Soit 20 en tout.

Puis, à l’époque des premiers dicos et encyclopédies (c’est à dire au XVIIe), on adopte le vocabulaire que l’on connait aujourd’hui. Mais selon certains historiens, soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt-dix auraient été conservés car ils facilitent le calcul mental. Bah oui, 70=60+10.

Donc voilà, le pourquoi n’est pas vraiment révélé, mais au moins, tu sais qu’on a un reste de culture celte…

En complément, je te mets un podcast France Info :

https://embed.radiofrance.fr/franceinfo/player/aod/52fa485e-a682-456d-8867-6018eb9596a3

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Sors ta science #13

Ami du jour, bonjour !

Meuh nan, Derrière mes binocles ne se transforme pas en blog médical, je te rassure, même si mes derniers billets concernaient beaucoup la FIV. Mais que veux-tu, j’ai besoin de partager ça, et d’en parler. Ceci dit, mes chers amis savent me rappeler à mes premières amours. Ainsi Fanny a-t-elle pensé à moi en lisant un article sur l’expression sens dessus-dessous.

La, tu te dis : ouah la boulette ! Et je te réponds : nan nan !

Certes, tu te dis que sans dessous-dessous ferait sens. Parce que, a priori, s’il n’y a ni dessus, ni dessous, bah c’est le bordel. Moi — et ces messieurs-dames de l’Académie française — on te dit qu’à l’origine, l’expression était ce en dessus, dessous ; sous-entendu ce qui est en dessus se retrouve en dessous. Les mots ce et en ont, comme c’est bien souvent le cas, été victime de l’oralité, et ont fusionné en cen.

Pour la faire courte, à l’époque, le mot pour dire chemin était sen (comme dans sentier, tu vois). Tu la vois la confusion entre cen et sen ? Ca sonne pareil quoi. Sauf que sen a disparu de la langue courante. On a donc choisi le mot qui s’en rapprochait le plus : sens. Rien n’est plus dans le bon sens, donc, sens dessus-dessous. CQFD.

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Sors ta science #12

Ami du jour, bonjour !

Point de mot du jour, ni de point lecture pour aujourd’hui. Ma collègue Fred revient de vacances, et là, entre deux chargements de pneus, elle me raconte ses soirées, ses voyages. Et v’là t’y pas qu’elle me cause d’un débat auquel elle a assisté lors d’une soirée entre amis. Le sujet : l’écriture inclusive.

Mais keskecé ?

Pour commencer, sache que je n’ai pas l’intention de te faire un cours magistral, je suis loin d’être une experte en la matière. Mais ça existe, et c’est important de le savoir, d’en parler.

Dans 1984, George Orwell avait très bien compris que le langage était la clef du pouvoir. Oui, tu peux être riche, intelligent, beau. Mais rien — et je dis bien rien — ne remplacera un bon talent d’orateur (cf. le swag de Tyrion Lanister, toi-même tu sais). Parce que les mots ont un pouvoir. Et le pouvoir, l’homme — que dis-je, l’immortel académicien — s’en est emparé il y a bien longtemps, notamment au XVIIe siècle en particulier, en masculinisant bon nombre de mots (des professions surtout). Là-dessus, j’arrête l’historique, j’aurais peur de m’avancer et de dire une bêtise. Mais si le sujet t’intéresse, tu peux lire Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin d’Éliane Viennot.

Bref, tout ça pour te dire qu’aujourd’hui, on essaie de rebattre les cartes, et de redonner à la femme une place dans la société. Là encore, je ne m’étends pas sur le féminisme et ses combats, je te laisse maître de tes opinions. Toujours est-il que l’écriture inclusive fait partie des armes que l’ont sort au nom de l’équité entre hommes et femmes. Et je m’en vais t’expliquer de quoi il s’agit.

Selon le site www.ecriture-inclusive.fr, il s’agit de « l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes. » En gros, donner une place au féminin dans le mot et la phrase, même lorsque celui-ci se mêle au masculin. On te propose quelques solutions :

  1. Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres
    Exemples : « présidente », « directrice », »chroniqueuse », « professeure », « intervenante », etc.
  2. User du féminin et du masculin, par la double flexion, l’épicène ou le point milieu
    Exemples : « elles et ils font », « les membres », « les candidat·e·s à la Présidence de la République », etc.
  3. Ne plus mettre de majuscule de prestige à « Homme »
    Exemple : « droits humains » ou « droits de la personne humaine » plutôt que « droits de l’Homme »

Et pour la petite histoire, sache que les Allemands, comme d’hab, sont super en avance sur nous, parce que, eux, ils ont déjà intégré l’écriture inclusive, et sans bouder, oui Monsieur-dame ! Non contents de féminiser toutes les professions en ajoutant le suffixe -in, ils proposent également un pluriel mixte en insérant un -i- majuscule avant la marque du pluriel. Ainsi :

der Lehrer : le professeur
die Lehrerin : la professeure
die Lehrer : les professeurs (masculin)
die Lehrerinnen : les professeurs (féminin)
die LehrerInnen : les professeur.e.s

Comme dirait l’autre, ça ne mange pas de pain, et on sait de quoi on cause. À bon entendeur/-se, cher.e.s lecteurices…

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Sors ta science #11

Ami du jour, bonjour !

Nous ne sommes pas vendredi, et pourtant, je m’apprête à exploiter sans vergogne les travaux d’un autre. Attention, je ne m’attribue pas le mérite, mais comme l’info a fait tilt, j’ai vraiment eu envie de la partager avec toi.

Aujourd’hui, nous allons causer, toi et moi, d’une expression française : toucher le Pactole.

Alors déjà, tu te dis : « mais c’est quoi cette majuscule à Pactole ? » Relax, je vais t’expliquer. Tu es peut-être comme moi, tu te dis sûrement que Pactole est un mot issue de l’argot qui désigne un paquet… sous-entendu un paquet de fric. Toucher le Pactole = toucher un paquet de billets.

Bah nan, comme moi, tu n’es pas infaillible (et pourtant tu essaies) et tu te plantes. C’est en écoutant la vidéo de Manon, de la chaîne Youtube C’est une autre histoire, que j’ai appris mon erreur. Manon, elle est géniale, elle te cause d’Histoire et d’art, et c’est même pas chiant ! Pire, tu en redemandes ! (la rédation n’est en aucun cas rémunérée pour l’éloge qu’elle peut faire des Youtubeurs qu’elle admire, ndlr).

Revenons à notre Pactole. Tu connais le roi Midas ? Non, pas les garagistes, le gars qui a souhaité que tout ce qu’il touche se transforme en or (si tu as vu Aladdin et le Roi des voleurs, tu vois la référence à la main de Midas). Midas, c’est un roi de l’Antiquité grecque qui a rendu service à Dionysos (oui, celui qui boit du vin). Pour le remercier, le dieu lui a promis d’exaucer un vœu. Midas, dans sa c(st)upidité, a souhaité que tout ce qu’il touche se transforme en or. Eh eh, bonne idée à première vue. Et là, tu commences à réfléchir, et tu te dis qu’en fait, c’est peut-être pas si cool comme idée. Déjà, comment tu manges ? Midas a pensé comme toi. Alors il a demandé à Dionysos de lui retirer ce don. Dionysos l’a donc envoyé se laver les mains dans le fleuve, je te le donne en mille… Pactole ! Le sable qui composait le lit du fleuve s’est changé en or, Midas a été débarrassé de sa malédiction et TADAM on a hérité d’une superbe expression française, dont tu connais maintenant la signification.

Je te laisse la vidéo (je cale le départ en milieu de vidéo pour les besoins du blog, mais si tu veux écouter la vidéo entière, clique ici).

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Sors ta science #10

Ami du jour, bonjour !

Le billet est matinal, mes mains ne sont pas encore gonflées par la chaleur qui s’apprête à nous tomber dessus (mais tout va bien parce que Chéri, adorable, merveilleux qu’il est est passé chez L’Occitane pour me prendre un gel rafraîchissant à la Verveine que nous avait conseillé notre amie Laura… bref, toute une histoire).

Tout ça pour dire qu’on fait ça à la fraîche ce matin, ce qui vous laissera tout le loisir de déguster ce petit billet dans la journée.

Hier, nous étions en terrasse d’un bar d’avocats (enfin, une sorte de QG quoi) avec un couple de très bons amis : une avocate et un réalisateur (ouais, je me la pète, ouais !) Lambert nous parlait de projets à lui, et évoque un film d’une quarantaine de minutes. Dans ma naïveté, je lui réponds : « un moyen métrage quoi ». Quelle ne fut pas mon erreur !

Et pour comprendre la vive réaction qu’il a eue, il a dû m’expliquer d’où le court métrage (ou court-métrage) tirait son nom. Oui, parce que tu ne t’es peut-être jamais posé la question, mais court-métrage, c’est quand même très bizarre comme nom de film. Je veux dire, on ne parle pas de saut en longueur tout de même !

Eh bah… pas loin ! Court-métrage fait en fait référence à la longueur de bobine utilisée pour tourner le film. Cette longueur a été définie en 1964, et c’est encore celle que retient le CNC (Centre Nationale de la Cinématographie) aujourd’hui. Moi je n’y connais rien, mais Wikipedia me parle de 1600m en format 35 mm (pour ceux à qui ça parle), soit une durée de 59 minutes.

Bon, tu penses bien que chacun y met son grain de sel. Du coup, Gilbert Cohen-Séhat, dans son Essai sur les principes d’une philosophie du cinéma : Notions fondamentales et vocabulaire de filmologie, nous dit :

Quel que soit le contenu d’un film — ou sa nature — on appelle « courts métrages » les films dont la longueur est inférieure à 900 m (moins de 33 minutes, moins de 3 bobines, en 35 mm), et « longs métrages » les films dépassant 2 400 m (plus de 1 heure 28 minutes, plus de 8 bobines)

Du coup, entre les deux, on pourrait parler de moyen-métrage. Sauf si on est puristes. Comme Lambert. Et c’est cool aussi d’être puriste. Merci Lambert, merci Salomé, pour cet agréable moment passé en votre compagnie !

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Sors ta science #9

Amis du jour, bonjour !

Aujourd’hui, puisque c’est la grande mode en ce moment (attention, ceci n’est pas un jugement), nous allons parler transgenres. Oubliez Conchita Wurst, je ne vous parlerai ni femme à barbe, ni identité sexuelle, mais bien de mots qui passent du masculin au féminin dès qu’il se tapent un s.

Albert Camus a dit : « Pour l’homme mûr, seules les amours heureuses peuvent prolonger sa jeunesse. Les autres le jettent d’un coup dans la vieillesse. » MAIS Louis Aragon a dit : « Il n’y a pas d’amour heureux ». Whaaat ? Alors, un de ces deux grands hommes se serait planté ? Que nenni chers lecteurs dévorés de curiosité !

Mais alors, keskispasse ? Simplement que certains mots sont masculins au singulier et féminins au pluriel. C’est le cas de « amour », « orgue » et « délice ».

Ainsi :

  • un amour heureux mais des amours heureuses ;
  • un orgue mélodieux mais des orgues mélodieuses ;
  • un curieux délice mais de curieuses délices.

L’heure est à la liberté, alors libérons-nous des genres… du moins dans la limite de ces trois exceptions 😉

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