Publié dans Bouquinade, Utopie / Dystopie

Noblesse oblige (Maïwenn Alix)

Amis du jour, bonjour !

Il y a quelques temps, la fabuleuse Carole (qui nous dorlote, nous, libraires de Paris et de Province) m’a envoyé un texte prometteur et m’a demandé si j’étais d’accord pour lui faire un retour. Vous me connaissez, je ne dis jamais non quand on me demande de donner mon avis (la grosse relou).

Sarakontkoi ?
Imagine, la Révolution française a échoué, la monarchie, la noblesse et les privilèges sont restés établis. Dans un contexte très moderne, la France va, une saison encore, voir les fils de noble famille choisir leurs épouses devant les caméras de la télé-réalité Noblesse Oblige. Gabrielle Lacroix, dame de compagnie d’une riche famille, à qui la noblesse française a tout pris, décide d’accepter d’intégrer l’émission afin de donner aux révolutionnaires de quoi faire tomber la monarchie…

Tenpenskoi ?
Je vais être franche, sur les premiers chapitres, je me suis retrouvée dans La Sélection, de Kiera Cass , mais à la française, à la seule différence que si les USA étaient retournée à la monarchie, la France, elle, ne l’avait jamais quittée. Sur cette première partie, j’ai eu du mal à me dire que si le pays avait conservé ce régime politique fait de fausse bigoterie et de privilèges, jamais elle n’aurait pu évoluer technologiquement et ressembler autant à ce que nous connaissons aujourd’hui. Et cette pensée m’a accompagnée tout le long des premiers chapitres. À peine avais-je fait taire cette petite voix que le roman commençait à basculer vers une sorte de romance un peu étrange, pas vraiment affirmée. Enfin, alors que je me demandais on se dirigeait le texte, il a carrément pris un virage à 180°, pour me gifler d’une aller-retour bien senti.

On garde les frous-frous, les cancans et les faux-semblants propres à ce Bachelor archaïque, mais on y rajoute un brin de violence. Et quand je dis violence, je dis violence. Ça surprend quand on n’est pas averti (croyez-moi, j’ai fait partie des victimes). Le propos n’est pas beaucoup plus étoffé, mais on plonge plus dans une ambiance de thriller que dans la romance. Sur la dernière partie du roman, j’avoue, je me suis un peu bouffé les petites peaux autour des ongles (ma façon à moi de te dire que j’étais pas sereine). Et tu serres les fesse pour les personnages secondaires… à raison. Toutes les têtes peuvent tomber, et vu le ton du roman, la victoire de Gabrielle n’est absolument pas garantie.

On en pense quoi du coup ? Du très bon : le suspens, la construction de l’antagoniste, et la fin, quand même ouais, la fin. Mais aussi du moins bon : pour moi, le contexte historique était un peu facile (pas de Révolution donc la France, c’est comme aujourd’hui, mais avec un roi et des exécutions), les personnages secondaires très cools mais un peu sous-exploités, j’aurais pas dit non à quelques chapitres de plus. Et c’est con, mais c’est cette naïveté politique qui m’a empêché d’avoir le coup de cœur que beaucoup ont eu… Alors que purée, la fin quoi !

Pour info :
éditions Slalom, 400 pages, 18.95€

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La Sélection : trilogie (Kiera Cass)

Ami du jour, bonjour !

On replonge dans la décennie passée, à la grande époque des dystopies adolescentes (on pense à Promise, de Ally Condie que j’avais chroniqué à sa sortie). D’ailleurs, si tu suis le blog depuis le début (félicitations), tu as sans doute déjà vu passer mon billet sur le tome 1, lu peu après sa parution. Là, les ventes de la série ont repris à fond, j’avais un peu de temps, des crédits audio à revendre, et alors je me suis avalé la trilogie en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Sarakontkoi ?
Tu ne m’en veux pas si je réutilise mon résumé du billet précédent ? Non, bien entendu, tu es un adorable lecteur de blog !
Dans un futur pas si lointain et après une crise économique dévastatrice, les États-Unis ont été rachetés par la Chine, non sans se battre et déclarer de nouveau leur indépendance. Désormais, il s’agit du royaume d’Illéa. C’est dans cette société faite de castes (de 1 à 8, 1 désignant la famille royale, 8 les castes les plus basses) qu’évolue la jeune America, une 5. Elle et Aspen, un 6 doivent cacher leur idylle, mais pour America, ça ne fait aucun doute, un jour, elle l’épousera. C’est sans compter sur la fierté du jeune homme, et sur la Sélection, une espèce de show-réalité pendant lequel le prince Maxon, l’héritier du royaume, devra choisir sa fiancée.

Tenpenskoi ?
Je comprends. Je comprends qu’ado, tu aies envie de ce genre de romans. Et sincèrement, le préfère de loin vendre ça à une gamine de 14 ans qu’un tome 1 d’After (oui, délation éhontée !). Après, on est très loin d’une réelle dystopie, parce qu’on est plus concentrés sur la romance que sur les problématiques sociales. Oui, la population est injustement divisée en castes. Oui, des rebelles tentent d’infiltrer le palais. Oui, les lois sont liberticides. Bon. Mais tout ça reste en arrière plan, et ce sont plus des excuses scénaristiques pour enfermer Maxon et América ensemble dans un bunker que de réelles menaces. On passe un temps infini à nous parler de belles robes, nous dire qu’América se trouve jolie, que son cœur balance. Sur 3 tomes de presque 400 pages chacun, ça a tendance à tourner un peu en rond.

Stylistiquement, c’est assez pauvre. J’avais parfois l’impression qu’une enfant me racontait une histoire (sincèrement, je pense que je devais inventer les même dialogues quand je jouais aux barbies). On te donne du « le prince » par ci, du « Prince Maxon » par là… Ca manque un peu de maturité. Cela dit, le style n’est pas mauvais en soi. Il est juste… inexistant. Donc si tu cherches un petite romance, qui essaie de dénoncer des inégalités sociales sans vraiment y parvenir (je suis méchante, on a bien un ou deux passages engagés), ça peut le faire. Une lecture pas désagréable, pas navrante, mais j’ai vu mieux. Et oui, je sais qu’il y a deux autres tomes qui suivent les aventures de la fille du couple royal, donc 20 ans après. Sans doute approfondissent-ils la question de la rébellion. Personnellement, je me suis arrêtée à la trilogie initiale.

Pour info :
Tome 1- La Sélection : éditions PKJ, 384 pages, 7.70€
Tome 2 – L’Élite : éditions PKJ, 357 pages, 7.70€
Tome 3 – L’Élue : éditions PKJ, 384 pages, 7.70€

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Eve of man (Giovanna et Tom Fletcher)

Ami du jour, bonjour !

En contemplant la liste des billets que je n’ai pas écrits, je commence à prendre peur, alors il va falloir que j’enclenche la deuxième… ou la onzième plutôt ! Et encore une fois, les billets que je repousse le plus sont ceux dans lesquels je vous parle des livres que j’ai le plus aimés. -_-

Sarakontkoi ?
Dans un monde où aucune fille n’a vu le jour depuis 50 ans, l’arrivée d’Eve est un miracle. Depuis sa plus tendre enfance, elle est entourée de soins, et de toutes les attentions possibles. Ce sont les Mères, des femmes âgées dont beaucoup ont connu l’ancien monde, qui s’occupent de son bien-être et de son éducation. Sa seule amie est un hologramme, Holly.
Derrière le visage de Holly se cache, entre autres, Bram, fils du grand patron de la société qui gère le confort et l’éducation d’Eve. Bram connaît tout d’Eve, il est sa meilleure amie depuis l’enfance. Le système semble parfait, sans faille et Eve pourrait bien être la solution à l’absence de naissances, et sauver l’espèce humaine. Mais Eve est, elle aussi, un être humain.

Tenpenskoi ?
Sincèrement, ce bouquin m’a achevée. Il m’a fait à peu près le même effet que Les Puissants (ouh, deux coups de cœur dans la même année…). En dehors du fait que le roman est rythmé, que les personnages sont bien écrits, et que le contexte est suffisamment plausible pour être effrayant, c’est un roman qui parlera probablement à beaucoup de jeunes femmes. Tout au long de ma lecture, je me suis demandé « la sauvegarde de l’espèce justifie-t-elle de priver de liberté un être humain ? » Le corps de cette jeune fille est-elle la propriété du peuple sous prétexte qu’elle est la dernière de son espèce, si l’on peut dire ?
Il est également question de l’éthique biologique, de l’enfantement à tout prix. De la douleur, du manque d’humanité. Faire un enfant, des enfants, à quel prix, et pourquoi ? Forcément, dans beaucoup de passages, j’ai reconnu mon propre parcours, et j’ai questionné mon propre désir d’enfants. Parce que, chaque fois, revient cette question : à quel prix ? Personnellement, j’ai un avis très tranché sur la question de la survie de l’espère humaine, avis que je ne partagerai pas ici, mais dont nous pouvons discuter par ailleurs si le sujet vous intéresse.
Je crois que le roman est un tome 1 (le reste de la trilogie est encore à paraître en français, mais le tome deux est dispo en VO), et on pourrait lui reprocher de concentrer l’action sur le dernier tiers, ce qui peut donner un effet précipité à cette dernière partie ; cela dit, remis dans son contexte de premier tome, je le trouve très réussi.
Bref, une lecture à la hauteur de mes attentes, que je vous recommande. Y’a pas à dire, Milan a le vent en poupe chez moi en ce moment !

Pour info :
Editions Milan, 448 pages, 17.90€

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La déclaration (Gemma Malley)

Mais, c’est pas possible, on ne m’arrête plus ! (En même temps, ça ne fait que 2 post en 4 mois, je ferais mieux de tenir ma langue)

Je reviens avec un roman proposé depuis longtemps par mon amie libraire, Charlotte, que je remercie de ses conseils. Une lecture vraiment sympa.

la_declaration

Sarakontkoi ?
Dans un futur pas si lointain où l’homme a trouvé un remède contre la mort, faire un enfant est interdit, sauf si l’un des deux parents accepte de lui laisser sa place, autrement dit de mourir. Anna est un Surplus, une enfant dont aucun des deux parents n’a voulu se plier à cette règle. Elle finit donc, comme tous les Surplus, dans un centre d’accueil aux mœurs peu recommandables, afin d’y apprendre à servir les Légaux pour laver la souillure de sa condition. Anna est un surplus exemplaire, jusqu’à l’arrivée de Peter, qui ne cesse de l’appeler Anna Covey et de lui dire qu’il connaît ses parents et qu’il vient la chercher. Anna ne sait plus quoi faire : rester à Grange Hall et tenter de devenir au moins un Bon Element ? Ou bien fuir avec Peter vers cette famille qui semble lui tendre les bras ?

Une réflexion très intéressante sur l’Homme qui se fait juge et se donne le droit de décider qui a le droit de vivre, alors qu’il a trouvé un moyen de ne pas mourir. La perte de la jeunesse, des idées nouvelles, mais la peur de mourir, de vieillir. La vie éternelle et l’ennui. Voilà qui pose bien des questions.

Tenpenskoi ?
Le texte est bien construit, rythmé, la lecture agréable. On enchaîne des passages du journal qu’Anna ne devrait pas tenir — dans lequel un combat entre elle et elle s’engage — et la narration sur différents points de vue. Derrière cette histoire de deux jeunes gens qui s’apprivoisent et se découvrent, le lecteur ne pourra que réfléchir à ces sociétés soi-disant utopiques où la mort ne fait plus partie de la vie, et où la vie elle-même ne sert plus à rien qu’à elle-même. Il s’agit d’un premier tome, mais j’avoue préférer m’arrêter là : pour moi, la réflexion principale se trouve ici, le reste ne sera probablement que péripéties. N’hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé des autres, si vous les avez lus !

Pour info :
Editions naïve, collection naïveland, 365 pages, 16€

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La sélection (Kiera Cass)

Amis du jour, bonjour !
J’ai décidé de laisser une autre chance à la collection « R » de Robert Lafon. Alors, n’écoutant que les conseils de mon amie Cleo, j’ai saisi l’occasion qui s’offrait à moi pour lire un bon truc de fille. Et même que, cette fois, j’ai réussi à résister à la tentation de corner les pages qui contenaient des coquilles. Même pas une pliure, promis ! Oui, parce que j’avais emprunté le bouquin, mais aussi parce que (et Cleo, je t’aime) j’en connais une qui est complètement maniaque avec ses livres. Mais revenons à nos moutons.

Sarakontkoi ?
Dans un futur pas si lointain et après une crise économique dévastatrice, les États-Unis ont été rachetés par la Chine, non sans se battre et déclarer de nouveau leur intépendance. Désormais, il s’agit du royaume d’Illéa. C’est dans cette société faite de castes (de 1 à 8, 1 désignant la famille royale, 8 les castes les plus basses) qu’évolue la jeune America, une 5. Elle et Aspen, un 6 doivent cacher leur idylle, mais pour America, ça ne fait aucun doute, un jour, elle l’épousera. C’est sans compter sur la fierté du jeune homme, et sur la Sélection, une espèce de show-réalité pendant lequel le prince Maxon, l’héritier du royaume, devra choisir sa fiancée.

Tenpenskoi ?
Cleo m’a dit, en me tendant le livre soigneusement rangé dans une pochette transparente : « tu verras, c’est sympa. Une histoire de fille, et il va falloir que ça se développe dans le 2, mais c’est une belle histoire d’amour ». OK, le ton était donné. Et en effet, l’histoire est bien sympathique. Le thème dystopique du royaume puissant tombé, qui s’est reconstruit en une société parfaite organisée en castes, ça se digère bien. America est l’humble jeune fille qui se moque de ces castes et se préoccupe des êtres humains qu’elle a en face d’elle. Elle est généreuse et attentionnée, elle nous est ma foi fort aimable. Et puis, le côté peste-pousse-toi-de-là-que-je-m’y-mette des filles sur fond de télé-réalité, c’est pas mal. Un peu une version romancée du Bachelor.

En bref, on termine le livre avec assez peu d’infos sur le complot principal, un peu mis au second plan au bénéfice de la romance : les attaques rebelles sur le palais, visiblement à la recherche d’une chose dont on ignore tout (jusqu’à sa nature). Donc oui, on espère que le « niveau » du roman va décoller et que les personnages vont prendre un peu d’épaisseur. Mais le tome 2 me tente, c’est déjà ça. Pas grand chose à dire, lisez-le, ne le lisez pas. Pas un indispensable, mais distrayant.

Pour info :
Robert Lafon, collection R, 360 pages, 16,90€ chez votre libraire

P.S. : Le Publishers Weekly, journal américain, a comparé La Sélection à Hunger Games (chroniqué ici). Ca n’a rien de comparable, et les similitudes s’arrêtent au royaume-déchu-qui-s’est-relevé, où règne sous l’apparente paix une réelle injustice sociale. Après, Hunger Games est plus profond, ses personnages plus creusés, et la lecture se fait sur plusieurs niveaux. La Sélection est bien plus léger.

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Hunger Games (Suzanne Collins)

Bouleversée.

Bouleversée, je pense que c’est le mot. Tout commence par une séance de ciné à reculons (mpf, encore un stupide film pour ados, catastrophe et fin du monde garantis). Je suis sortie estomaqué, les cuticules arrachées, les jambes flageolante, mon esprit refusant de reprendre pieds dans la réalité. Pas que les acteurs ou la musique ou quoi que ce soit aient été si mémorables. Mais on sentait qu’on venait d’assister à quelque chose de grand, qu’on nous avait montré des choses que la bienséance oblige à cacher, et ce avec un naturel désarmant. Alors, je me suis dit : « pourquoi pas les bouquins ? » Et me voilà, prisonnière une semaine et demie de cette trilogie haletante… Je vais faire une exception dans mon protocole habituel, cette fois, je vous présente la totalité de la série sur un billet. Et pour commencer, un pitch général.

Sarakontkoi ?
Panem (ex-USA, apprend-on au cours d’un des tomes), dans un futur pas si lointain. Le pays a été divisé en 13 districts, gravitant autour d’une capitale, le Capitole. Suite à un soulèvement des districts contre le Capitole, la victoire de ce dernier et l’anéantissement du District 13, chaque district doit fournir une fois par an un garçon et une fille âgés de 12 à 18 ans. Les 24 « tributs » sont enfermés dans une arène géante où ils doivent s’entretuer, pour le plus grand plaisir des téléspectateurs du Capitole. Seul l’un d’entre eux sort vainqueur de ces Hunger Games, les jeux de la faim.

Dans ce premier tome, Katniss Everdeen et Peeta Mellark sont désignés comme tributs pour représenter le District 12, l’un des plus petits et des plus pauvres des ditricts, lors des 74e Hunger Games. Ils se connaissent à peine, mais c’est ensemble qu’ils traversent le pays, accompagnés de leur mentor Haymitch, un ivrogne, ex-vainqueur des 50e Hunger Games, pour se rendre au Capitole. Là, ils sont préparés, chouchoutés, entraînés, interviewés, puis envoyés dans l’arène. De stratégie en combats sanglants, de souffrances en alliances impérvues, ils se battent pour leur survie…

Katniss et Peeta sont devenus des célébrités. Alors que Katniss a ravivé les braises de la rébellion en défiant l’autorité du Capitole dans l’arène, ils sont tous les deux envoyés en tournée à travers les districts. Sous la menace du président Snow, Katniss tente de faire son possible pour étouffer les élans révolutionnaires. Mais elle ne fait que jeter de l’huile sur le feu, et la punition ne se fait pas attendre… Mais cette fois, Katniss jure de protéger Peeta.

Broyée par les épreuves qu’elle a dû traverser, Katniss est récupérée par les rebelles. Elle retrouve avec eux sa mère et sa sœur qui ont fui à temps le District 12, bombardé et rayé de la carte en guise de punition. Coin, la « chef » de la rébellion, insiste pour que Katniss soit le visage du mouvement anti-Capitole, mais tout ce que veut cette dernière, c’est une vengeance contre Snow, qui lui a volé sa maison, sa vie, et Peeta. Quand les intérêts généraux rejoignent ses intérêts personnels, Katniss se décide à être celle qui réunira et unifiera les foules…

Tenpenskoi ?
Voilà des résumés bien pauvres, qui masquent toute la profondeur et la complexité de cette trilogie. L’héroïne est en fait une jeune fille banale, bien incapable de prendre des décisions importantes autrement que sous l’impulsion du moment et la nécessité de survie. Elle se retrouve malgré elle hissée au rang d’effigie de la rébellion, quand elle n’aspire qu’à sauver ceux qu’elle aime. Alors qu’elle s’est battue depuis la mort de son père pour nourrir sa mère et sa petite sœur, elle est catapultée dans un monde opulent où on ne l’engraisse que pour mieux l’envoyer à la mort. Partagée entre des liens extrêmement puissants qui l’unissent à Peeta – qui est le seul à comprendre vraiment ce qu’elle a traversé – et la complicité qui l’unit à Gale – son meilleur et seul ami – elle ne peut se décider à choisir. Impulsive, elle est un élément incontrôlable, pas plus courageuse qu’un autre, mais farouchement décidée à survivre, même au plus profond de son désespoir. Servir une cause, oui, mais comment contrôler un électron libre ?

Il m’a été impossible de m’arrêter après avoir commencé le premier tome. J’ai pleuré jusque dans les tunnels sombres du métro, dans l’atmosphère nauséabonde du RER. L’écriture à la première personne nous plonge dans le récit, et nous donne à voir toute l’horreur de ces massacres perpétrés au nom du pouvoir, de la vengeance. Rien ne nous est épargné, et l’incrédulité de Katniss face à cette horreur humaine laisse toute sa place à notre propre dégoût. Tout est dit, rien n’est dissimulé, et on se sent, comme Katniss, tour à tour utilisés, trahis, perdus, fous de rage. Un tour de magie exceptionnel. Bouleversant. Qui nous pousse à une remise en question de notre vision de la société.

Pour info :
Pocket, collection Pocket Jeunesse (18,15€ par bouquin, et ils en valent le coup !)
Tome 1 : 379 pages
Tome 2 : 378 pages
Tome 3 : 417 pages

Publié dans Bouquinade, Utopie / Dystopie

Le combat d’hiver (Jean-Claude Mourlevat)

Amis du jour, bonjour !

Bien, avant de terminer la fournée de bouquins que je suis en train de lire, et d’accumuler encore plus de retard que je n’en ai déjà, je poste ce billet-ci, ça sera déjà ça. Sur conseil de mes super collègues, je me suis dit qu’il était peut être temps que je lise ce Mourlevat (après La Rivière à l’envers et Terrienne). Et je n’ai pas été déçue.

Crédits couverture : Henri Galeron pour Gallimard Jeunesse

Milena et Hélène, et Milos et Bartolomeus vivent enfermés dans leur orphelinat, les garçons avec les garçons, les filles avec les filles. Le règlement y est strict, et les punitions retombent, non pas sur le coupable, mais sur un innocent désigné au hasard. C’est de cette prison que vont s’échapper les quatre adolescents, après avoir découvert la véritable identité de leurs parents. Entre course poursuite, et course à la survie, des montagnes enneigées aux rues pavées de la capitale, ils reprennent plus ou moins malgré eux le combat qu’avaient commencé leurs parents des années auparavant. Un combat pour la liberté.

Palpitant. C’est le premier mot qui nous vient à l’esprit lorsque l’on ferme ce livre. Un besoin de liberté, de grand air, une envie de justice. Et, pour faire monter la pâte, une romance – non, deux ! Et avec ça, l’espoir d’une vie meilleure, le combat dont on ne connait pas l’issue, mais pour lequel on sait qu’on donnera sa vie. Et cette question aussi : que ferait-on si on nous laissait le choix entre notre vie et celle d’un inconnu ? Si c’était lui ou nous ? Resterions-nous humains ou deviendrions-nous des bêtes sauvages, emplis de haine ?

L’histoire fait intelligemment écho aux conflits qui ont marqué le début du XXe siècle. Elle n’est pas datée, peut-être pour la simple et bonne raison que cette réflexion est universelle. Peut-être y comprenons-nous également la futilité de ces détails qui allument les mèches de guerres si meurtières. En tout cas, on ne ressort pas indemne de cette aventure-ci. Et puis, il s’agit de Jean-Claude Mourlevat, l’architecte par excellence de ces récits qui nous parlent, qui nous remuent et ouvrent nos yeux. À lire absolument !

Pour info :
Gallimard Jeunesse, Grand format littérature, 330 pages

Publié dans Bouquinade, Utopie / Dystopie

Promise (Ally Condie)

J’avais dans l’idée d’enchaîner tous mes billets, et je me rends compte que le blog ressemble à un terrain vague laissé à l’abandon. Abandonné par moi, abandonné par vous… Bref, il faut se ressaisir. Partons donc pour ce roman que j’ai longuement attendu, et voyons ce que ça a donné…

Cassia vit dans un environnement utopique où tout est contrôlé par les Officiels, de la vie professionnelle aux repas, en passant par la vie privée et les loisirs, et même la date de mort. Son banquet de couplage passé, elle connaît enfin l’identité de son promis, le jeune homme que la Société a choisi pour elle parce qu’il est celui qui est le plus compatible pour elle. Elle sait qu’elle sera heureuse avec lui, puisqu’il s’agit de son meilleur ami. Mais alors qu’elle visionne la micro-carte qui contient toute les informations sur son futur époux, c’est le visage de Ky, un jeune homme réservé et mystérieux, qui apparaît à l’écran. Cette brève apparition remet en question toutes les certitudes de Cassia. La société dans laquelle elle vit est-elle si parfaite et si juste que ça ?

Le texte, comme toute dystopie qui se respecte, questionne la perfection d’une société qui ne laisse à ses sujets (et le mot est pesé) que peu, voire pas, de libertés. Les Hommes pourraient être heureux, sachant que leur moitié a été choisie parce qu’elle sera la plus à même de répondre à leurs attentes, à leurs besoins, à leur caractère. Mais à travers l’histoire de Cassia, on comprend que c’est aussi le choix qui donne tout son sens à une histoire. Et le choix, c’est aussi ce qui fait pétiller la vie : les erreurs nous aident à comprendre et à avancer, sinon, à quoi servirait de vivre ?

L’histoire de départ me plaisait assez, même s’il s’agit de la chute classique d’une utopie, autrement dit d’une dystopie (le parfait contraire du monde parfait). Et puis, les histoires d’amour, c’est mon dada. Et là, en effet, le texte est agréable, l’écriture fluide, et notre voyage à nous-autres, lecteurs, se déroule sans encombres sur le navire déjà bien rempli des utopies. Les personnages sont parfois un peu stéréotypés, mais tout va bien. Alors quoi ? Rien, si ce n’est le ènième récit d’une utopie sans grande originalité. J’attends de voir la suite, mais pour le moment, je ne vois qu’un Meilleur des mondes (Aldous Huxley) pour adolescents (ce qui n’est peut-être pas un mal en fin de compte). À lire tout de même.

Pour info :
Gallimard Jeunesse, collection Hors Série Littérature, 423 pages

Une bonne critique avec laquelle je suis tout à fait d’accord :
http://adolire.canalblog.com/archives/2011/03/09/20582805.html