Publié dans Bouquinade, Roman historique

Vango (Timothée de Fombelle)

Bonjour à vous tous !

Comment s’est passé votre week-end prolongé (certains n’ont pas eu cette chance) ? Pas d’indigestion de bonbons ? Pas de grosses frousses ou d’arrière grand-tante venue vous hanter pour vous empêcher de prendre son trésor caché dans les murs de la vielle bicoque dont vous venez d’hériter ? Bien, parce que j’ai du lourd pour vous. Attachez vos ceintures, et suivez-moi pour l’aventure du siècle !

Paris, 1934. Sur le parvis de Notre-Dame, le jeune Vango est sur le point d’être ordonné prêtre. Mais la police interromp la cérémonie : les agents le recherchent. Pourquoi ? Vango n’en sait rien. Alors qu’il fuit en escaladant les façades de la cathédrale, il est la cible d’un tireur invisible. Vango doit comprendre. Au fur et à mesure de sa quête, les ombres qui le suivent se multiplient. Il va donc partir à la recherche de son passé pour comprendre cette chasse à l’homme qui vient de commencer…

Comment ne pas aimer Vango. Ce jeune personnage d’encre et de papier qui court sur la toile de notre imagination n’a de cesse de nous surprendre. Léger comme une brise, insondable comme le puits sans fond que semble être le mystère de sa vie, il nous attrape par la main et nous entraîne dans sa quête. Les personnages sont multiples, mais Timothée leur donne une personnalité telle qu’on ne peut les confondre ou se perdre. Il existe un lien entre chacun d’entre eux, et le tout est tissé avec une main de maître dans une ambiance (excusez-moi cette comparaison) que je rapprocherais des romans policiers d’Agatha Christie (rien à voir au niveau de l’intrigue cependant). Toute l’intelligence de l’auteur est de mêler la petite histoire de Vango avec la grande Histoire, celle de la montée de nazisme, de la Seconde Guerre mondiale qui gronde, et d’y faire jouer un rôle à des personnages qui ont existé (Staline, Hugo Eckner), de nous en peindre un portrait accessible. Pour moi, Vango est un sorbet bien frais en plein été, que je conseille aux lecteurs et lectrices de 7 (ou plutôt 13) à 77 ans, voire plus ! À dévorer (sans compter que le tome 2, que je suis entrain de lire, vient de sortir).

Pour info :
Gallimard Jeunesse, collection Grand Format littérature, 370 pages.

Publié dans Bouquinade, Roman historique

La jeune fille à la plume (Katherine Sturtevant)

Bonjour à tous, bonjour à toutes !

Je suis fière de moi, je tiens un rythme de la mort en ce moment (en même temps lire 40 bouquins à la fois fait que vous les finissez moins vite, mais tous en même temps, donc ça en fait des choses à dire).

Fin XVII siècle, en Angleterre. Meg est une jeune fille de 16 ans, indépendante et passionnée par les livres et l’écriture. Sa chance : son père est éditeur-libraire (à l’époque, les éditeurs publiaient les livres avec la permission du pouvoir en place et les vendaient), et elle l’aide au magasin. Sa malédiction : être une femme à une époque où les écrivains de sexe féminin sont mal perçus, au cœur de tous les scandales. Pour cette raison, son père lui interdit de prendre la plume. Pourtant, un jour, le frère de sa meilleure amie se fait enlever par des pirates et est vendu comme esclave à Alger. Pour payer sa rançon, Meg mettra sa plume à contribution. Au retour d’Edward, une nouvelle chance d’écrire se présente à elle… et la poussera à aller à l’encontre des esprits étriqués de son siècle.

Une belle histoire ma foi. On en apprend beaucoup sur la condition des femmes dans l’Angleterre du XVIIe, mais aussi sur le regard que portaient les occidentaux sur le monde qui les entoure. Et puis, on a cette passion pour les mots que bien des jeunes filles, même aujourd’hui, connaissent. On se prend à rêver d’aventures et de succès littéraire avec Meg, la sauce prend. Les personnages, extrêmement vivants, portent cette histoire à bout de bras et acheminent le message du roman jusque dans les jeunes esprits ; on y parle liberté, tolérance, ouverture d’esprit, amour du livre et de la pensée.

Quelques faiblesses cependant, notamment des lieux communs sur le personnage de Meg. Mais surtout, impardonnable, de nombreuses coquilles et de gros problèmes de concordance des temps. Je me demande si je ne vais pas me fendre d’une lettre à Bayard Jeunesse pour leur remonter les bretelles. Parce que si M. Moore, le père de Meg, prend son métier très au sérieux, il serait bien venu que Bayard en fasse de même et se rende compte de la responsabilité qui pèse sur ses épaules ! À lire tout de même.

Pour info :
Bayard Jeunesse, collection Millezime, 320 pages

Publié dans Bouquinade, Roman historique

Mon enfant de Berlin (Anne Wiazemsky)

Une lecture longtemps repoussée, remise à l’agenda par mon cher et tendre qui m’a offert la version Folio (la Blanche* traîne quelque part chez moi).

 

Claire est la fille de François Maurillac, célèbre écrivain français. Mais être fille de, ce n’est pas ce à quoi elle aspire. Un peu par défiance, un peu pour assouvir son besoin de liberté, mais surtout pour combler ce vide dans sa vie, Claire s’engage en tant qu’ambulancière dans la Croix-Rouge française à la fin de la guerre. D’abord postée à Béziers, elle accepte de se rendre à Berlin. Elle sera chargée de retrouver et de transporter les français que l’on a envoyés de force en Allemagne, pour les soustraire au goulag russe qui les attend pour avoir servi l’ennemi. Berlin devient sa maison, sa vie. Elle y croise l’inattendu, l’amour, en la personne d’un jeune russe naturalisé français : Wia.

La première raison qui m’a poussée vers ce livre, c’est la mention de Berlin dans le titre. Parce que Berlin, c’est ma maison aussi. C’était pour moi l’occasion de découvrir cette ville que j’aime tant sous un autre jour. Et puis, en lisant, je me suis demandé : « c’est vrai tout ce qu’elle raconte ? ». Et en effet, Anne s’est inspirée de lettres de ses parents, Claire et Wia, du journal de sa mère et du témoignage de ses amies Plumette et Olga pour construire son récit.

Et parlons-en de ce récit. S’il perturbe le lecteur peu averti au début, par son aspect décousu, on y prend vite goût. Le style est léger, fluide, et le récit nous passionne pour la vie quotidienne, presque ordinaire, de ces petites personnes de l’Histoire. Anne, dans un entretien, nous fait part de ses recherches. Malgré tout, je trouve les descriptions de Berlin parfois un peu sommaires. Mais l’histoire en vaut la peine et on découvre les coulisses souvent ignorés (et évincés par la tragédie juive) de la vie des berlinois après la guerre… À découvrir.

Pour info :
Gallimard, collection Blanche, 247 pages
Gallimard, collection Folio, 260 pages
Entretien avec Anne Wiazemsky ici.

*La Blanche est une collection de chez Gallimard. La sobriété et les couleurs crème et bordeaux en sont la marque de fabrique (cf. couverture du bouquin).

Publié dans Bouquinade, Roman historique

Rebelles (Anna Godbersen)

Un conseil de ma chère amie Charlotte qui, comme j’ai déjà dû vous le dire, est une spécialiste de la littérature de jeunesse. Je me baladais sur le salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, quand je suis passée devant l’espace Albin Michel Jeunesse. Bon, j’avoue que j’ai craqué, et ce malgré les 45 bouquins qui se battent quotidiennement sur les étagères de ma petite bibliothèque. Bref, là n’est pas la question.

Moi j’aime le bruissement du satin le long des marches d’un escalier en marbre blanc, les gentlemen à genoux, un chapeau haut de forme posé à côté d’eux. Ce parfum de scandale qui pimente l’histoire est bien entendu toujours le bienvenu. Et le scandale, on le frôle à chaque page du livre. Elizabeth, jeune fille issue d’une famille de la haute société, se voit contrainte d’épouser un riche héritier qu’elle n’aime pas. Ce même riche héritier qui entretient pour sa petite sœur une passion visiblement réciproque et fait l’objet d’une jalousie exacerbée de la part de sa meilleure amie. À vouloir plaire à tout le monde, Elizabeth en oublie ses propres envies. N’a-t-elle donc aucun recours ?

Une histoire comme on les aime, à lire « les yeux sagement baissés sur ses genoux croisés », un sourire malicieux au coin des lèvres. New York, en cette fin de XXe siècle, se fait le théâtre de révolutions sociales, mais aussi, à plus petite échelle, de secrets scandaleux, d’amours partagées ou non, de jalousies, de manigances et d’apparences. Moi j’ai adoré, et je dois dire que je suis on ne plus curieuse de connaître la suite des aventures de ces trois jeunes femmes…

Et puis, je vous parle de littérature de jeunesse, mais sachez que l’histoire est aussi accessible pour les jeunes lecteurs que pour les adultes, alors mesdames (et messieurs, bien entendu), je vous invite à laisser derrière vous vos inhibitions et à sauter sur ce petit bijou…

Pour info :
Albin Michel, collection Jeunesse, 452 pages