Publié dans Bouquinade, Roman

Nos Constellations (Florence Quentin)

Amis du jour, bonjour !

S’il y a un truc qui me rend à la fois euphorique et nerveuse, c’est quand on vient me voir avec un texte en me disant : « j’ai ce roman, faut que tu le lises, je pense que ça va te plaire ». La pression ! Surtout quand c’est quelqu’un qui a bossé dessus, alors là, je me sens pousser des ailes, et je fais un peu pipi dans ma culotte, parce que… et si j’aimais pas…?

Le Pitch :
L’été de leurs 11 ans a probablement été pour Maxence et Aurélien le plus doux de tous les étés. Il a vu naître une tendre amitié, et… un peu plus ? Sept ans plus tard, Maxence a tenté de mettre fin à ses jours, Aurélien a perdu sa maman. Rien n’est plus pareil, pourtant, c’est auprès d’Aurélien, qu’il n’a pas revu depuis, que Maxence demande à passer un nouvel été…

Mon avis :
C’est Sonya qui est venue me trouver pour me proposer cette lecture. Les dramas, les trucs qui font pleurer, vraiment, c’est pas un argument de vente chez moi. « Rassure-toi », m’a-t-elle dit, « je suis certaine que ça peut te plaire, et j’ai vraiment envie de porter ce texte ». (Tu la sens la pression là ?) Bon, quand faut y aller, faut y aller. Et purée, j’ai pris une claque.

C’est clairement une lecture à se faire en été. La douceur du Sud sauvage (on est du côté d’Avignon si je me souviens bien), les terrasses des cafés dans les petits villages, les promenades en forêt et les bivouacs en bord de lac… En juin prochain, tu sais ce que tu lis.

Stylistiquement, c’est doux, c’est beau, c’est fort, violent parfois. Mais surtout, on n’en fait pas des caisses. C’est toujours juste. Pourtant, on avait matière à tomber dans le pathos, je te le dis ! Et pas du tout. Il est pourtant question de harcèlement scolaire, d’homophobie, d’amour maternel inexistant, et de deuil. Mais la douceur de ce qui se crée entre Maxence et Aurélien fonctionne bien mieux qu’un Mercurochrome, le pansement des héros ! Se réparer, s’écouter, s’accepter. C’est le chemin qu’ils vont arpenter.

Drame : check. Romance : check (et avec élégance s’il-vous-plaît). Les cigales, les douces brises chaudes : check. La douceur des petits villages, l’esprit communautaire : check et check. Donc on arrête de tourner autour du pot, on prend un billet pour Avignon, et on laisse Maxence et Aurélien nous faire vivre le plus beau des étés !

Pour info :
éditions Didier Jeunesse, 471 pages, 2025

Publié dans Bouquinade, Roman

Hyper (Emilie Chazerand)

Amis du jour, bonjour !

Je n’étais pas certaine de rédiger cette chronique, pour des raisons qui m’appartiennent, mais je le fais, parce que le roman fut malgré tout un beau moment de lecture.

Le Pitch :
Myriam a 17 ans, elle est grosse. Non, d’après elle, elle est énorme. Elle partage sa vie avec sa mère, qui se comporte comme une ado sans cervelle. D’ailleurs, Myriam a vécu un drame dans son enfance, un drame qui ne semble avoir touché qu’elle. Alors dans un moment d’épuisement et de désespoir, elle tente d’en finir… ce qui la mène droit chez le psy. D’après lui, tenir un journal, en plus des séances, lui ferait du bien. Mais connaissant sa fouineuse de mère, Myriam préfère en tenir deux…

Mon avis :
Ce qui commence comme un drama plutôt drôle d’un point de vue d’adulte tourne vite au crève-cœur. Myriam est en détresse, elle ne sait plus quoi faire de son corps, ni communiquer avec une mère qui semble avoir baissé les bras. Elle se sent vide, alors pour remplir ce vide, elle mange. Beaucoup. Parce que Myriam est trop. Trop grosse, trop grande, trop grande gueule. Myriam est HYPER casse-burettes.

Elle est enfermée dans une sorte de paranoïa de la persécution, tout semble injuste. Myriam est constamment en colère. Néanmoins, le roman se paie le luxe d’être dôle et de faire preuve de finesse (quand il le peut). L’évolution de la relation entre Myriam et sa mère suscite quelque chose de très fort, qui oscille entre l’amour (parfois vache) et la haine. Mais c’est aussi un chemin vers le dialogue et la compréhension, vers l’acceptation et le pardon. Bref, c’est un roman qui m’a émue.

Pour info :
éditions PKJ, 288 pages, 2025

Publié dans Bouquinade, Roman

Sainte-Marie-des-Haines-Infinies (Louise Mey)

Amis du jour, bonjour !

Tu le sais peut-être, je fonctionne beaucoup par auteurice. Quand j’aime une plume, en général, je la suis. Dans ce cas précis, je garde en mémoire l’efficacité et la concision de Louise Mey. Alors quand je vois paraître, chez le même éditeur engagé que L’Orage qui vient, le nouveau roman de Louise Mey, je dis banco.

Le Pitch :
Sainte-Marie est un collège privé, dans lequel a été envoyée notre héroïne après son déménagement. Si les élèves y sont issus de familles aisées, les hypocrisies fleurissent telles des taches de moisissure sur les murs des couloirs. Il reste trois lundis. Trois lundis pour fignoler le plan. Trois lundis avant que tout n’explose, avant que les humiliations, le harcèlement et les passe-droits ne prennent fin…

Mon avis :
Encore une claque. On conserve ici tout ce qui fait des romans de Louise Mey des textes percutants. En tant que lecteurice, tu plonges à pieds joints dans la fange, tu sens gonfler la rage adolescente, celle qui écorche et qui étouffe. C’est une thématique récurrente chez Louise Mey. Plus que la rage adolescente, c’est la rage d’une jeune femme que tente de contenir ce tout petit livre, et il frappe fort.

Tantôt témoins, tantôt complices, il nous est impossible de prendre de la distance. La colère finit par nous étouffer, le chagrin par nous aveugler, et c’est là que le roman fait très fort : il crée une soupape de décompression pour apporter satisfaction et apaisement à la dernière page. Il y avait quelque chose de très cathartique dans la rage de cette ado, et en même temps, j’ai été touchée par sa détresse… J’aurais peur d’en dire beaucoup plus et de rédiger un avis plus long que le roman, mais sache qu’il y est question de thèmes importants, comme la sexualité, la responsabilité face à ses agissements, le harcèlement… bref, un roman qui parlera forcément aux plus jeunes comme aux moins jeunes.

Pour info :
éditions La Ville Brûle, 144 pages, 2025

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On achève bien les chevaux (Horace McCoy)

Amis du jour, bonjour !

Je suis toujours très curieuse dans mes lectures, même s’il est vrai que j’ai du mal à sortir de ce que je connais… à moins qu’on ne me jette dans les mains (en me le vendant très bien) un roman sur lequel je n’aurais pas posé les yeux. Ce fut le cas pour celui-ci, d’abord présenté par Lemon June sur sa chaîne Youtube, puis oublié, puis remis sur le devant de la scène par Madame Tapioca sur son compte Instagram.

Le Pitch :
Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Robert et Gloria, deux âmes seules ayant fait face à de nombreux échecs et drames personnels, décident de concourir ensemble à un marathon de danse. Pour l’argent, dont ils manquent cruellement, mais aussi parce que parmi les richissimes et célèbres spectateur avides de drame social, un producteur pourrait bien les repérer et leur offrir un rôle à Hollywood. Alors pendant des heures, des jours, des mois, ils dansent sans relâche, bêtes de foire volontaires promis à un tragique destin…

Mon avis :
C’est un roman extrêmement court, diablement efficace dans son propos. Ces marathons de danse auxquels s’inscrivaient les plus pauvres, les plus désespérés ont réellement existé. Véritables événements, ils étaient l’équivalent nauséeux de nos télé-réalités, celles sur lesquels nous jetons un regard condescendant, heureux de voir ce que la misère humaine offre de plus avilissant. La différence, c’est que les participants de ces marathons pouvaient mourir. Imaginez : se reposer dix minutes toutes les deux heures. Dix minutes pour manger. Dix minutes pour dormir, pour se laver, se changer. Et retour sur la piste, quelque soit la maladresse du pas. Parce que non, il n’était pas nécessaire de savoir danser, il fallait simplement se déplacer… Les sprints étaient là pour booster l’ambiance et amuser la galerie.

Un traitement inhumain vécu de l’intérieur, majoritairement narré par Robert, qui nous raconte l’hébétude, la perte de repères, le manque d’air frais, sa partenaire qui ne souhaite qu’une chose : que sa vie s’arrête. Sa vie inutile, sa vie fragile, sa vie sans substance. Qu’elle s’arrête pour qu’elle puisse enfin se reposer. Voilà, c’est ça : le malheur des uns qui fait le divertissement des autres. Et l’hypocrisie d’une société qui ne peut supporter ce qu’elle juge politiquement incorrect (le désir féminin, la grossesse, le faux mariage) mais concède aux rois du pétrole de s’abreuver à la fontaine de la misère sociale. Ce roman, c’est tout ça, et ça résonne encore aujourd’hui. Dans l’ambiance et côté SF, en plus oppressant mais sur le même modèle narratif, je vous propose de découvrir Marche ou Crève, de Stephen King. Y sont traités des sujets similaires, avec, cette fois-ci, la mort assurée pour tous ceux qui s’arrêtent en chemin…

Pour info :
éditions Gallimard (1946), trad. de Marcel Duhamel, 211 pages

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Better than the movies (Lynn Painter)

Amis du jour, bonjour !

Je ne le dirai jamais assez, mais nous vivons une époque formidable (par certains côtés, ne poussons pas le bouchon). Lorsque des plateformes comme NetGalley nous permettent de découvrir des romans en version numérique ou audio, on aurait tort de s’en priver ! Sans ça, je ne me serais probablement pas arrêtée sur ce roman-ci.

Le Pitch
Liz a hérité de sa mère son amour des comédies romantiques, auxquelles elle se raccroche d’autant plus depuis son décès. D’ailleurs, dans sa vie, il y a ça, ses tenues rétro-cute, et l’agacement intersidéral qu’elle éprouve pour Wes, son voisin, à qui elle mène une guerre sans merci pour une place de parking en face de chez eux. Enfin, ça, c’était avant le retour de l’ancien grand amour de Liz et meilleur ami de Wes, qui pourrait bien redistribuer les cartes…

Mon avis
Ce roman et moi, on est un peu partis du mauvais pied. Sur toute la première partie, j’ai chopé des migraines ophtalmiques à force de rouler des yeux, et ce pour deux raisons : la première, je déteste le name dropping. Tu sais, cette pratique qui consiste à te bombarder de noms de films que tu adores, genre « eh, t’as vu, on a trop les mêmes ref’, on kiffe toutes les deux ces films que tout le monde trouve nuls ». Je suis moi-même grande adoratrice des comédies romantiques devant l’éternel, mais je sais reconnaître que beaucoup d’entre elles sont surannées. Et les voir portées aux nues comme si elles étaient une référence en termes de… bah de romantisme, dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui, j’ai un peu grincé des dents. J’aurais aimé qu’on me propose d’autres modèles.

La seconde chose que je déteste, c’est quand un gars apprend à une fille comment se comporter et s’habiller pour plaire à un autre gars. En l’occurrence, ce côté-ci a été gommé par le dernier tiers du livre où le love interest semble s’intéresser à autre chose qu’aux fringues de la protagoniste. Et puisqu’on découpe le roman en tiers, parlons du premier, pendant lequel Liz tourne en boucle sur sa place de parking, et « il est trop beau » et la place de parking et « mes comédies romantiques » et la place de parking… bref, c’est long. Un petit élagage n’aurait pas été de trop.

En conclusion, c’est malgré tout mignon comme romance. Je ne la mettrai pas en haut du panier, parce qu’elle ne fait que réécrire ce que j’ai déjà lu 100 fois, mais c’est un texte sympa, que je recommanderai sans souci aux ados romantiques, et qui s’inscrit à merveille dans la ligne éditoriale de Comet, nouveau fournisseur de mignonneries pour (très) jeunes adultes.

Pour info :
éditions Comet, trad. de Charlotte Le Chapelain, 384 pages, 19.95€

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Le Ciel de Joy (Sophie Andriansen)

Amis du jour, bonjour !

Parfois, je remercie le ciel de m’avoir faite libraire ; on ne va pas se mentir, je me sens privilégiée de recevoir des romans et de pouvoir les lire avant leur sortie. Celui-ci a été déposé par ma repré (l’équivalent d’une commerciale) au magasin, et pour être très honnête, j’aurais pu passer à côté si je n’avais eu cette épreuve non-corrigée entre les mains.

Le Pitch
Dans la famille de Joy, on est fille-mère de mère en fille. Elles sont donc trois générations à vivre sous le même toit, sans pères. Lorsque Joy tombe follement amoureuse de Robinson, qui l’aime aussi de tout son cœur, elle sait qu’elle refuse de suivre le même chemin que sa mère et sa grand-mère. Mais voilà, à cause d’un accident de capote, elle tombe enceinte, et ce qui, en France, n’aurait dû être qu’une formalité se transforme en parcours du combattant…

Mon avis
Je me rends compte, au fil de mes retours de lecture, que je lis en définitive assez peu de romans contemporains pour adolescents. Peut-être parce que j’ai encore des choses à régler avec ma moi boutonneuse (faux, je n’ai jamais eu de boutons). Toujours est-il que je ne me serais peut-être pas jetée sur ce roman-là. Et quelle erreur j’aurais faite !

La première chose que je me suis demandé, c’est : « mais où est le souci, on est en France, et en France, les femmes, quel que soit leur âge, peuvent disposer de leur propre corps ». Erreur ! Pour une jeune femme mineure, c’est même un peu le parcours du combattant. Parce que si Joy est très proche de sa mère et de sa grand-mère, aucune d’entre elles n’est prête à l’accompagner, de peur qu’elle ne regrette son « erreur » plus tard. Dès lors, sachant qu’elle a besoin de l’accompagnement d’une personne majeure, vers qui peut-elle se tourner ?

Là commence une course contre la vie, parce que les fenêtres d’intervention sont courtes. Face à la détermination de Joy, à ses certitudes, je me suis sentie si démunie, et je me suis demandé si, à la place de ces adultes qui l’entourent, j’aurais accepté de l’aider. Et puis il y a l’hypocrisie de la démarche qui, même si elle peut mettre sur votre route des professionnels compatissants, ne vise clairement pas le soutien émotionnel de la patiente.

J’ai adoré Joy, dans ses certitudes et son désarroi, sa vision de l’avenir et son désespoir face à une situation qu’elle refuse de vivre. J’ai aimé l’amour malgré tout, celui qui blesse, mais celui qui répare aussi, celui qui donne espoir. Ce soutien qu’on pense apporter en disant « tu ne seras pas seule, on t’aidera ». Et surtout, j’ai aimé le dialogue que le roman ouvre sur une situation qu’on aime beaucoup ignorer, ce OK chez les autres et pas chez nous, ce « et moi, je ferais quoi ? » Il est parsemé de lettres à cœur ouvert jamais partagées, de résumés de romans et de témoignages de grossesses non désirées dans le monde. C’est un roman court et efficace, qui dit ce qu’il a à dire, et je ne lui en demandais pas plus. Il est donc urgent de le lire.

Pour info :
éditions Flammarion Jeunesse, 240 pages, 16.90€

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Esprit d’hiver (Laura Kasischke)

Amis du jour, bonjour !

Je me suis dit que la saison était parfaite pour prendre un petit coup de froid. Froid au bout des doigts, mais froid dans le dos aussi !

Le Pitch :
Réveil en urgence pour Holly en ce matin de Noël neigeux. Peu désireuse de recevoir ses convives, elle reste seule à la maison pour préparer le repas avec sa fille adoptive, d’origine russe, pendant que son époux va chercher ses parents à l’aéroport. Cette matinée festive se transforme en huis clos lorsque les routes deviennent impraticables. Alors une idée hante Holly : il y a 12 ans, quelque chose l’a suivie depuis la Russie jusque chez elle…

Mon avis :
De base, ce genre de littérature contemporaine d’ambiance, c’est pas vraiment mon truc. C’est toujours très contemplatif. Mais j’en ai entendu parler sur des chaînes Youtube que j’apprécie beaucoup, alors je l’ai noté dans un coin de ma tête. Et puis, en rangeant le rayon litté à la librairie, je me rends compte qu’il est là. Il n’est pas très épais, je suis intriguée, j’ai un peu de temps à perdre (c’est faux) alors je m’y jette.

Au début, c’est chelou. Il y a comme un malaise. Holly est insipide, elle vieillit, elle le sait. Elle aime son mari, et sa fille, mais elle a tendance à ne pas être entendue d’eux. Ses beaux-parents lui sont antipathiques et en plus, elle doit recevoir tout ce beau monde ainsi que des amis de son mari (qu’elle ne porte pas dans son cœur). Bref, c’est un personnage geignard qu’on a très envie de secouer, très fade à côté de sa fille de 15-16 ans qui est d’une beauté froide et d’un caractère guère plus chaud face à sa mère. Cette fille qu’elle a adoptée avec son mari en Russie donc. Le rêve de sa vie devenu réalité. Enfermée dans sa maison, elle ressasse les souvenirs. Des souvenirs de plus en plus étranges. Des pensées culpabilisantes, qu’elle avait enfouies jusqu’à présent.

Et là, tu la sens l’ambiance poisseuse ? Les remarques de plus en plus gênantes de sa fille, ses apparitions silencieuses, ses changements de tenue intempestifs, ses sauts d’humeur. Et Holly qui subit, qui questionne, qui raisonne. Holly qui cherche sa place de mère, de femme. C’est étrange, c’est étouffant et froid. Et ça m’a beaucoup fait réfléchir au type de famille qu’est devenue celle de Holly après l’adoption (même si ce n’est pas vraiment le sujet). Le roman me colle à la peau, j’y repense souvent. Et cette fin… Bref, un contre-roman de Noël intelligemment écrit et construit, que je vous conseille de découvrir si mon retour a éveillé votre curiosité.

Pour info :
éditions Le Livre de Poche, trad. de Aurélie Tronchet, 312 pages, 7.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Les Mystères de tante Dimity, T1 : La Mort de tante Dimity (Nancy Atherton)

Amis du jour, bonjour !

Une fois n’est pas coutume (combien de billets ai-je introduits ainsi ?) je vous parle d’un roman que j’ai terminé très récemment. Un roman que je voulais adorer, que j’ai beaucoup conseillé (sans l’avoir lu, team « je suis libraire c’est mon super pouvoir, et ne fais pas la choquée, on l’a tous fait »), notamment à ma maman, qui me l’a prêté.

Le Pitch :
Lori part assez mal dans la vie. Elle vient de perdre sa maman, son mariage est un échec et l’a laissée vidée (littéralement), sur le trottoir de la ville… Jusqu’à ce coup de fil d’un avocat qui lui apprend que l’héroïne des histoires du soir que lui racontait sa mère existe… enfin, existait, puisqu’elle vient de décéder en lui confiant une mission des plus importantes : parcourir la correspondance qu’elle a entretenue avec la mère de Lori pour écrire une préface à son livre d’histoires, Les Histoires de Lori

Mon avis :
Je voulais très très fort aimer ce roman. Et là, vous attendez un méchant « mais ». Je vous rassure, le « mais » arrive ; il sera cela dit moins punitif que d’autres que j’ai pu écrire.

Le roman a de très bons ingrédients : un cottage cosy en Angleterre, quelques cookies d’avoine, des promenades en forêt, de vieux albums photos dans lesquels on aime fouiller, des lettres manuscrites, des mystères, une enquête et une (presque) marraine la bonne fée ! La vie de Lori est si triste au début du roman qu’on est presque atteint d’un syndrome de Cendrillon lorsqu’elle est recueillie par M. Willis, l’avocat de la fameuse Dimity. Et lorsqu’au milieu du roman, Salagadou la magicabou, Lori est fraîche et pimpante, la voilà qui quitte le Nouveau monde pour se rendre en Angleterre, non sans avoir joué les Pretty Woman avec M. Willis Jr, son chaperon. Jeune M. Willis qui, pourvu d’un humour un peu lourd, agacera très vite Lori, au point de la rendre insupportable. Elle geint quand il lui montre de l’attention, l’accuse sans arrêt de se moquer d’elle alors qu’il est sincèrement maladroit, ce qui a eu tendance à me taper sur les nerfs.

Nous avons notre duo d’enquêteurs, il est temps de… eh bien d’enquêter ! Et on est déjà aux 2/3 du roman. Nous arrivons donc à l’une des critiques que j’ai à faire : je ne me suis pas ennuyée, la lecture a été assez facile (une fois oubliée la trad… passable), mais le gros de l’enquête prend moins de place que l’intro, c’est un peu déséquilibré. Et je vous dis que je passe par-dessus les erreurs de trad (certaines phrases étaient à la limite de l’agression visuelle, genre « je comprends ce que tu as voulu dire, mais c’est pas trop ça »), mais en vrai, ce malaise m’a suivie pendant toute ma lecture. Pour une simple raison : on n’utilise pas « on » (qui est un grand cornichon et soit désigne une personne indéfinie, soit remplace le « nous » en langage familier) quand le récit est au passé simple ! C’est NON. Hein hein. Le passé simple exprime un langage, sinon soutenu, au moins courant. « On fit nos valise », « on commanda à boire », « on alla se promener »… beurk beurk beurk. D’autant qu’on écrit pour un lectorat adulte, qui, je l’espère, ne fait pas sa prude choquée quand on cause un peu beau, non mais oh !

Concernant l’enquête, bien que vite bouclée, elle a su éveiller ma curiosité ainsi que la petite part sentimentale de mon être. C’était chouette, et tout était là pour nous faire plonger dans le passé d’un personnage charismatique. C’est presque touchant (l’intention l’est en tout cas), presque captivant, presque doudou. En somme, une lecture pas désagréable, mais ternie par les attentes que j’en avais. Paraît que les tomes suivants sont meilleurs (et je veux bien le croire, puisque les personnages sont déjà introduits). Pour celui-ci, perso, j’aurai aimé qu’il soit plus étoffé.

Pour info :
éditions Verso (Seuil), trad. de Nicolas Ancion et Axelle Demoulin, 400 pages, 14.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom (Barbara Constantine)

Amis du jour, bonjour !

Il y a quelques temps, je participais à un club de lecture, et Suzanne, qui était en charge de faire des propositions ce soir-là, a porté à mon attention un titre inattendu…

Le Pitch :
Tom a 11 ans et vit dans une caravane avec sa maman, qui l’a eu très jeune (à 13 ans). Tandis qu’elle court les petits boulots et les week-ends entre amis, Tom chaparde dans les potagers des voisins pour qu’ils aient de quoi se nourrir. Jusqu’au jour où il trouve dans l’un des potagers la vieille Madeleine qui s’est effondrée au sol la veille sans pouvoir se relever. En lui portant secours, Tom est loin de s’imaginer qu’il sauve bien plus d’une vie.

Mon avis :
Ceux qui sont là depuis un peu longtemps savent qu’un roman me fait toujours plus d’effet quand je ne l’attendais pas. Je peux être dithyrambique sur un bouquin juste parce que je me suis surprise à l’aimer, et ce même si ce n’est pas la perle du siècle. Prenez donc ce que je vous dis avec quelques pincettes (mais pas trop parce que ce livre est vraiment touchant).

Moi les histoires de laissés-pour-compte ou de paumés de la vie qui se trouvent, c’est mon kiff. C’est ce que les jeunes appellent aujourd’hui une found family, une famille d’adoption. Dans le genre, j’ai adoré Ensemble, c’est tout, et de manière générale les romans de T.J. Klune, le maître du rassemblement de gens paumés mais touchants. Alors forcément, un gosse très seul qui rencontre une mamy très seule, une maman maladroite qui décide de se donner une chance, et un vieux couple d’english attendri qui joue les lutins du cordonnier (mais si, le conte là !), bah ça marche à 100% sur moi !

On ajoute un style naïf, un peu comme dans Le Petit Nicolas en moins enfantin, la polyphonie qui donne le micro à tous les personnages, les blessures qui guérissent, les hasards qui font bien les choses, un brin de tragédie, et BAM, ça fait des Chocapic. Ok, la fin en fait peut-être un peu trop, mais ce n’est que la toute fin, et au pire, ça remet une compresse sur la couche de Biafine, mais j’ai aimé. C’était court et efficace, et ça m’a fait un bien fou. Donc merci Suzanne, parce qu’il est passé inaperçu dans tes propositions au club, mais il m’a fait grande impression !

Pour info :
éditions Le Livre de Poche, 224 pages, 7.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Bénis soient les enfants et les bêtes (Glendon Swarthout)

Amis du jour, bonjour !

Une fois n’est pas coutume, je me suis lancée dans un prix littéraire adulte visant à proposer à de jeunes libraires de recevoir des romans de la collection Totem (chez Gallmeister). Sur les cinq romans sélectionnés pour le prix, c’est par celui-ci que j’ai décidé de commencer, fortement influencée par mon collègue, qui l’avait lu et beaucoup aimé. Mais lui, il aime les trucs déprimants, alors au final, qu’est-ce que j’en ai pensé ?

Le Pitch :
Six ados sont envoyés par leurs parents dans un camp qui promet de les transformer en véritables cow-boys et de les mater en seulement deux mois d’été. Or, l’été touche à sa fin et ce petit groupe reste à l’écart des gros durs. Mais, après avoir été témoins d’un événement qui les marque profondément, ils se lancent dans un périple dont le dénouement est très incertain…

Mon avis :
Si je vous dis qu’on est sur un mix de Thelma et Louise et des Goonies, avec tout ce que ça comporte de situations plus ou moins drôles et de drames, je ne suis pas très loin de la vérité. C’est un court roman que j’ai tout de suite trouvé très touchant. Bien qu’il ne soit pas immédiatement abordable (il faut comprendre sa construction, la double narration), j’ai trouvé que l’économie de moyens était parfois source d’une étrange poésie.

J’aime ces romans épiques où les enfants s’autorisent à n’être que ça, leur tête farcie de craintes, de rêves et de défiance. La terrible tragédie qui se joue lorsque leurs parents descendent de leur piédestal, lorsqu’ils commencent à grandir et à conscientiser leurs choix, tout en étant parfois perdus dans la passion de leurs émotions. On en voit des clichés de romans où on essaie de nous faire comprendre à quel point l’important, c’est le voyage. Mais jamais cette assomption n’aura été aussi vraie que dans la vie de ces gosses, qui savent en partant qu’il y aura un avant et un après…

Bref, c’est fort et simple, et je suis ravie d’avoir découvert ce texte, sur lequel je ne me serais pas penchée sans ce prix.

Pour info :
éditions Gallmeister, coll. Totem, trad. de Gisèle Bernier, 176 pages, 8.70€