Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

La Saga des Mystères : pentalogie (Jeff Wheeler)

Amis du jour, bonjour !

Décidément, cette année aura été chez moi celle des éditions Rivka, puisque j’ai commencé et terminé, non pas une, mais 2 séries de leur catalogue. La première, la quadrilogie Le Lys de feu, avait été un franc succès. Voyons ce qu’il en est des cinq tomes de La Saga des Mystères.

Le pitch :
Cettie et Séra vivent une vie bien différente. Tandis que la première, orpheline, enchaîne les familles d’accueil peu scrupuleuses et vit dans la misère et la pauvreté, terrifiée par des fantômes qu’elle semble être la seule à voir, la seconde, petite-fille de l’Empereur, profite du luxe de son palais flottant, ne rêvant que de découvrir le monde. Mais leur vie est sur le point de changer lorsque le fortuné vice-amiral Fitzroy recueille Cettie à Saules de Brume, et qu’il se murmure que l’Empereur pourrait choisir Séra, et non son propre fils, comme héritière…

Mon avis :
J’enchaîne rarement les tomes d’une série, surtout en audio. Je préfère diversifier les ambiances, les styles, et ne pas m’enfermer dans un type de narration ou de récit, au risque d’avoir du mal à en sortir. Ici, bien que sachant qu’il s’agissait d’une pentalogie, je n’ai pu m’empêcher de dépenser crédit après crédit pour continuer. Mais quelle petite perle a trouvée Rivka !

En dehors d’un monde construit, aux règles mystiques mystérieuses qui seront en partie révélées tout au long des cinq tomes, c’est une histoire qui fait la part belle à ses personnages. Attachants, effrayants, repoussants, rarement immaculés, souvent nuancés, ils ouvrent un dialogue autour des croyances et de la paix, des secrets des puissants et des intrigues de cour.

Au milieu de ce maelstrom d’idées et de péripéties gravitent deux jeunes filles courageuses, qui subissent échec, humiliations et trahisons, et dont les victoires ne sont que plus éclatantes. Je n’ai honnêtement pas eu besoin de posing (oui, tu sais, la super nana qui se tient au bord de la falaise, cheveux au vent, les yeux vissés sur l’horizon) ou de punchlines à 3 francs pour me dire « eh bah elle en jette vachement quand même ! » On n’a pas eu besoin de me hurler à la figure « t’as vu mon personnage féminin hyper badass ? » C’était donc une leçon du « ne le dis pas, montre-le » dont je suis si friande et qui devrait, selon moi, être la base de tout bon roman.

Et si je dois avouer que sur le dernier tome, j’ai eu une grosse impression de sermon religieux (rien de rédhibitoire, c’était plutôt tourné vers le courage, la foi et la tolérance hein), je ressors de ces 5 romans avec l’impression d’avoir vécu une aventure pleine de sens, dont les personnages ont effectué un réel cheminement à travers la peur, la douleur et le deuil. Des héros aux multiples facette capables d’amour, de compassion et de rédemption, mais aussi de haine et de trahison. Une série dont je vous recommande la lecture, donc, à partir de 13 ans (et jusqu’à 147 ans). Petit plus : ils sont magnifiquement reliés et coûtent tous moins de 20€.

Pour info :
éditions Rivka (pour les 3 tomes sortis actuellement), traduits par Ariane Maksioutine, 18€
Saules de Brumes, 448 pages
Porte Miroir, 416 pages
Ciel d’orage, 432 pages

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique), Roman historique

Le Lys de feu : quadrilogie (Jacquelyn Benson)

Amis du jour, bonjour !

J’ai l’immense plaisir, l’honneur — que dis-je ? le privilège ! — de vous parler aujourd’hui d’une quadrilogie que j’ai découverte un peu par hasard, lorsque j’ai fait entrer les éditions Rivka dans mes rayons. Et d’une simple rencontre audio est née une véritable histoire d’amour.

Le Pitch
À l’aube de la Première Guerre mondiale, Lily, jeune londonienne et fille bâtarde d’un lord et d’une comédienne, se débat avec d’étranges visions et intuitions qui l’assaillent, mais qu’elle repousse. Lorsque sa vision lui montre le meurtre imminent de sa voisine médium, qu’elle adore, Lily décide de sortir de sa coquille et de mener l’enquête. Elle rencontre ce faisant d’autres hommes et femmes aux dons psychiques extraordinaires, qui deviendront très vite une nouvelle famille. Mais la menace gronde, bien plus terrible qu’elle ne le soupçonnait. Et si c’était l’avenir du monde tel qu’on le connaît qui était en jeu ?

Mon avis
J’étais dans un mood « historique/enquête/paranormal » quand je me suis dit « ouais, pourquoi pas ». J’avoue avoir eu très peur de tomber dans une sorte de roman(ce) à la Sherlock rencontre Jack l’Éventreur avec une touche de surnaturel. D’autant qu’on ne parle au début que de disparitions de de médiums, ça collait. Et puis non.

Lily fait la connaissance de personnages complexes et saisissants, touchants, mais tellement différents : de la voyante excentrique au lord mutique, du jeune chapardeur au sage mentor, de l’impitoyable et toute puissante informatrice au policier un peu trop intelligent, chaque roman apporte son lot de personnalités. L’histoire se déroule comme si elle suivait un fil logique, s’intriquant dans les courbes du grand H de la nôtre. Le texte est d’ailleurs parfaitement documenté grâce aux docteurs en Histoires et autres spécialistes des cultures et langues évoquées dont a su s’entourer l’autrice. C’est un très gros travail de recherches, mais aussi de construction, chaque roman appelant le suivant sans s’encombrer de ressorts un peu cheap, genre des cliffhangers un peu trop évidents.

Les rebondissements sont intelligents, le style fluide et élégant. L’autrice a su jouer avec les subtilités de narration pour faire comprendre à son lectorat ce qui relève des visions de Lily et ce qui relève de la vie réelle. Les romans enchaînent les péripéties dans un rythme nerveux, souvent soumis à un infernal compte à rebours, mais savent aussi se poser dans de merveilleux moments de contemplation et d’apaisement. Les liens se tissent sans entrer au chausse-pied dans l’intrigue. Bref, c’est fin, c’est haletant, c’est très bien raconté. Aucun roman ne se détache de la parfaite harmonie de cette quadrilogie. C’est un sans faute, pour un prix plus que raisonnable vu la qualité des ouvrages (tous reliés avec jaquette).

Pour info :
éditions Rivka, trad. de Bérengère Amadie, 18€ (le tome)
Tome 1 : 552 pages
Tome 2 : 456 pages
Tome 3 : 436 pages
Tome 4 : 590 pages

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Le futur ne sera pas (Bleuenn Guillou)

Amis du jour, bonjour !

Aujourd’hui j’écris un billet que je préfèrerais ne pas rédiger, parce que c’est un avis mitigé sur le roman d’une autrice que j’apprécie. Mais enfin on ne peut pas plaire à tout le monde…

Le Pitch
Le jour où l’Oracle prédit que la Salamandre causera la fin de tous les Supers-héros, les dirigeants de la ligue mettent en place une équipe restreinte pour l’empêcher d’agir. Contrainte de fuir, Mila fait éclore dans son sillage les graines du doute. Et si la fin du monde ne venait pas d’où on l’attendait ?

Mon avis
C’était probablement l’un des romans chez Slalom qui m’intriguait le plus cette année (en dehors de Maëlle, TMTC). Grande fan des Extraordinaires, de T.J. Klune, nourrie de Loïs et Clark gamine, j’ai même rencontré mon époux à l’occasion d’un visionnage arrosé d’Iron Man 3 ! Du coup, forcément, les super-héros sont une part importante de ma propre culture. Bleuenn expliquait dans un live qu’elle ne les portait pas particulièrement dans son cœur, préférant donc les faire tomber de leur piédestal. J’entends tout à fait cet argument, et c’est d’ailleurs tout le propos de séries comme The Boys, ou des romans comme La Vie sexuelle des super-héros qui traitent de la déchéance de ces surhumains… Perso, j’avais beaucoup aimé Les Indestructibles 2, qui tenait un discours similaire mais plus mesuré. Bref.

Ici, je me suis dit « la fin vient de l’intérieur, trop cool » ! Dans l’idée, vraiment j’ai trouvé ça super. Je ne peux pas trop en dire, mais la clef du grand final est ingénieuse et inattendue. J’aime la fin en demi-teinte, le fait que personne ne soit tout blanc ou tout noir. En gros, tout le déroulé. Le style est simple mais efficace. Non, le problème, ce n’est pas ça. Le fait est que je n’ai pas aimé les personnages. Pas que je les aie détestés, mais je n’ai pas réussi à m’y attacher. Ils sont pour moi restés des outils, aux secrets pas très bien gardés, et le point de vue interne qui saute de personnage en personnage n’a pas aidé. Être dans la tête de tout le monde, ça ne rend service à personne. J’aurais préféré un point de vue externe ou unique, et là, les soupçons et suppositions que chacun fait sur les autres aurait eu du sens. Tout ce qui est long n’est pas forcément bon, et quand on tourne autour du pot, ça a tendance à jouer avec mes nerfs.

En conclusion, j’ai trouvé les idées brillantes, et le tout prometteur, mais j’ai eu comme un goût d’inachevé parce que les personnages n’ont pas réussi à me convaincre. La faute à un point de vue que j’aurais préféré plus recentré, ce qui aurait permis de moins s’éparpiller, et aurait surtout évité d’avoir cette impression qu’on tirait sur l’élastique… Mais c’est un ressenti très personnel.

D’autres on beaucoup aimé, notamment Les lectures de Floriane, VDBook, ou encore Abrrracadabra.

Pour info :
éditions Slalom, 400 pages, 18.95€

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Le Clan Bennett, T1 : Le Chant du loup (T. J. Klune)

Amis du jour, bonjour !

Je continue ma découverte de l’univers de T.J. Klune avec, pour le moment, le roman le plus sérieux que j’aie lu de lui. Cette fois, exit les paillettes, les blagues potaches et les personnages farfelus, bonjour jeunes adultes mutiques et torturés, toujours dans un esprit queer et de tolérance, tout de même.

Le pitch :
On le lui a toujours dit, du moins son père qui s’est barré, Ox est lent du ciboulot. Adolescent effacé, il vit seul avec sa mère. Jusqu’au jour où les Bennett emménagent dans la maison au bout de la rue. Alors il rencontre le jeune Joe Bennett, dont le débit de parole ne tarit jamais alors qu’il n’avait pas prononcé un mot depuis plus de deux ans. Les Bennett qui l’accueillent dans leur clan, dans leur meute… Les Bennett dont le passé est sur le point de les rattraper.

Mon avis :
Je connais T.J. Klune décomplexé, drôle, aux personnages hauts en couleur. Alors quand j’ai vu le tour que prenait le roman, je me suis gratouillé le crâne. Est-ce que T.J. Klune sérieux, ça marche ? Bah oui, tous les personnages c’est mes copains ! Dans le désordre et la complicité de la famille Bennett, j’ai entrevu les Cullen de ma jeunesse… et oui, je cite Twilight parce que les sujets et les tropes sont similaires. Parce que peut-être que tu l’auras deviné, avec les pattes de chien, le titre étou étou, il s’agit d’un roman de loup-garou.

Côté personnages, on est servi : ça communique, c’est chou, c’est douillet, rassurant. Et c’est très bien contrebalancé par quelques scènes assez violentes qui accentuent la tension dramatique. Ox est touchant dans sa réserve comme Jo l’est dans son hyperactivité, et le rapprochement des deux jeunes hommes est si progressif que leurs liens semblent indéfectibles. La sensation d’appartenance, même pour le lecteur, est prégnante, parce que le clan Bennett accueille Ox, mais aussi sa famille, et, un par un, ses amis les plus chers, formant ainsi une meute uni(qu)e. Si je lui ai trouvé quelques longueurs, et que j’ai ragé une ou deux fois (parce qu’on communique, mais on ne changera pas un personnage qui manque de confiance en lui en 30 pages), je reste très friande de l’ambiance. Ceci dit, je préfère l’auteur dans le cosy, l’humour débridé, le too much… et le one shot.

Pour info :
éditions Bookmark, trad. de Christine Gauzy-Svahn, 600 pages, 23€

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La Millième Nuit (Alastair Reynolds)

Amis du jour, bonjour !

Dernièrement, peut-être à cause des films Dune, peut-être à cause de ma découverte de Aurora Squad (et ma relecture de Red Rising), j’ai eu envie de lire un peu de SF. Et pas n’importe quelle SF : du space opera (genre avec un vaisseau dans l’espace). Et c’est totalement influencée par Armance (Armance around the corner, sur Instagram) que j’ai découvert les écrits d’Alastair Reynolds. C’est d’ailleurs un de mes premiers achats au Grenier des Chimères, chez ma très chère Livia.

Sarakontkoi ?
Grosso modo, une nana nommée Gentiane a créé 999 clones d’elle-même et les a envoyés explorer l’univers à la recherche de bourgeons de race humaine qui ont fleuri un peu partout, sans interférer avec eux. Les clones évoluent chacun à leur façon et se retrouvent tous les 200 000 ans afin de partager leurs observations et leurs découvertes et construire un savoir absolu. Ces retrouvailles et ces échanges, qui s’organisent dans une sorte de symbiose, durent très exactement 1000 nuits. Mais cette fois-ci, certains récits montrent quelques incohérences… et si la lignée Gentiane n’était pas si neutre qu’elle le prétend ?

Tenpenskoi ?
Alastair Reynolds a travaillé à l’ESA (Agence Spatiale Européenne), et nous propose ici de plonger dans son univers. Bienvenue dans de la hard-SF accessible, où les complexités de l’espace-temps vont vous être révélées. Loin de me rebuter, moi la nulle en sciences, j’ai même trouvé qu’il rendait des notions nébuleuse très accessibles. Et c’est le premier bon point : même si tu ne bites rien à la science, tu n’es pas laissé de côté. L’espace et le temps sont ici sans commune mesure puisque ce sont des distances et des durées que nous, humains actuels, ne pouvons appréhender. Mais en lisant, je me dis « pourquoi pas, oui, on pourrait finir comme ça ».

Ces questionnements scientifiques sur l’éthique de l’observateur ont une réelle résonnance et l’on n’imagine que trop bien qu’il est quasiment impossible à un être vivant à l’ego aussi développé de ne pas tenter de se prendre pour Dieu. Ce court roman touche du doigt les manigances de quelques individus avides d’expériences plus que de connaissance. Tester, faire, essayer, plutôt que d’observer, comprendre et accepter. C’est une problématique très actuelle qui nourrit un roman visionnaire. Je suis impatiente de lire d’autres textes d’Alastair Reynolds, dont Eversion, qui est déjà dans ma bibliothèque.

Pour info :
éditions Le Bélial’ (trad. Laurent Queyssi), collection Une Heure Lumière, 144 pages, 10.90€

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La Fille renard et la merveilleuse boutique-sur-pattes (Andy Sagar)

Amis du jour, bonjour !

Vous connaissez ces romans qui vous font envie de ouf, dont le pitch fait palpiter votre petit cœur de lecteurice, mais qui tombent complètement à plat ? J’ai bien peur que ma lecture du jour soit de ceux-là.

Sarakontkoi ?
Felicity Fox déteste ses oreilles de renard, qui lui valent d’être exhibée dans un cirque ambulant depuis sa plus tendre enfance. Lorsqu’un corbeau, familier de la sorcière de thé Miss Dumpling, vient la délivrer et lui annonce qu’elle a été choisie pour devenir l’apprentie de sa maîtresse, Felicity n’hésite pas. En chemin, elle fait pourtant une rencontre étrange, un homme qui lui propose de la débarrasser de ses oreilles… mais le contrat est truqué et le temps de Felicity est compté…

Tenpenskoi ?
Comme je l’ai dit, j’avais très très envie d’aimer ce livre. Un salon de thé qui marche bon sang ! Des thés qui soignent, des pâtisseries, un RENARD ! Mais que s’est-il passé ? Tout a commencé à la page 20, quand une gamine s’égare dans la forêt parce qu’elle perd de vue l’animal qui est venu la délivrer (bravo le guide !), et qu’elle tombe sur un mec louche, à qui elle ne fait pas confiance, mais elle SIGNE quand même un contrat avec lui. Cinq minutes de lecture et je me dis déjà qu’il y a un souci de construction. Le roman me prend un peu pour une débile tout le long, me martèle des choses qu’il pense que je n’ai pas comprises… Le tout m’a donné une impression décousue.

Les péripéties s’enchaînent, mais parfois c’est trop long (tu comprends en lisant une phrase par page), parfois ça saute du coq à l’âne. Des violons magiques qui charment les monstres sortent d’une poche (WTF ?), et moi, tout ce que j’entends, c’est « ta gueule, c’est magique… et c’est pour les mômes ». Et je me demande pourquoi on prend les mômes pour des teubés. Trop de questions explicitement posées sans réponse, de deus-ex-machina (le truc qui sort de nulle part où tu te dis « comme par hasard »), alors que bon sang, le roman regorge de thèmes et d’items géniaux, comme les thés concoctés spécialement pour chaque consommateur, chaque situation, l’idée de pacte faustien, de recherche des origines, d’estrangelins (êtres magiques abandonnés chez les humains qui ont donc oublié la magie)… Et puis, on en parle de cette traduction ? Pourquoi un nom aussi signifiant que Yesterday Crumb (littéralement « hier » et « miette », ce qui aurait une réelle importance dans la construction du personnage) devient un banal Félicity Fox (oui, on avait compris qu’elle avait des oreilles de renard) ? Bref, je suis en colère, parce le potentiel était incroyable et qu’on s’est laissé aller à la facilité. C’est un peu paresseux, et c’est très dommage.

Pour info :
éditions PKJ (trad. Emmanuelle Gros), 336 pages, 16.20€

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Gwendy et la boîte à boutons (Stephen King/Richard Chizmar)

Amis du jour, bonjour !

Dans l’un de mes billets je faisais mention du challenge « Automne du King » et de la liste de lectures que m’avait concoctée mon amie Laura. C’est de cette même liste qu’est issue la lecture d’aujourd’hui.

Sarakontkoi ?
Gwendy est une enfant rondouillette qui expérimente, depuis sa récente entrée au collège, la cruauté de ses camarades. Un jour, elle croise au parc un homme chapeauté qui lui offre une boîte ornée de plusieurs boutons et leviers. L’un d’entre eux lui donne un chocolat par jour, qui miraculeusement fait que tout dans sa vie s’améliore, l’autre lui donne une pièce en argent d’une grande valeur. Quand aux autres boutons, mieux vaut ne pas trop les actionner…

Tenpenskoi ?
Comme pour Elévation, on retrouve ici ce que King sait faire le mieux : lâcher une petite grenade surnaturelle au milieu d’une vi(ll)e bien rangée. Gwendy est une petite fille gentille, attachante, intelligente et en tant que lectrice, je n’ai pu qu’avoir peur de l’impact qu’aurait un tel objet sur elle. Parce que le pouvoir avilit souvent les adultes, et que le bonheur et la facilité ne réussissent pas à tout le monde. L’apparition de cette boîte magique émerveille puis effraie Gwendy ; ce qui est intéressant, c’est de suivre l’évolution de sa mentalité face à ce qui lui est offert, ses peurs, ses espoirs.

Encore une fois, je suis soufflée par la capacité de King à infiltrer le quotidien pour y trouver le meilleur comme le pire, à tracer des lignes d’existence pour nous proposer d’en explorer un segment, comme si nous ne faisions que traverser la vie de ses personnages, et qu’ils existaient au-delà de nous et de son œuvre. Bref, je n’ai pas grand chose de plus à dire sur ce très court roman, si ce n’est qu’encore une fois, King m’a donné un bon cours d’efficacité !

Pour info :
éditions Le Livre de Poche (trad. Michel Pagel), 160 pages, 7.70€

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Elévation (Stephen King)

Amis du jour, bonjour !

Il y a très très longtemps (40 chronique de retard), c’était, comme chaque année en automne, le challenge « l’Automne du King », organisé sur son compte Insta par TomaBooks. Ma copine Laura, grande amoureuse de Stephen King devant l’Eternel, sachant que je n’avais pas trop le temps de lire des romans que je n’avais pas dans ma PAL, m’a gentiment proposé toute une liste de courts textes de l’auteur, pour mon plus grand plaisir ! Vous l’aurez compris, Elévation en faisait partie.

Sarakontkoi ?
Scott, soixantenaire divorcé bien-portant, va voir son médecin avec une problématique particulière : chaque jour, son poids diminue un peu plus. Il n’a pas perdu de masse, simplement, sa masse pèse de moins en moins. Ce phénomène étrange entraîne toutes sortes de transformations dans sa vie, et dans ses interactions avec son entourage.

Tenpenskoi ?
Question : pourquoi j’en ai eu quelque chose à faire de ce vieux gars insipide et de ses histoires de divorce et de voisinage ? C’est toute la magie de King. En instaurant un élément surnaturel dans une petite ville tranquille au voisinage bien rangé (ouais, on pense un peu à Stars Hollow avec une ambiance Wisteria Lane), il met un beau coup de pied dans la fourmilière. Scott n’est pas le personnage le plus attachant de prime abord, il est vieux, divorcé, ne fait pas grand chose de sa vie, et pourtant, en devenant de plus en plus léger, en cachant son secret, il sort de ses routines, s’interroge sur ses comportements, et succombe à l’envie de s’impliquer dans la vie des gens qu’il aime.

Et ses proches le lui rendent bien. Les incompréhensions s’envolent, les liens se tissent, et si l’issue semble fatale (oui, Scott a finalement tout d’un personnage tragique), on ne peut que sentir notre cœur s’alléger pour accompagner Scott dans son cheminement. J’ai refermé le livre la gorge serrée et une larme au coin des yeux. C’est rapide à lire, efficace. Vous n’allez pas comprendre ce qui vous arrive, mais je garantis que vous serez embarqués.

Pour info :
éditions Le Livre de Poche (trad. de Michel Pagel), 160 pages, 7.70€

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La Société très secrète des sorcières extraordinaires (Sangu Mandanna)

Amis du jour, bonjour !

Encore un roman que j’ai vu passer partout, encore une opportunité pour moi de râler… foutue hype ! Je sais que je dois me faire confiance, je le sais ! Et j’ai toujours l’impression d’être la grincheuse de service… Mais enfin, il faut ce qu’il faut.

Sarakontkoi ?
Mika est une jeune sorcière moderne, qui aime parler potions sur Youtube (parce que personne ne croit vraiment à la magie, n’est-ce pas ?). Elle mène une vie solitaire jusqu’au jour où elle reçoit un message lui demandant de venir aider trois jeunes sorcières qui vivent dans un manoir ; mais les sorcières n’ont normalement pas le droit de vivre en communauté, trop de pouvoir concentré en un endroit. Mika fait la connaissance d’une drôle de famille : Ian et Ken, vieux couple heureux, la gouvernante de la demeure, et Jamie, le bibliothécaire râleur…

Tenpenskoi ?
L’idée de base, à savoir la modernité des réseaux sociaux mélangés à l’art ancestral de la sorcellerie, une found family, je me suis dit « mais oui, banco » ! C’est doux, c’est tout bon pour l’automne ! Côté réseaux sociaux, c’est tout de même léger-léger, je pense même qu’on peut dire que ce n’est qu’une mention dans le roman. Ça, déjà, c’est mort. Bon, la found family, ça, ça peut pas louper ? Alors, tu peux me le dire, hein, que c’est une famille soudée, qu’ils se protègent les uns les autres, mais en dehors de l’affection que Ian et Ken se portent et portent aux autres personnages, c’est pas foufou non plus !

Et bien sûr que le bibliothécaire est ronchon ! Et bien sûr que Ian est un vrai soleil (d’ailleurs calqué d’après moi sur Ian McKellen, mais c’est pas grave, on l’aime bien) ! Les personnages ont l’air d’avoir 5 ans alors qu’ils en ont plus de 30 (en dehors des gamines). Le prétexte utilisé pour faire appel à Mika est un peu léger, du coup, là, roman, tu m’as perdue. C’est trop. Trop forcé, trop ronchon, trop solaire, attention à pas péter ton chausse-pieds pour faire tout rentrer. Et, SPOILER, d’un coup d’un seul, voilà que Jamie a un crush ? Qu’il donne lieu à une scène « chauds les marrons » hyper cringe et oscille entre le ramassis de clichés et le cours d’anatomie. FIN DE SPOILER Les autrices, si vous n’êtes pas à l’aise avec le smut (la fesse, pour toi maman), n’en écrivez pas, parfois, la suggestion fonctionne bien mieux !

Bref, je suis heureuse tout de même de voir un peu de diversité (un couple queer, une sorcière aux origines indoues si ma mémoire est bonne). J’adore le principe de found family, mais c’est assez mal foutu. En soi, j’ai l’impression de goûter la tarte de printemps de dame Séli, et comme le dit Arthur à sa belle-mère : « le plus intéressant c’est, comment est ce que vous arrivez à faire un truc aussi immonde avec des ingrédients normaux ? […] Non mais c’est incroyable. J’ai l’impression de bouffer de la terre avec de la bouse et du gravier, ça sent le poulailler, mais c’est du céleri et des oignons, c’est prodigieux. » Ok, j’exagère, c’est pas immonde, mais c’est pas bon quoi…

Pour info :
éditions Lumen, trad. de Laureline Chaplain, 406 pages, 17€

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Les Whisperwicks, T1 : Le Labyrinthe sans fin (Jordan Lees)

Amis du jour, bonjour !

Enfin — ENFIN ! — je peux vous parler de cet énorme coup de cœur que je retiens depuis 2022, puisque j’ai eu l’immense privilège d’en faire la lecture à l’état de manuscrit alors que Penguin Random House n’avait pas encore annoncé sa publication. Oui, je me la pète oui. Mais ce manuscrit, c’est un peu mon bébé ! Alors je triche un chouilla, je profite de sa sortie en VO pour vous proposer une chronique avec une semaine d’avance sur sa sortie française…

Sarakontkoi ?
Benjamiah Creek, 11 ans, est un gosse cartésien ; la magie, pour lui, ça n’existe pas. Mais lorsqu’il reçoit mystérieusement en cadeau une poupée qui lui parle, il croit devenir fou, jusqu’à ce qu’elle l’entraîne dans l’étrange monde de Dedaleum, un univers labyrinthique où il ne fait pas bon se perdre. Et se perdre, c’est justement ce que doit faire l’intrépide Elizabella pour retrouver son frère Edwid, qui a disparu. Benjamiah et Elizabella partent donc à la recherche des fameux whisperwicks semés par Edwid…

Tenpenskoi ?
Explosion dans ma tête. Les romans destinés à un public 9-11 ans peinent à éveiller mon intérêt (oui, je sais, je ne suis pas la cible, mais je suis censée les conseiller). Ceci dit, avant même que je ne comprenne ce que j’étais en train de lire, j’étais déjà incapable de lâcher le roman.

Le roman est tellement riche qu’il est difficile de vraiment le résumer. Et quand je dis riche, je veux parler de style, de personnage, de construction d’univers et d’intrigue. Oubliés les personnages casse-bonbons insupportables de suffisance, aux surnoms/diminutifs infantilisants. Pas de roman « à couettes » parce que c’est pour les petits. Le roman est construit comme son décor, un labyrinthe, qu’il faudra explorer pour en obtenir toutes les clefs. On y parle de réalisation, d’ouverture à l’autre, de deuil aussi.

L’univers est tantôt magique et enveloppant, tantôt angoissant et étouffant, merci le labyrinthe. C’est très visuel, et inventif. J’y ai retrouvé des concepts de Pullman, mais aussi l’étincelle de Nevermoor (auquel j’ai préféré Whisperwick, désolée). Émotionnellement c’est une claque assez osée pour un roman jeunesse middle-grade. Bref, un texte qui joue clairement dans la catégorie des grands du genre, que je conseille, personnellement, plus à partir de 11 ans.

Pour info :
éditions Auzou (trad. Juliette Lê), nombre de pages inconnu (pour le moment), 24.95€ pour sa version reliée, 16.95€ pour sa version souple