Publié dans Bouquinade, Roman

Esprit d’hiver (Laura Kasischke)

Amis du jour, bonjour !

Je me suis dit que la saison était parfaite pour prendre un petit coup de froid. Froid au bout des doigts, mais froid dans le dos aussi !

Le Pitch :
Réveil en urgence pour Holly en ce matin de Noël neigeux. Peu désireuse de recevoir ses convives, elle reste seule à la maison pour préparer le repas avec sa fille adoptive, d’origine russe, pendant que son époux va chercher ses parents à l’aéroport. Cette matinée festive se transforme en huis clos lorsque les routes deviennent impraticables. Alors une idée hante Holly : il y a 12 ans, quelque chose l’a suivie depuis la Russie jusque chez elle…

Mon avis :
De base, ce genre de littérature contemporaine d’ambiance, c’est pas vraiment mon truc. C’est toujours très contemplatif. Mais j’en ai entendu parler sur des chaînes Youtube que j’apprécie beaucoup, alors je l’ai noté dans un coin de ma tête. Et puis, en rangeant le rayon litté à la librairie, je me rends compte qu’il est là. Il n’est pas très épais, je suis intriguée, j’ai un peu de temps à perdre (c’est faux) alors je m’y jette.

Au début, c’est chelou. Il y a comme un malaise. Holly est insipide, elle vieillit, elle le sait. Elle aime son mari, et sa fille, mais elle a tendance à ne pas être entendue d’eux. Ses beaux-parents lui sont antipathiques et en plus, elle doit recevoir tout ce beau monde ainsi que des amis de son mari (qu’elle ne porte pas dans son cœur). Bref, c’est un personnage geignard qu’on a très envie de secouer, très fade à côté de sa fille de 15-16 ans qui est d’une beauté froide et d’un caractère guère plus chaud face à sa mère. Cette fille qu’elle a adoptée avec son mari en Russie donc. Le rêve de sa vie devenu réalité. Enfermée dans sa maison, elle ressasse les souvenirs. Des souvenirs de plus en plus étranges. Des pensées culpabilisantes, qu’elle avait enfouies jusqu’à présent.

Et là, tu la sens l’ambiance poisseuse ? Les remarques de plus en plus gênantes de sa fille, ses apparitions silencieuses, ses changements de tenue intempestifs, ses sauts d’humeur. Et Holly qui subit, qui questionne, qui raisonne. Holly qui cherche sa place de mère, de femme. C’est étrange, c’est étouffant et froid. Et ça m’a beaucoup fait réfléchir au type de famille qu’est devenue celle de Holly après l’adoption (même si ce n’est pas vraiment le sujet). Le roman me colle à la peau, j’y repense souvent. Et cette fin… Bref, un contre-roman de Noël intelligemment écrit et construit, que je vous conseille de découvrir si mon retour a éveillé votre curiosité.

Pour info :
éditions Le Livre de Poche, trad. de Aurélie Tronchet, 312 pages, 7.90€

Publié dans Albums, Bouquinade

Bergère Guerrières : Les Novices (Jonathan Garnier / Amélie Fléchais)

Amis du jour, bonjour !

Je prends rarement le temps de vous causer d’albums, parce que le ratio temps de lecture/temps de rédaction du billet est d’environ 2:1 (je mets moins de temps à le lire qu’à le chroniquer quoi). Mais comme ici, les stats, on s’en tape (oui Monsieur le Prof de Maths de la fac qui me faisait apprendre des formules que je n’ai jamais comprises), on va s’y jeter !

Le Pitch :
Dans le village de la jeune Molly, il n’y plus (ou presque) d’hommes depuis que les pères, les frères et les amis sont partis à la guerre. Alors pour se protéger, les femmes ont créé l’ordre des Bergères Guerrières. Molly rêve d’intégrer les Novices. Sa première mission sera de se choisir une monture, un bouc, et de s’en occuper. Puis viendront les missions plus périlleuses, qui mettront à l’épreuve son courage…

Mon avis :
Je suis une fan de la première heure ! L’album est tiré d’une quadrilogie de bandes dessinées dont le premier tome est sorti en 2017 et je suis avidement chaque sortie depuis. Déjà, des guerrières, mais en plus elles chevauchent des boucs ! Et ces petites bouilles adorables, on en mangerait (à partir de 8 ans pour les 2 premières BD, les suivantes sont un peu plus dark, je préconise 10 ans). Avec Les Novices, on touche un publique plus jeune (à partir de 5 ans).

On retrouve bien entendu Molly et ses ami.e.s, et leur mission, qui fait pourtant appel à leur courage et à leur sens de l’entraide, a un impact moindre sur la suite de la série. C’est une mise en bouche très prometteuse pour présenter l’univers à de futur.e.s lecteurices, même si j’ai trouvé l’album plus statique, moins dynamique que la bande dessinée, qui pour moi était le médium idéal pour ce type d’histoire. Enfin, je chipote parce que je n’ai pas boudé mon plaisir !

Les aquarelles d’Amélie Fléchais sont en effet toujours un délice, et on se permet d’être un peu plus gourmand parce qu’on profite des illustrations pleine page qui parsèment le livre, et de ces petites touches d’acrylique fluo qui dansent dans les cheveux de Molly. Bref, à découvrir pour les fans, à mettre entre les mains de nos bambins… et y a plus qu’à attendre la série télévisée (en projet) maintenant !

Pour info :
éditions Glénat, 72 pages, 14.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Dans la vie des pantins (T.J. Klune)

Amis du jour, bonjour !

Quand dans ma vie je ne sais pas trop quoi lire, je suis dans une espèce d’entre-deux, en galère de « j’ai 500 bouquins mais je lis quoi ? », je me lance un petit T.J. Klune. C’est une valeur sûre et je sais que c’est safe, doux, que les personnages se comprennent, et que même si la fin est douce-amère, je vais rire une ou deux fois et m’attacher de ouf à des personnages. Alors c’est ce que j’ai fait.

Le Pitch
Plus un humain sur terre. Les machines ont gagné ; organisées en villes, elles se prennent pour leurs créateurs, sous le joug d’une IA qui chapote tout, tout le monde, partout. Mais dans une forêt profonde, Gio, inventeur émérite, élève depuis des années le jeune Victor, le dernier humain. Leur vie bascule lorsque Victor et ses deux acolytes — Ratched, le robot nurse psychopathe, et Rambo, le robot aspirateur anxieux — rapportent de la Casse un androïde belliqueux qui attire par mégarde l’attention de l’Autorité sur eux…

Mon avis
J’avoue que j’appréhendais légèrement mon écoute, parce que c’est un des T.J. Klune dont j’ai entendu le moins de bien. Les avis sur ce titre son très mitigés, certains le trouvant long et bof dans sa construction ou ses personnages. Alors forcément, je ne m’attendais pas à l’aimer autant !

Soyons honnêtes, le liseur y est pour beaucoup. Rendons donc à Daniel Henning ce qui est à lui, il a réellement donné une âme aux personnages (drôle, ce sont tous des robots… qui développent leur propre personnalité). Il a rendu une performance impeccable et franchement pas évidente : entre le bégaiement de Hap, l’excitation et l’anxiété de Rambo, et l’amour caché derrière les allusions synthétique de Ratched… un tour de force je vous dis ! Et encore, vous pourriez le lire et ne jamais comprendre mon expérience d’écoute. C’est comme le gars qui va voir Avatar en IMAX 3D au ciné et qui en parle avec le mec qui l’a maté sur son tel. Rien à voir. Bref.

Il y a le liseur, donc, qui donne vie aux personnages. Mais pas de liseur sans personnages. Et de la même manière que nous nous sommes un jour trouvés à éprouver une profonde empathie pour un petit robot qui ne prononce que 3 mots dans un films (oui, je parle de Wall-E), on tombe sous le charme de ces personnages ! Souvent hilarants, parfois touchants, toujours dans la justesse même dans leurs excès, ils donnent au texte toute sa saveur. Et à la rigueur, je m’en fiche presque de l’intrigue, de la quête. Je veux juste les écouter échanger, les voir évoluer. Voir Gio aimer Victor comme un fils a fait battre mon petit cœur.

Trouver l’humain dans la machine, créer une conscience à partir d’une IA, construire une famille, un foyer, avoir le sens du sacrifice, la valeur d’une amitié, voilà ce que nous dit ce roman, qui est finalement l’un de mes favoris de l’auteur. Grâce à Daniel Henning ? Peut-être. En tout cas, si vous avez besoin d’un gros câlin littéraire et d’une chouette aventure, vous avez trouvé le bon roman.

Pour info :
éditions De Saxus, traduction de Benoît Domis, 432 pages, 19.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Les Extraordinaires, T1 (T.J. Klune)

Amis du jour, bonjour !

Quand l’enthousiasme ressenti à l’écoute du roman d’un auteur te donne envie de bouffer la totalité de son œuvre, c’est plutôt bon signe. Et j’avoue que dans le cas de T.J. Klune, si je me délecte de sa plume, je ne boude pas mon plaisir face au talent de ses narrateurs dans les versions originales (d’ailleurs, je vais pousser les recherches, je ne sais pas s’il ne s’agit pas toujours du même gars… et pour vous c’est en direct mais pour moi c’est 15 minutes après, il s’agit des excellents Daniel Henning et Michael Lesley, et rien que pour leur talent vocal, la VO vaut le coup). Bref ! Me voici donc lancée dans une nouvelle série de l’auteur.

Le Pitch :
La ville de Nova City est protégée par des êtres aux pouvoirs extraordinaires (d’où leur nom : les Extraordinaires). Nick, un ado atteint de TDAH (trouble de l’attention avec hyperactivité) guette leurs apparitions, et notamment celle de Shadow Star, le héros de ses fan-fictions, pour qui il est prêt à tout, même à tenter de devenir lui-même un Extraordinaire, quitte à se mettre en danger.

Mon avis :
Ayant eu un aperçu de ce que pouvaient être les romances ado/jeunes adultes gays chez l’auteur avec Les Contes de Verania (oui, un roman de T.J. Klune amène toujours à un autre…), j’ai eu très envie de tester cette histoire de super-héros (bah ouais, j’aime bien aussi, j’ai eu ma période Marvel avant que ça parte en sucette). Et en fait, je me rends compte que si les contextes de ses romans sont très différents, fourmillants de détails — tantôt anecdotiques, tantôt croustillants — c’est toujours ces familles choisies, ces found families, qui les rendent si savoureux.

Le sexe n’est jamais tabou (ni d’ailleurs l’homosexualité, qui n’est jamais questionnée). Dans le cas présent, il est même question d’un père veuf qui se renseigne sur les rapports homosexuels pour éduquer son fils (scène hilarante au demeurant). Ça c’est une situation saine ! Des questionnements, des moments d’embarras, de « comment qu’on fait ? »

Au-delà de ça, je suis plongée dans une intrigue que je trouve très cool, réhaussée, ne le cachons pas, par l’hyperactivité de Nick. On ne rit jamais de lui, mais on ne peut s’empêcher de sourire devant son énergie et son optimisme, ses idées foireuses et j’en passe. En bref, je trouve qu’on touche à la quintessence de ce que devrait être un roman pour adolescents : des thématiques réfléchies distillées dans un univers original et personnifiées par des personnages bien caractérisés. Un petit bonbon !

Pour info :
éditions De Saxus, trad. d’Isabelle Troin, 496 pages, 18.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Les Mystères de tante Dimity, T1 : La Mort de tante Dimity (Nancy Atherton)

Amis du jour, bonjour !

Une fois n’est pas coutume (combien de billets ai-je introduits ainsi ?) je vous parle d’un roman que j’ai terminé très récemment. Un roman que je voulais adorer, que j’ai beaucoup conseillé (sans l’avoir lu, team « je suis libraire c’est mon super pouvoir, et ne fais pas la choquée, on l’a tous fait »), notamment à ma maman, qui me l’a prêté.

Le Pitch :
Lori part assez mal dans la vie. Elle vient de perdre sa maman, son mariage est un échec et l’a laissée vidée (littéralement), sur le trottoir de la ville… Jusqu’à ce coup de fil d’un avocat qui lui apprend que l’héroïne des histoires du soir que lui racontait sa mère existe… enfin, existait, puisqu’elle vient de décéder en lui confiant une mission des plus importantes : parcourir la correspondance qu’elle a entretenue avec la mère de Lori pour écrire une préface à son livre d’histoires, Les Histoires de Lori

Mon avis :
Je voulais très très fort aimer ce roman. Et là, vous attendez un méchant « mais ». Je vous rassure, le « mais » arrive ; il sera cela dit moins punitif que d’autres que j’ai pu écrire.

Le roman a de très bons ingrédients : un cottage cosy en Angleterre, quelques cookies d’avoine, des promenades en forêt, de vieux albums photos dans lesquels on aime fouiller, des lettres manuscrites, des mystères, une enquête et une (presque) marraine la bonne fée ! La vie de Lori est si triste au début du roman qu’on est presque atteint d’un syndrome de Cendrillon lorsqu’elle est recueillie par M. Willis, l’avocat de la fameuse Dimity. Et lorsqu’au milieu du roman, Salagadou la magicabou, Lori est fraîche et pimpante, la voilà qui quitte le Nouveau monde pour se rendre en Angleterre, non sans avoir joué les Pretty Woman avec M. Willis Jr, son chaperon. Jeune M. Willis qui, pourvu d’un humour un peu lourd, agacera très vite Lori, au point de la rendre insupportable. Elle geint quand il lui montre de l’attention, l’accuse sans arrêt de se moquer d’elle alors qu’il est sincèrement maladroit, ce qui a eu tendance à me taper sur les nerfs.

Nous avons notre duo d’enquêteurs, il est temps de… eh bien d’enquêter ! Et on est déjà aux 2/3 du roman. Nous arrivons donc à l’une des critiques que j’ai à faire : je ne me suis pas ennuyée, la lecture a été assez facile (une fois oubliée la trad… passable), mais le gros de l’enquête prend moins de place que l’intro, c’est un peu déséquilibré. Et je vous dis que je passe par-dessus les erreurs de trad (certaines phrases étaient à la limite de l’agression visuelle, genre « je comprends ce que tu as voulu dire, mais c’est pas trop ça »), mais en vrai, ce malaise m’a suivie pendant toute ma lecture. Pour une simple raison : on n’utilise pas « on » (qui est un grand cornichon et soit désigne une personne indéfinie, soit remplace le « nous » en langage familier) quand le récit est au passé simple ! C’est NON. Hein hein. Le passé simple exprime un langage, sinon soutenu, au moins courant. « On fit nos valise », « on commanda à boire », « on alla se promener »… beurk beurk beurk. D’autant qu’on écrit pour un lectorat adulte, qui, je l’espère, ne fait pas sa prude choquée quand on cause un peu beau, non mais oh !

Concernant l’enquête, bien que vite bouclée, elle a su éveiller ma curiosité ainsi que la petite part sentimentale de mon être. C’était chouette, et tout était là pour nous faire plonger dans le passé d’un personnage charismatique. C’est presque touchant (l’intention l’est en tout cas), presque captivant, presque doudou. En somme, une lecture pas désagréable, mais ternie par les attentes que j’en avais. Paraît que les tomes suivants sont meilleurs (et je veux bien le croire, puisque les personnages sont déjà introduits). Pour celui-ci, perso, j’aurai aimé qu’il soit plus étoffé.

Pour info :
éditions Verso (Seuil), trad. de Nicolas Ancion et Axelle Demoulin, 400 pages, 14.90€

Publié dans BD, Bouquinade

Ulysse & Cyrano (Dorison/Cristau/Servain)

Amis du jour, bonjour !

Novembre touche gentiment à sa fin à l’heure où j’écris ces lignes, les fêtes arrivent, avec leur lot de festins et d’indigestions, et je m’en vais vous parler bouffe. Enfin, moi non, mais Xavier Dorison et Antoine Cristaux (sublimés pas les illustrations de Stéphane Servain), eux, ils vont vous mettre l’eau à la bouche !

Le Pitch :
Les 30 Glorieuses n’ont pas été clémentes pour tout le monde. Après la guerre et la honte du régime de Vichy, on cherche des têtes à faire tomber. Notamment celle de Ducerf, qui dirige l’une des plus grosses cimenteries d’Europe, accusé d’avoir vendu du béton aux Boches. Alors, pour épargner son épouse et son fils Ulysse, qui doit passer son baccalauréat, il les envoie à la campagne. C’est là qu’Ulysse, loin d’être enthousiaste à l’idée d’entrer à Polytechnique, fait la rencontre d’un chef étoilé déchu : Cyrano. Tous deux écorchés, ils comblent, en compagnie l’un de l’autre à travers la cuisine, les trous béants qu’a creusés la vie.

Mon avis :
C’est à l’occasion de ma découverte de la (toute jeune) Librairie de la Monne que mon amoureux m’a acheté cette bande dessinée, ô combien plébiscitée par mon collègue Alex (expert es-BD, vous le savez, depuis le temps que je vous en parle). Les bandes dessinées qui parlent de bouffe, c’est mon dada, encore plus que les romans parce qu’en général, les illustrations portent les couleurs mais aussi, pour une raison que je ne m’explique pas, les saveurs et les odeurs.

Celle-ci n’a pas fait exception, et j’avoue que la terrine de lapin (dont la recette est indiquée en fin d’ouvrage) m’a mis l’eau à la bouche. La cuisine y est décrite comme un art, un équilibre presque scientifique, mais aussi un moyen d’expression. Le plaisir est au centre de tout. Celui des sens, bien entendu, mais aussi celui de l’âme. Elle ouvre les cœurs, épuise les corps, et panse les plaies. Elle est source de discorde, de fatigue, de honte, et paradoxalement, de plaisir et de fierté.

On s’attache peu à peu à Ulysse, ce gosse sur qui pèsent les attentes de générations qui s’enorgueillissent du succès de leurs descendants, pousses vertes qu’ils ont fait grandir sans soleil. Les classes sociales sont d’ailleurs encore très présentes après la guerre. Quant à Cyrano, s’il a perdu l’amour et l’admiration de ses voisins, c’est d’abord parce que, par amour pour son art, il n’a pas su se préserver. Et c’est beau de les voir tenter de communiquer, et se comprendre non par les mots mais par passion du travail bien fait. Retrouver leur estime de soi dans un domaine trop souvent rabaissé dans la hiérarchie des mérites. Parce qu’être cuisinier, ce n’est pas assez, parce qu’être chef étoilé demande trop, ces deux âmes se retrouvent quelque part au milieu, entre la maladresse et le courage. Celui de devenir ce que l’on veut être, et non ce que l’on attend de nous.

Bref, c’est goûtu, joli, gourmand, toujours assez juste et jamais moralisateur ; chapeau les artistes !

Pour info :
éditions Casterman, 192 pages, 34.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom (Barbara Constantine)

Amis du jour, bonjour !

Il y a quelques temps, je participais à un club de lecture, et Suzanne, qui était en charge de faire des propositions ce soir-là, a porté à mon attention un titre inattendu…

Le Pitch :
Tom a 11 ans et vit dans une caravane avec sa maman, qui l’a eu très jeune (à 13 ans). Tandis qu’elle court les petits boulots et les week-ends entre amis, Tom chaparde dans les potagers des voisins pour qu’ils aient de quoi se nourrir. Jusqu’au jour où il trouve dans l’un des potagers la vieille Madeleine qui s’est effondrée au sol la veille sans pouvoir se relever. En lui portant secours, Tom est loin de s’imaginer qu’il sauve bien plus d’une vie.

Mon avis :
Ceux qui sont là depuis un peu longtemps savent qu’un roman me fait toujours plus d’effet quand je ne l’attendais pas. Je peux être dithyrambique sur un bouquin juste parce que je me suis surprise à l’aimer, et ce même si ce n’est pas la perle du siècle. Prenez donc ce que je vous dis avec quelques pincettes (mais pas trop parce que ce livre est vraiment touchant).

Moi les histoires de laissés-pour-compte ou de paumés de la vie qui se trouvent, c’est mon kiff. C’est ce que les jeunes appellent aujourd’hui une found family, une famille d’adoption. Dans le genre, j’ai adoré Ensemble, c’est tout, et de manière générale les romans de T.J. Klune, le maître du rassemblement de gens paumés mais touchants. Alors forcément, un gosse très seul qui rencontre une mamy très seule, une maman maladroite qui décide de se donner une chance, et un vieux couple d’english attendri qui joue les lutins du cordonnier (mais si, le conte là !), bah ça marche à 100% sur moi !

On ajoute un style naïf, un peu comme dans Le Petit Nicolas en moins enfantin, la polyphonie qui donne le micro à tous les personnages, les blessures qui guérissent, les hasards qui font bien les choses, un brin de tragédie, et BAM, ça fait des Chocapic. Ok, la fin en fait peut-être un peu trop, mais ce n’est que la toute fin, et au pire, ça remet une compresse sur la couche de Biafine, mais j’ai aimé. C’était court et efficace, et ça m’a fait un bien fou. Donc merci Suzanne, parce qu’il est passé inaperçu dans tes propositions au club, mais il m’a fait grande impression !

Pour info :
éditions Le Livre de Poche, 224 pages, 7.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

La Saga des Mystères : pentalogie (Jeff Wheeler)

Amis du jour, bonjour !

Décidément, cette année aura été chez moi celle des éditions Rivka, puisque j’ai commencé et terminé, non pas une, mais 2 séries de leur catalogue. La première, la quadrilogie Le Lys de feu, avait été un franc succès. Voyons ce qu’il en est des cinq tomes de La Saga des Mystères.

Le pitch :
Cettie et Séra vivent une vie bien différente. Tandis que la première, orpheline, enchaîne les familles d’accueil peu scrupuleuses et vit dans la misère et la pauvreté, terrifiée par des fantômes qu’elle semble être la seule à voir, la seconde, petite-fille de l’Empereur, profite du luxe de son palais flottant, ne rêvant que de découvrir le monde. Mais leur vie est sur le point de changer lorsque le fortuné vice-amiral Fitzroy recueille Cettie à Saules de Brume, et qu’il se murmure que l’Empereur pourrait choisir Séra, et non son propre fils, comme héritière…

Mon avis :
J’enchaîne rarement les tomes d’une série, surtout en audio. Je préfère diversifier les ambiances, les styles, et ne pas m’enfermer dans un type de narration ou de récit, au risque d’avoir du mal à en sortir. Ici, bien que sachant qu’il s’agissait d’une pentalogie, je n’ai pu m’empêcher de dépenser crédit après crédit pour continuer. Mais quelle petite perle a trouvée Rivka !

En dehors d’un monde construit, aux règles mystiques mystérieuses qui seront en partie révélées tout au long des cinq tomes, c’est une histoire qui fait la part belle à ses personnages. Attachants, effrayants, repoussants, rarement immaculés, souvent nuancés, ils ouvrent un dialogue autour des croyances et de la paix, des secrets des puissants et des intrigues de cour.

Au milieu de ce maelstrom d’idées et de péripéties gravitent deux jeunes filles courageuses, qui subissent échec, humiliations et trahisons, et dont les victoires ne sont que plus éclatantes. Je n’ai honnêtement pas eu besoin de posing (oui, tu sais, la super nana qui se tient au bord de la falaise, cheveux au vent, les yeux vissés sur l’horizon) ou de punchlines à 3 francs pour me dire « eh bah elle en jette vachement quand même ! » On n’a pas eu besoin de me hurler à la figure « t’as vu mon personnage féminin hyper badass ? » C’était donc une leçon du « ne le dis pas, montre-le » dont je suis si friande et qui devrait, selon moi, être la base de tout bon roman.

Et si je dois avouer que sur le dernier tome, j’ai eu une grosse impression de sermon religieux (rien de rédhibitoire, c’était plutôt tourné vers le courage, la foi et la tolérance hein), je ressors de ces 5 romans avec l’impression d’avoir vécu une aventure pleine de sens, dont les personnages ont effectué un réel cheminement à travers la peur, la douleur et le deuil. Des héros aux multiples facette capables d’amour, de compassion et de rédemption, mais aussi de haine et de trahison. Une série dont je vous recommande la lecture, donc, à partir de 13 ans (et jusqu’à 147 ans). Petit plus : ils sont magnifiquement reliés et coûtent tous moins de 20€.

Pour info :
éditions Rivka (pour les 3 tomes sortis actuellement), traduits par Ariane Maksioutine, 18€
Saules de Brumes, 448 pages
Porte Miroir, 416 pages
Ciel d’orage, 432 pages

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique), Roman historique

Le Lys de feu : quadrilogie (Jacquelyn Benson)

Amis du jour, bonjour !

J’ai l’immense plaisir, l’honneur — que dis-je ? le privilège ! — de vous parler aujourd’hui d’une quadrilogie que j’ai découverte un peu par hasard, lorsque j’ai fait entrer les éditions Rivka dans mes rayons. Et d’une simple rencontre audio est née une véritable histoire d’amour.

Le Pitch
À l’aube de la Première Guerre mondiale, Lily, jeune londonienne et fille bâtarde d’un lord et d’une comédienne, se débat avec d’étranges visions et intuitions qui l’assaillent, mais qu’elle repousse. Lorsque sa vision lui montre le meurtre imminent de sa voisine médium, qu’elle adore, Lily décide de sortir de sa coquille et de mener l’enquête. Elle rencontre ce faisant d’autres hommes et femmes aux dons psychiques extraordinaires, qui deviendront très vite une nouvelle famille. Mais la menace gronde, bien plus terrible qu’elle ne le soupçonnait. Et si c’était l’avenir du monde tel qu’on le connaît qui était en jeu ?

Mon avis
J’étais dans un mood « historique/enquête/paranormal » quand je me suis dit « ouais, pourquoi pas ». J’avoue avoir eu très peur de tomber dans une sorte de roman(ce) à la Sherlock rencontre Jack l’Éventreur avec une touche de surnaturel. D’autant qu’on ne parle au début que de disparitions de de médiums, ça collait. Et puis non.

Lily fait la connaissance de personnages complexes et saisissants, touchants, mais tellement différents : de la voyante excentrique au lord mutique, du jeune chapardeur au sage mentor, de l’impitoyable et toute puissante informatrice au policier un peu trop intelligent, chaque roman apporte son lot de personnalités. L’histoire se déroule comme si elle suivait un fil logique, s’intriquant dans les courbes du grand H de la nôtre. Le texte est d’ailleurs parfaitement documenté grâce aux docteurs en Histoires et autres spécialistes des cultures et langues évoquées dont a su s’entourer l’autrice. C’est un très gros travail de recherches, mais aussi de construction, chaque roman appelant le suivant sans s’encombrer de ressorts un peu cheap, genre des cliffhangers un peu trop évidents.

Les rebondissements sont intelligents, le style fluide et élégant. L’autrice a su jouer avec les subtilités de narration pour faire comprendre à son lectorat ce qui relève des visions de Lily et ce qui relève de la vie réelle. Les romans enchaînent les péripéties dans un rythme nerveux, souvent soumis à un infernal compte à rebours, mais savent aussi se poser dans de merveilleux moments de contemplation et d’apaisement. Les liens se tissent sans entrer au chausse-pied dans l’intrigue. Bref, c’est fin, c’est haletant, c’est très bien raconté. Aucun roman ne se détache de la parfaite harmonie de cette quadrilogie. C’est un sans faute, pour un prix plus que raisonnable vu la qualité des ouvrages (tous reliés avec jaquette).

Pour info :
éditions Rivka, trad. de Bérengère Amadie, 18€ (le tome)
Tome 1 : 552 pages
Tome 2 : 456 pages
Tome 3 : 436 pages
Tome 4 : 590 pages

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Le futur ne sera pas (Bleuenn Guillou)

Amis du jour, bonjour !

Aujourd’hui j’écris un billet que je préfèrerais ne pas rédiger, parce que c’est un avis mitigé sur le roman d’une autrice que j’apprécie. Mais enfin on ne peut pas plaire à tout le monde…

Le Pitch
Le jour où l’Oracle prédit que la Salamandre causera la fin de tous les Supers-héros, les dirigeants de la ligue mettent en place une équipe restreinte pour l’empêcher d’agir. Contrainte de fuir, Mila fait éclore dans son sillage les graines du doute. Et si la fin du monde ne venait pas d’où on l’attendait ?

Mon avis
C’était probablement l’un des romans chez Slalom qui m’intriguait le plus cette année (en dehors de Maëlle, TMTC). Grande fan des Extraordinaires, de T.J. Klune, nourrie de Loïs et Clark gamine, j’ai même rencontré mon époux à l’occasion d’un visionnage arrosé d’Iron Man 3 ! Du coup, forcément, les super-héros sont une part importante de ma propre culture. Bleuenn expliquait dans un live qu’elle ne les portait pas particulièrement dans son cœur, préférant donc les faire tomber de leur piédestal. J’entends tout à fait cet argument, et c’est d’ailleurs tout le propos de séries comme The Boys, ou des romans comme La Vie sexuelle des super-héros qui traitent de la déchéance de ces surhumains… Perso, j’avais beaucoup aimé Les Indestructibles 2, qui tenait un discours similaire mais plus mesuré. Bref.

Ici, je me suis dit « la fin vient de l’intérieur, trop cool » ! Dans l’idée, vraiment j’ai trouvé ça super. Je ne peux pas trop en dire, mais la clef du grand final est ingénieuse et inattendue. J’aime la fin en demi-teinte, le fait que personne ne soit tout blanc ou tout noir. En gros, tout le déroulé. Le style est simple mais efficace. Non, le problème, ce n’est pas ça. Le fait est que je n’ai pas aimé les personnages. Pas que je les aie détestés, mais je n’ai pas réussi à m’y attacher. Ils sont pour moi restés des outils, aux secrets pas très bien gardés, et le point de vue interne qui saute de personnage en personnage n’a pas aidé. Être dans la tête de tout le monde, ça ne rend service à personne. J’aurais préféré un point de vue externe ou unique, et là, les soupçons et suppositions que chacun fait sur les autres aurait eu du sens. Tout ce qui est long n’est pas forcément bon, et quand on tourne autour du pot, ça a tendance à jouer avec mes nerfs.

En conclusion, j’ai trouvé les idées brillantes, et le tout prometteur, mais j’ai eu comme un goût d’inachevé parce que les personnages n’ont pas réussi à me convaincre. La faute à un point de vue que j’aurais préféré plus recentré, ce qui aurait permis de moins s’éparpiller, et aurait surtout évité d’avoir cette impression qu’on tirait sur l’élastique… Mais c’est un ressenti très personnel.

D’autres on beaucoup aimé, notamment Les lectures de Floriane, VDBook, ou encore Abrrracadabra.

Pour info :
éditions Slalom, 400 pages, 18.95€