Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Eversion (Alastair Reynolds)

Amis du jour, bonjour !

Je vous parle souvent de ces romans qui croisent ma route au hasard d’une balade sur les réseaux ou d’une discussion avec les copines. L’occasion d’acheter celui-ci s’est présentée lorsque, après avoir entendu Armance en parler, je l’ai trouvé en librairie…

Le Pitch :
Silas Coad est médecin à bord de la goélette Demeter et file le long des côtes de la Norvège, dans une expédition financée par un riche commanditaire à la recherche d’une sorte d’anomalie. Une structure si grande qu’elle en est presque inconcevable, et dont personne n’est jamais revenu… Bientôt, d’étrange événement pousseront le lecteur à s’interroger sur cette étrange expédition…

Mon avis :
Il est indéniable que la plume d’Alastair Reynolds n’a rien à prouver. Raffinée, élégante, elle entraîne dans ses volutes un lecteur qui se laisse endormir… avant de brusquement le réveiller et de partir ailleurs comme rien ne s’était passé. J’étais perdue ! Un premier élément perturbateur, coup de bigot à une proximité (comme dirait l’autre) pour lui demander si c’est moi qui ne comprends rien où si c’est le roman qui me trimballe comme un vieux chiffon. « Eh eh » me répond-elle. Ok, je m’y replonge. Et voilà qu’il recommence, je n’ai plus aucun repère, ni où, ni quand, et ça ne semble choquer personne. Mais enfin, va-t-on m’expliquer ce qu’il se passe ?

Vous le saurez si un jour vous avez, ou avez eu, Eversion entre les mains. Je peux seulement vous dire que c’est un voyage qu’il vous faudra entreprendre aux côtés de Silas Coad ; laissez Alastair Reynolds faire sa tambouille, et suivez docilement. Plus que dans La Millième Nuit, il a été question ici de mathématiques, de géométrie et de tout un tas de trucs métaphysiques auxquels personnellement je n’ai pas compris grand chose. Là encore, pas très grave puisqu’on comprend le principal. Reste que c’est un roman qui demandera toute votre attention au risque de vous perdre en chemin. La fin est belle et puissante, touchante dans son évidence. Bref, c’est une lecture que j’ai beaucoup appréciée, bien qu’elle ait failli me rendre chèvre…

Pour info :
éditions Le Belial (2023), trad. de Pierre-Paul Durastanti, 384 pages

Publié dans Bouquinade, Roman historique

Le Garçon au pyjama rayé (John Boyne)

Amis du jour, bonjour !

Je m’apprête à vous faire un retour de lecture qui risque de m’attirer les foudres de beaucoup d’entre vous. Je vous demanderai donc de prendre une grande inspiration et de bien lire ce que j’écris pour ne pas lancer un débat haineux que je n’aurai pas provoqué. Je préfère prévenir.

Le Pitch :
Nous sommes à Berlin, en 1942. Le père du jeune Bruno, 9 ans, se voit confier une importante mission qui les oblige, lui et sa famille, à déménager dans un endroit désolé, où les seuls enfants avec lesquels il pourra jouer sont de l’autre côté d’un étrange grillage…

Mon avis :
En dehors des textes de Sarah Cohen-Scali, je suis dans la totale incapacité de lire des textes qui se rapportent à la Shoah. La faute aux images d’archives qu’on nous montrait au collège et qui se sont imprimées sur ma rétine si puissamment que j’en ai encore des nausées. Je ne conçois pas la violence et l’inhumanité de ce qui a poussé les nazis à commettre de tels actes.

En revanche, ce texte-là, dont on m’avait dit qu’il me ferait verser toutes les larmes de mon corps, n’a réussi qu’à m’exaspérer et à déclencher, dans les derniers chapitres, une crise de panique. Sous couvert de la naïveté d’un enfant de 9 ans, des choses graves deviennent irritantes, sources de caprices (soupir, on se rappelle qu’on lit à hauteur d’enfant), et les mots sont déformés. Jamais Hitler ou Auschwitz ne sont correctement nommés. Eh, ce n’est pas parce qu’on ne peut pas nommer quelque chose qu’on ne peut pas comprendre son sérieux ou sa gravité. C’est sous-estimer l’intelligence émotionnelle des enfants.

Aussi, lorsque la naïveté va au-delà du bon sens, c’est cette intelligence d’un enfant de 9 ans que l’on insulte. Bruno, dans sa jeunesse, peut ne pas comprendre ce qu’il se passe, de même que son camarade, Shmuel, de l’autre côté des barbelés. Mais de là, à ne pas comprendre que l’un d’eux est du bon côté de la barrière, c’est franchement pousser très loin. On ne peut même pas parler d’un endoctrinement de l’enfant allemand (comme c’est le cas dans Max, de Cohen-Scali justement) puisque Bruno ne porte aucun amour au moustachu, ni aucune admiration au travail de son père. Il s’agit donc d’un môme sans le moindre discernement qui ne comprend pas la richesse, la pauvreté, la faim, la cruauté. Les enfants sont observateurs, ils comprennent bien plus que ce que l’on peut croire. Là, je vois surtout un adulte tenter d’avoir le regard d’un enfant et échouer lamentablement.

La fin, je la vois comme une sorte de revanche sadique. Elle dénote d’une cruauté simple, qui n’avait pour moi d’autre but que de choquer. John Boyne, irlandais de culture catholique (bien qu’ayant écrit des textes à charge contre l’Eglise), fait porter à Bruno, de manière invraisemblable, toute la culpabilité de ses pairs et met au pilori un gosse un peu bête. C’est cette espèce d’inversement de situation qui m’est insupportable, comme si faire subir à son prochain ce que l’on a subi soi-même (et encore, aucun auteur juif, que je sache, n’a mis d’allemand au four) pouvait montrer l’horreur. Ca ne la montre pas, ça la perpétue. C’est mon avis de personne peu éduquée sur le sujet, très isolé certes, sur ce texte que je ne recommanderai pas, parce qu’il n’enseigne rien, si ce n’est un pathos un peu facile, et le peu d’estime que l’on porte à l’intelligence enfantine.

Pour info :
éditions Gallimard Jeunesse (2006), collection Folio Junior, trad. de Catherine Gibert, 204 pages

Publié dans Bouquinade, Roman, Roman historique

On achève bien les chevaux (Horace McCoy)

Amis du jour, bonjour !

Je suis toujours très curieuse dans mes lectures, même s’il est vrai que j’ai du mal à sortir de ce que je connais… à moins qu’on ne me jette dans les mains (en me le vendant très bien) un roman sur lequel je n’aurais pas posé les yeux. Ce fut le cas pour celui-ci, d’abord présenté par Lemon June sur sa chaîne Youtube, puis oublié, puis remis sur le devant de la scène par Madame Tapioca sur son compte Instagram.

Le Pitch :
Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Robert et Gloria, deux âmes seules ayant fait face à de nombreux échecs et drames personnels, décident de concourir ensemble à un marathon de danse. Pour l’argent, dont ils manquent cruellement, mais aussi parce que parmi les richissimes et célèbres spectateur avides de drame social, un producteur pourrait bien les repérer et leur offrir un rôle à Hollywood. Alors pendant des heures, des jours, des mois, ils dansent sans relâche, bêtes de foire volontaires promis à un tragique destin…

Mon avis :
C’est un roman extrêmement court, diablement efficace dans son propos. Ces marathons de danse auxquels s’inscrivaient les plus pauvres, les plus désespérés ont réellement existé. Véritables événements, ils étaient l’équivalent nauséeux de nos télé-réalités, celles sur lesquels nous jetons un regard condescendant, heureux de voir ce que la misère humaine offre de plus avilissant. La différence, c’est que les participants de ces marathons pouvaient mourir. Imaginez : se reposer dix minutes toutes les deux heures. Dix minutes pour manger. Dix minutes pour dormir, pour se laver, se changer. Et retour sur la piste, quelque soit la maladresse du pas. Parce que non, il n’était pas nécessaire de savoir danser, il fallait simplement se déplacer… Les sprints étaient là pour booster l’ambiance et amuser la galerie.

Un traitement inhumain vécu de l’intérieur, majoritairement narré par Robert, qui nous raconte l’hébétude, la perte de repères, le manque d’air frais, sa partenaire qui ne souhaite qu’une chose : que sa vie s’arrête. Sa vie inutile, sa vie fragile, sa vie sans substance. Qu’elle s’arrête pour qu’elle puisse enfin se reposer. Voilà, c’est ça : le malheur des uns qui fait le divertissement des autres. Et l’hypocrisie d’une société qui ne peut supporter ce qu’elle juge politiquement incorrect (le désir féminin, la grossesse, le faux mariage) mais concède aux rois du pétrole de s’abreuver à la fontaine de la misère sociale. Ce roman, c’est tout ça, et ça résonne encore aujourd’hui. Dans l’ambiance et côté SF, en plus oppressant mais sur le même modèle narratif, je vous propose de découvrir Marche ou Crève, de Stephen King. Y sont traités des sujets similaires, avec, cette fois-ci, la mort assurée pour tous ceux qui s’arrêtent en chemin…

Pour info :
éditions Gallimard (1946), trad. de Marcel Duhamel, 211 pages

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Dungeon Crawler Carl, T1 (Matt Dinniman)

Amis du jour, bonjour !

Vous savez ce livre qu’on vous recommande une fois, qui n’éveille en vous qu’une vague curiosité. Puis deux fois, ah quand même. Et trois fois, purée, ça doit être vachement bien. Ces trois personnes, je leur fais toute confiance. Alors j’ai dit banco, et en audio, ce qui a son importance… Je profite de la sortie du tome 3 pour vous présenter le premier opus d’une série qui en a sous le capot.

Le Pitch :
Carl, le type lambda, vient de se faire larguer par sa meuf, qui de toute façon le trompait. Alors qu’il mijote une petite vengeance à base de catnapping, Princesse Donut, la chatte de compet’ en question dont il a temporairement la garde, décide d’aller prendre l’air. Lorsque Carl enfile une veste par-dessus son caleçon, et sort à moitié à poil pour la récupérer, la totalité des bâtiments et les gens qui s’y trouvaient disparaissent. Ne restent que les malheureux qui traînaient à l’extérieur, et qui sont propulsés dans Dungeon Crawler, un RPG qui régale un public intergalactique. Pour survivre, il faudra ruser, looter, monter en XP, et gérer sa côte de popularité. Là-dessus, Carl peut compter sur l’insupportable Princesse Donut, qui en plus, se met à causer…

Mon avis :
J’ai abdiqué. Le liseur, Sylvain Agaësse, avait à peine mis en voix le premier chapitre que je suis tombée amoureuse de ces romans ! On m’avait vendu du bidonnant intelligent (dixit Maëlle Desard, la meuf qui me fait me bidonner à chaque roman), j’ai été servie. Tant dans l’humour des dialogues que dans les comiques de situation, on rit. Parce que oui, voir les petits vieux de l’EHPAD qui ont atterri là par hasard tenter de survivre ou le pauvre Carl cercher désespérément une tenue plus adéquate, c’est poilant. Je n’oublie pas la queen, Princesse Donut, qui lâche une punchline à la minute avec un flegme désarmant au point de piquer la vedette à un Carl dépassé.

La richesse de l’univers ne fait aucun doute, et s’il paraît très formaté sur ce premier tome (les jeux de rôle ont des règles, un vocabulaire et des stratégies qui leur sont propres), il s’approfondit de chapitre en chapitre, et plus encore dans le deuxième opus, dont je ne parlerai pas ici. Vous êtes novices et craignez que toute cette ambiance gaming vous perde ? Rassurez-vous, le contexte, toujours très clair, et le langage, simple mais travaillé, vous permettront de suivre, ne serait-ce que par déduction.

Si je récapitule : des personnages cools, des situations hilarantes, beaucoup d’action (et un liseur au top, vraiment, si vous avez peur, laissez-vous tenter par l’audio), et on applaudit Lorestone de démocratiser ce type de littérature en France…

Pour info :
éditions Lorestone, trad. de Chloé Atangana, 528 pages

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

La Petite Boutique de sortilèges (Sarah Beth Durst)

Amis du jour, bonjour !

En avril, le printemps tardait à pointer le bout de son nez (alors moi, ça me va hein) et la complainte incessante de mes collègues sur la fraîcheur insupportable a eu tendance à grignoter ma bonne humeur. Pour apaiser tout ça, rien de tel qu’une petite cosy fantasy… c’est parti !

Le Pitch :
Kiela, les gens, c’est pas son truc. Fort heureusement, elle est bibliothécaire archiviste dans la prestigieuse bibliothèque d’Alyssium. La Grande Bibliothèque n’échappe malheureusement pas au pillage et à la destruction des révolutionnaires, et Kiela se voit obligée de fuir, emportant avec elle le maximum d’ouvrages de magie, interdits à la population. Elle se réfugie sur son île natale, dans l’ancien cottage de ses parents, accompagnée de son assistant, Caz, une plante qui parle et se déplace. Sur son île, elle découvre une communauté soudée mais appauvrie par l’absence de magie, que seuls les magiciens d’Alyssium ont le droit de pratiquer. Sous le prétexte de vendre des confitures, Kiela et Caz tentent, par de petits sortilèges, de redonner l’espoir et la vie à la communauté qui les a si bien accueillis…

Mon avis :
Mais que c’est chou, et que ça fait du bien ! De base, je ne suis pas tellement le public de la cosy fantasy (cf. mon avis sur Le Cercle très secret des sorcières extraordinaires). Là, je l’ai écouté en VO sur Audible, et sincèrement, j’ai passé un excellent moment. Je n’ai pas de quoi pondre une analyse hyper poussée sur le pourquoi du comment… Sachez que je me suis drôlement attachée à Caz, la petite plante causante et pas très courageuse. J’ai adoré voir Keila redonner vie à son cottage (passion travaux, passion réno), gratter ses bouquins pour créer des sortilèges inoffensifs et discrets qui pourraient aider ses voisins. J’ai aimé la communauté soudée, la bienveillance sous la méfiance.

Alors oui, c’est un peu facile, oui, le lore tient sur un timbre poste ; on ne va pas se mentir, on nous dit « l’empire est méchant, y a des rebelles, mais ils sont pas bien finauds non plus, magie interdite », et on n’a pas vraiment besoin de plus. On est plutôt dans l’ambiance, tu vois ? Les arcs rédempteurs pleuvent, les méchants partent, le love interest est un green flag magistral (et garanti zéro smut), bon, je ne demandais pas beaucoup plus. Je me dis que si je devais créer mon Disneyland, ça serait peut-être ça. Alors oui, on est loin de la plume de James Joyce (ou de Hugo en français). Cela dit, tout comme le dessert n’est pas le plat le plus important du repas mais en fait tout le délice (si t’es un bec sucré, parce qu’ici, c’est team frometon et sauciflard), ce roman ne révolutionnera pas ta vie, mais c’est un petit bonbon. Clairement, c’était le petit week-end à la campagne dont j’avais besoin. Prends-le pour ce qu’il est, et tu risques de passer un très bon moment.

Pour info :
éditions Bragelonne, trad. de Clémentine Curie, 416 pages

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Hunger Games : Lever de soleil sur la moisson (Suzanne Collins)

Amis du jour, bonjour !

Comme d’habitude, je lis les romans à leur sortie, et puis la flemme, la vie, je ne chronique pas. En plus, c’est un préquel, à une série que j’ai déjà chroniquée. Mais c’est Hunger Games, l’une des meilleures dystopies pour adolescents que je connaisse, l’une des seules que je relis aussi. Alors on se retrousse les manches et on arrête de procrastiner.

Le Pitch :
Les Hunger Games font partie du paysage de Panem, depuis le soulèvement des Districts il y a 50 ans. Chaque année, vingt-quatre gosses, un garçon et une fille de chaque District, sont envoyés s’entretuer dans une arène savamment étudiée pour le grand spectacle. Mais, là, ce sont les 50 ans des Jeux, et il faut marquer le coup. Pour ces Jeux de l’Expiation, la mise est doublée, et ce sont quarante-huit enfants que l’on envoie mourir. Le jeune Haymitch fait avec. Il est amoureux et compte bien rester sous les radars du Capitole. Ma la révolte gronde, et par de malencontreuses circonstances, c’est lui que l’on envoie dans l’arène…

Mon avis :
Depuis que j’ai lu La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, j’ai très peur de ce que peut nous réserver un nouvel opus dans l’univers des Hunger Games. Mais là, ce n’est pas Snow (dont je me contre-fiche même quand on essaie de complexifier son origine story), c’est Haymitch. Et Haymitch a beau être un ivrogne antipathique, on l’aime parce qu’il évolue tout au long de la saga, et se révèle touchant et protecteur, stratège aussi. C’est un sacré morceau !

J’ouvre donc le roman, les mains tremblantes, effrayée de trouver ce nouveau volet fadasse comme l’avait été le précédent. Et puis non. J’ai clairement retrouvé ce qui faisait le sel de la trilogie originale. Un début somme toute lent, une peinture presque pastorale de la vie dans le district. Difficile, entachée de deuils, de violence et de peur, coulée dans la lenteur d’un quotidien que rien ou presque ne perturbe, mais immobile, entourée de ces champs au-delà des barrières… Et puis les Jeux, et puis Lenore Dove, et puis la colère, l’injustice. Et tout explose. De District dont personne de ne soucie, le 12 devient symbole de ralliement. Entre déshumanisation des tributs et manipulations abjectes de Snow, Haymitch ne se retient qu’à son seul but : dessiner sa propre affiche, ne pas mourir pour le simple divertissement, rester un homme libre.

Si l’arène est encore une fois presque reléguée au second plan, sa conception est spectaculaire, et relève de l’horreur pure d’un esprit sadique. Ici, on se concentre sur la prise de conscience d’un Haymitch qui sait qu’il va mourir (bon, toi lecteur, tu sais que non, mais même toi, ça te paraît mal barré). Et ça n’enlève rien à la tension, parce que pour qu’il devienne cette loque shootée à l’alcool de contrebande, faut bien qu’il se soit passé un truc super grave (oui, les Jeux c’est déjà très grave en soi). Donc, tension : OK.

Et le fan service alors ? Il est bien mieux casé que dans le précédent opus. Haymitch ayant un lien direct avec Katniss, on croise deux ou trois éléments qui nous font un clin d’œil en passant, et c’est très très chouette ! On retrouve des personnages que l’on adore, on comprend les liens qu’ils entretiennent. Bien entendu, on revient sur deux-trois trucs de La Ballade, mais même sans l’avoir lu, tu comprends en vrai. Tu passeras peut-être à côté de quelques refs (genre pourquoi Snow semble connaître si bien le Disctrict 12, ou le rapport aux Coveys). Mais sincèrement, ça passe crème.

Tout ce blabla pour te dire que j’ai terminé en larmes, en PLS, et que l’épilogue est juste parfait. J’ai retrouvé la Suzanne Collins que j’aimais. Pas celle dont je pensais qu’elle tentait de me décrire un immonde bâtard comme un personnage complexe (non, là je comprends très bien que Snow a toujours été un incroyable sadique qui a juste failli avoir un sursaut de conscience). Non. Celle qui me faisait bouffer mes cuticules, et frôler l’arrêt cardiaque. C’est ainsi que Lever de soleil entre dans mon top 3 de la série…

Pour info :
éditions PKJ, trad. de Guillaume Fournier, 480 pages

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Peau d’Âme, T1 : Les Lilas du roi (Aude Ziegelmeyer)

Amis du jour, bonjour !

Une réécriture de conte. Une couv’ à tomber (oui, je suis faible, y a quoi ?). Et… franchement… Voilà. On ne remerciera jamais assez les éditeurs de rendre leurs textes dispos sur NetGalley pour découvrir des romans comme celui-ci en amont de leur sortie. Même si je finis par acheter le bouquin.

Le Pitch :
Tu connais Peau d’âne, le conte ? Genre le père qui, après avoir perdu sa femme, veut épouser sa fille. Celle-ci est tellement désespéré qu’elle lui fait des demandes de plus en plus extravagantes, jusqu’à lui demander la peau de son âne, source de toutes les richesses du royaume parce qu’il fait caca de l’or. Une fois la bestiole écorchée, elle s’enfuit, déguisée en gueuse vêtue d’une peau de bête… Bah là, le papa veut effectivement épouser sa fille, mais cette dernière, bien qu’adorant son papounet, se rend vite compte de l’homme qu’il est en réalité…

Mon avis :
Les réécritures de contes, j’aime ça. Sauf que dernièrement, je n’en ai pas vraiment trouvé qui m’emballe de ouf. Alors là, on me propose un conte peu adapté, avec une bonne poignée de féminisme et un bel écrin. Je dis banco. Effectivement, le début est assez similaire au conte original, bien qu’y soient glissés quelques éléments géopolitiques (tout de suite, les grands mots…). Mais ça va au-delà de ça. Je ressens ce je ne sais quoi de gênant. Oui, oui, parler d’inceste, c’est gênant. Mais même avant ça. C’est dans les détails, dans cet or omniprésent qui brûle la rétine, dans ce silence chuchoté, dans ces interminables tresses trop lourdes que doivent porter les jeunes femmes. Bref, le lore se construit insidieusement.

Puis viennent les révélations, la peur d’abord et la colère ensuite, la rage qui dévore tout, au sens propre comme au figuré. Et là, le conte est écartelé, déchiqueté, mis en pièces, et cette princesse, qui devrait fuir, est envahie d’une rage dévorante. J’entends beaucoup parler du Fou, de son histoire, de sa relation à Blanche (notre princesse). Les gars, on se calme, il a trois scènes dans le roman. Et si, effectivement, sa relation avec Blanche est ambigüe, il est plus l’exhausteur de la folie de ce royaume fait de mensonges.

J’ai très peur d’en dire trop, je vais donc m’arrêter là. Mais sachez que c’est un roman violent (dans le ressenti et dans l’action), presque cathartique par moment, dont la seconde partie (qui sortira fin d’été normalement) sera selon moi le tome de l’apaisement et de la guérison, même s’il promet son lot d’action. Une lecture que je ne saurais que vous recommander ! D’ailleurs, ici, sitôt acheté, sitôt prêté…

Pour info :
éditions Gulf Stream, 424 pages, 23€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Trilogie d’une nuit d’hiver, T1 : L’Ours et le rossignol (Katherine Arden)

Amis du jour, bonjour !

Je n’ai absolument aucune idée de la manière dont je vais chroniquer ce roman. Il s’agit encore une fois d’un roman que le bookclub a mis sur mon chemin de lectrice. J’en avais entendu beaucoup de bien, il partait donc avec un avantage…

Le Pitch :
Vassia, dernière née d’un chef de village, au premier abord assez disgracieuse, adore les histoires que lui raconte sa nourrice ; plus particulièrement celle du roi de l’hiver. Mais, pour Vassia, ce sont bien plus que des histoires. En effet, elle est la seule à voir les esprits protecteurs de la maison, à entendre l’appel insistant des sombres forces de la forêt qui semblent s’éveiller. Ce qui n’est pas du goût de la nouvelle femme de son père, dévote acharnée, bien décidée à éradiquer de son foyer les superstitions ancestrales.

Mon avis :
Proposé dans le cadre du thème des réécritures de contes, parce qu’inspiré du folklore russe, voilà un roman qui aura partagé les lectrices du club. Long, souvent contemplatif, il est certains qu’il ne vous gardera pas éveillé.e.s pendant vos longues soirées d’hiver. Un lecteur peu attentif pourrait croire que mon appréciation du roman est donc plutôt mauvaise. Détrompez-vous. Long ne veut pas dire ennuyeux. Contemplatif peut vouloir dire beau. C’est donc un roman qui prend son temps. Qui, telle une soirée d’hiver, engourdit un peu vos doigts, vous pousse à vous enrouler dans une couverture avec une soupe bien chaude pour profiter de votre lecture.

Vassia est de ces personnages dont le charisme transcende le roman. Sans être démonstratif, son caractère franc et sa gentillesse naturelle, son refus de laisser sa famille ou ses proches lui dicter sa conduite sont rafraîchissants. J’aime qu’elle soit décrite comme étrangement laide au premier regard, mais d’une beauté sauvage et fascinante lorsqu’on s’y attarde, loin des standards établis. Sans en faire des caisses, Vassia se creusera un trou dans votre cœur et y restera blottie indéfiniment.

Autour d’elle, Katherine Arden réécrit les légendes russes, le froid qui mord, le vent qui parle et ces petits esprits qui partagent notre quotidien. Elle réécrit le combat entre les anciennes croyances et le christianisme outrancier et démonstratif, qui, s’il a longtemps cohabité avec les déités mineures locales, a à présent décidé de les chasser. Elle décrit le puritanisme qui pourrit le cœur et le corps. L’amour qui détruit par peur de perdre. Bref, un superbe roman qui laisse présager une suite épique dont on m’a dit le plus grand bien.

Pour info :
Trad. Jacques Collin
grand format : éditions Denoël, 368 pages
format poche : éditions Folio SF, 464 pages

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Divergente : Trilogie (Veronica Roth)

Amis du jour, bonjour !

Il y a un ou deux ans, j’avais décidé de redécouvrir les grands classiques de la dystopie pour adolescents. Raison pour laquelle j’avais écouté la trilogie La Sélection, de Kiera Cass, et commandé sur Vinted les 3 tomes de Divergente. Une fois reçus, ils ont traîné, traîné, jusqu’à ce que nous proposions, dans le cadre du club de lecture, de lire des romans adaptés au cinéma. L’occasion, le larron, bibidi babidi bou, j’ai enchaîné les trois tomes (tant qu’à faire) et me voici pour vous parler de ma lecture.

Le Pitch :
Beatrice vit dans une société fractionnée en 5 groupes sociaux basés sur un trait de caractère prédominant, les factions : les Audacieux, les Fraternels, les Erudits, les Sincères, et les Altruistes. C’est dans cette dernière faction qu’elle a été élevée. Si le test qu’elle passe pour ses 16 ans la classifie comme divergente — ayant un potentiel pour appartenir à plusieurs castes — elle sait qu’elle devra le cacher au risque de devenir une paria. Lorsque le choix se présente, c’est aux Audacieux qu’elle décide d’appartenir, mettant sa vie en danger dans un entraînement dont la seul issue et le podium ou la mort…

Mon avis :
Je connaissais Divergente à travers les films tirés de la trilogie. Ceci dit, on le sait, les romans sont toujours beaucoup plus poussés que leurs adaptations, d’aucuns diraient « bien meilleurs ». C’est effectivement le cas ici. Riche en rebondissements, en action, mais aussi en analyses sociétales, c’est une trilogie qui aborde le sujet de la nature humaine. Il est question de notre propension à suivre des protocoles établis, à refuser tout type de contrôle sur notre libre arbitre, ou au contraire à l’accepter. C’est aussi une réflexion sur la différence entre l’altruisme, l’entraide et la conscience de l’individualité de chacun. C’est l’histoire d’une humanité qui a cru pouvoir se décharger de la culpabilité de ce qu’elle était devenue. Outre ces quelques prémices d’anthropologie, on assiste à l’éclosion d’un esprit critique, à la remise en cause de faits établis arbitrairement, de valeurs excessives.

Pour ne pas m’étendre sur le style, je dirais qu’il est très simple. Il est absolument certain que Veronica Roth n’a pas cherché à m’éblouir par sa maîtrise de la langue. Mais vous savez quoi ? C’est un roman d’action, ça passe. En revanche, j’ai trouvé quelques longueurs aux tomes 2 et 3. Dans la thématique, chaque tome est très bien découpé. C’est une histoire qui se raconte en trois phases. Trois phases, trois romans (oui, bon, quatre avec l’histoire racontée par Quatre). Mais le tome 2 est fait de beaucoup d’aller-retours dans la ville, de piège, de sauvetages in extremis (ce qui a rendu mon résumé divulgachant à Victoria laborieux). Et le tome 3 ressasse le besoin de vengeance et de justice sociale… bon, on a un peu compris. Je salue en revanche le parti pris culotté de la fin, peu habituel dans un roman destiné à la jeunesse. C’est une conclusion logique et impactante. Bref, je suis ravie de pouvoir aujourd’hui proclamer que oui, Divergente, c’est bien, mais que Hunger Games, c’est mieux. Plus sérieusement, j’en recommande la lecture aux amoureux de dystopies, c’est un chouette détour à s’offrir.

Pour info :
trad. de Anne Delcourt
Grand format : éditions Nathan
Tome 1 : 488 pages, 2011
Tome 2 : 460 pages, 2012
Tome 3 : 464 pages, 2014
Poche : PKJ
Tome 1 : 504 pages, 2017
Tome 2 : 528 pages, 2017
Tome 3 : 528 pages, 2017

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Le Lien maléfique (Anne Rice)

Amis du jour, bonjour !

En ce moment, je vous parle beaucoup des lectures que nous avons sélectionnées pour le club de lecture (c’est normal, c’est tout de même un livre par mois). Ce billet ne fait pas exception, mais ce roman-ci a traîné plus de 5 mois !

Le Pitch :
Ce roman raconte-t-il l’histoire de Rowan Mayfair, retirée à sa mère folle alors qu’elle n’était qu’un bébé, aujourd’hui grande chirurgienne douée d’un étrange pouvoir sur les corps ? Ou est-ce celle de Mickael Curry, architecte ayant frôlé la mort, à demi-fou depuis parce qu’il a hérité du pouvoir de lire les gens et les objets en les touchant ? C’est peut-être aussi l’histoire d’Aaron Lightner, qui les surveille discrètement et qui étudie avec son organisation, le Talamasca, l’histoire de la famille Mayfair…

Mon avis :
Pour commencer, lorsqu’on publie un roman si dense, il devrait être interdit d’en supprimer les marges ! Oui, je te regarde Pocket… Physiquement, ce roman était une purge à lire. Ce défaut a d’ailleurs légèrement contribué à la lenteur de mon avancée. Heureusement, les nouvelles éditions sont plus digestes ! Mais dans le texte, que vaut-il ?

Ce n’est pas pour rien que mon résumé est si nébuleux et évoque plusieurs personnages. Le roman s’ouvre sur le médecin responsable du traitement de Deirdre Mayfair, un patiente folle rendue docile par la lourde médication qu’il lui administre ; entourée d’une étrange présence qui semble vouloir la protéger, elle fait naître chez le médecin un sentiment de malaise. Puis focus sur Aaron Lightner, mystérieux personnage entre deux âges qui semble interroger tous ceux qui s’approchent des Mayfair. Puis c’est l’histoire entière de Mickael Curry qui est décortiquée… Bref, vous l’aurez compris Anne Rice va au fond des choses, tout a une histoire, une généalogie, et rien n’est laissé de côté. Au quart du roman, tu n’es toujours pas très sûr.e de l’histoire que l’on cherche à te raconter.

C’est bien plus qu’un, roman, c’est une investigation complète sur chaque être humain qui a côtoyé la famille Mayfair, et au sens propre puisque le dossier Mayfair est entièrement compris dans le roman. Oui, oui, les treize générations. Ainsi que l’histoire des agents du Talamasca qui ont contribué à sa rédaction. C’est un très gros morceau, et il vaut mieux être préparé.

De même, Anne Rice ne fait pas semblant de parler de sorcellerie, de possession. On ne fait pas dans le joli, dans le ouaté, pas de livre des ombres, de sortilèges, pas de coven de sorcières ni de fioritures magiques. La magie est pouvoir, elle fait partie intégrante des descendantes Mayfair. Et cette descendance se travaille, les gènes se purifient par l’inceste, les relations intrafamiliales. Et là, j’ai perdu la moitié du lectorat, mais je n’en ai pas terminé. Il n’est pas question de s’insurger contre ces pratiques, ce n’est pas le sujet du livre, dont le ton reste froid et professionnel, extérieur aux horreurs que vivent ceux qui s’opposent à l’esprit qui protège les femmes Mayfair.

C’est complexe, tortueux, mais ça a cette authenticité, ce truc qui pourrait te faire croire que tout est vrai. Parce que le roman ne cherche pas particulièrement à être beau, divertissant ni conventionnel. Bref, une lecture que, même si je l’ai trouvée laborieuse, j’ai beaucoup appréciée, ne serait-ce que pour l’écriture, les recherches et le reste de la montagne de taf que le roman a dû demander. Vous l’aurez compris, je ne le conseille pas à tout le monde. Il faudra s’armer de patience et de curiosité, c’est le seul moyen d’arriver à bout de cette brique !

Pour info :
Grand format : éditions Robert Laffont (1992), trad. Annick Granger de Scriba, 731 pages
Poche : éditions Pocket (1999), trad. Annick Granger de Scriba, 763 pages