Amis du jour, bonjour !
Parfois, il m’arrive de bloquer sur un livre à cause de sa couverture, et je ne vais pas mentir, les vibes dunesques de celle-ci ont clairement poussé ma main à s’emparer du roman et à lire sa 4e de couverture. Et puis, au détour d’une conversation avec mon représentant (où j’avais vaguement glissé qu’il m’intéressait), je me suis retrouvée avec son exemplaire. Und voilà.
Le Pitch
Après une 3e guerre mondiale qui a plongé le monde dans un hiver nucléaire, les femmes et les hommes en Eurasie se font la guerre, se reproduisant tantôt par la science, tantôt par des méthodes « à l’ancienne », et formant leurs nouvelles recrues à haïr et combattre l’autre camp…
Mon avis
Mais que voilà un sujet casse-gueule ! C’est si facile de tomber dans les clichés ou de faire un faux pas… Et notre auteur prend la voix de deux personnages : un jeune homme qui aimerait être fort et rendre fier son père d’adoption, et une jeune femme qui oscille entre le désir de faire ses preuves et celui de rester dans son cocon pour ne plus perdre ses sœurs. Il aurait pu caricaturer les unes comme les autres. Au lieu de ça, en donnant une voix à chaque partie, il fait de ces êtres humains des personnages à la fois forts, intelligents, aveuglés par le chagrin, la colère, capables d’amour, de compassion, de froideur, de stratégie. On humanise, on déshumanise, on désinforme, au point que personne ne sait plus réellement ce qui est vrai. L’auteur donne aux femmes leur propre langue, questionnant la masculinisation à outrance des mots. Il invente aux hommes un dieu. Il n’épargne personne.
J’ai été fascinée, horrifiée, touchée. Généreux en action, le roman sait aussi donner aux lecteurices des temps de calme, de recueillement. Mais surtout, il ne répond pas aux impératifs des romans d’aujourd’hui. Si vous cherchez une histoire d’amour, vous n’y trouverez pas celle que vous attendez. Aya et Ansel sont surtout là pour donner un visage à chaque camp. Si vous pensez que le roman résoudra une crise mondiale en 500 pages, ce n’est pas le cas. Il est ce que le monde est aujourd’hui : incertain, mais plein d’espoir et de bonne volonté, qui amènent à des décisions que l’on aimerait parfaites, mais — eh — personne ne l’est, parfait. La lecture n’a pas été aisée, parce que lire un monde qui se réinvente est parfois laborieux, mais elle a payé. Bref, si vous êtes ouverts, prêts à recevoir un texte qui sort de sentiers battus, si vous avez envie d’entamer une réflexion, je vous le conseille grandement.
Pour info :
éditions Syros, 512 pages, 18.95€
