Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Le Librairie des chats noirs (Piergiorgio Pulixi)

Amis du jour, bonjour !

Janvier touche à sa fin à l’heure où je rédige ce billet, et cette année, je me suis fixé un objectif de lecture (de romans, je précise) un peu élevé. Par « un peu élevé », je veux dire 74. C’est plus d’un roman par semaine. Que n’ai-je pas été me promettre ? Les promesses à soi-même sont les plus douloureuses à briser. Bref, je voulais commencer 2025 sous les meilleurs auspices littéraires, grâce à ce roman sélectionné par le club de lecture Binocles & Chapitre. C’est raté.

Le Pitch
Un sadique force ses victimes à faire les choix les plus douloureux : papa ou maman ? Ton fils ou ta femme ? Ta fille ou son frère ? La police ne retrouve sur chaque scène de crime qu’un sablier, chronomètre d’un drame millimétré, et un témoin traumatisé. Marzio Montecristo, libraire désagréable au bord de la faillite, spécialisé dans le polar, décide de filer un coup de main à une vieille amie de la police pour démêler cette série de meurtres pour le moins étranges…

Mon avis
C’est un flop. Vous remarquerez que je n’ai pas parlé du club de lecture « les Enquêteurs du mardi » qui se tient chaque mardi (obviously) à la fameuse Librairie des Chats Noirs. Parce que ce club de lecture est inséré de manière si grossière avec un chausse-pied de la taille de la tour Eiffel que je n’ai pas vu l’intérêt de le mentionner. Il ne sert littéralement à rien. C’est le premier point qui m’a dérangée. Je m’attendais à Miss Marple au club du mardi, je me retrouve avec « allez, faut bien ça pour ces pigeons de lecteurs amoureux du cosy ». Mouais. un protagoniste amoureux de sa pote en secret ? Bof. Amoureux des livres ? Quand on aime les livres, on est un minimum heureux de bosser en librairie, surtout quand on est le proprio.

Et c’est un autre gros point noir pour ce cher Marzio. Il n’est agréable avec AUCUN de ses clients, d’autant que l’auteur se délecte de ces pathétiques excuses de snobisme littéraire pour créer des clients stupides et désagréables. On nous parle d’ode, de tribut aux romans policiers, mais à aucun moment je ne vois Marzio échanger avec passion sur le sujet, si ce n’est dans ses échanges sirupeux avec lui-même. Et c’est un running gag de tous ses proches, qui a fini par me lasser.

Je passe sur l’image complaisante des personnages féminins dont on ne peut s’empêcher de donner les mensurations pour justifier le crush de Marzio, tout en les ridiculisant de manière peu professionnelle pour quelques excentricités, et ça y est, le roman a fini de me gonfler. Je m’arrête une minute sur les éléments d’enquête, qui sont faibles, et les détails peu réfléchis ; dans quel monde un meurtre par balle ne fait pas appel à une étude balistique mais insinue que le SEUL indice est une trace de chaussure laissée comme par hasard sur chaque scène de crime ? Comment le meurtrier fait-il pour ne trouver que des sabliers antiques d’une minute ? Comment fait-il durant la scène de crime pour savoir exactement où en est son décompte ? Comment un personnage lambda qui dit que rien n’est ce qu’il semble être (genre, parce que c’est écrit dans un roman de je ne sais plus qui) met Marzio sur la piste ?

Et surtout : vous vous attendiez à un échange d’idées avec le club ? C’est non. On a deux scènes avec le groupe, et dans la révélation finale, on apprend que Marzio les a envoyés enquêter sur des éléments dont on n’a jamais entendu parler avec des conclusions tirées d’un chapeau de Bozo le clown tellement on se dit… mais WHAT ? À quel moment tu t’es fait cette réflexion mec ? Tu peux pas nous dire que pendant que tu te morfondais et que tu bavais sur la meuf, tu as mené une enquête alors qu’on t’a juste vu insulter tes clients et pleurnicher sur ton sort !

Tu l’auras compris, en dehors de quelques scènes touchantes, je n’ai pas aimé. Je n’ai pas compris le mélange entre la tentative de cosy qu’offre un club de lecture dans une librairie et la froideur et la cruauté de certaines scènes. Le roman se cherche, il n’a d’enquête que le nom et franchement, ce protagoniste… Bref, c’est non. Paraît que, quand il ne prend pas son lectorat pour des pigeons, l’auteur s’en sort pas mal. On verra si j’ai le temps et la patience de lui redonner une chance.

Pour info:
éditions Gallmeister, trad. de Anatole Pons-Remaux, 288 pages, 22.90€

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