Ami du jour, bonjour !
Non non, je n’ai aucun mérite, je ne lis pas plus vite, je lui simplement plus longtemps, et des petits livres qui me reposent des pavés que je viens de terminer. Avant que je ne te reparle d’albums (parce que j’en ai quelques-uns à chroniquer), restons sur le roman, avec une lecture que je dois à l’illustratrice Margaux Motin. Et pour l’avoir vendu, elle l’a vendu ; je partais donc avec de très fortes attentes…

Sarakontkoi ?
Il s’agit en fait plus d’un récit autobiographique que d’un roman. Anaïs, éditrice de renom, décide de tout quitter du jour au lendemain. Elle se lève simplement, pars de sa réunion, prend des cartons et les jette dans un Berlingo pour rejoindre l’océan et se mettre au surf…
Tenpenskoi ?
C’est très compliqué de lire un livre dont on vous a vanté les mérites à ce point (dixit la nana qui vient limite de vous mettre un flingue sur la tempe pour que vous lisiez La Passe-Miroir). Et pour être honnête, il y a des choses que j’ai beaucoup aimées. D’autres que j’ai moins appréciées.
Pour commencer, je m’attendais à une randonnée en pleine montagne, avec de fortes bourrasques et des tempêtes de neige (c’est une métaphore, tu as bien compris…) et j’ai eu une jolie promenade un dimanche de printemps. C’est moins puissant que ce à quoi je m’attendais. Mais plus réaliste que le gars qui donne toutes ses chaussettes et part avec un t-shirt et un pantalon.
Le style est extrêmement lapidaire. Je veux dire que les phrases ne dépassent que rarement 4 mots, souvent sans verbe. J’aime les écritures lapidaires, mais j’ai aussi besoin qu’elles soient un contraste. Pas la totalité de l’œuvre. Sinon, ça devient trop hermétique. Et là, c’est parfois le cas. Je sens bien qu’on essaie de me faire comprendre quelque chose, mais on m’en donne parfois trop peu. En même temps, ça va avec le propos. Revenir à zéro pour retrouver l’essentiel petit à petit. Se réappartenir. De même, les pages du roman sont très peu remplies. 90% du temps, c’est du 2/3 – 1/3 : 2/3 de blanc, 1/3 d’écriture. Un paragraphe par page quoi. J’ai eu 2 réactions : « 18€ pour ça ? » Puis « ah ouais, c’est sympa cette mise en page aérée ! » j’ai compris que là encore, on servait le propos du bouquin, mais quand même : 18€ pour ça ?
Enfin — et je suis désolée parce que c’est une remarque toute personnelle, et sans doute déplacée et très matérialiste face à cette introspection — je me suis dit tout le long du bouquin que, OK, tu quittes ton job, ton mec, ton appart pour partir faire ce que tu aimes (ici du surf, pourquoi pas, elle aurait pu vouloir élever des vers de terre, c’était pareil) mais faut avoir les moyens quoi ! Même en vivant de rien. Et là, la réflexion tourne en rond, parce que je sais qu’Anaïs Vanel se livre dans ce bouquin, et que rien de ce qu’elle a écrit n’est facile à dire, parce qu’il lui a fallu faire face à ses choix, à son parcours, se remettre en question. Mais c’est ou trop, ou pas assez. Ou trop personnel ou pas assez développé.
Bref, juger un texte aussi personnel est très compliqué. Alors je conclurai de cette manière : c’est très pertinent, et je trouve qu’on traduit bien le tiraillement des millennials (les personnes nées entre les années 80 et 90) qui ont hérité de la société de consommation irréfléchie de leurs parents, mais qui trouvent son poids trop lourd à porter et rêvent d’évasion. C’est un bon témoignage de son époque ; donc lis-le, c’est très court, et c’est intéressant. Mais parfois, ce n’est pas assez.
Pour info :
éditions Flammarion, 188 pages (pas remplies), 18€
L’écriture lapidaire n’est pas pour moi et le côté trop ou pas assez développé est dérangeant, mais le témoignage semble néanmoins intéressant. Comme la mise en page a l’air méga aérée et le temps de lecture court, je verrai peut-être pour un emprunt 🙂
C’est ce que je comptais suggérer. Je suis prête à le passer 😁