Salut les loulous !
Quoi, déjà un nouveau post FIV ? Quelle célérité !
Un billet un peu spécial aujourd’hui. Chéri et moi avons décidé de faire une pause. D’arrêter d’essayer. De nous donner une chance de vivre. La journée d’hier a été très difficile. Je n’avais pas pleuré à l’annonce de la mauvaise nouvelle, et j’étais plutôt fière de moi. Mais chassez le naturel, il revient au triple galop. Et en pire !
En pleurant, je parle beaucoup, je dis des choses que je ne savais même pas que je pensais. C’est pénible pour Chéri, qui aimerait tant que j’aille bien. Mais tout sort d’un coup, comme quand tu parviens à te moucher alors que tu as le nez bouché depuis quelques jours. Il s’avère que j’ai trop mal. Mal dans ma tête. Mal à mon cœur. Mal dans mon corps. Les échographies me font mal, les piqûres, les anesthésies (« si si, en local, ça passe, je te demande pas franchement ton avis »), les ponctions me font mal. L’échec me fait mal. Alors on dit pause. On dit qu’on s’occupe de nous. On dit qu’on cherche d’autres solutions.
Me revient à l’esprit une conversation que j’avais eue avec quelqu’un au tout début du traitement. Je lui parlais un peu de ce qu’il se passait, de mes doutes, de mes peurs, des délais, du fait qu’on était très (trop ?) nombreuses, anonymes, etc., et cette personne, grande défenseuse de l’égalité des droits devant l’Éternel (sans ironie aucune) me répond, sur un ton quelque peu amer : « et encore, tu as de la chance, les lesbiennes et les femmes seules n’ont pas encore droit à la FIV ». Sur le coup, je n’ai pas fait attention, mais 2 ans après, ces paroles reviennent, comme un boum boum entêtant. Le droit à la procréation pour tous est une cause que j’ai toujours défendue, mais sur le coup, la remarque m’a fait tellement de mal ! Est-ce que ça insinuait que moi, j’avais de la chance ? Du coup, avant de fermer pour un temps cette rubrique, il y a une chose que j’aimerais dire à vous, qui me lisez et connaissez quelqu’un dans ma situation. Si elle (ou il) vous en parle, il y a des choses que vous devez apprendre à ne pas dire :
– tu sais, j’ai une amie / je connais quelqu’un / j’ai entendu à la TV… ces gens dont on parle sont les 0.0000000001% de ceux qui gagnent au loto, pas une majorité. Son histoire à elle / à lui n’est pas celle des autres.
– la prochaine fois, c’est la bonne.
– tu sais, y’a pire, le cancer, les pays pauvres, etc. (si elle doit s’en rendre compte, elle le fera seule).
De manière générale, ne la comparez pas à une autre. Et si vous êtes démunis, que vous ne savez pas quoi dire, ne dites rien. Parfois, être là, ça suffit. Et aux sites de fivettes, PMettes et j’en passe, essayez de parler aussi de ces histoires où ça n’a pas fonctionné, de ces mères en puissances qui se battent avec d’autres armes, arrêtez de montrer des jolis livres bleus et roses, des phrases tirées de La Motivation pour les nuls. C’est probablement nous qui nous sentirons moins nulles et moins isolées dans notre échec. Donner de l’espoir, c’est bien, aider à accepter le deuil, c’est tout aussi méritant.
Enfin, à celles qui attendent leurs résultats, à celles qui doivent rappeler le CHU pour une nouvelle date, à celles qui attendent encore que leur tour vienne, je veux dire ceci : vous êtes courageuses, vous avez peur, vous êtes peut-être perdues. Mais rappelez-vous : c’est votre vie, votre corps, votre décision. Écoutez-vous. Quand on a commencé, il était inconcevable de mettre ce projet sur pause tant qu’on n’aurait pas réussi ou épuisé nos chances. Je ne savais pas que je pouvais moi-même avoir des limites. Le courage, ce n’est pas de continuer coûte que coûte. C’est de connaître votre propre limite.
Je vous embrasse fort, je vous retrouve sur des billets lecture, des mots du jour, et j’en passe. Je reviendrai ici quand je serai prête (mais bien sûr, si, comme quelques-unes d’entre vous l’ont déjà fait, vous souhaitez échanger, poser des questions, etc., je reste dispo).
Prenez soin de vous.
Sincères poutous.