Publié dans Le mot du jour, Madame Je-Sais-Tout

Le mot du jour : forfanterie

Amis du jour, bonjour !

Toutes mes excuses, j’ai manqué mon billet de vendredi, la gastro-entérite a eu raison de moi. Mais pas genre le choc des titans, plutôt genre David contre Goliath, et avant que je ne puisse m’en rendre compte, j’étais déclarée K.O. dans mon lit.

Bref, je vous avais sollicités pour avoir des idées de mots du jour, et il se trouve que certains d’entre vous pensent à moi lorsqu’ils croisent, au détour d’une lecture ou d’une émission radio, un sympatique terme prêt à se laisser découvrir. Aujourd’hui, c’est Jennifer (pronnoncé Jennifé) qui s’y est collée.

Le mot du jour : forfanterie.

Ce mot, je l’ai trouvé joli en le lisant, et en le disant (dans ma tête, parce que mes collègues pensent déjà que j’en ai une au plafond…). Et je me suis imaginée, armée d’une rapière et couverte d’une cape de velours vert foncé, insultant un malautru qui aurait bousculé un pauvre gavroche courant pieds nus sur les rues pavées de Paris… bref, ça hume bon la charmante désuétude dartagnantesque. Et oui, pour les tatillons, je viens de faire un mix littéraire mais je suis sure que ni Hugo ni Dumas n’auront quoi que ce soit à redire.

Vous l’aurez compris, forfanterie sent bon la poussière des vieux livres, les impudents vantards, puisque c’est ce qu’elle est : un terme assez ancien décrivant le caractère d’une personne que l’humilité n’étoufferait pas, qui aurait même tendance à s’inventer des exploits. Le mot tire ses racines de l’italien, il désigne une imposture, une fanfaronnade. En gros, tu te la pètes pour pas grand chose. Tu vois, il est charmant ce mot !

J’en profite pour partager avec vous la pensée que Fanny m’a envoyée ce matin :

Comme l’oryx de Lybie, l’ours blanc ou la gazelle du désert, les mots sont une espèce en voie d’extinction. Petit à petit, sans qu’on y prenne garde, des mots meurent dans l’indifférence générale. On devrait se recueillir sur la tombe du mot inconnu tombé au champ d’honneur de nos conversations frivoles.

Ce sont les mots de François Morel, comédien et chroniqueur sévissant notamment sur France Inter. Les mots ne sont, contrairement à nombre de biens matériels, la propriété de personne, à la portée de tous. Ils ne sont l’apanage ni des riches, ni des érudits. Vous n’avez besoin de rien, sinon d’un petit effort de concentration et de mémoire, pour les utiliser, jouer avec et les faire vivre. En faire l’écrin de vos rires, de vos larmes, de vos peurs. Vous n’avez besoin ni d’argent, ni d’un physique idéal, ni de temps. Vous n’avez pas besoin d’être heureux, ni malheureux. Ils sont là, ils sont à vous. George Orwell nous mettait déjà en garde contre la simplification des mots, de la pensée, la disaprition des nuances, qui facilitaient le contrôle et la manipulation (lisez 1984, moi je l’ai découvert en corrigeant le devoir de ma frangine). Réagissez.

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