Un titre bizarre. Un truc qui, quand on le croise, nous fait l’effet d’une jolie fille dans la rue : on se retourne et on l’envisage, même distraitement. Le Mec de la tombe d’â côté, je l’ai croisé par hasard sur l’affiche d’un théâtre (oui, parce que c’est aussi une pièce). Je me suis dit « tiens, pourquoi pas ? » Et puis j’ai oublié. Le bouquin a recroisé ma route dans une librairie gay, au hasard d’une promenade nocturne dans les rues de Paris avec ma Binôme…
C’est l’histoire d’une rencontre. Celle de Désirée, bibliothécaire palote (voire fade), et Benny, fermier un peu rude. Elle a perdu son mari (avec qui ses relations étaient plus platoniques que passionnelles) et lui sa mère (qui s’occupait de toute son administration et de tenir sa maison). Plusieurs fois par semaine, ils partagent le banc du cimetière. Il la trouve agaçante et nunuche avec ses vêtement pâles et son bonnet en feutrine, elle trouve la tombe pleine de fioritures qu’il couvre de fleurs complètement ridicule. Et pourtant, un simple sourire va les rapprocher. Mais est-ce bien suffisant ?
Je l’ai dévoré. Je n’ai pas pour habitude de m’intéresser à ce qu’on appelle le « phénomène de la littérature nordique » ; de fait, je suis passée à côté de Millenium. Mais là, je ne sais pas… les critiques parlent de rapprochement malgré les « classes sociales ». C’est peut-être vrai. C’est ça, mais c’est aussi un point de vue féminin et indépendant et un point de vue masculin. Il ne s’agit pas de machisme ni de féminisme, mais de savoir comment intégrer à sa vie bien rangée, encombrée de petites habitudes et autres maniaqueries (dans les deux sens), les bibelots, horaires et autres points de vue du conjoint. Comment accepter l’autre. Est-ce un combat, celui qui gagne le plus de terrain sur l’autre ? Le problème dans ce couple, c’est que les concessions ne sont envisagées qu’à sens unique.
Le style est extra. Très oral tout en restant correct, on a vraiment deux témoignages différents, deux points de vue sur un même détail / événement / conflit. Deux points de vue sur la rencontre, l’amour et la vie. L’auteur utilise intelligemment ses deux plumes pour faire raisonner les voix totalement opposées de Désirée et Benny. On montre du doigts, on juge, mais au fond, nous aussi, on y réfléchit… À lire !
Pour info :
Actes Sud, collection Babel, 253 pages.

Chouette critique ! J’ai moi aussi beaucoup aimé ce roman que j’ai trouvé malin et jubilatoire !