Allez, histoire de prouver que même les gros mots ne sont pas si gros que ça (oui, on continue dans la lignée des mots grossiers qui sont plus trompeurs que les éléphants). À l’occasion de la journée de la femme (dont je ne sais pas s’il s’agit ou non d’une bonne chose), rendons à Jules ce qui est à César… ou plutôt à Marie ce qui est à Curie (rien à voir avec le mot du jour, mais il me fallait un personnage féminin).
Le mot du jour : con.
« Mais quel con ce mec ! », on l’a tous dit un jour (ou entendu au moins). Eh bien savez-vous qu’à l’origine, le mot con vient du latin cunnus qui en latin signifie « femme » ? Il désigne la région du corps féminin où aboutissent la vulve et l’urètre (le canal qui transporte l’urine). Le mot n’a alors aucune connotation péjorative. C’est au XIXe siècle qu’il se colore de misogynie, se reposant sur la faiblesse du « sexe féminin ». Dès le départ, le mot connasse (dérivé de con, auquel on a ajouté le suffixe péjoratif -asse) désignait une prostituée inexpérimentée ou pas très douée, d’où l’amalgame avec la femme naïve, un peu bête, et le sens qu’on lui connaît aujourd’hui.
Il existe d’autres mots dérivés, comme déconner, qui au départ signifiait « se retirer » (dans le sens sexuel du terme). Le contraire de déconner, enconner (pénétrer vaginalement), est formé sur le même modèle qu’enculer (appelons un chat un chat). Aujourd’hui, déconner veut dire « dire ou faire des bêtises ».
Mesdames, voilà donc comment le mot con illustre, comme bien d’autres, la suprématie masculine… Je me console en me disant que l’on rabaisse les gens lorsqu’on a peur d’eux ou qu’on se sent inférieur. Je ne suis pas féministe pour autant, ce n’est qu’un constat.
Je laisse le mot de la fin à Jules Michelet, qui déplorait ce dédain du « sexe faible » :
« C’est une impiété inepte d’avoir fait du mot con un terme bas, une injure. Le mépris de la faiblesse ? Mais nous sommes si heureux qu’elles soient faibles. C’est non seulement le propagateur de la nature, mais le conciliateur, le vrai fond de la vie sociale pour l’homme. » Journal, 1887
Tu as bien résumé la journée de la femme avec ton mot du jour…
et savez-vous comment on appelait un lapin, autrefois ???
con(n)in ou con(n)il, je me trompe ?
Cun(n)in ou cun(n)il, du latin cuniculus… c’est pour çà qu’on parle de cuniculture. C’est aussi de là que viennent les termes conejo (espagnol), coniglio (italien), konifl (breton), Kénjele (alsacien) et Kaninchen (allemand).