Publié dans Bouquinade, Roman

Desert Pearl Hotel (Pierre-Emmanuel Scherrer)

Encore un OVNI, un truc bizarre qui nous tombe dessus, on ne sait pas trop comment. Il m’a été conseillé par une éditrice de La Table Ronde qui, sachant que je m’intéressais aux premiers romans, m’a donné un exemplaire de celui-ci afin que je lui donne mon avis. Eh bien, je viens de le terminer (oui, je l’ai depuis un mois et demi, mais je précise que j’ai fait des pauses de quelques semaines à chaque fois… peu importe, le livre marche quand même).

Desert Pearl Hotel, c’est l’histoire de Pandora, jeune américaine qui vit à Los Angeles. Lorsque sa mère meurt subitement ça ne la touche pas plus que ça. Ou peut-être que si. Il y a quelque chose, comme un vide, un blocage. Elle ne comprend pas. C’est alors qu’un certain Gil Sanders va la lancer sur les traces de son passé et la pousser à entamer une traversée des États-Unis où Pandora se perdra… pour mieux se retrouver ?

Pierre-Emmanuel Scherrer réussit un coup de maître. Déjà, c’est un premier roman. Je suis toujours épatée de voir un premier roman publié par un éditeur. C’est tout de même un risque, et c’est un pari. En même temps, l’auteur peut se féliciter… Que disais-je donc ? Ah, oui, un coup de maître. Premièrement, parce que l’auteur est un homme. Le personnage principal est une femme, le récit écrit à la première personne. Moi je dis : chapeau. Se glisser dans la peau d’une personnage féminin, pour y opérer une introspection qui plus est… On a certes affaires à une femme qui a du caractère, manque peut-être de féminité, mais il n’en est pas moins que Pierre-Emmanuel y est allé au culot, et qu’il ne s’en est pas mal sorti du tout.

Petit deux, le style du bouquin nous… kidnappe, il nous enlève, nous emporte avec Pandora sur les routes enneigées du Nouveau Mexique. Le style est lapidaire (les phrases sont très courtes) et très épuré. La ponctuation se fait de points et de virgules, quant aux dialogues, ils sont intégrés à la narration… ce qui paradoxalement leur donne une force surprenante, ainsi qu’à ceux qui ont le privilège d’être mis en forme. Pandora se découvre, pense et doute avec nous. Mais elle se souvient aussi. On est loin de l’histoire toute rose du road trip américain (en gros, voyage initiatique) où tout le monde se sent mieux à la fin, où chacun trouve sa voie. Pierre-Emmanuel Scherrer nous propose une fin, avec toute la portée qu’elle peut avoir. À lire !

Pour info :
Édition La Table Ronde, collection Vermillon (Roman), 217 pages

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