L’autre jour, je lisais un manuscrit passionnant sur des initiatives mises en place autour du développement durable, lorsque je suis tombée sur le titre d’un chapitre intitulé « [Une solution pour] pallier à l’inégalité ». Mon sang n’a fait qu’un tour, je suis tombée de ma chaise, mes yeux grands ouverts tel un HHHibou, bref j’ai été choquée (la faute à un de mes professeurs qui m’a longuement répété que « pallier à », ça n’existe pas)… Du coup, « pallier à », connais pas.
Le mot du jour : pallier/remédier à.
Et pas plus que moi vous ne pouvez connaître cette abomination pourtant souvent usitée, tout ça parce qu’on confond pallier, qui est un verbe transitif (donc s’utilise avec un COD) et remédier à, qui lui est transitif indirect (ne s’emploie qu’avec un COI).
« Pallier quelque » chose signifie dans un premier temps « dissimuler, faire excuser (une faute par exemple) en présentant sous un jour favorable, en mettant en avant un élément positif. » On pallie un défaut, une faute, une ignominie.
Mais pallier, c’est aussi atténuer, voire supprimer certains aspects d’un mal sans agir en profondeur, sans guérir vraiment, dans le jargon médical. Par extension, on peut pallier une situation fâcheuse, et dans ce cas précis, remédier à certains de ses aspects, mais là encore, pas en profondeur.
Et tout ça parce qu’en latin, palliare signifie « couvrir d’un manteau », d’où le sens de « cacher, dissimuler, pallier ».
ATTENTION : ne pas confondre avec son homonyme, « palier »… ça c’est ce qu’on trouve devant notre porte !
Passons maintenant à « remédier à ». Ce verbe, que l’on emploie souvent comme un synonyme de « pallier », peut pourtant être son exact contraire. Parce que « remédier à » signifie apporter un remède, porter remède à quelque chose ; combattre par les moyens, par les mesures approprié(e)s, tant dans le jargon médical que lorsque l’on parle d’une situation. Et donc, remédier, c’est éradiquer le mal complètement… au contraire de pallier !
Bon, je vous donne l’étymologie latine, puisque je l’ai fait pour l’autre : remediare, qui veut dire « guérir » tout simplement.
On a donc un cas où le mal, quel qu’il soit, est dissimulé, et l’autre où il est traité.
Bon, c’est pas tout, mais si je palliais cette flémingite aiguë en prétendant lire attentivement le manuscrit que j’ai sous les yeux, afin de remédier un tant soit peu au retard que j’ai accumulé ce matin pour cause d’endormissement…