Publié dans Cinéma

Remember Me

Bon, je vous avais dit que cette semaine serait riche en sorties cinéma ! A dire vrai, je passe mon temps entre mon écran de PC et les toiles des salles obscures…hier soir, séance de 22h10, Jill (que je ne présente plus) et moi sommes allées voir Remember Me. Oui, j’entends d’ici les commentaires sarcastiques (en fait, je les ai déjà entendus) comme quoi la seule raison pour laquelle je vais voir ce film est notre cher Bob (Robert Pattinson, ndlr). Et là, je dis STOP ! Même si je dois dire que le club des hormones en furie était au rendez-vous hier soir, pour ce qui est de Jill et moi, Bob ne fut qu’un vecteur pour découvrir quelque chose de beaucoup plus profond…

Tyler est un gars paumé, fils de riche dont le frère s’est suicidé à l’âge de 22 ans (l’âge de Tyler dans le film). Il ne fait pas d’études, vit d’un petit boulot dans une librairie et partage son appartement avec un ami pas très fin. Mais surtout il voue un amour sans limites à sa petite soeur de 11 ans, Caroline, petit génie du dessin vivant sur une autre planète. Un soir, il s’interpose dans une bagarre et finit en prison. Pour se venger du flic qui l’a bouclé, il va essayer de séduire sa fille, Aly…

On reste soufflé. Les histoires d’ado rebelle, on connait. Tyler recherche désespérément l’attention de son père, qui semble vouloir ignorer l’existence de sa fille depuis le suicide de son fils. Sa mère s’est remariée. Et lui ne veut prendre aucune décision pour construire sa vie. Aly a vu sa mère mourir sous ses yeux, abattue par des petites frappes alors qu’elles allaient prendre le métro. Son père refuse de la laisser vivre. Ces deux-là se sont bien trouvés. Et, sans rien dire ou presque, ils savent qu’ils peuvent vivre quelque chose. Mais l’histoire est secondaire. Le message premier est qu’il faut vivre. Que « quoi qu’on fasse, ça ne sert à rien, mais il faut le faire, parce que personne d’autre ne le fera » (Ghandi, extrait du film). Ils doivent tous réapprendre à vivre, à s’ouvrir, à s’aimer, à s’accepter. Parce que la vie, ce n’est que ça, rien d’extraordinaire, pas de magie, pas de « heureux pour toujours », mais seulement ça, aujourd’hui.Et sans raison, elle peut finir en un claquement de doigts…

Les acteurs sont criants de vérité et de justesse. L’histoire n’est ni trop, ni pas assez, elle est juste ce qu’il faut. Et elle fait mouche…

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(ATTENTION, SPOILER !)

Aly commence ses repas par le dessert. Parce qu’elle ne voudrait pas, au cas où quelque chose lui arriverait avant la fin du repas, en louper la meilleure partie. Elle a raison. Carpe Diem. On devrait tous commencer par le dessert. La vie est si fragile.

On ressent toute la douleur de l’Amérique blessée par le 11 septembre, cette incompréhension et l’hébétude qui a suivi, comme si ressentir après ça serait trop douloureux. Tyler est devant sa fenêtre, fixant l’horizon, attendant son père qui vient de se rendre compte qu’il doit laisser à Caroline une place dans sa vie, prêt à se réconcilier avec lui. La date est écrite sur le tableau de la maîtresse de Caroline. On ne voit pas le crash. On sait ce qu’il se passe, sans qu’un mot soit mis dessus. Le film n’a aucun rapport avec ces deux tours, si ce n’est que le bureau du père de Tyler s’y trouvait. Tout comme la vie de ces milliers d’américains n’avait rien à voir avec ces deux avions détournés. On ne nous montre pas l’enfer des pompiers ou des victimes qui y sont piégées. Juste un homme dans un bureau. Et, comme ça, sans raison, sans en avoir fait le choix, la vie s’arrête. On ne peut mettre de mot sur la douleur. Sur l’atrocité. Sur la vie que l’on ne comprend pas toujours… Peut-être faut-il que nous aussi, nous apprenions à manger notre dessert en premier…

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